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Dans l’introduction de cet ouvrage écrit par deux professeurs de l’Université de Montréal, Georges Bastin et Monique Cormier, la traduction est présentée comme une activité qui « ne se démode pas ». Ils en soulignent l’importance dans le passé comme dans le présent. Les co-auteurs mettent également l’accent sur le fait que la traduction est un « service de communication » qui requiert de son fournisseur « une maîtrise langagière sans égal, une connaissance profonde des choses du monde, une rigueur d’expression implacable et une intelligence aiguë » (p. 16). Les co-auteurs ont pour objectif de « présenter les tenants et les aboutissants de la traduction » (plus particulièrement au Québec et au Canada). Pour ce faire, ils divisent leur livre en quatre chapitres.
Le premier donne un aperçu historique de la traduction et du rôle qu’a pu jouer le traducteur dans l’histoire de l’humanité. Dans le deuxième, les co-auteurs expliquent le travail du traducteur qui, selon eux, consiste à « lire » de manière « raisonnée », à réfléchir et à « écrire » (ou plutôt à « réexprimer »). Ils montrent ainsi l’effort intellectuel et le travail méthodique du traducteur. Le troisième chapitre du livre est consacré à la formation et à la recherche en traduction. On y explique leur importance, leurs histoires, leurs approches et leurs aspects. Dans le dernier chapitre, les co-auteurs constatent l’essor de la traduction au Canada (et au Québec) comme profession. L’accent est mis sur les compétences nécessaires à sa pratique, sur ses modes d’exercice et de tarification possibles (au Québec et au Canada) ainsi que sur son encadrement juridique et institutionnel.
Compte tenu des idées et de la terminologie utilisées dans cet ouvrage, il est clair que les co-auteurs s’adressent à des lecteurs et à des lectrices non spécialisés, mais intéressés à s’y introduire. Leur livre est une introduction générale à la traduction comme profession et domaine de formation et de recherche. L’on ne s’attendrait pas à une argumentation rigoureuse ni à des critiques explicites et élaborées d’autres livres qui traitent du même sujet (à part l’appréciation de l’ouvrage La Traduction raisonnée de Jean Delisle). Il faut dire que le volume du livre ne permet pas ce genre de digressions.
Quoique l’aperçu historique donné de la traduction ne soit pas aussi élaboré qu’on l’aurait souhaité, fort probablement en raison des limites que se sont imposées les co-auteurs, ceux-ci parviennent à présenter la traduction comme une profession très respectable, voire exigeante, qui a évolué avec le temps et continue d’évoluer de nos jours (surtout avec la mondialisation et l’accélération du progrès technologique). Ils remettent en question les idées reçues et les préjugés qui circulent à son sujet, surtout la « facilité » du métier et le « fait » que le bilinguisme confère automatiquement la capacité de traduire. Ils soulignent l’importance de la formation, de l’autoformation, de la recherche, ainsi que du cadre institutionnel et juridique de cette profession.
Puisque les co-auteurs déclarent que leur ouvrage a pour objet principal la traduction pragmatique (non littéraire), on se demande si un deuxième livre (conçu par des traducteurs et enseignants spécialisés en traduction littéraire) viendra introduire la traduction littéraire, exposer les similarités et les différences entre les deux genres et compléter, voire interroger, le contenu du premier ouvrage.