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L’éducation aux médias et aux nouvelles technologies a récemment inspiré de nombreuses publications touchant à la fois la réflexion sur le statut de l’image et les possibilités de ses usages pédagogiques. L’autrice pose précisément la question, d’un point de vue plutôt théorique, du potentiel formateur de l’image, en rappelant que l’image « véhicule un message qui agit sur nous et dont l’effet se prolonge en nous, sans que nous éprouvions le besoin de l’arrêter » (p. 1). La majeure partie de ce livre retrace l’évolution de l’image fixe, qui fut tour à tour oeuvre d’art primitive, idole, icône, fresque biblique, jusqu’à l’apparition des premières images animées à la fin du xixe siècle. Déjà, dès 1840, le politicien François Arago préconisait l’usage pédagogique de la photographie, qui venait d’être inventée. Comme le signale Béatrice Hébuterne-Poinssac, le xxe siècle fut, à quelques années près, celui de l’avènement de l’image animée (cinéma, vidéo, Internet) et de l’abstraction (les oeuvres de Kadinsky).
L’ouvrage laisse la porte ouverte à des réflexions complémentaires. Sa méditation sur le rôle du pédagogue mériterait d’être examinée davantage. Car si l’image nous parle, elle recèle des éléments et des prémisses qui doivent être expliqués, contextualisés, historiquement et sociologiquement. Dans un cadre pédagogique, les images télévisées ainsi que les icônes sur Internet doivent être interprétées par un commentaire, des mots, des liens avec le non-dit et le non-montré. L’évidence de l’image qui se passerait de commentaire est un leurre ; c’est précisément le rôle de l’éducateur de donner un sens à l’image, au risque de se tromper et d’en abuser. Généralement, les textes peuvent se passer d’images, mais l’image peut difficilement se passer de mots ; il suffit de tenter de déchiffrer le sens des petites icônes sur un four à micro-ondes ou sur le tableau de bord d’une voiture récente pour s’en convaincre. Ces considérations sur les limites et les dérives de l’image sont malheureusement à peine évoquées dans le chapitre sur « la logique du produit industriel ». L’image peut informer, propager, persuader, mais quel est le rôle de l’éducateur qui l’utilise ? Quelles lectures de ces stratégies peuvent être faites par les enseignants ?
Plus loin, d’autres chapitres abordent « l’apport des neurosciences à la compréhension de la vision » et l’éducation aux médias. En une centaine de pages, L’image éducatrice offre un bon tour d’horizon, une revue concise des écrits couvrant essentiellement des recherches réalisées en France. Il ne s’agit ni d’un manuel pédagogique ni d’un guide technique ou pratique ; il servira principalement aux étudiants de maîtrise qui voudraient consulter un exemple de cadre théorique touchant les sciences de l’information et de la communication et les nouvelles technologies dans une perspective éducative.