Résumés
Résumé
Les couples lesbiens se distinguent des couples hétérosexuels par le fait qu’ils sont contraints de développer leurs relations de couple dans un contexte de sanctions sociales, ce qui pourrait augmenter l’importance de la qualité des liens avec l’entourage. De plus, la divulgation de l’orientation sexuelle représente une caractéristique de cette population qui agit sur l’ajustement psychologique et qui pourrait influencer le soutien familial. Cette étude examine l’effet du coming-out et du soutien familial sur l’ajustement conjugal des mères lesbiennes ayant eu leur(s) enfant(s) dans le contexte d’une relation hétérosexuelle. Nous nous attendons à ce que le soutien familial soit un médiateur du lien entre le coming-out et l’ajustement conjugal. Cinquante-cinq mères lesbiennes en couple ont rempli des questionnaires portant sur la perception du soutien familial, le coming-out et l’ajustement conjugal. Les résultats révèlent un lien positif entre le coming-out et le soutien familial et entre le soutien familial et l’ajustement conjugal, mais aucun lien entre le coming-out et l’ajustement conjugal. Le modèle de médiation n’est pas confirmé. Les implications de ces résultats sont discutées.
Abstract
Lesbian couples differ from heterosexual couples in that they must develop their relationship within an environment that is generally unsympathetic to homosexuality, a fact that could accentuate the importance of family support. Furthermore, the disclosure of their sexual orientation by lesbian couples could also affect the support given by family members. The present study examines the effect of coming-out and family support on the relationship adjustment of lesbian mothers whose children were born within a heterosexual context. It was expected that family support would mediate the relationship between coming-out and relationship adjustment. Fifty-five lesbian mothers currently in a relationship answered questions about their perception of family support, on their coming-out behaviour and their relationship adjustment. Results revealed a positive relationship between coming-out and family support, and between family support and relationship adjustment, however no association was found between coming-out and relationship adjustment. The mediation model was therefore not confirmed. Finally, the authors discuss the implications of these results.
Resumen
Las parejas lesbianas se distinguen de las parejas heterosexuales por el hecho de que están restringidas a desarrollar sus relaciones de pareja en un contexto de sanciones sociales, lo que podría aumentar la importancia de la calidad de las relaciones con el entorno. Además, la divulgación de la orientación sexual representa una característica de esta población que actúa sobre el ajuste psicológico y que podría influir en el apoyo familiar. Este estudio examina el efecto de “salir del armario” y del apoyo familiar en el ajuste conyugal de las madres lesbianas que tienen hijo(s) en el contexto de una relación heterosexual. Esperamos que el apoyo familiar sea un mediador de la relación entre el “salir del armario” y el ajuste conyugal. Cincuenta y cinco madres lesbianas en pareja respondieron los cuestionarios acerca de la percepción del apoyo familiar, el “salir del armario” y el ajuste conyugal. Los resultados revelan una relación positiva entre el “salir del armario” y el apoyo familiar, y entre el apoyo familiar y el ajuste conyugal, pero no se confirmó ninguna relación entre el “salir del armario” y el ajuste conyugal. El modelo de mediación no ha sido confirmado. Se discuten las implicaciones de estos resultados.
Resumo
Os casais de lésbicas distinguem-se dos casais heterossexuais pelo fato que eles são forçados a desenvolver suas relações amorosas em um contexto de sanções sociais, o que poderia aumentar a importância da qualidade das relações com o meio. Além disto, a divulgação da orientação sexual representa uma característica desta população que age no ajustamento psicológico e que poderia influenciar o apoio familiar. Este estudo examina o efeito do “coming-out” e do apoio familiar no ajustamento conjugal das mães lésbicas que tiveram filhos no contexto de uma relação heterossexual. Esperamos que o apoio familiar seja um mediador da relação entre o “coming-out” e o ajustamento conjugal. 55 mães lésbicas em casal preencheram questionários sobre a percepção do apoio familiar, o “coming-out” e o ajustamento conjugal. Os resultados revelam uma relação positiva entre o “coming-out” e o apoio familiar e entre o apoio familiar e o ajustamento conjugal, mas nenhuma relação entre o “coming-out” e o ajustamento conjugal. O modelo de mediação não foi confirmado. As implicações destes resultados são discutidas.
Corps de l’article
Un bon nombre d’études portant sur l’ajustement conjugal montrent que le contexte social dans lequel les partenaires de couples interagissent exerce un rôle important dans le développement et le maintien de la relation des couples hétérosexuels. Généralement, le soutien offert par le réseau social semble avoir l’effet d’augmenter le bien-être, de diminuer la détresse et d’amortir les effets négatifs du stress chez l’individu et dans la relation conjugale (Cohen et Willis, 1985 ; Procidano et Smith, 1997 ; Julien et al., 2000). Toutefois, le réseau social d’un couple peut agir à la fois comme source de soutien et comme source d’interférence dans le couple (Julien et Markman, 1991 ; Julien et al., 1994). Par exemple, l’interférence parentale, mesurée au début des relations pré-maritales, augmente la probabilité de détérioration de la relation, alors que le soutien des parents envers la relation est positivement associé à l’engagement des enfants dans leurs relations amoureuses et à la stabilité des jeunes couples à travers le temps (Johnson et Milardo, 1984 ; Parkes et al., 1988). Le type de soutien offert par le réseau dépendrait aussi de l’identité du soutenant. En effet, bien que les parents et les amis proches soient généralement tous perçus comme offrant du soutien par des couples en conflit, le rôle des parents est perçu comme étant plus ambivalent : ils sont une source importante de soutien, mais aussi souvent une source de critique (Klein et Milardo, 2000). Ces données empiriques ont été obtenues auprès de couples hétérosexuels et on ne sait pas si elles se généralisent aux couples de même sexe.
Les couples de même sexe se distinguent des couples hétérosexuels par le fait qu’ils se développent dans un contexte social hétérosexiste et qu’ils sont souvent reçus avec hostilité dans leur entourage social. L’hétérosexisme est définie par Herek (1991) comme un système idéologique qui dénie, dénigre et stigmatise toute forme non hétérosexuelle de comportement, d’identité, de relation ou de communauté. Bien qu’il y ait eu un grand nombre de changements sociaux et légaux au Québec en ce qui concerne la reconnaissance des droits des couples de même sexe au mariage et à la parentalité, il demeure que les attitudes sociales et culturelles envers les minorités sexuelles restent généralement négatives. Il est donc possible qu’en l’absence du soutien social et culturel dont profitent les couples hétérosexuels, la fragilité des liens avec l’entourage social immédiat affecte l’adaptation conjugale des partenaires homosexuels. De plus, on sait que la divulgation de leur orientation (coming-out) représente une caractéristique unique aux gais et lesbiennes qui pourrait influencer le soutien de leur famille d’origine. En effet, en ne dévoilant pas la nature de leur orientation sexuelle, les gais et lesbiennes sont privés de l’opportunité d’être soutenus dans leur relation conjugale par leur entourage social. Par ailleurs, chez ceux qui ont fait leur coming-out, une réaction négative à une telle divulgation pourrait influencer négativement la qualité de la relation entre un individu et son partenaire de couple.
La plus grande visibilité des couples homosexuels permet de vérifier si les relations observées chez les couples hétérosexuels se généralisent aux couples de même sexe, ainsi que d’examiner les variables uniques à l’ajustement des couples dans cette population. La présente étude vise donc à examiner l’impact du soutien social de la famille d’origine et du coming-out sur l’adaptation conjugale des couples lesbiens.
L’ajustement des couples homosexuels
Peu de recherches empiriques existent sur les couples homosexuels. Comparativement à l’ensemble des études sur les relations conjugales, les recherches sur l’ajustement conjugal de ces couples et sur les liens entre la relation conjugale et le réseau social des partenaires demeurent encore rares. Pourtant, les résultats de recherche sur les personnes gaies et lesbiennes vont à l’encontre du stéréotype voulant qu’elles ne soient impliquées que dans des liaisons occasionnelles. En général, les couples de même sexe sont plus semblables aux couples hétérosexuels à plusieurs niveaux. En effet, de manière similaire aux hétérosexuels, les personnes homosexuelles ont des relations conjugales stables et rapportent des niveaux de satisfaction semblables (Peplau et Gordon, 1983 ; Peplau et al., 1996 ; Green et al., 1996 ; Kurdek, 1988, 1995). De même, les facteurs associés à la satisfaction conjugale chez les couples gais et lesbiens sont comparables à ceux que les couples hétérosexuels identifient (par exemple, percevoir que la relation apporte beaucoup d’avantages et peu de coûts, accorder une grande valeur au partage d’activités et à l’unité du couple, entretenir peu de croyances irrationnelles face à la relation, avoir un niveau élevé de confiance mutuelle, manifester de bonnes habiletés de communication et de résolution de problèmes, percevoir un pouvoir équivalent et être satisfait par rapport au soutien social) (Kurdek, 1995 ; Peplau, 1991). Les couples de même sexe développent le sentiment amoureux de manière similaire, allant de la passion à la sécurité et la confiance (McWhirter et Mattison, 1984) et ils ont des degrés comparables d’intimité (Gentile, 1987). Lors de conflits, les couples de même sexe et les couples hétérosexuels consultent pour des motifs semblables, soit des difficultés de communication, la gestion de la distance entre les partenaires, les différences de valeurs, le pouvoir, les finances, le travail, la sexualité, la jalousie ou la possessivité et les difficultés rencontrés avec les membres de la famille d’origine (Peplau et al., 1996 ; Bepko et Johnson, 2000). Enfin, les partenaires vivent des relations comparables aux hétérosexuels suite à un séparation de couple (Kurdek, 1991) et suite aux événements stressants (Julien et al., 1995).
Toutefois, la divulgation de l’orientation sexuelle à l’entourage est une caractéristique unique des gais et lesbiennes qui peut avoir un impact sur la qualité de leur relations conjugales. Il est généralement accepté que la non-divulgation de l’orientation sexuelle par les personnes homosexuelles peut avoir un effet négatif sur leur ajustement psychologique. Dans la mesure où l’incapacité ou la non-volonté de divulguer son orientation sexuelle (coming-out) reflète un certain niveau de négation ou d’inconfort avec sa propre orientation sexuelle, les études dans le domaine ont établi des liens entre le coming-out et un grand nombre de variables d’adaptation psychologique (Jordan et Deluty, 1998 ; Rosario et al., 2001). En effet, les personnes homosexuelles ayant un niveau peu élevé de coming-out rapportent des niveaux plus élevés de dépression et d’anxiété, ainsi que des niveaux plus faibles d’estime de soi (Ayala et Coleman, 2000 ; Jordan et Deluty, 1998). Le degré de coming-out peut aussi influencer l’adaptation conjugale des couples homosexuels puisque la non-divulgation indique une certaine dévaluation des individus envers eux-mêmes et leur couple. La nécessité de maintenir le secret de leur orientation sexuelle et de leur statut de couple pourrait constituer un stress additionnel pour ces couples (Berzon, 1988).
Par ailleurs, le fait de vivre ouvertement leur homosexualité est un autre facteur qui ouvre des possibilités d’influences directes du réseau sur le couple. Le coming-out est un facteur à double tranchant pour les personnes homosexuelles. En effet, la divulgation de l’orientation sexuelle ou d’une relation homosexuelle offre l’opportunité au réseau social de soutenir le couple dans sa relation, mais elle peut aussi constituer un risque d’exposition à des réactions sociales négatives. Les études d’échantillons non probabilistes auprès des jeunes gais et lesbiennes indiquent qu’environ 70 % d’entre eux divulguent leur homosexualité à leur mère, 29 % à 50 % la divulgue à leur père et environ 60 % à leur fratrie (D’Augelli et al., 1998). Cependant, il est important de noter que les études non probabilistes sur-estiment fréquemment les taux de coming-out puisque la participation à de telles études requiert un certain degré de coming-out. D’autres études ont démontré que la divulgation de l’orientation sexuelle est positivement associée à l’adaptation conjugale. En effet, les hommes gais et les femmes lesbiennes sont plus heureux en couple lorsque tous les membres de leur famille sont informés de leur orientation sexuelle (Chartrand et Julien, 1996 ; Jordan et Deluty, 2000). Ces données montrent l’importance, pour ces individus, de vivre ouvertement leur homosexualité au sein de leur famille. Les partenaires qui affichent leur relation de couple au même titre que les couples hétérosexuels laissent ainsi aussi la possibilité d’être renforcés dans leur identité de couple par les membres de leur famille.
L’adaptation conjugale des mères lesbiennes
Bien qu’un certain nombre d’études aient été réalisées dans ce domaine, aucune n’a pu, jusqu’à présent, tenir compte du fait que les individus en couples hétérosexuels étaient souvent parents mais que les individus en couple homosexuel l’étaient rarement. Selon le Recensement canadien de 2001, environ 0,5 % des couples de l’étude se sont identifiés comme des couples de même sexe. Parmi ceux-ci, 45 % sont des couples de femmes lesbiennes, dont 15 % vivent avec des enfants, soit 5 fois plus que les couples masculins qui sont seulement 3 % à vivre avec des enfants (Statistiques Canada, 2002). De façon similaire, une analyse des données de l’Enquête Santé Québec (1998) confirme que 21 % des femmes lesbiennes québécoises sont mères biologiques d’un enfant (on obtient un plus grand nombre si on inclut les femmes impliquées auprès d’un enfant d’une conjointe) alors que 6.9 % des hommes gais sont pères biologiques d’un enfant dont ils ont la garde (Julien et al., soumis). Bien que le développement psychosexuel et social des enfants issus de familles homoparentales ait été examiné dans plusieurs études (Patterson, 1996 ; Golombok et al., 2003), les facteurs influençant l’adaptation conjugale des couples homosexuels ayant un enfant n’ont pas encore été explorés. La présence d’un enfant dans toute famille risque de modifier l’effet et l’importance des variables susceptibles d’influencer l’ajustement conjugal (Erel et Burman, 1995). Ainsi, le fait d’avoir un enfant pourrait augmenter l’importance du soutien familial ou l’impact d’un manque de soutien pour les mères lesbiennes ou les pères gais. Par exemple, les grand-parents en particulier jouent un rôle important auprès de leurs enfants et petits-enfants. Ils sont une source d’influence et de soutien pour la famille sur une base quotidienne, et ceux-ci peuvent jouer un rôle de protection contre les effets négatifs de situations difficiles ou de crises familiales ou lors de périodes de transition, comme une grossesse (Tinsley et Parke, 1984 ; Cherlin et Furstenberg, 1992 ; Eggebeen, 1992 ; Zarit et Eggebeen, 1995). Le statut parental des couples gais et lesbiens pourrait aussi influencer le niveau de coming-out du couple, puisque le fait d’avoir un enfant et de vivre en famille peut rendre l’orientation sexuelle d’un individu plus visible auprès des institutions (hôpital, école, etc.) et vraisemblablement auprès de sa famille d’origine.
Le présente étude vise à évaluer le lien entre le coming-out, le soutien familial et l’adaptation conjugale de mères lesbiennes vivant en couple. On retrouve une variabilité importante dans le type de familles homoparentales lesbiennes. Ces familles sont souvent classifiées selon l’orientation sexuelle de la mère à la naissance de l’enfant. On retrouve de cette façon deux grands types de familles : celles où l’enfant est né d’une mère ex-hétérosexuelle qui a fait sont coming-out après la naissance de son enfant, et celles où l’enfant est né d’une mère qui s’identifiait comme lesbienne au moment du projet parental. Les familles lesbiennes ex-hétérosexuelles ont souvent vécu un divorce du père biologique de l’enfant, une période d’adaptation à la divulgation de l’orientation sexuelle et, dans bien des cas, la recomposition de leur famille avec une nouvelle conjointe. La multiplication des sources de stress pourrait rendre les familles lesbiennes ex-hétérosexuelles particulièrement vulnérables et pourrait accroître l’importance de soutien de la famille d’origine ou de son rejet. Pour cette raison, et pour minimiser la variabilité intra-groupe dans les types de famille, cette étude s’intéressera plus particulièrement au cas des familles lesbiennes ex-hétérosexuelles.
Nous émettons l’hypothèse selon laquelle le degré de coming-out et le niveau de soutien familial au couple seront positivement associés (hypothèse 1), et qu’ils seront chacun positivement associés à l’ajustement conjugal (hypothèse 2 et 3). De plus, nous nous attendons à ce que le lien entre le coming-out et l’ajustement conjugal soit médiatisé par le soutien familial ou, en d’autres mots, que le lien entre le coming-out et l’ajustement conjugal soit en partie expliqué par le soutien social (hypothèse 4).
Méthode
Participantes
Les participantes de cette étude ont été recrutées dans divers groupes de soutien pour mères lesbiennes à travers le Canada et grâce au bouche à oreille dans le cadre d’une étude canadienne sur les familles lesbo-parentales (Julien et Chamberland, CRSH). L’échantillon total recruté de cette façon est composé de 252 familles lesbo-parentales représentant une grande variété de structures familiales. Pour la présente étude, 55 mères biologiques présentement en couple avec une femme et mères d’au moins un enfant né dans le contexte d’une relation hétérosexuelle avant le coming-out de la mère ont été retenues. Ces mères sont présentement en relation conjugale avec une femme depuis en moyenne 4.69 ans (ET = 3.62) et sont mères biologiques d’en moyenne 1.8 enfants (ET =.86). Les participantes proviennent de plusieurs provinces à travers le Canada, soit le Québec (32.7 %), l’Ontario (27.3 %), la Colombie-Britannique (12.7 %), l’Alberta (10.9 %) ou d’une des autres provinces ou territoires (17.4 %). Soixante-seize pour cent d’entre-elles vivent dans des villes de moyenne ou grande taille et 24 % dans des petites villes ou de villages. La majorité des mères sont d’origine nord-américaine ou européenne (93 %) et ont en moyenne 39.51ans (ET = 5.5). Cinquante-cinq pour cent d’entre-elles ont complété un diplôme universitaire.
Procédure
Les mères ont d’abord été contactées par téléphone ou courriel. Toutes les mères, qu’elles soient seules ou en couples, mères biologiques ou co-mères, étaient invitées à participer à une étude sur les familles homoparentales. Les questionnaires, une lettre d’introduction et d’instruction, un formulaire de consentement et une enveloppe de retour pré-affranchie étaient ensuite envoyés à toutes les mères intéressées à participer. Les questionnaires comprenaient des questions sur un grand nombre de variables conjugales, parentales et psychosociales des mères lesbiennes et de leurs enfants. Seules trois variables on été utilisées dans la présente étude (coming-out, soutien social et ajustement conjugal). À la réception du questionnaire complété, chaque participante a reçu une rétribution de 35$ en guise de remerciement.
Mesures
Divulgation de l’orientation sexuelle (coming-out)
Ce questionnaire est inspiré d’un instrument développé par Otis et al. (1999). Pour une liste de membres de la famille, amis et collègues et autres personnes dans l’entourage des mères (exemple, mon père, ma mère, la majorité de mes ami(e) s), on demande à la participante jusqu’à quel point chacune de ces personnes est au courant de son orientation sexuelle. Le choix de réponse, traduction de D’Augelli (1991), comprend quatre énoncés : 1 « je suis certaine qu’il (elle) le sait et nous en avons parlé », 2 « je suis certaine qu’il (elle) le sait mais nous n’en avons jamais parlé », 3 « probablement qu’il (elle) le sait ou s’en doute », 4 « il (elle) ne le sait pas ou ne s’en doute pas ». Dans cette étude, la moyenne du niveau de coming-out aux différents membres de la famille (mère, père, fratrie, famille élargie) est utilisée.
Soutien au couple
Le questionnaire sur le soutien au couple, inspiré du Social Reaction Index (Lewis, 1973), évalue le soutien au couple par l’entourage social (famille et amis). Le soutien des membres de la famille, est évalué avec cinq questions de soutien (par exemple, « à quelle fréquence êtes-vous invitée avec votre partenaire par les membres de votre famille pour un repas ou autre réunion familiale ») et une question d’interposition au couple (« à quelle fréquence les membres de votre famille critiquent votre partenaire »). La participante répond aux questions au moyen d’une échelle de type Likert allant de 1) jamais à 5) très souvent. Une première étude montre une cohérence interne et une validité convergente satisfaisante (Chartrand et Julien, 1996). Une analyse factorielle de cet instrument révèle l’existence de 3 facteurs, dont un premier contenant des items de soutien positif de la part de la famille (5 items), un deuxième contenant des items de soutien positif de la part des amis (4 items) et un troisième contenant des items de soutien négatif de la famille et des amis (5 items). Dans cette étude, seuls les items de soutien positif de la famille sont utilisés. Cette échelle a une cohérence interne satisfaisante (alpha = 0,75).
Adaptation conjugale
La qualité relationnelle est mesurée à l’aide d’une version adaptée du Marital Adjustment Test (MAT ; Locke et Wallace, 1959). Il comprend une question d’ajustement global, huit questions mesurant des zones possibles de désaccords et six questions mesurant la résolution de conflit, la cohésion et la communication. Le test possède un niveau de consistance interne élevé et une validité prédictive bien étayée dans le domaine de recherche sur le couple, y compris auprès de la population québécoise. Aux fins de son application auprès de la population homosexuelle, la formulation des questions a été modifiée de manière à neutraliser les différences de genre. De plus, les scores de l’item 10 ont été modifiés comme suit : dans la version hétérosexuelle, un score 1 est donnée à la conjointe et un score 2 est donnée au conjoint lorsqu’il rapporte être la personne qui cède lors de désaccord dans le couple. Dans la version homosexuelle, un score de 2 est donné à l’un ou l’autre partenaire qui cède. Une première étude des qualités psychométriques de l’instrument avec les couples hétérosexuels montre un degré acceptable de validité convergente avec les données d’observation d’interactions de couples américains (IDCS ; Julien et al., 1989) et québécois (SODI : Chartrand et Julien, 1994 ; Julien et al., 1991). La version homosexuelle montre un degré élevé de cohérence interne (alpha de Cronbach de 0,79) et un bonne validité convergente avec une mesure observationelle de communication conjugale (Julien, 1995).
Résultats
Nous avons d’abord examiné les distributions des trois variables d’intérêt. Les données de la variable « coming-out » n’étant pas normalement distribuées, elles ont été regroupées en deux catégories comprenant respectivement un premier groupe de participantes ayant divulgué leur orientation à 100 % des membres de leur famille (62 %) et un second groupe ayant tout autre niveau de divulgation (38 %). De même, la variable soutien social de la famille (M = 4,28 ; ET = 0,77) n’étant pas normalement distribuée, les scores ont été inversés et transformés en obtenant la racine carrée de chaque valeur. La variable d’adaptation conjugale est normalement distribuée et est gardée dans sa forme initiale (M = 112,9, ET = 25,4). Le tableau 1 présente les moyennes et écarts types du soutien social de la famille et de l’ajustement conjugal selon l’appartenance au groupe ayant fait complètement ou partiellement leur coming-out.
Dans le but de tester les hypothèses de médiation, nous avons retenu les critères de médiation de Baron et Kenny (1986). La première étape du test de médiation consiste à s’assurer que les corrélations entre les trois variables sont significatives. Le cas échéant, on peut ensuite évaluer si l’association entre la variable indépendante et la variable dépendante est réduite à zéro ou diminue significativement lorsque la variable médiatrice est introduite dans le modèle.
La première condition (hypothèse 1) stipule l’existence d’un lien positif entre le niveau de coming-out à la famille d’origine et le soutien social de la famille d’origine. La corrélation bivariée (test unicaudal) entre ces deux variables a été calculée. Les analyses montrent une corrélation significative (r = 0,45, p < 0,05). La première hypothèse est donc confirmée.
La deuxième condition (hypothèse 2) stipule l’existence d’un lien positif entre le soutien social de la famille d’origine et le niveau d’adaptation conjugale. La corrélation bivariée (test unicaudal) entre ces deux variables a été calculée. Les analyses montrent une corrélation significative (r = 0,23, p < 0,05). La deuxième hypothèse est donc confirmée.
La troisième condition (hypothèse 3) stipule l’existence d’un lien positif entre le niveau de coming-out et le niveau d’adaptation conjugale. La corrélation bivariée (test unicaudal) entre ces deux variables a été calculée. Les analyses montrent une corrélation non significative (r = n. s) entre les deux variables. La troisième hypothèse n’est donc pas confirmée.
Puisque l’hypothèse 3 n’est pas confirmée, nous ne pouvons procéder au test de médiation. L’hypothèse 4 stipulant l’effet médiateur du soutien social sur le lien entre le coming-out et l’ajustement conjugal n’est donc pas confirmée.
Discussion
Cette étude avait pour but d’évaluer le lien entre le soutien social, la divulgation de l’orientation sexuelle (coming-out) à la famille d’origine et l’ajustement conjugal dans un groupe de mères lesbiennes. Puisque la famille d’origine ne peut offrir de soutien au couple que si elle est au courant de l’existence de ce couple, nous nous attendions à ce que les mères qui rapportent un niveau plus élevé de coming-out à leur famille d’origine rapportent aussi un niveau plus élevé de soutien social familial. Les résultats sont en accord avec notre hypothèse. De plus, les couples rapportant un niveau élevé de soutien social au couple de la part de leurs familles rapportent un plus haut niveau d’adaptation conjugale. Ces données sont cohérentes avec celles d’études menées auprès de populations hétérosexuelles (Julien et al., 1994 ; Johnson et Milardo, 1988). Il est probable que le soutien au couple renforce le développement et le maintien d’une identité conjugale, et facilite une meilleure gestion des difficultés conjugales chez l’ensemble des couples. Il faut cependant noter que la taille d’effet de cette association est relativement faible (r = 0,23) dans notre échantillon. Ceci pourrait être dû à un manque de variance dans les scores puisque les taux rapportés de soutien social (M = 4,28) et d’ajustement conjugal (M = 112 avec une moyenne de 100 dans la population générale) étaient très élevés dans cet échantillon. Il serait intéressant d’examiner la contribution du soutien au couple en conjonction avec d’autres variables conjugales mesurant les processus de la dynamique intra-dyadique.
La troisième hypothèse stipulait un lien entre le coming-out et l’adaptation des couples de mères lesbiennes. De nombreuses études ont démontré l’effet positif du coming-out sur divers indices de santé psychologique tels l’anxiété et la dépression (Ayala et Coleman, 2000 ; Jordan et Deluty, 1998). Cependant, jusqu’à présent, seules deux études ont tenté d’évaluer le lien entre le coming-out et un indice d’ajustement conjugal. Ces études ont démontré l’existence d’une association positive entre le niveau de coming-out et la satisfaction conjugale (Berger, 1990 ; Jordan et Deluty, 2000). Contrairement à ces études toutefois, notre étude ne rapporte aucun lien entre le niveau de coming-out et l’adaptation conjugale. Il est possible qu’en l’absence de divulgation à la famille d’origine, les mères s’entourent d’une « famille d’adoption » composée d’amis qui joueraient le rôle attendu des familles d’origine. Des études antérieures montrent en effet que le réseau social commun aux partenaires de couples de même sexe est plus grand que celui des couples hétérosexuels (Julien et al., 1999) et que, chez les couples de même sexe, le réseau d’amis est le plus important soutien au couple, suivi de celui du partenaire et ensuite de celui de la famille (Kurdek, 1988). Il faudrait donc examiner à nouveau la contribution du coming out à la variabilité de l’adaptation conjugale en considérant le réseau social élargi des partenaires de couple, c’est-à-dire une caractéristique de réseau social propre aux couples de même sexe. Toutefois, comme les mères recrutées pour cette étude rapportent un niveau d’adaptation conjugale supérieur à la moyenne de population, il est aussi possible que la faible variabilité des mères de cet échantillon explique cet absence de convergence des résultats avec ceux d’autres études.
Alternativement, il est aussi possible que le coming-out ne soit pas un bon indice d’adaptation conjugale. Certains chercheurs ont d’ailleurs avancé que la symétrie entre les deux membres du couple dans leur comportement de coming-out est un facteur plus important de santé conjugale (Roth, 1985). En d’autres mots, le manque de divulgation ne serait pas nécessairement problématique si les deux membres du couple démontrent cette tendance. Par contre, les couples démontrant un niveau élevé d’asymétrie dans leurs comportements de divulgation témoigneraient d’une certaine différence d’acceptation du leur lesbianisme, ce qui pourrait entraîner des tensions dans le couple.
L’objectif final de cette étude consistait à tester un modèle voulant que le coming-out ait un impact sur l’adaptation conjugale des mères lesbiennes par l’entremise de son association avec le soutien social. Ainsi, les mères qui font plus de coming-out profitent d’un plus grand accès au soutien à leur couple, et ce soutien a un effet positif sur l’adaptation conjugale. Comme les règles de médiation élaborées par Kenny et Baron (1986) n’ont pas été satisfaites, il était impossible de tester ce modèle. Cependant, le lien existant entre le coming-out et le soutien social, ainsi qu’entre le soutien social et l’adaptation conjugale laissent supposer que le modèle de médiation proposé comporte une certaine validité. En effet, le soutien au couple de la part des familles d’origine contribue à l’adaptation conjugale, et les individus qui ne dévoilent pas leur identité de couple sont privés de ce soutien. Murphy (1989) a d’ailleurs démontré qu’une réaction positive envers le couple lesbien de la part des parents avait pour effet d’améliorer la qualité de la relation conjugale. Toutefois, comme nous l’avons vu, il est aussi vraisemblable que les couples qui ne divulguent pas leur orientation homosexuelle à leur famille d’origine puissent contrer le manque de soutien de celle-ci avec un plus grand soutien social de la part de leur réseau d’amis.
Les résultats de cette étude doivent être interprétés avec prudence. Notre échantillonnage de convenance mène à une sur-représentation de participante qui vivent en relation de couple stable et relativement bien adaptée, et qui ont des niveaux de soutien social et de coming-out élevés. Il est probable que le rôle du soutien au couple est doublement important pour des mères vivant un niveau de détresse psychologique plus élevé ou une relation de couple en difficulté. De plus, la nature corrélationnelle des données implique aussi une certaine prudence dans l’interprétation des données. Il est donc vraisemblable que le coming-out mène à un plus grand soutien de la part de la famille d’origine, mais que la perception de soutien de la part de la famille d’origine encourage le coming-out de la part des couples.
En dépit de ses limites, cette première étude sur les facteurs associés à l’adaptation conjugale des mères lesbiennes offre des pistes de recherche sur cette population. Plus particulièrement, les études futures devraient considérer le rôle du soutien par le réseau d’amis et le rôle du niveau de symétrie dans le comportement de coming-out des mères lesbiennes vivant en couple.
Parties annexes
Remerciements
Cette recherche a été rendue possible grâce à une subvention de recherche du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada, 406-2002-1455.
Références
- Ayala, J., Coleman, H., 2000, Predictors of depression among lesbian women. Journal of Lesbian Studies, 4, 71-86.
- Baron, R. M., Kenny, D. A., 1986, The moderator-mediator variable distinction in social psychological research : Conceptual, strategic and statistical considerations, Journal of Personality and Social Psychology, 51, 1173-1182.
- Bepko, C., Johnson, T., 2000, Gay and lesbian couples in therapy : Perspective for the contemporary family therapist, Journal of Marital Family Therapy, 26, 409-419.
- Berger, R. M., 1990, Passing : Impact on the quality of same-sex couple relationships. Social Work, 35, 328-332.
- Berzon, B., 1988, Permanent Partners : Building Gay and Lesbian Relationships that Last, New York, NY, Dutton.
- Chartrand, E., Julien. D., 1994, Validation of a French-Canadian version of the Interactional Dimensions Coding System (IDCS), Canadian Journal of Behavioural Sciences, 26, 319-337.
- Chartrand, E., Julien, D., 1996, Gay and lesbian couples’ social integration in their social network and dyadic adjustment, Science et Comportement, 25, 39-54.
- Cherlin, A. J., Furstenberg, F. F., 1992, The New American Grandparent, Cambridge, MA, Harvard University Press.
- Cohen, S., Wills, T. A., 1985, Stress, social support, and the buffering effect hypothesis, Psychological Bulletin, 98, 310-357.
- D’Augelli, A. R., 1991, Gay men in college : Identity processes and adaptations, Journal of College Student Development, 32, 140-146.
- D’Augelli, A. R., Hershberger, S. L., Pilkington, N. W., 1998, Lesbian, gay, and bisexual youth and their families : Disclosure of sexual orientation and its consequences, American Journal of Orthopsychiatry, 68, 361-371.
- Daveluy, C., Pica, L., Audet, N., Courtemanche, R., Lapointe, F., 2000, Enquête sociale et de santé 1998, Institut de la statistique du Québec.
- Eggebeen, D. J., 1992, Family structure and intergenerational exchanges, Research on Aging, 14, 427-447.
- Erel, O., Burman, B., 1995, Interrelatedness of marital relations and parent-child relations : A meta-analytic review, Psychological Bulletin, 118, 108-132
- Gentile, A. M., 1987, Intimate Relationships and Adjustment to Retirement among Heterosexual, Lesbian and Gay Male Couples, Dissertation Abstracts International, 48 (6-8), 1844..
- Golombok, S., Perry, B., Burston, A., Murray, C., Mooney-Somers, J., Stevens, M., Golding, J., 2003, Children with lesbian parents : A community study, Developmental Psychology, 39, 20-33.
- Green, R. J., Bettinger, M., Zacks, E., 1996, Are lesbian couples fused and gay male couples disengaged ? Questioning gender straightjackets, in Laird, J., and Green, R. G., eds., Lesbians and Gays in Couples and Families : A Handbook for Therapists, San Francisco, CA, Jossey-Bass, 185-230.
- Herek, G. M., 1991, Stigma, prejudice, and violence against lesbians and gay men, in J. C. Gonsiorek, J.C., Weinrich, J. D., eds., Homosexuality : Research Implications for Public Policy, Sage publications, 60-80.
- Johnson, M. P., Milardo, R. M., 1984, Network interference in pair relationships : A social psychological recasting of Slater’s theory of social regression, Journal of Marriage and the Family, 46, 893-899.
- Jordan, K. M., Deluty, R. H., 2000, Social support, coming-out, and relationship satisfaction in lesbian couples, Journal of Lesbian Studies, 4, 145-164.
- Jordan, K. M., Deluty, R. H., 1998, Coming out for lesbian women : Its relation to anxiety, positive affectivity, self-esteem and social support, Journal of Homosexuality, 35, 41-63.
- Julien, D., Chartrand, E., Bégin, J., 1995, Life Events and Difficulties in Gay, Lesbian and Heterosexual Couples, Document inédit, Université du Québec à Montréal.
- Julien, D., Markman, H. J., 1991, Social support and social networks and determinants of individual and marital outcomes, Journal of Social and Personal Relationships, 8, 549-568.
- Julien, D., Markman, H. J., Lindahl, K. M., 1989, A comparison of a global and a microanalytic coding system : Implications for future trends in studying interactions, Behavioral Assessment, 11, 81-100.
- Julien, D., Markman, H. J., Chartrand, E., Pizzamiglio, T., Léveillé, S., Bouthillier, D., 1991, Social Support in Distressed and Non-distressed Couples : An Interactional Analysis, Communication présentée au congrès annuel du American Psychological Association, San Francisco, CA.
- Julien, D., Markman, H. J., Léveillé, S., Chartrand, E., 1994, Networks’ support and interference with regard to marriage : Disclosure of marital problems to confidants, Journal of Family Psychology, 8, 16-31.
- Julien, D., Tremblay, N., Bélanger, I., Dubé, M., Bégin, J., Bouthillier, D., 2000, Interaction structure of husbands’ and wives’ disclosure of marital conflict to their respective best friends, Journal of Family Psychology, 14, 286-303.
- Klein, R. C. A., Milardo, R. M., 2000, The social context of couple conflict : Support and criticism from informal third parties, Journal of Social and Personal Relationships. Special Relationship Conflict, 17, 618-637.
- Kurdek, L., 1988, Perceived social support in gays and lesbians in cohabitating relationships, Journal of Personality and Social Psychology, 54, 504-509.
- Kurkek, L. A., 1991, The dissolution of gay and lesbian couples, Journal of Social and Personal Relationships, 8, 265-278.
- Kurdek, L., 1995a, Assessing multiple determinants of relationship commitment in cohabitating gay, cohabiting lesbian, dating heterosexual and married heterosexual couples, Journal of Marriage and the Family, 56, 705-722.
- Lewis, R. A., 1973, Social reaction and the formation of dyads : An interactionist approach to mate selection, Sociometry, 36, 409-418.
- Locke, H. K., Wallace, K. M., 1959, Short Marital Adjustment and Prediction test : Their reliability and validity, Marriage and Family Living, 21, 251-255.
- McWhirter, D. P., Mattison, M. A., 1984, The Male Couple : How Relationships Develop, Englewood Cliffs, NJ, Prentice-Hall.
- Murphy, B. C., 1989, Lesbian couples and their parents : The effect of perceived parental attitudes on the couple, Journal of Counselling and Development, 68, 46-51.
- Otis, J., Ryan, B., Chouinard, N., 1999, Impact du « Projet 10 » sur le mieux-être sexuel de jeunes gais et bisexuels, Executive report presented to the Régie régionale de la Santé et des Services sociaux Montréal Centre.
- Parks, R. R., Stan, C. M., Eggert, L. L., 1983, Romantic involvement, Social Psychology Quarterly, 46, 116-131.
- Patterson, C., 1996, Lesbian and gay parenthood, in Bornstein, M. ed., Handbook of Parenting, Hillsdale, NJ, Lawrence Erlbaum Associates, 255-274.
- Peplau, L. A., 1991, Lesbian and gay relationships, in Gonsiorek, J. C., and Weinrich, J. D., eds., Homosexuality : Research Implications for Public Policy, Newbury Park, CA, Sage, 177-196.
- Peplau, L. A., Veniegas, R. C., Campbell, S. M., 1996, Gay and lesbian relationships, in Savin-William, R.C., and Cohen, K.M., eds., The Lives of Lesbians, Gays and Bisexuals : Children to Adults, Orlando, FL, Harcourt Brace College Publishers, 25-273.
- Procidano, M. E., Smith, W. W., 1997, Assessing perceived social support : The importance of context, in Gregory, G.R., Lakey, B., eds., Sourcebook of Social Support and Personality. The Plenum Series in Social/clinical Psychology, New York, NY, Plenum Press, 93-106.
- Roth, S., 1985, Psychotherapy with lesbian couples : Individual issues, female socialization and the social context, Journal of Marital and Family Therapy, 11, 273-286.
- Rosario, M., Hunter, J., Maguen, S., Gwadz, M., Smith, R., 2001, The coming-out process and its adaptational and health-related associations among gay, lesbian and bisexual youths : Stipulation and exploration of a model, American Journal of Community Psychology, 29, 113-160.
- Statistiques Canada, 2002, Profil des familles et des ménages canadiens : la diversification se poursuit, Tiré du World Wide Web : www.statcan.ca.
- Tinsley, B. J., Parke, R. D., 1984, Grandparents as support and socialization agents, in Lewis, M., ed., Beyond the Dyad, New York, NY, Plenum, 161-194.
- Zarit, S. H., Eggebeen, D. J., 1995, Parent-child relationships in adulthood and old age, in Bornstein, M. H., ed., Handbook of Parenting, vol. 1, Children and Parenting, Mahwah, NJ, Erlbaum Associates, 119-140.