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L’ouvrage recensé présente la vie et l’oeuvre de Louis François, professeur d’histoire-géographie, puis inspecteur général. Né de parents protestants, il s’engage, dès l’âge de 13 ans, dans l’organisation scoute, ce qui marque à jamais sa vision du monde et, peut-être, de l’enseignement. Agrégé d’histoire en 1927, il enseigne jusqu’aux débuts de la guerre, au cours de laquelle il s’engage dans la Résistance. Arrêté en septembre 1942, puis déporté, François frôlera la mort avant d’être rapatrié en France en mai 1945. Nommé inspecteur général en octobre 1945 (poste qu’il occupera jusqu’à sa retraite en 1972), il s’engage dans les différents débats sur l’enseignement qui agite la France.
Partisan des méthodes actives inspirées de l’éducation nouvelle de Freinet, il tente de faire de l’histoire-géographie une matière vivante, non pas au service d’elle-même, mais permettant de mieux comprendre le présent. Il introduit l’éducation civique formelle au sein du curriculum, affirmant que la mission de l’école doit être de guider les jeunes jusqu’à l’engagement politique en leur donnant les bons outils pour s’y engager librement. Célébré pour son progressisme (support à la république d’enfants de Moulins-Vieux et aux bourses Zellidja), puis condamné pour sa passivité dans les réformes souhaitées de l’enseignement, l’héritage de Louis François est vaste et semble avoir marqué le monde scolaire français.
L’ouvrage offre un excellent survol du « personnage » qu’était Louis François, en présentant tour à tour sa vie, sa vision de l’éducation, puis les projets qui lui tenaient à coeur. Le livre se veut accessible, avec des chapitres relativement courts qui permettent une compréhension rapide du propos. Enfin, soulignons le travail accompli par les éditeurs et les auteurs en regard de la cohésion interne du propos. Les références infratextuelles permettent de comprendre la progression des idées de François dans le temps, et mettent en contexte les décisions prises au cours de sa carrière. Soulignons toutefois que le livre est plus proche de la biographie que d’une monographie pédagogique.
Bien que le contenu reste accessible, le lecteur non initié sera peut-être désemparé par le manque de contexte pour les notions d’Éducation-nouvelle, les approches Freinet ou les quelques références à Piaget. De brèves notes en bas de page ou une courte synthèse des influences théoriques de François auraient sans doute éclairé davantage le lecteur. Fort de sa grande cohérence, l’ouvrage souffre néanmoins de quelques répétitions qui deviennent rapidement lassantes. Enfin, puisqu’il s’agit d’un ouvrage posthume, il aurait été pertinent qu’un chapitre offre un regard sur l’impact actuel des idées de Louis François et vise à évaluer l’influence que ce pédagogue progressiste et réformiste aura eu, et a peut-être toujours, sur le système éducatif français.
Bon ouvrage, cette monographie sur l’inspecteur Louis François attirera les lecteurs s’intéressant à l’éducation civique et à la progression des méthodes actives de type Freinet en France.