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C’est avec tristesse que nous avons appris le décès du Dr Camille Legendre, professeur titulaire retraité du Département de sociologie, survenu le 8 novembre 2020 des suites de complications liées à la COVID-19. Titulaire d’un Ph. D. de l’Université Michigan State, il commença sa carrière professorale à l’Université McMaster avant de se joindre au corps professoral du Département de sociologie de l’Université de Montréal en 1980.

C’est dans les domaines interreliés de la sociologie des organisations et de la sociologie du travail que son enseignement et ses recherches se sont avant tout développés. Né à Port-Alfred au Saguenay, il n’est pas étonnant que Camille Legendre, dès sa thèse de doctorat, ait choisi comme objets de recherche l’industrie de la foresterie et du bois, et l’industrie des pâtes et papiers qui ont longtemps été des piliers de l’activité économique de cette région. Grâce à ses travaux sur le destin des entrepreneurs forestiers, l’étude des rapports sociaux dans les entreprises des pâtes et papiers, ses analyses des conditions de travail et de rémunération des travailleurs forestiers, les liens qu’il a établis entre la gestion moderne des ressources forestières et la formation des ingénieurs forestiers québécois à l’Université Yale, il s’affirmera à la fois comme un pionnier et l’un des meilleurs observateurs de ces industries, des gens qui les animent et des transformations qui les ont affectées. En témoigne bien son livre paru en 2005 intitulé Le travailleur forestier québécois. Transformations technologiques, socioéconomiques et organisationnelles.

Lors de son arrivée au Département, il est appelé, avec Jacques Dofny, à conduire une recherche sur la tragédie de la mine Belmoral à Val-d’Or, dont résultera la publication Catastrophe dans une mine d’or. Étude sur le milieu minier québécois. La santé et la sécurité des travailleurs deviendront alors l’autre volet de recherche sociologique privilégié par Camille Legendre. Il examinera notamment l’impact des transformations du travail associées aux innovations technologiques et organisationnelles, les risques professionnels et les mesures de prévention des accidents. Ces thématiques animent le livre Santé, sécurité et transformation du travail publié en 2002 avec Denis Harrisson.

L’enseignement a occupé une place très importante dans l’activité du professeur Legendre, non seulement dans ses champs de spécialisation, mais aussi dans la formation sur le terrain au moyen de stages dans différents milieux de travail. Aux cycles supérieurs, il s’est affirmé comme un mentor très apprécié ainsi qu’en témoigne le professeur Denis Harrisson, qui jusqu’à tout récemment occupait les fonctions de recteur de l’Université du Québec en Outaouais :

De formation américaine, Camille Legendre connaissait tous les écrits scientifiques de la sociologie du travail et des organisations, particulièrement quand ses auteurs avaient passé de longues périodes sur le terrain. Il connaissait la place et l’importance que chacun tenait sur l’échiquier sociologique et, pour nous, c’était inestimable. Il laissait ses étudiants décider eux-mêmes l’objet de leur mémoire ou leur thèse, mais il se révélait un redoutable lecteur de leurs travaux. Aucune déficience ne passait dans les mailles de sa compréhension, et s’il manifestait un quelconque désaccord avec ce que nous avancions, il fallait être solide pour passer à l’étape suivante.

Ceux qui l’ont connu se souviennent certainement d’un homme réservé aux yeux rieurs à l’écoute des autres et engagé socialement. Dans sa jeunesse, il avait assumé des responsabilités au niveau national au sein des Jeunesses étudiantes catholiques (JEC). Denis Harrisson relate aussi que de sa famille de Port-Alfred au Saguenay « et de ses contacts avec le milieu ouvrier, il avait hérité d’un talent de conteur hors pair. C’était contrastant avec sa personnalité tout en réserve, mais quand il s’y mettait, il fascinait son auditoire et c’était drôle, mais drôle à en avoir “le piton collé”. » Plusieurs se souviennent d’ailleurs qu’il exploitait ce talent lors de spectacles humoristiques qu’il donnait en public dans sa vingtaine dont une première partie avec Gilles Vigneault à la Page Blanche à Québec.

Il laisse dans le deuil son épouse Parvin Tazmini, leurs enfants, Alexandre, David et Céline, et petits-enfants, Philippe, Alexandre, Nicolas, André, Layla, Cédric, Romain et Victor, les autres membres de sa famille, ainsi que ses amis et collègues.