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Histoires Paralympiques. De l’intégration sportive à l’inclusion sociale (1948-2024). Exposition au Panthéon, Paris – 11 juin au 29 septembre 2024[Notice]

  • Sylvain Ferez,
  • Anne Marcellini et
  • Pierre-Olaf Schut

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  • Sylvain Ferez
    Commissaire de l’exposition, Université de Montpellier (France)

  • Anne Marcellini
    Commissaire de l’exposition, Université de Lausanne (Suisse)

  • Pierre-Olaf Schut
    Conseiller scientifique de l’exposition, Université Gustave-Eiffel (France)

Cette exposition a été pensée au travers d’une problématique sociohistorique, qui vise à faire découvrir au grand public les histoires liées et croisées des différentes organisations sportives de personnes dites handicapées, qui ont construit progressivement les conditions de possibilité d’un évènement international tel que les Jeux paralympiques de Paris 2024. En effet, initiés au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour les jeunes blessés restés paralysés des membres inférieurs et pouvant pratiquer des sports en fauteuil roulant, ces jeux sportifs s’ouvrent progressivement à des personnes ayant des incapacités motrices, sensorielles ou intellectuelles à partir des années 1970. Dans les années 1980 et 1990, les pratiques initialement pensées dans une visée médicale et rééducative sont définitivement redéfinies en lien avec la performance sportive de haut niveau et les Jeux olympiques (JO). Les années 2000, pendant lesquelles les Jeux de Londres (2012) marquent un tournant, ouvrent une nouvelle ère dans laquelle le mouvement paralympique devient vecteur d’un message fondé sur la fierté de la différence et la revendication d’une société plus inclusive. Ainsi quatre périodes sont distinguées, et expliquées en objets, en paroles et en images. En 1948, le neurochirurgien Ludwig Guttmann (1899-1980) met en place une expérience innovante de promotion du sport rééducatif. Issu d’une famille juive allemande, ce médecin a fui l’Allemagne grâce au soutien de la Society for the Protection of Science and Learning le 14 mars 1939 pour s’installer au Royaume-Uni. Il est devenu médecin-chef du premier centre de réadaptation spécialisé de l’hôpital de Stoke Mandeville, proche de Londres, en 1944. Guttmann innove dans le traitement des blessés médullaires, jusque-là passivement alités et vite emportés par des septicémies. Il intègre des activités sportives dans le dispositif thérapeutique, qui devient programme de réhabilitation. Il imagine alors une « Journée sportive » de compétition de tir à l’arc qui se tient le 29 juillet 1948, jour de l’ouverture des JO de Londres. Les premiers Jeux de Stoke Mandeville rassemblent 14 hommes et 2 femmes en fauteuil roulant. Outre l’innovation médicale et sociale liée aux progrès de la neurologie, ils sont un évènement de communication s’inscrivant dans une économie caritative. Ensuite, chaque été, les « Jeux de Stoke » se déroulent dans l’enceinte de l’hôpital. À partir du début des années 1950, ils accueillent des délégations étrangères. Jusqu’en 1960, les « Jeux de Stoke » constituent un rassemblement international de plus en plus grand, uniquement pour les personnes en fauteuil. En France, au milieu des années 1950, des jeunes mutilés de guerre parviennent à développer des pratiques sportives hors du contexte médical, à une époque où, comme en témoigne Pierre Volait (1925-2018), membre de l’ASMF qui deviendra président de la Fédération de sport pour handicapés physiques de France (FSHPF) en 1966, les personnes handicapées restent encore le plus souvent dans les familles et peu visibles dans l’espace public. L’ASMF est créée en 1954 autour de Philippe Berthe (1926-1992), son président-fondateur. En octobre 1955, le premier numéro de son bulletin relate sa participation aux « Jeux de Stoke », événement dont elle n’avait pas connaissance à son origine. Berthe prend l’initiative suite à son apprentissage du ski sur son unique jambe avec des anciens combattants autrichiens au cours de l’hiver 1953-1954. De retour à Paris, il convainc des membres du cercle d’anciens combattants « Rhin et Danube », qui se réunit dans les locaux mis à disposition par la Maréchale de Lattre de Tassigny dans son hôtel particulier, rue Paul-Valéry, de créer une Amicale sportive. L’ASMF trouve rapidement des ressources hors du monde médical pour organiser des pratiques à forte dimension sociale, même si elle reste connectée aux services de rééducation. Elle …

Parties annexes