Comptes rendus

Martine D’Amours, Louise Briand, Guy Bellemare, Frédéric Hanin et Leticia Pogliaghi, De l’entreprise à la configuration productive. Travail, emploi, régulations, Québec Presses de l’Université Laval, 2023, 355 p.

  • Cloé Bélanger

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Couverture de Volume 64, numéro 3, septembre–décembre 2023, p. 523-733, Recherches sociographiques

Un point de rencontre bien précis semble être le moteur du livre De l’entreprise à la configuration productive, issu d’un projet de recherche sur le travail et l’emploi en contexte d’externalisation. Cinq chercheurs s’appuient sur un même constat : les conditions des travailleurs et travailleuses se détériorent. L’éclatement des frontières de l’entreprise chamboule le monde du travail et motive du même coup les auteurs à dépasser les outils d’interprétation usuels entourant la relation d’emploi. Une observation générale guide les différentes contributions, à savoir que les cadres d’analyse courants ne suffisent plus à rendre compte des nouvelles configurations du travail contemporain. Les visières de recherche de l’entreprise classique et du rapport salarial sont donc délaissées par ce collectif, qui s’attarde plutôt aux compositions organisationnelles dérivées de l’externalisation. En passant par sept études de cas au Québec et recourant occasionnellement à une comparaison avec le Mexique et la France, les participants à cette réflexion se rejoignent autour de l’analyse de différents secteurs d’activité : les services de taxi, la production et transformation agroalimentaire du poulet, les services informatiques à l’entreprise et les services de garde à l’enfance. Il s’agit d’approfondir les configurations organisationnelles liées à ces quatre secteurs et teintées par l’externalisation : l’économie des plateformes numériques, la chaîne de valeur, la gestion de projet et l’entreprise réseau. Le premier tiers du livre rappelle au lecteur l’importance de porter un regard attentif sur les formes de régulation de l’emploi qui sont inhabituelles mais tout aussi présentes dans l’environnement professionnel. On se préoccupe ici de celles caractérisées par l’externalisation, c’est-à-dire par des contours productifs dont le contrôle s’étend à l’extérieur des limites juridiques de l’entreprise et de l’employeur légal. Le dialogue se tisse alors autour de ce qui entrave l’action collective et le droit au travail décent pour les salariés ou indépendants, et de ce qui ouvre la porte aux relations d’inégalité et de domination dans le cadre d’une décentralisation productive. Les contributrices de cette première section, Martine d’Amours et Leticia Pogliaghi, partagent la seconde partie avec Louise Briand. Des assises théoriques et conceptuelles y sont présentées afin d’améliorer et garnir la littérature actuelle sur les relations interentreprises et la relation d’emploi, à l’aune des réalités empiriques repérées préalablement. C’est ce qu’elles s’évertuent à faire en déplaçant le niveau d’analyse de l’entreprise juridique à la configuration productive, opération qui nécessite de remplacer les concepts réflexifs plus traditionnels du rapport salarial et de la subordination. La troisième part de l’ouvrage est une occasion pour Frédéric Hanin et Guy Bellemare de mettre en commun leur expertise autour de la question de la régulation. Pour l’appréhender, ils s’éloignent des limites de la régulation salariale entendue comme seul critère de référence et discutent plutôt des régulations. Leurs ajouts théoriques sont complétés par une interrogation empirique incontournable : comment les multiples allures de la régulation, remodelées par la fissuration du travail, se répercutent sur les modalités d’emploi? La démarche d’identification, de description et de compréhension prégnante dans la méthodologie jusqu’à ce stade ne s’y limite pas, puisqu’une note critique vient approfondir la discussion finale. Les auteurs ne se contentent pas de dresser un bilan de ce qui est observé, ils énoncent en plus des propositions ainsi que les revers et les défis qui s’y rapportent. Dans cette conclusion, qui paraît être le noyau du projet, le débat est ouvert avec le but explicite de conscientiser et d’agir sur les situations relevées. La représentation et la protection des travailleurs et travailleuses pourraient alors être favorisées à travers une lutte contre la marchandisation de leur activité. Quelques-unes des suggestions ont déjà été transmises en novembre 2021 à toutes sortes d’acteurs …