Le monde sportif étant édifié au masculin, les femmes en ont longtemps été exclues et y sont jusqu’à présent sous-représentées. Mettant de l’avant une posture intersectionnelle, les autrices soulignent la concomitance des systèmes d’oppression qui, au croisement du genre, se perpétuent au sein du monde sportif. Représentant le deuxième titre de la collection EDI2 des Presses de l’Université Laval, dirigée par la co-autrice Sophie Brière comme l’Institut équité, diversité, inclusion, intersectionnalité (EDI2) qui lui donne son nom, cet ouvrage vise à mettre en lumière, en vue de les contrer, les problèmes et obstacles contribuant au maintien des inégalités au sein du domaine du sport. Le changement nécessaire concerne le rôle clé des organisations dans la perpétuation des obstacles, et des potentialités qui émergent de l’adoption de nouvelles pratiques. L’ouvrage, qui a pour ligne directrice l’accessibilité et l’explicitation des enjeux, s’adresse aux organisations sportives ; les solutions proposées sont fondées sur une démarche d’enquête qualitative et des entrevues semi-dirigées avec des représentants d’organisations sportives au Québec et au Canada. À quoi s’ajoute une revue de la littérature et des initiatives existantes. L’analyse porte sur les rôles des différents acteur·rice·s, notamment des entraîneur·e·s, athlètes et administrateur·rice·s. L’ouvrage contient en outre des encadrés récapitulatifs des pratiques proposées et se clôt avec un tableau synthèse, ce qui sert ses visées de vulgarisation et de mise en action. Le premier des quatre chapitres rend compte des inégalités auxquelles sont confrontés les « membres des groupes historiquement marginalisés » (p. 9). Les stéréotypes et les obstacles identifiés à partir d’une revue de la littérature, juxtaposant les échelles provinciale, nationale et internationale, donnent à voir le « privilège masculin » (p. 15) qui restreint l’accessibilité des autres groupes à l’administration. L’analyse se tourne ensuite vers les inégalités d’accès à l’exercice du sport, sur les plans social, économique et géographique. Bien que centrale à la démarche menée, mais limitée par les injustices épistémiques décelées dans le monde sportif, l’analyse intersectionnelle est principalement approfondie dans cette section. Le chapitre se centre d’ailleurs sur les « biais inconscients » (p. 28), révélateurs du traitement différencié selon les normes de genre. Dans le deuxième chapitre sont posées les bases de l’articulation des pistes d’action proposées, autant en regard de la « culture organisationnelle » (p. 41) que des personnes qui en font partie. La mise en relation de la parole des personnes interviewées avec les solutions proposées met en lumière le caractère pragmatique de celles-ci et le fait qu’elles sont adaptées aux réalités. Au-delà des inégalités sociales qui se répercutent au sein des organisations, les autrices soulignent l’importance de considérer leur apport à la genèse et au maintien de celles-ci par leur fonctionnement, aspirant à un « rééquilibre historique » (p. 42). Compte tenu de cette visée, la division sexuelle et genrée qui se trouve au fondement du sport, et des organisations qui le régissent, aurait mérité d’être abordée de front, par une remise en question de la place du genre dans le sport. Les obstacles qui entravent l’expérience professionnelle des femmes dans les organisations sportives constituent l’objet du troisième chapitre. Du recrutement à la conciliation travail-famille, en passant par l’accueil et la formation, les autrices proposent une analyse multidimensionnelle ciblant différentes étapes et enjeux dans leur parcours, selon les différentes fonctions occupées. L’ouvrage se clôt par une synthèse des pratiques préconisées et une proposition de mise en oeuvre de celles-ci selon un « modèle EDI » (p. 129). Son opérationnalisation, basée sur une « praxis intersectionnelle » (p. 125), constitue le coeur du chapitre qui met en relation les solutions proposées avec des théories de management. Les autrices rappellent en …
Amélie Keyser-Verreault, Sophie Brière, Marilou St-Pierre, Guylaine Demers et Diane Culver, Équité, diversité et inclusion dans les organisations sportives, Québec, Presses de l’Université Laval, 2023, 158 p.
…plus d’informations
Laurence Vallières
Université Laval
laurence.vallieres.2@ulaval.ca
L’accès à cet article est réservé aux abonnés. Seuls les 600 premiers mots du texte seront affichés.
Options d’accès :
via un accès institutionnel. Si vous êtes membre de l’une des 1200 bibliothèques abonnées ou partenaires d’Érudit (bibliothèques universitaires et collégiales, bibliothèques publiques, centres de recherche, etc.), vous pouvez vous connecter au portail de ressources numériques de votre bibliothèque. Si votre institution n’est pas abonnée, vous pouvez lui faire part de votre intérêt pour Érudit et cette revue en cliquant sur le bouton “Options d’accès”.
via un accès individuel. Certaines revues proposent un abonnement individuel numérique. Connectez-vous si vous possédez déjà un abonnement, ou cliquez sur le bouton “Options d’accès” pour obtenir plus d’informations sur l’abonnement individuel.
Dans le cadre de l’engagement d’Érudit en faveur du libre accès, seuls les derniers numéros de cette revue sont sous restriction. L’ensemble des numéros antérieurs est consultable librement sur la plateforme.
Options d’accès