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Ce dictionnaire propose 100 entrées, présentées sous forme de questions. L’orientation y est abordée sous des angles originaux qui vont au-delà de la dualisation conventionnelle : individu-environnement. Après avoir étudié la question sous des aspects politiques, religieux, spirituels, on passe à des considérations pratico-pratiques pour dresser un portrait multiple de l’orientation qui ne cesse de nous étonner, voire de nous séduire.
Les dictionnaires sont des guides de voyage extraordinaires : ils nous ouvrent des frontières, nous amènent en terre inconnue, nous surprennent, nous transportent de découvertes en découvertes. Ce plaisir découle sans doute de la sérendipité : « Attitude complémentaire de la rigueur scientifique, la sérendipité désigne une forme de réceptivité à l’inattendu, à l’insolite, à l’accidentel, et qui, in fine, se révèle au point de départ d’une intuition nouvelle ou d’une découverte empirique. » (p. 958) Voilà où Danvers, le sérendipitiste, nous convie, dans une démarche empreinte de découvertes inattendues. Personnellement, j’ai bien aimé l’exercice de trouver le lien entre le titre S’orienter dans la vie : la sérendipité au travail ? et l’ouvrage. L’auteur aurait pu, dans l’introduction, nous mettre sur la piste ; mais non, il a préféré s’en remettre à notre goût du jeu et de la découverte.
Les questions abordent la pluridisciplinarité de l’orientation où les propos ne sont pas que réflexifs, ils transportent des enjeux qui incitent à passer à l’action : « Peut-on s’orienter à travers la pluralité ? » (p. 923) Certaines questions portent leurs réponses, « Faut-il se satisfaire de l’idée simpliste de la résistance au changement ? » (p. 733) ; d’autres s’aventurent dans la futurologie : « Peut-on déprogrammer son destin ? » (p. 818) et certaines s’embarquent dans des débats sans fin « Peut-on modéliser le devenir créateur ? » (p. 769). À chaque entrée, le traitement qu’en fait l’auteur amène chez le lecteur une réflexion, suscite immédiatement le goût de poursuivre la discussion, et ce, même si la démonstration étayée de riches arguments nous plaît, l’auteur connaît la façon d’harponner son lecteur afin qu’il souhaite s’aventurer vers une autre décou- verte, vers une autre question. Qui a dit qu’un dictionnaire n’était pas un page turner ?
Les questions sont souvent plus importantes que les réponses, nous rappelle l’auteur en introduction, et les réponses, quant à elles, font l’objet non d’une définition cloisonnante, mais bien l’objet d’une quête d’émancipation. On est loin du recueil de mots et de définitions. Les questions sur les multiples facettes de l’orientation portent plus souvent sur le comment que sur le pourquoi. Quant aux réponses, elles s’appuient sur le passé pour mieux plonger dans le présent et ouvrir les horizons du futur. Nous sommes en présence d’un guide à la réflexion et d’un initiateur d’action où étudiants, professeurs praticiens et politiciens curieux trouveront les ramifications conceptuelles de l’orientation, tout en y rencontrant le plaisir au fil des pages.