Il importe de remercier chaleureusement Bruno Demers pour avoir rassemblé ces écrits non encore publiés, qui constitue ce livre posthume de Claude Geffré. L’Avant-propos, composé par Demers, nous renseigne excellemment sur les contextes variés de ces écrits, placés dans des parties de l’ouvrage aux titres éclairants. En voici la liste : Inspiré par le beau titre d’un autre livre de Geffré, Le christianisme au risque de l’interprétation, je « risque » d’inviter nos lecteurs à prêter attention, dans cette collection d’articles ou textes non publiés, aux convictions suivantes de Geffré : l’insistance sur la création et l’incarnation, toutes deux prolongées dans l’histoire humaine selon une vision messianique ; la relation entre la foi vécue et la théologie ; le courage des théologiens dans leur engagement en faveur d’un constant renouvellement de leur discipline ; l’attention critique aux signes des temps ; l’acceptation du pluralisme en oecuménisme et dans le dialogue interreligieux. Cette énumération porte sur des points forts de ce livre-ci de Geffré car, dans ces textes épars, dont l’utilité est pourtant évidente, on ne trouve guère de passages explicites et substantiels sur son herméneutique. C’est pourquoi, en ce qui concerne l’ensemble de la pensée de Geffré, je me permets d’annoncer la présence d’une longue section, justement sur son herméneutique, dans mon ouvrage sous presse (au moment où j’écris), intitulé Methods in Systematic Theology : A Few Contributions. Ce qui est probablement le plus important dans la pensée de Geffré, c’est son insistance sur le fait que la parole théologique dépend d’un va-et-vient entre la parole de Dieu (la Bible) et les paroles humaines (les signes des temps). Par conséquent, loin de se limiter à des réponses statiques, la vérité actualisée requiert la mise en oeuvre dynamique de continuelles mises à jour. De plus, contrairement à d’autres théologiens dont les listes des signes des temps sont toutes optimistes, ses énumérations des signes des temps sont plus équilibrées, contenant aussi bien des signes négatifs que des signes positifs. Il me semble que la photo de lui en page couverture reflète une inquiétude et une souffrance dignes d’un chrétien qui ne perd jamais de vue les misères humaines. Nous ne pouvons qu’admirer le sens philosophique du théologien Geffré, sa compréhension de l’herméneutique et de ses conséquences pastorales, sa capacité de se distancer de ses prédécesseurs dominicains qu’étaient Marie-Dominique Chenu et Yves Congar, à cause de la différence des contextes ecclésiaux et socio-culturels dans lesquels ils travaillaient et le contexte, plus récent, de Geffré. Je termine sur une note personnelle : En tant que frère prêcheur, j’ai été frappé de la justesse des propos de Geffré dans sa conférence de 1992 intitulée « Le statut institutionnel de la théologie dans la vie dominicaine ». Les autres dominicains ainsi que les non-dominicains qui liront ce texte splendide y trouveront sûrement une encourageante inspiration.
Claude Geffré, Dire Dieu dans l’histoire. Recueil d’articles et de textes inédits, rassemblés et édités par Bruno Demers (Cerf Patrimoines). Paris, Éditions du Cerf, 2024, 15,2 × 22,8 cm, 256 p., 28 €, ISBN 978-2-204-16243-2
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Louis Roy, o.p.
Faculté de théologie, Collège universitaire dominicain, Ottawa
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