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L’auteure présente les résultats d’une recherche dont l’objet est la représentation que des professeurs enseignant à distance à l’aide des technologies de l’information et de la communication (TIC) entretiennent à l’égard des actes d’enseignement et d’apprentissage.
Le cadre théorique de l’étude s’élabore autour de quelques idées clés : les représentations sociales, la vision tripartite de l’éducation qui s’articule autour du triangle enseignant-apprenant-savoirs, une conception paradigmatique de l’éducation qui oppose l’enseignement à l’apprentissage, la contribution des TIC à l’enseignement et à l’apprentissage universitaires et, finalement, l’importance de l’interaction que ces technologies rendent possible. L’auteur dégage de cette réflexion quatre axes qui guident son étude et peuvent être regroupés en deux volets : Quelles représentations les professeurs se font-ils de l’enseignement et de l’apprentissage ? Un changement s’est-il opéré par l’entremise de la formation à distance ou de l’intégration des TIC dans la profession professorale ?
L’auteure de cette étude adopte une approche interprétative et a recours à des données dialogiques recueillies dans le cadre d’entretiens semi-dirigés. L’échantillon se compose de onze professeurs enseignant à distance à l’Université Laurentienne. À première vue, cet échantillon apparaît porteur d’un biais inhérent aux caractéristiques de ce milieu universitaire particulier. Néanmoins, comme de plus en plus de cours sont maintenant offerts dans un mode hybride, et compte tenu du nombre grandissant d’universités qui se lancent dans l’enseignement à distance, l’échantillon peut probablement servir d’indicateurs et de sources de savoirs transférables, au moins partiellement, à d’autres milieux.
La présentation et l’analyse des données mettent en valeur certaines limites de la vision paradigmatique de l’éducation et indiquent aussi que les professeurs accordent beaucoup d’importance à l’esprit critique dans l’enseignement et dans l’apprentissage universitaires et que l’interaction y jouerait un rôle primordial. L’auteure propose ensuite un regard nouveau sur le triangle pédagogique qui met en valeur le besoin d’un changement d’attitude par tous les acteurs de ce triangle, ainsi que la réciprocité de la relation professeur-apprenants. Ces deux éléments sont au moins partiellement attribuables au manque de maîtrise de certains savoirs par le professeur.
L’étude contribue de façon appréciable au domaine. Si les conclusions ne sont pas toutes entièrement nouvelles, du moins cette résonance dans d’autres écrits apparaît comme un gage de cohérence. L’auteure adopte une vision très mince de la tâche professorale en se limitant à l’enseignement et en négligeant le ser- vice aux collectivités et la recherche, deux aspects de la tâche du professeur qui sont liés à l’enseignement. Cela limite la portée des conclusions et rend incom- plète la description des représentations des professeurs. Les expériences vécues auprès de professionnels de l’enseignement au primaire et au secondaire ainsi que de professeurs dans des collèges et des universités nous laissent aussi croire que l’étude aurait probablement bénéficié d’observations directes dans les cours des participants afin de confirmer ou de contextualiser le discours de ces derniers.