Résumés
RÉSUMÉ
L’essai qui est tenté ici est celui d’un rapprochement entre les conceptions schumpétériennes de l’histoire des faits et de l’histoire de l’analyse. L’analyse progresse de « nouveau départ » en « situation classique »; le « nouveau départ », rupture théorique, aurait le même statut que l’innovation génératrice de la phase ascendante du cycle Kondratieff; la « situation classique », expression d’un consensus théorique, serait le pendant d’un état dans lequel l’innovation a produit tous ses effets. Mais ce rapprochement n’en reste pas au constat d’un simple parallélisme; il le dépasse pour déboucher sur un rapport de causalité.
À chaque fois que l’économie est entrée dans une phase descendante d’un cycle Kondratieff, la théorie économique a pris un « nouveau départ » vers une nouvelle « situation classique », qui marque la phase ascendante du cycle suivant. Il ne s’agit pas d’une coïncidence : les faits caractéristiques de la phase descendante sélectionnent parmi les théories disponibles celle qu’ils érigent en « nouveau départ ».
Pour étayer ce point de vue, les nouveaux départs ricardien, walrasien et keynésien sont replacés dans le contexte de la phase descendante des premier, deuxième et troisième cycles Kondratieff.
Cette thèse permettrait d’interpréter le bouillonnement théorique actuel, symptomatique de la crise de la théorie économique qui a commencé par la remise en cause du keynésianisme, comme le creuset d’un quatrième « nouveau départ » de l’analyse, à condition de considérer le renversement conjoncturel de la fin des années soixante comme l’inauguration de la phase descendante du quatrième cycle Kondratieff.
ABSTRACT
This essay tries to put together the Schumpeterian conceptions of history of facts and of history of analysis. Analysis progresses from "new departure" into "classical situation" ; the "new departure", a theoretical break, would have the same status as the generative innovation of the ascending stage of the Kondratieff cycle; the "classical situation", an expression of a theoretical consensus, would be the counterpart of a state on which innovation has produced all its effects. But putting them together does not lead to a mere statement of a single parallelism; it goes beyond to reveal a relation of causality.
Whenever the economy entered into an descending stage of a Kondratieff cycle, economic theory took a "new departure" towards a new "classical situation", which marks the ascending stage of the next cycle. This is no coincidence: the typical facts of the descending stage select among the available theories the one that they erect as a "new departure".
To support this standpoint, the new Ricardian, Walrasian and Keynesian departures are replaced in the context of the descending stage of the first, second and third Kondratieff cycles.
Such a thesis would enable us to interpret the present theoretical boiling up, typical of the crisis of economic theory which has started with the questioning of Keynesianism, as the melting-pot of a fourth "new departure" of analysis, provided the cyclical reversal of the end of the Sixties can be considered as the beginning of the descending stage of the fourth Kondratieff cycle.