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Publié dans la collection « Problèmes sociaux et interventions sociales », ce livre s’adresse à la fois aux étudiant.e.s, chercheur.e.s, décideur.e.s politiques ainsi qu’aux locataires d’habitations à loyer modique, dans l’espoir de favoriser leur participation sociale et de soutenir leur implication dans la gestion de leur milieu de vie. Conscients des insuffisances de l’action de l’État en matière de politiques d’habitat social inclusives et solidaires, les auteurs puisent dans la théorie des « capabilités » d’Amartya Sen afin de souligner comment, par leurs implications, des locataires de HLM sont en mesure d’exprimer et de prendre en compte leurs besoins afin d’agir positivement sur leurs conditions de vie.
Cet ouvrage complète d’autres travaux réalisés par Morin (2008) sur les HLM, qui démontraient déjà que les locataires et leurs associations sont en mesure d’apporter une contribution positive et d’améliorer de façon convaincante les conditions d’existence dans ces milieux de vie. Forts de ce constat, les auteurs soulignent que le cadre législatif actuel favorise la reconnaissance de l’action des locataires en HLM, une implication rendue possible par et dans les structures partenariales présentes dans les HLM.
Dans le premier chapitre, « Une mise en perspective historique », Jean- François Vachon dresse un portrait de l’évolution, entre 1969 et 2012, de la reconnaissance par les offices d’habitation (OH) des savoirs d’usage et des savoir-faire des locataires. Ce retour en arrière apparaît important pour comprendre comment les orientations et les pratiques de l’OH vis-à-vis des savoirs citoyens ont été et sont encore influencées par l’environnement politique des gouvernements en place et par le roulement assez important des dirigeants des OH.
Le deuxième chapitre, « La voix des locataires », porte bien son nom. Il a pour originalité d’avoir été écrit à onze mains, celles de Jeanne Demoulin et de dix locataires de HLM. Leur texte souligne les types de savoir dont sont porteurs les locataires, répartis dans quatre grands thèmes : les problèmes et atouts du milieu HLM; les caractéristiques de la sociabilité locale; l’action communautaire; et l’engagement des locataires.
Le troisième chapitre, « La mobilisation des savoirs des locataires en HLM pour améliorer leur bien-être » de Janie Houle et ses collaborateurs présente une étude de cas à propos d’une recherche participative intitulée « Flash sur mon quartier ! », qui a permis l’implication de locataires, lesquels sont devenus des locataires-chercheurs.
Le quatrième chapitre, « Vers une grande reconnaissance des savoirs des jeunes en milieu HLM » de Fabienne Lagueux, ainsi que le cinquième, « Les associations de locataires familles » de Paul Morin et Jean-François Vachon, proposent tous deux des portraits. Le premier est un portrait générationnel qui permet de comprendre et de souligner les problèmes rencontrés par les jeunes et surtout le danger de ne pas reconnaître leur apport. Le deuxième portrait aborde le rôle associatif des locataires familles dans trois municipalités (Lévis, Saint-Joseph-de-Beauce, Thetford Mines) et son impact positif sur la participation citoyenne.
Le sixième et dernier chapitre, « L’intégration de la reconnaissance du savoir d’expérience des locataires aux pratiques de gestion», par Roxane Meilleur, démontre que la participation citoyenne en HLM et la reconnaissance des savoirs des locataires sont indissociables et enclenchent des transformations dans les pratiques publiques.
Les contributions de l’ouvrage font bien ressortir ce qu’il y a à gagner à tenir compte des savoirs et de l’expérience des locataires, « citoyens ordinaires », à propos des problèmes qu’ils vivent. Est également démontrée l’importance d’encourager le développement de la vie associative en milieu HLM afin de favoriser l’autonomisation (empowerment) de ses habitants. Les initiatives d’implication de locataires qui sont recensées remettent en question le rapport hiérarchique présent au sein du réseau institutionnel de l’habitat social.