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Figure 1

Photo : Beto Marubo

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Contexte

La région de la Vallée du Javari est située dans l’État brésilien d’Amazonas et elle a des frontières avec le Pérou et la Colombie. Avec 8,5 millions d’hectares, la Terre Indigène de la la Vallée du Javari est la deuxième plus grande terre indigène du Brésil. En raison de son immense biodiversité et de son extension territoriale, la région est le théâtre de divers conflits et de violations environnementales. En juin 2022, la région du Javari a suscité l’intérêt du monde entier en raison des meurtres du militant indigène brésilien Bruno Pereira et du journaliste britannique Dom Phillips, un événement qui a été rapporté par la presse internationale. Dom écrivait un livre sur la façon de sauver l’Amazonie et visitait la région pour voir le travail de protection effectué par les indigénistes. Bruno, un indigéniste expérimenté, était un spécialiste des peuples isolés et travaillait avec UNIVAJA pour aider à protéger les populations indigènes du Javari. Le trafic de drogue, la contrebande de bois, la pêche prédatrice et l’exploitation minière illégale sont les principaux facteurs d’insécurité dans la région. Bruno recevrait des menaces constantes de la part des bûcherons, des trafiquants, des mineurs et des chasseurs. Les autochtones affirment que la négligence du gouvernement fédéral à protéger la région contribue aux actions des criminels qui y opèrent. Créée en 2010, UNIVAJA promeut l’articulation des peuples indigènes de la Vallée du Javari pour la défense de leurs droits et de leurs territoires. Eliésio Marubo, indigène de la la Vallée du Javari et avocat d’UNIVAJA, nous a parlé de la situation actuelle dans la région de la Vallée du Javari.

Terre Indigène Vallée du Javari

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Témoignage de Eliésio Marubo, coordinateur juridique d’UNIVAJA

C’est l’une des pires périodes que nous, les indigènes, avons pu traverser depuis la période de la redémocratisation en 1988. Je suis dans un endroit éloigné de ma région, je vis dans une maison qui n’est pas la mienne, je vis une vie qui n’est pas la mienne parce que je ne peux pas retourner dans ma région. Comme moi, il y a beaucoup d’autres camarades à Pará, Mato Grosso, etc.

Cela s’est toujours produit, mais pas de manière aussi violente. Bien que nous disposions d’une série de documents officiels et de lois qui soutiennent, qui garantissent une série de droits et qui font prévaloir une série de questions déjà établies dans la société, nous vivons malheureusement les pires moments de la démocratie, à savoir les assassinats d’indigènes, de familles indigènes, la disparition de peuples entiers. Nous avons des rapports sur des peuples isolés qui n’ont pas eu la possibilité de se protéger, l’État n’a pas protégé ces personnes.

La communauté internationale est utile dans la mesure où elle se montre solidaire des problèmes qui se posent à l’intérieur des pays et, à partir de là, elle établit des critères. En outre, le rôle de l’ONU en tant qu’entité de représentation collective des États pour diverses questions, l’ONU elle-même est une instance qui a cette représentativité internationale et de là, il est possible de tirer certaines questions qui se reflètent dans les pays.

Je ne sais rien faire d’autre. Je ne sais que me battre pour mon peuple. Vous savez, je suis né pour ça. Je ne sais pas combien de temps encore pour continuer à faire ça, mais je le ferai jusqu’à la fin de mes jours. Ce n’est pas un discours. Si vous analysez l’histoire de ma famille, nous venons de trois ou quatre générations qui ont connu la même fin : s’ils ne sont pas morts de vieillesse, ils sont morts d’une mort violente. Donc, la patience, j’accepte. Ma force vient de ça, de comprendre que c’est mon rôle, qu’il n’a pas de changement.