Volume 76, numéro 3, septembre 2000
Sommaire (6 articles)
Articles
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L’importance de la procédure dans les choix de loteries
Yves Alarie
p. 321–340
RésuméFR :
À l’aide d’une revue de littérature, nous expliquons les motivations qui ont entraîné la création de la théorie de l’espérance d’utilité. Nous montrons que le passage de cette théorie du rôle d’outil normatif à celui de problème de recherche fondamentale est la conséquence de l’arrivée de nombreux tests encore non expliqués. Par la suite nous discutons de la pertinence de considérer la procédure employée par le décideur comme étant le point important à la base des modèles.
EN :
Using a literature review we explain the motivations for the elaboration of expected utility theory. We show that the transformation of the role of this theory from being a normative tool to become a fundamental research problem is due to the numerous tests not yet explained. Then we discuss on the relevance of considering the procedure used by the decision maker to be the basic concept.
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Croyances individuelles et coordination sociale : à propos de quelques résultats récents en théorie des jeux non coopératifs
Hervé Defalvard
p. 341–364
RésuméFR :
La théorie des jeux a profondément renouvelé l’analyse économique de l’équilibre en tant que coordination sociale des choix individuels. Plus particulièrement, un ensemble de travaux a récemment émergé qui explore les conditions cognitives des principaux concepts d’équilibre stratégique. Notre article se propose alors d’éclairer les limites de cette nouvelle approche en théorie des jeux du point de vue de la coordination sociale. Nous préciserons, d’une part, ses limites internes qui concernent soit les conditions cognitives très fortes, soit les obstacles à la coordination en raison d’une incomplétude des modèles. D’autre part, nous dégagerons la limite externe de la théorie des jeux qui est liée à sa manière de poser la question de la coordination sociale comme une question d’information, en laissant de côté la question de la signification des choix et des actions individuels. Le dépassement de cette limite externe nous conduira, à la fin, à envisager d’autres fondements que des fondements cognitifs pour la coordination sociale des actions individuelles, adaptés à un nouveau type de jeux, les jeux à institution.
EN :
Non cooperative game theory has deeply renewed the equilibrium analysis as social coordination of individual choices in the last twenty years. More particularly, a literature has emerged in recent years that explores cognitive or epistemic conditions for various types of strategic equilibrium. Our paper aims to highlight the limits of this new approach in game theory from social coordination viewpoint. After specificing the internal limits that concern either cognitive conditions extremely strong or difficulties of social coordination because of models incompleteness, the paper studies the external limit of non cooperative game theory as theory of social coordination. The latter is related to the way to pose the problem of social coordination as a question of information only and no as a question of meaning also. Take into consideration this important aspect of social coordination entails to consider the new foundations for social equilibirum, adapted to a new type of games, games with institution.
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Choix de financement et ratio cible : Le cas français
Cécile Carpentier
p. 365–392
RésuméFR :
Cette étude propose et teste un modèle empirique des choix financiers des entreprises françaises, issu de la superposition de deux cadres conceptuels principaux, la Static Trade-off Theory et la Pecking Order Theory. En cela, cette analyse se situe dans la lignée des travaux de Fama et French (1997a) et Opler et Titman (1996). Dans ce cadre, les entreprises basent leurs décisions de financement sur leur situation par rapport au ratio cible d’endettement, estimé ici par la moyenne sectorielle. L’analyse utilise un modèle d’explication des flux financiers, non encore appliqué en France et qui ne paraît avoir été employé qu’à quelques reprises antérieurement. Elle couvre la période de 1987 à 1996 et repose sur l’examen de 2 678 observations. Trois modèles expliquent respectivement la proportion des besoins de fonds comblés par l’autofinancement, la dette totale et la dette à long terme. Il ressort que l’écart par rapport à la cible est un élément explicatif important et significatif des décisions d’endettement, mais que les variables liées à la Pecking Order Theory guident également les comportements de financement des entreprises en France. En particulier, la rentabilité et la taille influencent de façon significative le processus de retour vers la cible.
EN :
This study proposes and tests an empirical model where the financial choices of French firms are simultaneously explained by variables issued from the two main conceptual frameworks, the Static Trade-off Theory and the Pecking Order Theory (POT). Following the path opened by Fama and French (1997a) and Opler and Titman (1996), we suggest that these two conceptual frameworks should be integrated rather than opposed to understand the firm's financial decisions. In these models, firms base their financing choices on their situation with regard to the target debt ratio, which is here estimated by the industrial mean. The analysis uses a financial flows' explanation model, which has not been employed in France yet. It covers the 1987-1996 period, and uses 2 678 observations. Three models explain the proportion of required funds coming respectively from internal financing, total debt and long term debt. The gap between the actual debt level and the target debt ratio is significantly associated with the financing decisions, but the hypotheses of a significant impact of POT linked variables on these decisions cannot be rejected. In particular, profitability and size strongly influence the process of return toward the target.
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Économies d’échelle et de gamme dans les Caisses Desjardins
Mario Fortin, André Leclerc et Claude Thivierge
p. 393–421
RésuméFR :
Nous utilisons les données comptables de 1 073 caisses populaires et d’économies Desjardins du Québec pour estimer une fonction de coût translogarithmique multiproduits dans le but de tester la présence d’économies d’échelle et de gamme. En utilisant l’approche par la production, nous définissons six catégories de produits, trois sortes d’intrants et trois variables de contrôle. Ces variables permettent de mesurer l’hétérogénéité de coûts provenant de la croissance à court terme de l’actif, de la densité d’occupation du sol et de la richesse de la clientèle. Nos résultats montrent que l’élasticité du coût par rapport à la production est de 0,98 et significativement inférieure à l’unité. Il y a donc de faibles économies d’échelle. Les économies de gamme semblent nettement plus importantes puisque nos estimés suggèrent que la production jointe permet de réduire les coûts d’opération de près de 50 %.
EN :
Using accounting data from 1,073 Caisses populaires et d’économie Desjardins, we estimated a translogarithmic multi-product cost function enabling us to test for economies of scale and scope. Using the production approach, we defined six products, three inputs and three control variables to capture the cost heterogeneity stemming from short-term asset growth, localization of activities and clients' average wealth. We detected global scale economies, the output elasticity of the cost function being 0.98 and statistically less than one. However, global scope economies are much more important since the joint production allows for a cost savings of almost 50 %.
L’économique en perspective
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Les facteurs déclencheurs des crises financières internationales
Rodrigue Tremblay
p. 423–436
RésuméFR :
Ce rapport étudie les facteurs économiques et institutionnels qui sont susceptibles de déclencher des crises financières. Une distinction y est tracée entre les contributions au bien-être originant du libre-échange pour les biens et les services, et celles causées par la libre circulation internationale des capitaux.
Des leçons et des recommandations sont tirées des expériences vécues par une demi-douzaine de pays depuis cinq ans.
EN :
This paper identifies the economic and institutional factors behind the occurring of financial crises. It distinguishes between welfare contributions arising from free trade for goods and services and those originating from the free flow of international capital.
A certain number of lessons and recommandations are drawn from the recent experiences of half a dozen countries over the last five years.
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La nouvelle architecture du système monétaire international : revenir à l’esprit des lois de Bretton Woods
Jean-Pierre Allegret et René Sandretto
p. 437–456
RésuméFR :
La globalisation a produit de profondes transformations des relations monétaires et financières internationales, avec l’émergence d’un système monétaire et financier intégré planétairement et dominé par la finance privée ou, en d’autres termes, par l’abandon de l’esprit de Bretton Woods. Ainsi, le basculement d’un système monétaire et financier conduit par les états à un système où les marchés prédominent soulève la difficile question de l’équilibre à trouver entre la liberté de ces marchés et la provision de biens publics destinés à stabiliser l’économie mondiale. En effet, le processus d’intégration financière internationale est rythmé par des crises monétaire récurrentes qui tranchent par rapport à la stabilité du régime monétaire de Bretton Woods. Cet article avance quelques propositions concernant les arrangements institutionnels sous-jacents à la formation d’un système monétaire et financier globalisé qu’il convient de stabiliser. À la lumière du diagnostic des crises monétaires répétées, les limites de la nouvelle architecture proposée par le FMI sont soulignées. Un autre type de réponses est proposé, en termes de règles destinées à produire le bien public qu’est la stabilité monétaire et financière internationale.
EN :
Globalization is producing in-depth changes in international monetary and financial relations. A new International Monetary System is emerging, which is strongly integrated on a Worldwide scale and dominated by private financial markets. In other words, as a consequence of this globalization process, the spirit of Bretton Woods has been forsaken. In this new IMS, emerging markets adopting a liberalization of capital account process have been hit by banking and monetary crises. Is this new instability era irreversible? Is it possible to come back not to the Bretton Woods agreements, but to the spirit of Bretton Woods? What is the right way to move to it? Why is this trail so steep? This paper advances some propositions about the kind of institutional framework suitable to stabilize induced by the global monetary and financial system. In the light of the diagnostic of recurrent monetary crises, the limits of the new architecture proposed by the IMF are stressed. We suggest another answer based on rules assigned to produce a public good: the global monetary and financial stability.