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L’ouvrage présenté comme le fruit et l’aboutissement de l’apprentissage, de l’enseignement et des recherches de l’auteur, reflète bien une réflexion finement documentée à travers laquelle Reuter invite le lecteur à repenser le statut du concept d’erreur et les modalités de son traitement. Dans un premier chapitre, l’auteur fait le tour des discours partagés, récurrents et quasi permanents liés à l’erreur. Qu’il s’agisse d’un oubli ou d’une absence, d’une faute ou d’une singularisation, ou bien d’une confusion ou d’une généralisation, l’erreur, selon lui, existe d’abord dans un espace social ou un domaine particulier. Souvent pensée en mode binaire et opposée à la vérité, elle donne souvent lieu à des jugements négatifs. C’est pourquoi tout au long des autres chapitres, Reuter déconstruit ce concept pour en soutenir les fonctions heuristiques et épistémologiques afin de plutôt parler de dysfonctionnement. D’après l’auteur, parce qu’on enseigne et apprend différemment selon les disciplines, il est temps d’appréhender l’erreur dans une perspective didactique.
Le chercheur attribue à ce nouveau concept une connotation moins négative, moins moralisante et affirme que l’erreur demeure une production légitime dans laquelle, au-delà de la maîtrise des règles transgressées, il y a invitation à la vigilance par rapport aux cadres de référence. C’est pour cette raison que l’histoire de la peinture montre des anachronismes qui font figure de styles prisés par certains artistes du Moyen-Âge qui ont choisi de conférer, par ce moyen, une dimension forte à leurs tableaux, et que des annonces publicitaires font expressément fi des règles linguistiques pour mieux passer leurs messages. Pour l’auteur, le dysfonctionnement n’existe en tant que tel qu’au sein d’un espace socio- institutionnel déterminé et dans lequel il peut être jugé comme structurel ou accidentel, licite ou illicite, positif ou négatif. Au sein de l’école et dans l’espace de l’enseignement et des apprentissages disciplinaires, ce dysfonctionnement devrait posséder un caractère précisément structurel pour devenir un outil fondamental qui guiderait l’organisation des objectifs, des démarches, des dispositifs et des situations pédagogico-didactiques. Reuter suggère d’utiliser l’erreur pour interroger et ouvrir la réflexion sur l’exploration des fonctionnements et sur les didactiques elles-mêmes.
L’ouvrage guide le lecteur tout au long de la réflexion de l’auteur. Le développement théorique de conceptualisation offre simultanément un aperçu de la complexité et des intérêts de la question. Dans un dernier chapitre, Reuter aborde différentes interventions possibles et termine son ouvrage avec des pistes pour cheminer encore. L’auteur rappelle toutefois que la recherche ne permet pas de prescrire de bonnes pratiques car aucune préconisation n’a jamais marché en tout lieux, en tout temps et pour tous les élèves. L’ouvrage, qui cible un lectorat diversifié, permet non seulement de prendre connaissance de certaines préoccupations en matière d’erreur ou dysfonctionnement, mais aussi guide la pensée, comme l’indique son titre, pour panser l’erreur à l’école.