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Fruit d’un colloque tenu en 2008 pour réagir à une proposition de la ministre de la Culture en 2007 – Le Vieux-Montréal doit-il faire l’objet d’une campagne de revitalisation fondée sur un branding plus affirmé ? Doit-on en faire un « Quartier de l’histoire » analogue, disons, au nouveau Quartier des spectacles ? – , ce volume réunit les réponses de spécialistes de l’histoire, de l’archéologie, du tourisme et de l’aménagement urbain. Les réponses sont si unanimement négatives que l’on peine à comprendre le fondement de la proposition initiale tout en soupçonnant des motifs bassement économiques. Découper, thématiser, territorialiser, patrimonialiser, créer une signature, ces notions sont-elles en fait synonymes de commodifier, muséifier, spectaculariser, aseptiser, gentrifier, homogénéiser ? Voilà ce que la plupart des contributions semblent suggérer, dans ce débat où les opposants n’ont pas voix, et pour cause.
Par ailleurs, le tour d’horizon est fort instructif, le livre très beau, les articles bien écrits, et l’occasion de revisiter le Vieux-Montréal tout à fait bienvenue. Il est question de l’historiographie du quartier, de ses musées, de son développement immobilier, et des notions qui aident à réfléchir sur la signification de l’histoire dans le contexte urbain, de la réinvention du passé, sans oublier les comparaisons avec d’autres villes et leurs expériences de branding. Parmi les critiques formulées à l’égard de cette idée du quartier de l’histoire, la perspective de Jean-Claude Robert est utile, puisqu’il rappelle que chaque communauté qui a habité un territoire n’y a pas nécessairement laissé de traces. Ainsi, la communauté protestante, par exemple, qui a eu sa cathédrale sur la rue Notre-Dame jusqu’en 1856 – pour migrer vers les nouveaux quartiers en 1859 – est-elle absente de la mémoire patrimoniale du Vieux-Montréal, même si elle y a longtemps contribué. Raison de plus de ne pas réduire l’histoire du Vieux-Montréal à un cadre – temporel, culturel – trop étroit.