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S’adressant aux enseignants, conseillers pédagogiques, formateurs ou administrateurs scolaires, cette version québécoise de l’ouvrage Flip Your Classroom offre conseils et recommandations pour mettre en place la méthode de la classe inversée dans leur milieu de pratique.

Tous deux enseignants de chimie dans une école secondaire rurale du Colorado, les auteurs racontent comment le concept de la classe inversée est né de leur exaspération face au caractère répétitif de la tâche d’enseignement et au temps limité pouvant être consacré aux élèves. Ils ont eu l’idée de restructurer leurs cours en inversant ce qui se fait normalement en classe et à la maison. Pour ce faire, ils ont enregistré leurs cours magistraux et les ont rendus disponibles sur divers supports technologiques afin que les élèves puissent les visionner à la maison. En classe, le temps dégagé a pu être consacré aux exercices pratiques et à l’aide individualisée. Au terme de quelques années d’implantation de la méthode dans leurs classes, les auteurs ont pu constater que leur rôle en tant qu’enseignant en avait été transformé : ils pouvaient enfin offrir un soutien personnalisé à chacun de leurs élèves et développer de meilleures relations avec eux!

Une version plus élaborée de cette méthode est présentée dans la seconde partie de cet ouvrage. Inspirée des travaux de Bloom (1974), l’approche dite de la maîtrise inversée repose sur une subdivision des contenus en micro-objectifs qui font chacun l’objet d’une courte capsule vidéo. Les banques de vidéos étant rendues disponibles en libre-accès, chaque élève peut les visionner au moment où il se sent prêt à le faire. L’atteinte des micro-objectifs est vérifiée par des évaluations formatives qui, selon le cas, donnent la permission de poursuivre les apprentissages ou imposent un rattrapage de la matière non maîtrisée. La maîtrise inversée repose donc sur une responsabilisation des élèves par rappport à leurs propres apprentissages.

Bien que cette méthode comporte l’avantage d’individualiser l’intervention pédagogique, il n’empêche que l’approche de la maîtrise inversée demeure difficile à mettre en place au Québec. En effet, les programmes québécois reposent sur une conception socioconstructiviste de l’apprentissage qui préconise la mise en place de situations d’apprentissage contextualisées permettant le développement de compétences et la coconstruction de connaissances (ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, 2002). Ces fondements théoriques et praxéologiques se trouvent en porte-à-faux avec ceux de la pédagogie de la maîtrise, plutôt ancrée dans une conception cognitiviste et positiviste de la connaissance. Dans ce contexte, les enseignants québécois souhaitant adopter la méthode de la classe inversée devront faire face au défi d’arrimer cette méthode pédagogique aux fondements des programmes du système scolaire dans lequel ils évoluent. Ceux qui y parviendront pourraient ainsi gagner un temps précieux, ce qui permettrait la mise en place d’une relation pédagogique de meilleure qualité avec chacun de leurs élèves.