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Comme professeure à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal et ancienne directrice de Immigration et métropoles, Centre de recherche interuniversitaire de Montréal sur l’immigration, l’intégration et la dynamique urbaine, Marie Mc Andrew est une figure de proue incontournable de la recherche québécoise dans le domaine du pluralisme et de l’interculturel. Elle publie ici un ouvrage qui se veut en quelque sorte la synthèse de ses recherches et de ses réflexions.
Divisé en six chapitres, Immigration et diversité à l’école dresse le bilan de la problématique, des interventions et de la recherche sur les rapports entre l’école et le phénomène de la diversité culturelle. L’autrice aborde ainsi plusieurs thématiques qui nourrissent les enjeux actuels dans ce champ : doit-on fournir aux nouveaux arrivants des services spécifiques ou plutôt les diriger directement dans des classes régulières ? L’enseignement des langues d’origines (PELO) a-t-il un avenir au sein du système scolaire québécois ? Quelles sont les conséquences du manque d’intégration des approches de la pluriethnicité, de la lutte à l’échec scolaire et du soutien aux milieux défavorisés sur nos capacités à faire face aux défis de la diversité à l’école ? Quelle place devons-nous accorder à la diversité culturelle et religieuse dans nos programmes scolaires et dans nos pratiques éducatives ? Éducation à la citoyenneté multiculturelle, interculturelle, antiraciste : quelles sont les limites et les possibilités de chacune ? Est-il préférable de mettre l’accent sur le partage d’institutions scolaires par les jeunes de différentes origines ou de permettre une certaine ségrégation en favorisant le contrôle communautaire des établissements par les communautés ?
L’intérêt particulier de l’ouvrage réside dans le fait que chacune de ces questions est traitée dans une perspective comparative. Pour ce faire, tous les chapitres reproduisent une structure commune. D’abord, l’autrice présente la problématique québécoise ainsi que les principaux résultats de la recherche sur le sujet. Ensuite, elle fait état de certaines expériences canadiennes et internationales (Alberta, Belgique, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Israël, Ontario). Enfin, de ces pratiques et de ces recherches menées dans d’autres provinces ou à l’étranger, elle dégage des éléments à retenir pour le débat québécois. À cette occasion, Mc Andrew évite les positions tranchées et propose toujours des réflexions nuancées qui tiennent compte de la situation particulière du Québec et de sa complexité sociolinguistique.
Dans le contexte de la vaste réforme de l’éducation entreprise au Québec, cet ouvrage arrive à point pour nous rappeler l’importance et la complexité de la question interculturelle. En faisant ressortir les forces et les faiblesses de ce qui se fait dans d’autres sociétés, en resituant les réflexions et les pratiques dans leur contexte historique et social, il permet une meilleure compréhension des débats qui animent les décideurs et les chercheurs dans le champ de la problématique du rapport entre le pluralisme et l’école. Mc Andrew a, entre autres, le mérite de nous mettre en garde contre la tentation d’emprunter des solutions venues d’ailleurs sans avoir d’abord clairement compris la spécificité du contexte québécois. Portant exclusivement sur l’analyse des politiques, des programmes et des structures, l’ouvrage ignore la question pourtant cruciale des pratiques pédagogiques, ce qui est bien dommage. Il n’en demeure pas moins que nous tenons là un ouvrage majeur, essentiel à quiconque souhaite comprendre les défis qui attendent l’école québécoise au regard de la diversité culturelle, ethnique et religieuse.