Volume 79, numéro 1-2, mars–juin 2003 Que reste-t-il de Keynes? Sous la direction de Gilles Dostaler et Robert Nadeau
Sommaire (17 articles)
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Introduction
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Repères chronologiques concernant la vie et l’oeuvre de John Maynard Keynes
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Méthode de référence aux publications de Keynes
Articles
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Keynes, une économie politique du capitalisme financier?
Christian Tutin
p. 21–36
RésuméFR :
Pour Keynes, le blocage de l’investissement à l’origine du chômage massif résulte du fonctionnement normal du système monétaire et financier. Parce qu’elle entraîne l’absence d’ajustement automatique de l’investissement et de l’épargne, l’indépendance du taux d’intérêt par rapport à l’épargne courante joue un rôle décisif dans cette explication. La récursivité du modèle keynésien repose ainsi entièrement sur la théorie monétaire de l’intérêt, malheureusement inacceptable en l’état. Trois pistes ont été ouvertes par Keynes pour justifier l’autonomie de l’intérêt : la notion de double circulation, introduite dans le Traité de la monnaie, le processus d’alignement des taux de rendement sur le taux monétaire présenté au chapitre 17 de la Théorie générale, et la notion de convention financière du chapitre 12, portant sur l’évaluation nominale du stock de capital. Cette dernière semble la plus prometteuse. Elle débouche sur l’idée que ce sont les marchés financiers, en tant que marchés de stocks, qui imposent une contrainte globale à l’investissement, rompant ainsi le jeu des interdépendances, en même temps qu’ils rendent les entrepreneurs dépendants d’une évaluation nominale de leur capital qui leur échappe. Suivre cette piste implique l’abandon de la théorie monétaire de l’intérêt telle que l’a formulée Keynes au profit d’une théorie du capital financier.
EN :
Keynesian mass unemployment is due to a lack of investment resulting from the normal operating of the “financial machine”. Because it explains why investment and saving do not adjust smoothly to each other, the autonomy of the interest rate, driven as it is by monetary forces, plays an essential part in this theory. But Keynes’s thesis that fluctuations of the interest rate have nothing to do with the amount of current saving has never been accepted by his fellow economists, who convincingly showed that the money demand apparatus developed by Keynes could not support his rejection of the classical interdependencies between interest, saving and the net return from capital goods. In response to this critics Keynes sketched at least three lines of defense: in the Treatise on Money, he puts forward the distinction between industrial and financial circulation; in the General Theory, he referred in chapter 17 to the process of equalization of capital goods own rates of interest, and in chapter 12 to the conventional valuation of capital by financial markets, introduced. This last track seems to be the most promising one, because it offers a link between two lines of argument: what we can call the “stock argument”, already opposed to Robertson’s objections, and the “nominalist view” of capital valuation. In order to exploit this “financial” track, it is necessary to abandon Keynes’s pragmatic attitude, which consisted in extending to money the framework of value theory (i.e. demand and supply apparatus), and to elaborate a representation of debt and credit relationships which is missing in the General Theory.
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Que reste-t-il du Treatise on Probability de Keynes?
Christian Schmidt
p. 37–55
RésuméFR :
Cet article est consacré à un réexamen du Traité sur la probabilité de Keynes. Il souligne d’abord les origines chez Leibniz de la démarche intellectuelle adoptée par Keynes. Il s’attache ensuite à dégager la nature véritable du projet qui sous-tend sa rédaction : rechercher le fondement logique de la probabilité caractérisée comme le degré de croyance rationnelle en la vérité d’une proposition. Il montre alors comment ce projet initial a été desservi par sa formulation dans les termes inadaptés de la logique propositionnelle de Russell. En assimilant ces degrés de croyances à une relation logique, Keynes s’est exposé aux critiques de Ramsey et le Traité a donné lieu à plusieurs incompréhensions. Cet article suggère enfin que certaines idées exposées dans le Traité, comme la notion de « pertinence », ont anticipé plusieurs concepts qui sont développés aujourd’hui dans les recherches d’inspiration cognitiviste sur les croyances.
EN :
The paper proposes to revisit Keynes’s Treatise on Probability. First, it stresses the Leibnizian origin of Keynes thought process. Second, it tries to unveil the real scope of the research program which underlies the book. Finding the logical foundations of probability characterized as the degree of rational belief in the truth of a proposition. It shows how such a program has been badly translated in the inadequate terms of Russell’s system of logic. Reducing the degree of belief to a logical relation opens the way to Ramsey’s criticism and misunderstandings. Finally, the paper suggests that some ideas to be found in the Treatise, as for example the notion of “relevance”, have anticipated several concepts being developed today in a cognitivist perspective for understanding individual beliefs.
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Épistémologie et probabilité chez Keynes
Elke Muchlinski
p. 57–70
RésuméFR :
Cet article propose une analyse épistémologique de la théorie des probabilités de Keynes. Il concerne plus particulièrement le lien entre la conception keynésienne des probabilités et la théorie économique élaborée par Keynes. Nous montrerons que Keynes s’oppose à l’esthétisme formel, aux lois rigides et à la théorie orthodoxe en raison de sa prétendue universalité spatio-temporelle. Nous verrons que Keynes substitue aux catégories traditionnelles, entre autres celles de rigueur et de connaissance complète, de nouvelles catégories comme celles d’incertitude, d’ignorance et d’anticipation. Étant donné que Keynes rejette d’entrée de jeu les calculs du type ce ceux que l’on retrouve dans les approches inspirées de Bentham, nous ferons voir que sa théorie économique prend en compte la fragilité et la précarité de la connaissance. Nous insisterons enfin pour dire que Keynes nous paraît également dépasser le constructivisme, car il rejette ouvertement le recours aux concepts vides, à savoir ceux qui ne sont pour lui qu’un squelette sans chair. Enfin, nous mettrons en évidence que, poussé par le besoin de se fonder sur des principes valides a priori, Keynes abandonne l’empirisme classique à son sort.
EN :
This paper deals with Keynes epistemological approach to the theory of probability, which was also relevant for his economic theory. In his economic theory he objected to formal aestheticism, rigid rules, and orthodox theory because of its alleged universality in space and time. He transformed categories such as rigor and complete knowledge into uncertainty, ignorance, and anticipations. His economic theory encompasses fragility and precariousness of knowledge since he had already rejected Benthamite calculation. He abandoned constructivism because he rejected empty concepts as dry bones. He left classical empiricism behind him since he needed to focus on a priori principles.
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La place du Treatise on Money dans l’oeuvre de Keynes : une théorie de l’instabilité
Frédéric Hanin
p. 71–86
RésuméFR :
Alors que Keynes est souvent associé au concept d’équilibre de sous-emploi développé dans la Théorie générale, ce texte propose une relecture du Treatise on Money dans une perspective d’analyse de la dynamique des économies monétaires. Cette dernière se caractérise par l’existence d’instabilité endogène, caractéristique structurelle des économies modernes du fait de l’imparfaite coordination entre l’activité financière et l’activité industrielle. L’originalité théorique du Treatise réside dans l’adoption d’une perspective macroéconomique non walrassienne incorporant des interactions sociales et la présence d’équilibres multiples sur le marché financier. L’origine de l’instabilité se trouve être l’effet de la préférence pour la liquidité des investisseurs sur le bilan des banques et ses conséquences sur la monnaie disponible pour la circulation industrielle. L’analyse proposée par Keynes dans le Treatise préfigure les débats contemporains sur la capacité des autorités monétaires à stabiliser le niveau de l’activité dans un contexte d’arbitrage constant entre le niveau d’emploi des ressources et les conséquences macroéconomiques de la préférence pour la liquidité des investisseurs.
EN :
Keynes is usually known as the creator of the concept of unemployment equilibrium. We propose here to explore another trend of Keynes’ thought, i.e. endogenous instability. The Treatise on Money describes the coordination problems between industrial circulation and financial circulation, the origin of endogenous fluctuations, structural characteristic of modern economies. The Treatise on Money’s specificity is found in a non-walrasian macroeconomic perspective where social interactions in the financial circulation explain the presence of multiple equilibria. The changing mood in the financial sector, because of profits or losses’ signal from the industrial circulation, and his consequence on bank’s balance sheet, lead to structural fragility. Keynes’ analysis of monetary policy emphasizes the typical trade-off in capitalist economy between the stimulation of activity and the reduction of liquidity of bank’s asset, which lead to credit rationing in the industrial circulation.
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L’ambivalence du concept de liquidité dans le Treatise on Money
Joanna Bauvert
p. 87–100
RésuméFR :
La paternité keynésienne de l’approche monétaire contemporaine est l’objet de cet article. Pour cela, deux approches de la liquidité issues du Treatise on Money sont mises en évidence. La première reprend l’interprétation traditionnelle : Keynes considère la liquidité à travers le lien entre monnaie et actifs, ce qui renvoie au choix de composition du patrimoine. Cependant, nous cherchons surtout à mettre en valeur le fait que, dans le Treatise, Keynes perçoit une limite à une telle analyse dès lors que cette dernière rend envisageable l’élimination de la monnaie (lorsqu’elle se trouve en concurrence avec d’autres actifs). La prise en compte de cette limite – à laquelle la théorie de l’équilibre général demeure confrontée – nous conduit à une seconde approche, qui représente l’apport principal de ce texte, où la liquidité est définie fondamentalement comme un intermédiaire des échanges. Notre démonstration s’appuie sur une comparaison de la structure des équations fondamentales avec la règle de formation des prix de Cantillon. La discussion porte ensuite sur les conséquences théoriques d’une telle approche. Finalement, on ne peut attribuer à Keynes la paternité des fondements de la théorie monétaire standard que si on élude la détermination des prix qu’il expose dans Treatise on Money.
EN :
“What is left of Keynes?” At least, his analysis of the choice between holding liquidity and holding assets. The aim of this paper is to study the concept of liquidity and to show, relying on the Treatise on Money, that it is more appropriate to conceive money as a medium of exchange than as a store of value. First, we present a brief reminder of the way Keynes deals with liquidity through the choice of portfolio composition. However, we try to highlight the fact that, in the Treatise, Keynes perceives the limits of this analysis. In fact, it makes possible the elimination of money (when it competes with other assets). This limit, which still characterizes general equilibrium theory, leads us to propose a second approach to liquidity. In this approach, money is fundamentally a medium of exchange. Our demonstration is founded on a comparison between the structure of the fundamental equations and Cantillon’s law of formation of prices. Next, we discuss the theoretical consequences of such an approach. Finally, we show that the Keynesian paternity of the foundations of standard monetary theory holds only if the determination of prices in the Treatise is left aside.
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Pour une théorie de l’institution monétaire : actualité du Treatise on Money
Éric Pineault
p. 101–116
RésuméFR :
Dans la première partie du Treatise on Money, Keynes se penche sur la nature de la monnaie en développant une approche que l’on peut qualifier « d’institutionnaliste ». Celle-ci inspire actuellement un foisonnement de travaux hétérodoxes sur la monnaie comme institution économique (Aglietta et Cartelier, 1999 ; Smithin, 2000). Nous souhaitons montrer qu’une théorie sociohistorique de l’institution monétaire peut puiser certains éléments conceptuels fondamentaux dans le Treatise on Money. Celui-ci contient des matériaux essentiels à la reconstruction de la sociologie de l’argent à partir d’une théorie de la monnaie comme unité de compte/moyen de paiement et d’une analyse du mode de production sociale de la monnaie-bancaire en tant qu’institution économique typiquement moderne.
EN :
In the first part of the Treatise, Keynes develops an approach qualified as institutionalist to study the nature of money. This approach has inspired an important body of contemporary heterodox work on money as economic institution (Aglietta et Cartelier, 1999; Smithin, 2000). We wish to point out that a sociohistorical theory of money as an institution can find in the Treatise certain fundamental concepts. The Treatise contains material essential to the reconstruction of a sociology of money based on a theory of money as a unit of account and means of payment and for an analysis of the social mode of production of bank money as an economic institution typical of modernity.
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Une ambiguïté de la relation entre Keynes et Malthus : Rejet de la loi de Say, monnaie et rapport salarial
Catherine Martin
p. 117–132
RésuméFR :
Il est connu que Keynes se sentait une filiation avec Malthus, concernant la possibilité d’une déficience de la demande effective, et la nécessité d’en rendre compte de manière conforme à la « réalité », « au monde dans lequel nous vivons effectivement ». À partir d’une analyse de Malthus concernant les crises de surproduction générale, nous montrons que cette parenté est plus problématique que ce que Keynes laisse entendre. En effet, contrairement à ce qu’affirme ce dernier, la réalité dont Malthus cherchait à rendre compte n’était pas la monnaie – qui finalement reste neutre dans son analyse – mais la spécificité de la relation capital-travail salarié.
EN :
As is well known, Keynes agreed with Malthus about the possibility for the effective demand to be deficient and its links with “the economy in which we happen to live”. But analysing Malthus’ point of view about the origins of a general glut allows us to doubt the agreement between the two authors. In fact, Malthus did not really care about money – he did not deal with a non neutral money, in opposition to what Keynes claims – but was concerned with the specificity of the capital-labour relationship.
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La politique de l’emploi dans les écrits politiques de Keynes (1930-1939)
Sylvie Rivot
p. 133–146
RésuméFR :
Cet article analyse la politique de l’emploi préconisée par Keynes durant les années trente, à partir d’une lecture de ses écrits politiques. Nous montrons tout d’abord le rôle exact d’un programme de travaux publics, à savoir de coordonner l’initiative privée afin de modifier le pessimisme des entrepreneurs. Les travaux publics constituent donc une politique anti-déflationniste de lutte contre le chômage involontaire. En revanche, en 1937-1939, malgré un taux de chômage de 12 %, Keynes s’oppose à une politique de relance globale, du fait des risques d’« inflation absolue ». Car le chômage résulte alors en grande partie des rigidités sur le marché du travail. Le concept de chômage volontaire, élaboré dans la Théorie générale, est donc d’une grande pertinence pour comprendre la politique de l’emploi préconisée par Keynes. Finalement, cette étude montre la forte cohérence des prises de position pratiques de Keynes avec l’analyse théorique développée dans la Théorie générale, même si ses positions peuvent à première vue nous surprendre. Elle permet également de jeter un regard critique sur les politiques dites keynésiennes d’après-guerre.
EN :
This paper analyses the employment policy advocated by Keynes during the 1930s, by way of a study of his political writings. First, it is shown that the real role of a public work policy is to coordinate the private initiative, in order to reverse entrepreneurs’ pessimism. Public works constitute an anti-deflationary policy of fighting involuntary unemployment. On the other hand, in 1937-1939 when the unemployment rate is still at 12 %, Keynes opposes an expansionary demand policy, because of the “true inflation” risks. Indeed, unemployment then mainly results from rigidities on the labour market. The concept of voluntary unemployment is thus relevant to understand the employment policy advocated by Keynes. Finally, this study shows the strong consistency of Keynes’ practical positions with the theoretical analysis developed in the General Theory, even if at first sight these positions seem to be surprising. Moreover, following this paper, it is possible to question the relevance of the so-called Keynesian policy after World War II.
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Keynes et Pigou sur le salaire monétaire et l’emploi : une synthèse du débat
Alain Béraud
p. 147–162
RésuméFR :
Cet article étudie les effets sur l’emploi d’une baisse des salaires monétaires et la question de l’existence d’un équilibre de plein emploi. Il présente la position que Keynes a défendue sur ces problèmes et les critiques qui lui furent adressées par Pigou.
EN :
This paper investigates the effects on employment of a fall of money wages and the question of the existence of full employment equilibrium. It deals with the ideas of Keynes and the critics of Pigou.
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Que reste-t-il de la théorie du chômage de Keynes?
Christine Erhel et Hélène Zajdela
p. 163–177
RésuméFR :
La théorie du chômage élaborée par Keynes a perdu de sa substance, au cours du développement d’une macroéconomie qui s’est autoqualifiée de keynésienne. Ce processus a abouti dans un premier temps à séparer le chômage involontaire du chômage keynésien, puis à réintroduire le chômage volontaire. À partir des préconisations des rapports officiels de l’OCDE, nous montrons l’émergence d’un consensus. L’analyse de l’évolution des théories « keynésiennes » du chômage de IS-LM jusqu’à WS-PS conduit au constat d’un renouveau du concept de taux de chômage naturel. Plus récemment, l’accent sur les risques de désincitation à l’activité marque la réapparition du second postulat de l’économie classique.
EN :
During the development of the so-called Keynesian macroeconomics, Keynes’ unemployment theory has lost much of its meaning. This process has first led to a confusion between “involuntary” and “Keynesian” unemployment; then it has put voluntary unemployment back in the debates. Through OECD reports recommendations, we show the emergence of a consensus about the nature and causes of unemployment, which can be linked to the evolution of Keynesian macroeconomics, from IS-LM to WS-PS model. More recently, the neoclassical labour supply theory has been playing an increasing role in unemployment analysis.
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Coordination et chômage involontaire : de Keynes aux nouveaux keynésiens
Abdallah Zouache
p. 179–195
RésuméFR :
Cet article propose un bilan de l’analyse de Keynes au regard de la macroéconomie keynésienne contemporaine. Dans la première section, nous montrons dans quelle mesure le principe de la demande effective est fondé sur une conception du problème de coordination interindividuelle. La deuxième section avance que si le recours à la concurrence imparfaite peut servir de base à une interprétation contemporaine du principe de demande effective, elle n’est pas une condition suffisante à l’existence du chômage involontaire tel que Keynes l’entendait. De même, les modèles de défauts de coordination proposent une interprétation intéressante du problème de coordination de Keynes, mais ne démontrent pas l’existence du chômage involontaire.
EN :
This article makes an evaluation of what remains of Keynes in New Keynesian economics (NKE). In section 2, we show to what extent Keynes’s principle of effective demand is based on an inter-individual coordination problem. Then, section 3 examines if NKE – in particular imperfect competition and coordination failures models – provides a modern interpretation of Keynes’s coordination problem. The result of our analysis is twofold. On the one hand, NKE modelizes certain part of Keynes’s theory. In particular, NKE provides microeconomic foundations for the principle of effective demand and sheds light on the role of expectations in Keynes’s coordination problem. But, on the other hand, it does not succeed to model involuntary unemployment à la Keynes.
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Les grandeurs fondamentales de la Théorie générale
Michel Rosier
p. 197–219
RésuméFR :
La Théorie générale emprunte certains de ses concepts fondamentaux à la comptabilité privée, en particulier : le revenu de l’entrepreneur et l’opération qui consiste à affecter une part de ce revenu à l’autofinancement (amortissements, provisions et réserves), c’est-à-dire l’épargne des entreprises. Ces deux concepts sont ignorés par les interprètes de Keynes. Pourtant, ils sont nécessaires pour comprendre pourquoi une dépense d’investissement crée une épargne égale, pourquoi une telle dépense est susceptible d’enclencher un processus de multiplication, et comment un autofinancement trop important peut être la cause d’une crise.
EN :
The General Theory borrows some of its basic concepts from business accounting, in particular the “entrepreneur’s income” and the part of this income going to sinking funds and depreciation allowances, that is “entrepreneur’s savings”. These two concepts have been ignored by Keynes’s commentators. Though both concepts are indeed necessary to understand why investment is an expense always generating equal savings, why such an expense is able to launch a multiplication process, and why an excessive amount of depreciation allowances may cause an economic crisis.
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Que reste-t-il de Keynes? Au moins la comptabilité nationale!
Gérard Klotz
p. 221–238
RésuméFR :
Alors que, dans la pensée économique moderne, la vision keynésienne de l’économie est plus que malmenée, y compris par ceux et celles qui proclament s’inscrire dans son héritage, tous les ans les offices statistiques nationaux et internationaux publient leurs rapports sur les comptes de la nation. Ces publications sont le résultat d’un long processus historique. Comme chacun sait, les premiers systèmes de comptes modernes virent le jour au début de la Seconde Guerre mondiale. Dans ces publications, qu’elles soient officielles ou non, le nom de Keynes n’apparaît pas. Dans cet article, on propose une évaluation de l’apport de Keynes. Il apparaît que, en ce qui concerne les fondements théoriques et les problèmes pratiques des comptes nationaux, la pensée de Keynes est toujours vivante.
EN :
For modern economic thought, including authors who claim to share his legacy, the Keynesian vision of the economic system is given a rough handling. On the other hand, every year, national and international statistical offices publish their reports on national accounts. These publications are the result of a long historical process. It is now acknowledged that the first modern systems of national accounts (with their articulated sectorial accounts) are born at the beginning of the Second World War. In these publications – official or not – the name of Keynes is never mentioned. The aim of the paper is to assess the contribution of Keynes in this field. It clearly appears that, as far as the theoretical foundations and the practical problems of the national income and expenditures are concerned, Keynes’s ideas are still at work and are still much alive.