Comptes rendus

Yvan Lamonde et Guillaume Rousseau (dir.), La Loi sur la laïcité de l’État : approfondissements et suites, Québec, Presses de l’Université Laval, 2023, 212 p.

  • Mireille Estivalèzes

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Couverture de Volume 64, numéro 3, septembre–décembre 2023, p. 523-733, Recherches sociographiques

Ce livre présente les actes issus d’un colloque organisé par le Mouvement laïque québécois en octobre 2022 et soutenu financièrement par le Programme d’appui à la laïcité, relevant du Secrétariat à la réforme des institutions démocratiques, à l’accès à l’information et à la laïcité, mis en place par le gouvernement de la Coalition Avenir Québec. Organisé en plusieurs parties, l’ouvrage aborde tout d’abord le contexte politique et juridique de l’élaboration de la Loi sur la laïcité de l’État (dite Loi 21) ainsi que la réception publique et médiatique de cette loi tant au Québec que dans le reste du Canada. Dans un second temps, le livre traite de différentes questions connexes : ce que les auteurs appellent les pédagogies de la laïcité, les liens étroits entre laïcité et combat pour l’égalité des femmes, et la nécessité de supprimer le financement public des écoles privées. D’emblée cet ouvrage présente deux limites importantes. La première, liée à sa forme même d’actes de colloque, réside dans la juxtaposition de communications sans que ne soit proposé un regard d’ensemble qui tisserait de façon explicite les liens entre les chapitres et démontrerait la cohérence intellectuelle existant entre ceux-ci. La seconde limite de cette publication est que si elle souhaite défendre la légitimité de la Loi 21, elle fait peu de place aux arguments raisonnés de ses opposants; or le désaccord avec ceux-ci exigerait une discussion plus approfondie que ce qui est proposé. À cet égard, une des contributions les plus intéressantes est celle de François Rocher qui, après avoir rappelé ce qui distingue un désaccord acceptable d’un désaccord inacceptable, analyse comment dans plusieurs journaux du Canada anglais, la Loi 21 est jugée discriminatoire parce que limitant la liberté religieuse, ainsi que raciste et islamophobe. La discussion rationnelle sur des conceptions divergentes de la laïcité devient tout simplement impossible lorsqu’une partie des acteurs sociaux se présentent dans leurs prises de position médiatique comme moralement supérieurs à leurs opposants. L'inverse est cependant tout aussi vrai, car considérer avec hauteur les croyants, en les jugeant par exemple comme moins rationnels que les incroyants, est tout aussi contestable et nuit à une discussion constructive. Un autre élément intéressant abordé dans le livre est la volonté d’inscrire la Loi 21 dans un modèle politique original de laïcité québécoise, ce qui permet de souligner le caractère distinct du Québec tant à l’égard du multiculturalisme canadien que du paradigme républicain français. Pour Lamonde, il s’agit là d’un républicanisme d’inspiration américaine, alors que Rousseau, de son côté, décèle l’influence d’un républicanisme d’inspiration française qu’il qualifie de tolérant mais qui se caractérise également par la recherche d’un équilibre entre la protection, non seulement des libertés individuelles, mais aussi des libertés collectives. Faudrait-il aller jusqu’à parler d’un modèle nationaliste québécois? La question mériterait d’être approfondie. Pour plusieurs auteurs de ce collectif, le nouveau cours de Culture et citoyenneté québécoise semble constituer un lieu privilégié pour former les jeunes à la laïcité, considérée comme une valeur québécoise prônant la séparation entre l’État et la religion. Dans cette perspective, l’approche des faits religieux ne peut être que « critique », montrant ainsi les limites de certaines convictions spirituelles. Ainsi, selon Côté et Santarossa, présenter des contenus factuels sur les religions (ce que faisait le volet culture religieuse du programme d’éthique et culture religieuse) est considéré comme manquant d’objectivité, alors que souligner en classe que des croyances religieuses sont incompatibles avec certaines valeurs sociales relève d’une vraie neutralité. Cette conception particulière de la neutralité en matière d’enseignement du fait religieux ne va pas sans poser problème et suscitera assurément de nombreux débats. Par ailleurs, de nombreuses missions sont …