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L’ouvrage est conçu comme un outil de formation visant le développement de la compétence éthique pour les enseignantes et les enseignants du primaire et du secondaire inscrits dans les programmes de formation initiale et de perfectionnement au Québec. C’est en effet le contexte éducatif québécois, caractérisé par la réforme du système scolaire, parallèlement à un mouvement de professionnalisation de l’enseignement, qui sert de toile de fond à cette analyse des dimensions éthiques de l’intervention éducative.
Les auteures se situent explicitement dans le cadre d’une éthique appliquée inductive, issue du terrain plutôt que de la théorie, pour résoudre des problèmes rencontrés dans l’exercice d’une profession. La délibération éthique prônée par Legault (1999) est proposée comme mode de résolution des conflits et des dilemmes éthiques. Certains résultats d’une enquête menée auprès d’enseignants sont intégrés au texte sans être traités de manière systématique.
La facture du livre est résolument didactique, puisque chacun des dix chapitres débute par l’énoncé des intentions pédagogiques, pour se terminer par une série de questions de compréhension et de réflexion ainsi que par la proposition d’ateliers suggérant des objets de discussion qui doivent être traités collectivement. Il se divise en deux grandes parties, la première constituée de quatre chapitres portant sur le cadre social et conceptuel de la démarche de formation et la seconde, six chapitres sur les composantes de la pratique enseignante.
À l’instar de Bisaillon (1993), les auteures optent pour une éthique du service public qui s’appuie sur un professionnalisme collectif, reposant sur la collégialité avec tous les acteurs de l’éducation. Les valeurs récurrentes, selon les dimensions de l’acte pédagogique traitées, s’inscrivent dans la vision de l’école et de la société québécoises prônée par le ministère de l’Éducation : des valeurs fondées sur une conception démocratique de la société empreintes d’un humanisme séculier qui fait appel au respect de l’autre, au dialogue, à l’engagement.
L’ouvrage est écrit dans un souci de clarté. Il vient par là combler une lacune dans les outils didactiques mis à la disposition des formateurs de maîtres pour favoriser le développement de la compétence éthique. Il porte par ailleurs autant sur le professionnalisme enseignant que sur l’éthique professionnelle, en traitant de l’enseignement comme une profession, de ses caractéristiques, des aspects réglementaires et légaux de celle-ci.
On chercherait cependant en vain une dimension critique dans les propos tenus par rapport aux orientations ministérielles. Les fondements théoriques annoncés ne sont pas non plus vraiment approfondis, ce qui est compréhensible, l’ouvrage se réclamant d’une éthique appliquée et non fondamentale. On aurait peut-être par ailleurs souhaité plus d’élaboration sur les dilemmes que peuvent soulever, par exemple, les conflits entre l’éthique ou les valeurs personnelles et l’éthique professionnelle, puisque les auteures soutiennent que les enseignantes et enseignants doivent se conformer à celle-ci. On peut également souligner une certaine redondance entre les différents chapitres sur les énoncés concernant le professionnalisme enseignant.
L’ouvrage est par ailleurs un excellent instrument pédagogique. Il constitue en ce sens un apport considérable à tout formateur soucieux de favoriser le développement de la compétence éthique en formation des maîtres.