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Cet ouvrage collectif présente un regard panoramique sur le thème de l’identité professionnelle de l’enseignante et de l’enseignant. Les vingt-deux auteurs, des chercheurs-formateurs provenant d’horizons institutionnels et de contextes culturels différents, partagent l’univers commun de la francophonie. En abordant ce phénomène, souvent à partir de préoccupations et de conceptions diverses axées sur la quête du sens de l’identité professionnelle, ils fournissent une grille de lecture pour mieux le comprendre.
Dans la première partie de l’ouvrage, il est communément admis par les auteurs que l’identité professionnelle fait appel à la dimension psychologique aussi bien que sociale de la personne. C’est l’individu qui élabore lui-même son identité en contexte. Il s’agit d’un processus continu, dynamique et interactif reposant sur l’intégration et la distanciation avec les savoirs de tout ordre et les normes de la profession. L’identité ne se construit ni sur les actes ni sur les discours anonymes de la profession, mais dans l’analyse de la pratique, du dialogue et du langage de l’individu, en tenant compte des caractéristiques d’énonciation du langage et du dialogue, car ils peuvent y jouer un rôle déterminant.
Le phénomène de l’identité professionnelle est également abordé dans le contexte de la formation initiale à l’enseignement. La construction de l’identité professionnelle reposant sur le développement de compétences qui permettent de maîtriser l’acte professionnel et sur la reconnaissance par les autres de cette maîtrise, les auteurs suggèrent que « le mandat de formateur de futurs maîtres consiste moins à former explicitement à l’identité professionnelle et à son processus de construction qu’à développer une représentation adéquate et positive de lui-même en tant que professionnel de l’enseignement, représentation étroitement liée aux exigences concrètes de la profession » (Martineau et Gauthier, p. 95). Ainsi le développement de compétences en enseignement englobe un ensemble de savoirs, de valeurs, de normes éthiques qui engagent l’aptitude à juger.
La deuxième partie de cet ouvrage aborde les recherches reliées à la construction de l’identité professionnelle de l’enseignant et met en évidence des lacunes importantes au plan des approches méthodologiques. C’est à partir d’un échantillon tiré de six banques de données nord-américaines que sont tirés les constats suivants. On note, entre autres, le peu de référents théoriques, une faiblesse sur le plan de la conceptualisation, des intentions de recherche ambiguës ainsi que des descriptions sommaires de la méthodologie utilisée. On souligne également la priorité accordée aux implications pratiques. Les mécanismes identitaires à l’oeuvre sont illustrés, dans un cas, par l’analyse de « l’action située », en l’occurrence de l’interaction entre un enseignant stagiaire et son tuteur en formation initiale et, dans un autre cas, par l’analyse « d’entretien d’explication » de l’action, en analyse des pratiques ; cela permet de voir des outils méthodologiques appropriés pour analyser les formes de dynamiques identitaires, soit les dynamiques de transformation, d’entretien, de préservation, de confirmation et de réhabilitation identitaire. On attire toutefois notre attention sur la nécessaire prudence dans la recherche des dynamiques identitaires, « celles-ci étant mouvantes, évolutives et jamais figées » (Kaddouri, p. 220).
La troisième partie propose différents dispositifs de recherche et de formation d’enseignants issus de l’approche expérientielle pour favoriser la construction des identités professionnelles. On s’intéresse ainsi au « journal d’accompagnement des mémoires », à « l’approche biographique » et à « l’identité narrative du futur enseignant ».
Il s’agit dans l’ensemble d’un ouvrage de référence d’intérêt qui invite à une réflexion approfondie sur le thème de l’identité professionnelle du corps enseignant. De façon générale, l’interprétation que font les auteurs de ce phénomène ainsi que les propositions formulées soulèvent des questions fondamentales qui alimenteront sans contredit les réflexions et les débats actuels en formation initiale et continue en enseignement, particulièrement en ces temps où l’on voit s’instaurer des ordres professionnels d’enseignantes et d’enseignants avec les aléas personnels, sociaux et légaux que ces structures comportent. Cependant, comme c’est le cas dans bien des publications collectives, quelques textes rapportent des recherches qui n’ont pas de lien direct ou évident avec l’orientation de l’ouvrage, ce qui en limite la portée.