Comptes rendus

Laurence Bherer, Pascale Dufour et Geneviève Pagé (dir.), Le Québec en mouvements. Continuité et renouvellement des pratiques militantes, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2023, coll. « Action politique », 286 p.

  • François Trépanier-Huot

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Couverture de La discipline sociologique au Québec : champs, formations et pratiques, Volume 65, numéro 1, janvier–avril 2024, p. 7-146, Recherches sociographiques

Cet ouvrage collectif sur les mouvements sociaux au Québec s’inscrit dans la continuité d’un ouvrage précédent intitulé Québec en mouvements. Idées et pratiques militantes contemporaines, publié chez Lux en 2008 sous la direction de Francis Dupuis-Déri. La collection dans laquelle il paraît est codirigée par le même Francis Dupuis-Déri et Pascale Dufour, dans le cadre du Collectif de recherche Action politique et Démocratie (CAPED). Plusieurs des chapitres ont été rédigés par des professeur·e·s membres de ce collectif ou par leurs étudiant·e·s s’intéressant aux mouvements sociaux. Une panoplie de méthodes qualitatives ont été déployées afin de rendre compte de l’état et des transformations des mouvements sociaux au Québec dans les dernières années. Une variété de mouvements sociaux sont présentés dans 17 chapitres auxquels s’ajoute une introduction. On y trouve ainsi des mouvements « classiques » comme le mouvement étudiant (chapitre 1), le mouvement syndical (chapitre 15) ou encore le mouvement féministe (chapitre 11), des mouvements ayant connu récemment une ascension, comme le mouvement pour la justice climatique (chapitre 2), les initiatives locales et urbaines de verdissement ou de glanage (chapitre 3), ou encore le mouvement pour les garderies et Ma place au travail (chapitre 9), et même des mouvements plus conservateurs, voire réactionnaires (chapitres 8, 12 et 13). Une importante contextualisation historique des mouvements accompagne la quasi-totalité des chapitres. On remarque que les mobilisations écologistes occupent une place importante dans les mouvements sociaux contemporains au Québec; elles sont abordées principalement dans les chapitres 1 à 6 et sont également mentionnées dans le chapitre 15 portant sur les organisations syndicales. Comme cela est évoqué dans l’introduction, cette forte présence des enjeux écologiques s’illustre par le fait que plusieurs groupes et organisations dans divers mouvements sociaux tentent, non sans difficulté, d’intégrer les questions climatiques et écologiques à leur lutte. À propos de l’évolution concrète des mouvements sociaux au Québec dans les dernières années, on remarque la disparition du mouvement altermondialiste en tant qu’acteur important des mobilisations sociales et surtout une fragmentation importante en différents mouvements sociaux. Malgré cet éparpillement, plusieurs coalitions et initiatives de front sont confrontées au défi de lier différentes réalités, qu’il s’agisse des coalitions pour la transition écologique comme le Front commun pour la transition énergétique et sa feuille de route Québec ZéN (chapitre 2) ou encore les nombreuses coalitions antiracistes (chapitre 7). Une individualisation croissante des mobilisations est également constatée, ce qui favorise l’émergence de collectifs et d’organisations beaucoup plus décentralisés, informels et éphémères, d’enjeux à caractère identitaires ainsi que la multiplication des luttes locales. Dans ce contexte, les grandes organisations traditionnelles des mouvements sociaux, par exemple les grandes centrales syndicales ou encore la Fédération des femmes du Québec (FFQ), traversent des moments difficiles, voire des crises internes. La reconfiguration des mouvements sociaux suit également celle de l’échiquier politique, où le clivage entre souverainistes et fédéralistes, structurant dans la politique québécoise au cours de la seconde moitié du 20e siècle, laisse de plus en plus de place au clivage traditionnel entre la gauche et la droite. L’une des grandes nouveautés de ce livre, par comparaison avec celui de Dupuis-Déri en 2008, concerne le rôle croissant que jouent les réseaux socionumériques en tant qu’espaces de lutte complémentaires aux mobilisations hors ligne. Souligner ce caractère hybride des espaces de lutte est l’une des plus importantes forces de cet ouvrage collectif. C’est d’ailleurs l’une des causes identifiées pour expliquer l’individualisation croissante des mouvements, malgré la présence d’une solidarité interne encore forte chez plusieurs groupes. La pandémie de la COVID-19 n’a fait qu’accentuer cette croissance de l’importance de l’espace numérique pour les mouvements sociaux tout en contribuant à une déstructuration temporaire …