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C’est à mettre au crédit de Marc-André Éthier et David Lefrançois que de publier de jeunes chercheur·se·s, dont Catherine Déry, Stéphanie Demers ou Charles Lévesque, au sujet de la didactique de l’histoire et, partant, de donner à voir le dynamisme des travaux de recherche sur des objets inscrits dans les réflexions récentes, riches et multiples, qui tournent autour de la question de l’enseignement de l’histoire. Partout dans le monde, le développement de la pensée critique est un sujet très porteur pour la didactique et ce volume montre combien il est vif au Québec, particulièrement, quand l’histoire et ses débats renvoient inévitablement aux questions d’identité.
L’objet de ce livre collectif est de rendre compte comment, par quels outils et quelles démarches, la pensée historienne est et pourrait mieux encore être enseignée aux élèves. À cet égard, la diversité des approches et des angles de réflexion retenus permet d’envisager beaucoup de thèmes centraux de la didactique de l’histoire. Parmi ces thèmes, retenons la question du curriculum, en premier lieu, qui a agité la société québécoise et ses médias pendant plusieurs années, ainsi que les pratiques effectives de classe. Un autre objet de recherche central de la didactique qui traverse les différents articles de ce volume relève des finalités citoyennes, des questions de genre et de la place de la construction identitaire dans les cours d’histoire. Ces thèmes relèvent indiscutablement des sujets sensibles. Ils sont l’axe central du propos.
On voit bien au travers des articles l’absolue nécessité de ne pas s’en tenir aux seules prescriptions, qu’il s’agisse des programmes ou des manuels scolaires transcrivant les programmes. Un des acquis de ce volume pluriel est précisément de montrer comment les pratiques réelles, les représentations enseignantes et la posture professionnelle déterminent grandement, au-delà des prescriptions, la capacité de faire advenir des élèves en tant qu’individus actifs dans la société et, plus encore, dans leur vie propre. Or, il s’agit d’un défi pour l’enseignant·e qui entend non seulement apporter des savoirs, mais aussi accepter de les voir discuter afin de coconstruire ainsi avec ses élèves une réflexion intellectuelle permettant une véritable démarche citoyenne. En introduction du recueil d’articles présentés, les deux directeurs rappellent très précisément le cadre intellectuel (on pourrait aussi dire éthique) de leur réflexion. Ils se mettent sous la tutelle (souple) des travaux de Laforest, Wineburg et Jablonka pour lesquels le récit historique permet d’envisager que, dans un débat intellectuel, puisse s’exprimer, citant Bourdieu, la force des arguments plutôt que l’argument de la force. « Argumenter sans argument d’autorité », c’est à cela que s’appliquent ces différents textes, très variés dans leur approche et très cohérent dans l’objectif, celui rappelé en conclusion du volume, qui veut faire de l’histoire le lieu de « l’apprentissage […] d’une démarche réflexive et critique de problématisation et d’enquête » (p. 241).