Recensions

Lacroix, R., Haeck, C., Montmarquette, C. et Tremblay, R. E. (2023). La sous-scolarisation des hommes et le choix de profession des femmes. Presses de l’Université de Montréal

  • Frédéric Tremblay

…plus d’informations

  • Frédéric Tremblay
    Université du Québec à Montréal

L’accès à cet article est réservé aux abonnés. Seuls les 600 premiers mots du texte seront affichés.

Options d’accès :

  • via un accès institutionnel. Si vous êtes membre de l’une des 1200 bibliothèques abonnées ou partenaires d’Érudit (bibliothèques universitaires et collégiales, bibliothèques publiques, centres de recherche, etc.), vous pouvez vous connecter au portail de ressources numériques de votre bibliothèque. Si votre institution n’est pas abonnée, vous pouvez lui faire part de votre intérêt pour Érudit et cette revue en cliquant sur le bouton “Options d’accès”.

  • via un accès individuel. Certaines revues proposent un abonnement individuel numérique. Connectez-vous si vous possédez déjà un abonnement, ou cliquez sur le bouton “Options d’accès” pour obtenir plus d’informations sur l’abonnement individuel.

Dans le cadre de l’engagement d’Érudit en faveur du libre accès, seuls les derniers numéros de cette revue sont sous restriction. L’ensemble des numéros antérieurs est consultable librement sur la plateforme.

Options d’accès
Couverture de Volume 49, numéro 3, 2023, Revue des sciences de l’éducation

L’ouvrage entend sonner l’alarme sur la scolarisation moindre des hommes comparativement à celle des femmes et contester la pertinence des mesures visant la parité professionnelle en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM). Les expertises en science économique de trois de ses coauteur·e·s, et en psychologie et en santé publique du quatrième, sont pertinemment mobilisées pour atteindre cet ambitieux objectif. La logique et la structure irréprochables de l’argumentation, liées au grand effort de vulgarisation déployé pour rendre accessible à un lectorat généraliste des concepts et données plutôt pointus issus des diverses sciences concernées, peuvent légitimement faire considérer que cet objectif est atteint. Vu le sujet, hélas, être clair ne suffira sans doute pas à convaincre. Dans un premier chapitre, on présente l’histoire du retard de diplomation des femmes – dû au fait qu’elles n’avaient pas accès aux études supérieures avant la deuxième moitié du 20e siècle – et du rapide rattrapage de ce retard après que les institutions postsecondaires aient ouvert leurs portes aux femmes. Dans un deuxième chapitre, on explique que l’actuelle sous-scolarisation des hommes par rapport aux femmes résulte de l’inscription moindre des hommes aux paliers scolaires successifs, due à des différences dans les capacités cognitives qui apparaissent dès le préscolaire. De nombreuses études recensées par l’ouvrage démontrent qu’à cet âge déjà, les capacités des filles en lecture et en écriture sont supérieures à celles des garçons. Vu l’important rôle de la transmission langagière dans la scolarisation, on ne s’étonne pas de trouver les filles davantage motivées envers l’école. À ce décalage généralisé de développement neurocognitif s’ajoute celui dû à l’exposition en cours de grossesse au stress maternel, à l’alcool ou aux opioïdes : les garçons y sont plus sensibles et il en résulte divers retards neurocognitifs, surtout langagiers. Ces différences sont accentuées dans les milieux de faible statut socioéconomique. Les écarts de performance garçons-filles trouvés à cinq ans sont néanmoins diminués à 15 ans. Ce constat mène les auteur·e·s à énoncer l’une des conclusions-clés de l’ouvrage, du moins pour son lectorat de sciences éducationnelles : l’école serait en mesure de réduire le lien entre l’écart de sexe et le statut socioéconomique. En effet, identifier un problème est inutile si on ne peut intervenir à son égard. Encore faut-il, pour bien le faire, ne négliger aucune de ses sources biopsychosociales. Or, la composante biotique est souvent niée. Ainsi l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) soutient-elle que les différences cognitives, affectives et comportementales entre les garçons et les filles ne seraient dues qu’aux idéaux culturels de masculinité, qui expliqueraient jusqu’au désintérêt des garçons pour leur scolarité. Or, l’idée qu’une certaine conception de la masculinité causerait à elle seule la sous-scolarisation masculine peut sembler réductrice. Dans le troisième chapitre, on explique ce que perd la société avec la sous-scolarisation des hommes par rapport aux femmes. La preuve économique est convaincante, mais concerne davantage ce que perd la société avec une scolarisation moindre de n’importe quel·le citoyen·ne. On aurait eu avantage à présenter l’apport masculin aux domaines cognitifs et créatifs, comme d’autres écrits ont plaidé en faveur des bienfaits de la féminisation de ces domaines. Après la perte collective, la perte personnelle est abordée. L’incontournable contrargument du rendement moindre des études postsecondaires pour les hommes – vu leur plus grand accès à des emplois payants dans des domaines exigeant peu de scolarité – est traité. On le réfute cependant en expliquant que la transition de l’économie vers le secteur des services s’accélère et nuit davantage aux hommes qu’aux femmes : en 2019, au Québec, 90,6 % des travailleuses opéraient dans ce secteur contre 68,9 % des travailleurs (p. 83). …