Recensions et comptes rendusThéologie

Jean-Emmanuel Garreau, Une théologie de la liberté dans l’amour. L’itinéraire théologique de Walter Kasper (Cogitatio Fidei, 319). Paris, Éditions du Cerf, 2023, 13,5 × 21cm, 508 p., ISBN 978-2-204-154321

  • Louis Roy

…plus d’informations

  • Louis Roy, o.p.
    Faculté de théologie, Collège universitaire dominicain, Ottawa

L’accès à cet article est réservé aux abonnés. Seuls les 600 premiers mots du texte seront affichés.

Options d’accès :

  • via un accès institutionnel. Si vous êtes membre de l’une des 1200 bibliothèques abonnées ou partenaires d’Érudit (bibliothèques universitaires et collégiales, bibliothèques publiques, centres de recherche, etc.), vous pouvez vous connecter au portail de ressources numériques de votre bibliothèque. Si votre institution n’est pas abonnée, vous pouvez lui faire part de votre intérêt pour Érudit et cette revue en cliquant sur le bouton “Options d’accès”.

  • via un accès individuel. Certaines revues proposent un abonnement individuel numérique. Connectez-vous si vous possédez déjà un abonnement, ou cliquez sur le bouton “Options d’accès” pour obtenir plus d’informations sur l’abonnement individuel.

Dans le cadre de l’engagement d’Érudit en faveur du libre accès, seuls les derniers numéros de cette revue sont sous restriction. L’ensemble des numéros antérieurs est consultable librement sur la plateforme.

Options d’accès
Couverture de Moïse sous le regard de la philosophie, Volume 76, numéro 2, mai–août 2024, p. 165-305, Science et Esprit

Jean-Emmanuel Garreau est prêtre du diocèse de Tours et il enseigne, à l’Institut catholique de Paris, la christologie et les grandes figures de la pensée contemporaine au sein du christianisme. Dans sa Préface, composée spécialement pour cette traduction française, le cardinal allemand Walter Kasper, né en 1933, se montre d’accord avec le titre donné à cet ouvrage, titre qui prend en compte une « idée fondamentale, la philosophie moderne de la liberté » et où la liberté est comprise « comme l’amour qui se donne ». Kasper reconnaît que le titre du livre résume bien sa pensée d’ensemble comme théologien. Il explique que l’amour évoqué par ce titre est celui de l’amour chrétien, « un abaissement, une kénose pour rencontrer Dieu dans les blessures, les détresses, les questions et les angoisses des autres » ; il s’agit d’une « théologie de la miséricorde » dont « le pape François a repris des aspects importants dans sa prédication » (p. 13). Kasper avait d’ailleurs publié un livre là-dessus, dont la traduction française (de 2015) s’intitule La miséricorde. Notion fondamentale de l’Évangile, clé de la vie chrétienne. Le cardinal mentionne également les noms de penseurs et de saints des XIXe et XXe siècles qui l’ont influencé. Dans son Introduction, Garreau nous apprend que l’intention principale de son ouvrage a été de mettre en lumière, chez Kasper, « les fondements de son herméneutique et la dynamique de sa trajectoire théologique », qui restent assez souvent méconnus, pour trois raisons : les sources de Kasper, qui remontent à l’école de Tübingen et à la philosophie tardive de Schelling ; l’abondance de ses articles et livres ; le renouvellement constant de sa théologie, qui rend impossible d’y trouver un système théologique. Garreau présente alors son livre comme trois axes de lecture : « le rapport entre théologie et ontologie sur la base d’une réflexion sur la liberté, le fondement christologique, la perspective sotériologique ». Le premier axe se déploie aux chapitres I-III, le deuxième axe au chapitre IV, et le troisième axe au chapitre V. Signalons tout d’abord brièvement ce qu’il apprit du philosophe allemand Schelling, et plus précisément sur sa lecture attentive des ouvrages du Schelling deuxième manière, dite « philosophie tardive » (Spätphilosophie), que Kasper exposa dans sa thèse d’habilitation (1965). Ce qu’il découvrit chez Schelling est une forme de pensée (Denkform) qui met l’accent sur une métaphysique ouverte à l’histoire, sur la liberté souveraine de Dieu et sur sa révélation. Ce philosophe allemand pense, en effet, la réalité « à partir de l’Absolu, qui se manifeste de lui-même dans l’histoire » (p. 146). Très bien, mais s’il faut partir de l’Absolu, c’est-à-dire d’en-haut, comment Kasper peut-il écrire : « le point de départ de la christologie est la phénoménologie de la foi au Christ », ce qui paraît signifier partir d’en bas (p. 257) ? Bien sûr, on peut alterner les deux mouvements ; encore faut-il expliquer de quelle manière ils se complètent – ce que Kasper ne fait pas. Kasper a le mérite d’affronter les questions soulevées par la pensée moderne et, en particulier, par l’athéisme. En conséquence, à l’instar de bien d’autres théologiens des années 1960, tels Bernard Lonergan, Marie-Dominique Chenu, Hans Urs von Balthasar et Joseph Ratzinger, Kasper se montre, avec raison, insatisfait de la néoscolastique. On peut toutefois se demander s’il distingue suffisamment cette dernière de la scolastique du Moyen Âge et s’il comprend certains aspects importants de cette dernière. À propos de la « tentative de renouer avec la tradition de la grande scolastique du Moyen Âge », il …