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Cet ouvrage rend compte des liens existants entre la réussite scolaire et l’engagement des cégépiens dans des activités parascolaires, lieu privilégié du cheminement identitaire. Roy explique comment l’engagement dans des activités parascolaires favorise non seulement l’intégration au cégep mais aussi la persévérance scolaire. Cet essai plaide en faveur d’un nouveau paradigme de la réussite scolaire lié à la quête identitaire et explore l’hypothèse suivante : plus il y a de rapprochement entre la quête identitaire de l’étudiant et son programme de formation, meilleures sont les chances de réussite scolaire. Selon le modèle d’écologie sociale adopté ici, la vie quotidienne des étudiants n’est pas compartimentée, et l’on doit aussi être attentif à l’effet de synergie entre les différents facteurs présents. La réussite scolaire n’est pas tributaire uniquement du système de l’éducation : des facteurs extérieurs, tels que la famille ou les employeurs, influencent la réussite scolaire.
À l’aube du 21e siècle, dans un contexte sociétal défini notamment par la présence du numérique et une mondialisation de l’information, deux caractéristiques des étudiants retiennent l’attention de l’auteur : leur pragmatisme et leur perception qu’ils sont des acteurs de leur vie. Selon l’auteur, ceux qui participent aux activités parascolaires se distinguent des autres : ils perçoivent le cégep comme un milieu stimulant, ils sont persévérants, intéressés par leurs études, consacrent davantage d’heures à celles-ci et semblent moins matérialistes. Finalement, ceux qui s’engagent dans les activités sportives seraient moins déprimés et stressés. La pratique des activités permettrait le dépassement de soi et la satisfaction personnelle. Pour de nombreux élèves, le cégep est à la fois une période d’expérimentation dans le domaine scolaire et parascolaire, et de définition de leurs identités sociale, spirituelle, amoureuse, etc. Un regard sur l’identité et les activités parascolaires alimentera la réflexion sur les besoins des cégépiens et les réponses à fournir en matière de réussite scolaire, thème-phare pour le personnel du réseau collégial. Le défi sera de créer les moyens nécessaires pour fusionner les impératifs de l’enseignement visant à transmettre un savoir et ceux du parascolaire. À la suite de la réforme, comment les étudiants vont-ils actualiser leur identité au cégep ? Seront-ils aussi pragmatiques et acteurs de leur vie que ceux étudiés par Roy ? Comment favoriser l’engagement des étudiants qui doivent travailler pour payer leurs études ? Peut-on faire des liens entre le développement du sentiment d’appartenance et la taille du cégep, ou avec le secteur préuniversitaire et le secteur technique ?
Par ailleurs, la population actuelle des cégeps, du moins ceux de Montréal, s’est diversifiée sur le plan de l’identité ethnoculturelle. Des enquêtes relèvent la faible participation aux activités parascolaires des étudiants immigrants qui sont submergés par des apprentissages scolaires et sociaux. Toutefois, si leur pratique permet le développement d’un sentiment d’appartenance et a une influence positive sur la réussite scolaire, ne faudrait-il pas explorer cette avenue pour permettre à ces derniers de s’intégrer au cégep et à la société québécoise ? Quelles seraient les actions à mener afin d’adapter le parascolaire à des étudiants qui, dans un contexte de multiples adaptations, voient leur identité remise en question par le regard de l’autre et les valeurs normatives ? Si les activités parascolaires peuvent être des passerelles positives entre l’identité et la réussite, ne pourraient-elles pas aussi favoriser les échanges entre les étudiants de différents horizons ? Nous croyons qu’il est impératif non seulement de se pencher sur cette réalité, mais aussi d’être créatif en amorçant des activités interculturelles et inclusives.