Résumés
Résumé
Le but de cette étude est d’examiner le lien entre la stigmatisation perçue et le fonctionnement au travail d’individus vivant avec la dépression ou l’anxiété. Précisément, elle vise à tester l’effet médiateur du bien-être psychologique au travail ainsi que l’effet modérateur de la présence attentive dans cette relation. Au total, 75 travailleurs vivant avec un trouble anxieux ou dépressif ont répondu à un questionnaire autorapporté. Les résultats confirment l’effet médiateur d’une dimension du BÊPT, mais infirment l’effet de protection attendu de la présence attentive, soulignant la nécessité de faire preuve de prudence avant d’assumer que celle-ci réduirait l’influence de la stigmatisation.
Mots-clés :
- stigmatisation au travail,
- anxiété,
- dépression,
- fonctionnement au travail,
- bien-être psychologique au travail,
- présence attentive
Abstract
The purpose of this study is to examine the association between perceived stigma and work functioning for people living with anxiety or depression. Specifically, it aims to test the mediating effect of psychological well-being at work and the moderating effect of mindfulness in this relationship. A total of 75 workers living with anxiety or depression answered a self-administered survey. Results confirm the mediating effect of one of the five dimensions of psychological well-being but infirmed the protective role of mindfulness, highlighting the necessity to proceed cautiously before assuming that this strategy would necessarily reduce the influence of stigma.
Keywords:
- stigma,
- anxiety,
- depression,
- work functioning,
- psychological well-being at work,
- mindfulness
Corps de l’article
INTRODUCTION
Problématique
La dépression et l’anxiété sont parmi les troubles de santé mentale les plus courants chez les travailleurs (Sanderson et Andrews, 2006). En 2012, respectivement 11 % et 8,2 % des travailleurs canadiens affirmaient avoir déjà été affectés par ces troubles au cours de leur vie (Sutherland et Stonebridge, 2015). Alors que la dépression et l’anxiété sont reliées à un haut taux d’absentéisme, ces deux troubles semblent aussi fortement liés au présentéisme, défini comme étant le fait de se présenter au travail malgré un état de santé qui justifierait une absence (Lam et al., 2009; Miraglia et Johns, 2016). Ce présentéisme serait à son tour lié à différents problèmes de fonctionnement et de performance au travail (Plaisier et al., 2012). Pour les organisations canadiennes, cette baisse de fonctionnement liée aux troubles de santé mentale engendrerait des coûts 5 à 10 fois plus élevés que ceux associés à l’absentéisme, soit plus de 4 270 $ US par personne par année (Evans-Lacko et Knapp, 2016). Bien que les chiffres soient déjà élevés, une étude récente soutient que ces coûts sont sous-estimés la plupart du temps (Stromberg et al., 2017). Étant donné cet impact non négligeable, il est important de mieux comprendre les différents facteurs pouvant influencer le fonctionnement au travail (FT) des employés qui vivent avec un trouble anxieux ou dépressif.
Alors qu’au cours des dernières années plusieurs études ont indiqué que ce sont les symptômes de dépression et d’anxiété qui nuisent le plus au FT (Wang et al., 2004), d’autres études récentes indiquent que la stigmatisation perçue pourrait également être en cause (Fox et al., 2016). En effet, pour les travailleurs ayant un historique de dépression, la perception d’être victime de stigmatisation au travail exacerberait l’intensité de leurs symptômes, ce qui affectait ensuite négativement leur performance au travail (Fox et al., 2016).
Or, à ce jour, la plupart des études s’étant intéressées au lien entre stigmatisation et FT ont davantage été effectuées auprès de travailleurs vivant avec différentes maladies physiques chroniques telles que le VIH ou le diabète (Costabile et al., 2020; Yang et Mak, 2017). Une seule étude a été effectuée auprès de travailleurs vivant avec la dépression. Toutefois, cette étude a été réalisée auprès d’un échantillon spécifique de vétérans (Fox et al., 2016). De plus, les différents mécanismes pouvant expliquer cette relation ainsi que les facteurs pouvant modérer les effets néfastes de la stigmatisation perçue sur le bien-être psychologique et le FT restent à être identifiés. Afin de pallier ces lacunes, la présente étude vise à mieux comprendre le lien entre la stigmatisation perçue, le bien-être psychologique et le fonctionnement de travailleurs vivant avec des troubles anxieux ou dépressifs, tout en tenant compte de l’effet protecteur potentiel de la présence attentive.
Cadre théorique
Stigmatisation perçue et fonctionnement au travail (FT)
La stigmatisation est un phénomène social qui engendre une perte de statut et qui comprend l’étiquetage, la discrimination et tout préjugé envers une personne en raison de caractéristiques personnelles qui peuvent être physiques ou mentales (Link et Phelan, 2001; Totic et al., 2012). Entre autres, à cause de la stigmatisation perçue, un employé peut craindre de se voir refuser un emploi, ou encore, l’accès à certaines conditions et opportunités d’avancement en raison de ses caractéristiques personnelles.
Les études précédentes rapportent que les travailleurs vivant avec un trouble de santé mentale sont susceptibles de subir et d’anticiper la stigmatisation. En effet, plusieurs d’entre eux perçoivent de la stigmatisation au travail (20 %), disent avoir l’impression d’être observés de plus près (25 %) ou de se voir refuser certaines promotions (17 %) (Baldwin et Marcus, 2006; Mental Health Foundation, 2002). Dans le même ordre d’idées, l’étude de Fox et al. (2016), effectuée auprès de vétérans vivant avec la dépression, indique que près de la moitié des participants avaient l’impression que leur patron ou leurs collègues les traiteraient différemment, s’ils étaient au courant de leur épisode dépressif. Ils craignaient des traitements injustes, une perte de crédibilité et le rejet de leurs collègues. Dans de telles circonstances, un travailleur peut décider de diminuer l’importance de ses symptômes ou encore essayer de cacher son trouble anxieux ou dépressif, par peur des conséquences qui résulteraient de la divulgation de ce dernier. Ainsi, un travailleur qui pourrait normalement bénéficier d’accommodements particuliers n’y aurait pas accès. Il est pourtant démontré que la disponibilité de certaines ressources améliore le FT en plus de diminuer les rechutes (Corbière et al., 2014). En effet, le FT réfère à la productivité d’un employé lorsqu’il est au travail, en prenant en considération les ressources disponibles et les demandes de l’organisation (Lagerveld et al., 2010). Par ce processus, la stigmatisation perçue pourrait donc freiner la divulgation d’un trouble de santé mentale, ce qui affecterait la productivité et le fonctionnement du travailleur (Abma et al., 2012). L’étude de Fox et al. (2016) indique d’ailleurs un lien négatif entre la stigmatisation perçue et le fonctionnement des travailleurs au niveau de leurs relations interpersonnelles (p. ex., difficulté à s’entendre avec les collègues), de leur gestion du temps (p. ex., difficulté à respecter les délais) et du maintien de leurs habiletés (p. ex., ne pas performer au maximum de ses capacités). Ce lien est également médié par une hausse de symptômes dépressifs.
D’autres études auprès de travailleurs présentant différents types de maladies physiques (diabète de type 1 et 2 ou VIH), confirment un lien négatif entre stigmatisation perçue et FT (Costabile et al., 2020), ou encore, entre autostigmatisations et FT (Yang et Mak, 2017). Toutefois, à ce jour, cette association auprès de travailleurs vivant avec un trouble anxieux n’a pas été examinée. Compte tenu de l’importance de ces troubles dans la société, il s’avère pertinent de s’intéresser aussi aux effets de la stigmatisation perçue sur le bien-être et le fonctionnement de ces travailleurs. Ainsi, à la lumière des connaissances actuelles, l’hypothèse suivante est formulée :
(H1) La stigmatisation perçue face aux troubles anxieux ou dépressifs sera liée négativement au FT.
Le bien-être psychologique au travail (BEPT) en tant que variable médiatrice
Selon Dagenais-Desmarais et Savoie (2012), il semble exister trois approches afin de conceptualiser le bien-être psychologique : l’approche hédonique, l’approche eudémonique et l’approche intégrative. Alors que la première le conceptualise comme étant le bonheur et la satisfaction envers la vie, la seconde le conçoit comme étant le fruit de l’autoactualisation, du sens dans la vie ainsi que du fonctionnement optimal. Finalement, la dernière approche est un mélange arbitraire des deux premières. Le bien-être psychologique d’un individu varierait à travers les différentes sphères de sa vie, et le travail représente un environnement particulier comprenant son propre système interpersonnel complexe, alliant relations verticales et horizontales. Ainsi, il serait nécessaire de conceptualiser le bien-être psychologique au travail (BEPT) de façon plus précise. À cet effet, Dagenais-Desmarais et Savoie (2012) opérationnalisent le BEPT en 5 dimensions : l’adéquation interpersonnelle au travail, l’épanouissement au travail, le sentiment de compétence au travail, la reconnaissance au travail et la volonté d’engagement au travail. Cette conceptualisation du bien-être spécifique au milieu de travail sera utilisée dans le cadre de la présente étude.
Certaines études montrent que les symptômes anxieux et dépressifs, tout comme la stigmatisation qui en découle, sont liés négativement au bien-être psychologique (Fox et al., 2016; Malone et Wachholtz, 2018; Markowitz, 1998; Proyer et al., 2014). Toutefois, ce lien a rarement été testé en milieu de travail. De plus, selon la thèse du travailleur heureux-productif, le niveau de bien-être d’un travailleur influencerait à son tour sa productivité, et donc son FT à travers le temps (Cropanzano et Wright, 1999). Le niveau de bien-être psychologique serait par conséquent lié positivement au FT. Ainsi, le BEPT pourrait agir à titre de variable médiatrice dans la relation entre la stigmatisation et le FT. Un modèle semblable a déjà été testé dans la documentation scientifique, mais en utilisant les symptômes dépressifs plutôt que le bien-être comme variable médiatrice (Fox et al., 2016). Alors que la considération des symptômes anxieux, en plus des symptômes dépressifs, offrirait un portrait plus global des relations en jeu, il n’est pas suffisant d’observer uniquement les symptômes négatifs pour bien examiner la santé psychologique des individus. Certains éléments positifs, comme le bien-être, sont aussi à considérer (Seligman et Csikszentmihalyi, 2000). Ainsi, la présente étude contribue aux connaissances actuelles en ajoutant le rôle médiateur du BEPT à celui des symptômes anxieux et dépressifs dans la relation entre la stigmatisation perçue et le FT.
(H2) Le BEPT agira à titre de variables médiatrices dans la relation entre la stigmatisation perçue et le FT
Présence attentive en tant que variable modératrice
Bien que son étude soit relativement nouvelle, la présence attentive pourrait devenir un concept clé en science organisationnelle, si les preuves de son efficacité et de son influence sur le fonctionnement continuent à s’accumuler (Good et al., 2016). La présence attentive est une pratique issue du bouddhisme qui consiste à porter attention sur le moment présent et sur nos pensées en faisant abstraction de tout jugement (Chan et al., 2018; Good et al., 2016; Yang et Mak, 2017). En plus d’être un prédicteur du bien-être (Brown et Ryan, 2003; Yang et Mak, 2017), la présence attentive serait un outil pour se former une résistance à la stigmatisation (Chan et al., 2018). À cet effet, l’étude de Yang et Mak (2017), menée auprès d’une population vivant avec le VIH ou en processus de rétablissement d’une maladie mentale, indique qu’un niveau élevé de présence attentive diminuerait la relation négative entre les processus d’autostigmatisation et le bien-être. Cela pourrait s’expliquer par le fait que la présence attentive représenterait un outil efficace pour se désengager des pensées automatiques et de la rumination, deux éléments qui expliqueraient en grande partie les effets négatifs de l’autostigmatisation, définie davantage comme étant l’acceptation et l’internalisation répétée et automatique des jugements négatifs extérieurs (Yang et Mak, 2017). Un niveau de présence attentive plus élevé pourrait donc permettre aux travailleurs de se détacher de l’autostigmatisation et ainsi d’en diminuer les conséquences sur le BEPT. L’autocompassion et l’absence de jugement relatives à la présence attentive semblent donc diminuer les jugements envers soi-même. Par contre, qu’en est-il de la stigmatisation perçue et du regard des autres? À ce jour, aucune étude en milieu de travail ne s’est intéressée à la présence attentive et à son rôle de potentiel protecteur dans les relations complexes impliquant la stigmatisation perçue, le bien-être et le FT. Compte tenu des nombreux effets de cette pratique, il est légitime de tester l’hypothèse suivante :
(H3) La présence attentive agira à titre de modérateur dans la relation entre la stigmatisation perçue, le BEPT et le FT. Plus spécifiquement, l’association négative entre la stigmatisation perçue et le FT via le BEPT sera plus faible lorsque le niveau de présence attentive sera élevé.
OBJECTIFS
En somme, peu d’études portent sur les conséquences de la stigmatisation perçue au travail, et comme mentionné par Fox et al. (2016), les recherches qui s’y intéressent du point de vue de l’individu avec un trouble de santé mentale sont rares. Afin de pallier certains manques dans la littérature, la présente étude vise d’abord à tester le lien entre la stigmatisation perçue et le fonctionnement au travail auprès d’une population de travailleurs vivant avec l’anxiété ou la dépression. Elle vise aussi à tester l’effet médiateur du BEPT ainsi que l’effet modérateur de la présence attentive dans cette relation. Les hypothèses posées sont schématisées dans la Figure 1.
MÉTHODE
Afin de répondre aux objectifs mentionnés ci-dessus, une étude transversale quantitative a été menée. Cette étude s’inscrit dans un projet de recherche plus large s’intéressant à la santé psychologique des travailleurs québécois (Meunier et al., 2018). Au total, 331 travailleurs ont participé à l’étude originale. Parmi ceux-ci, 76 vivaient avec un trouble anxieux ou dépressif, et ont donc été pris en compte dans le cadre de la présente étude.
Procédures
Les participants ont été recrutés par le biais d’annonces affichées sur les sites de différents organismes communautaires en santé mentale, ou portant sur la santé en milieu de travail. L’annonce de l’étude a également été affichée sur des sites de petites annonces en ligne ainsi que sur Facebook. Finalement, l’annonce a été envoyée par courriel à des individus faisant partie d’une banque de participants, gérée par un professeur du département de psychologie. Le questionnaire en ligne était accessible en cliquant sur un lien inscrit dans l’annonce. Les participants étaient ensuite redirigés vers le site sécurisé LimeSurvey. Le formulaire de consentement était d’abord présenté et les participants devaient donner leur accord pour commencer le questionnaire. Les participants devaient aussi répondre à trois questions pour s’assurer de respecter les critères d’inclusion de l’étude, soit : être âgé de 18 ans et plus ; être présentement en emploi (temps plein ou temps partiel, pour un minimum de 10 heures par semaine) ; avoir une bonne compréhension du français écrit. Dans le cas où un participant ne répondait pas aux trois critères mentionnés, il était remercié de son intérêt pour l’étude, qui prenait alors fin. Autrement, le questionnaire était d’une durée d’environ 30 minutes.
Instruments de mesure
Stigmatisation perçue
Afin de mesurer la stigmatisation perçue par les travailleurs, une adaptation des questions sur la stigmatisation dans l’environnement de travail de Britt (2000) a été utilisée. Pour chacune des 4 questions, les participants devaient indiquer sur une échelle de Likert en 5 points (allant de « Fortement en désaccord » à « Fortement en accord ») à quel point le fait d’admettre leur problème de santé mentale au travail pourrait, selon eux, avoir différentes conséquences négatives (p. ex., À mon travail actuel, admettre que j’ai un problème psychologique peut/pourrait… « nuire à ma carrière. » ou « faire en sorte que mes collègues me fassent moins confiance »). Un score moyen des quatre items a été calculé (α = 0,82).
Fonctionnement au travail (FT)
Afin de mesurer le FT, le Lam Employment Absence and Productivity Scale (LEAPS) – Version française (Lam et al., 2009) a été utilisé. Ce questionnaire a été élaboré et validé spécifiquement auprès de travailleurs vivant avec la dépression. Pour chacun des sept énoncés, les participants devaient indiquer à quelle fréquence, au cours des 2 dernières semaines, ils avaient fait face à différents types de problèmes (p. ex., travail de piètre qualité, difficultés de concentration ou perte de mémoire) sur une échelle de Likert en 5 points allant de « Jamais (0 %) » à « Tout le temps (100 %) ». Un score moyen a été calculé (α = 0,82).
Symptômes anxieux et dépressifs
Pour mesurer les symptômes anxieux et dépressifs, le Generalized Anxiety Disorder questionnaire (Spitzer et al., 2006) (α = 0,87) et le Patient Health Questionnaire (Kroenke et Spitzer, 2002) (α = 0,86) ont été utilisés. Ces questionnaires comportent respectivement 7 et 9 questions. Pour chaque énoncé, les participants devaient indiquer à quelle fréquence ils avaient été dérangés par certains problèmes au cours des deux dernières semaines (p. ex., « Difficulté à se détendre »), sur une échelle allant de « Jamais » à « Presque tous les jours ». Un score global faisant la moyenne des items de ces deux échelles a été calculé (α = 0,92).
Bien-être psychologique au travail (BEPT)
L’indice de bien-être psychologique au travail de Dagenais-Desmarais et Savoie (2012) a été utilisé afin de mesurer le BEPT. Ce questionnaire comporte 25 items qui sont répartis en 5 dimensions : 1) ajustement interpersonnel au travail (p. ex., « Je trouve agréable de travailler avec les gens de mon travail » ; α = 0,91) ; 2) épanouissement au travail (p. ex., « Je trouve mon travail excitant » ; α = 0,93) ; 3) sentiment de compétence au travail (p. ex., « Je sais que je suis capable de faire mon travail » ; α = 0,87) ; 4) reconnaissance perçue au travail (p. ex., « Je sens que mon travail est reconnu » ; α = 0,90) ; 5) volonté d’implication et d’engagement au travail (p. ex., « J’ai envie de prendre des initiatives dans mon travail » ; α = 0,86). Pour chaque énoncé, les participants devaient répondre en donnant leur accord sur une échelle de Likert en 5 points (allant de « en désaccord » à « tout à fait d’accord »). Un score moyen a été calculé pour chacune des cinq dimensions ainsi que pour le score global (α = 0,97).
Présence attentive au travail
Afin de mesurer le niveau de présence attentive, le Mindful Attention Awareness Scale, adapté pour le monde du travail (Dane et Brummel, 2014) a été utilisé. Ce questionnaire comporte 7 items inversés (p. ex., « J’ai des difficultés à rester concentré(e) sur ce qui se passe dans le présent. » ; α = 0,73). Le participant devait indiquer à quelle fréquence il vivait certaines situations au travail sur une échelle de Likert en 6 points (allant de « Presque toujours » à « Presque jamais »). Un score moyen a été calculé.
Variables sociodémographiques
Afin d’avoir un portait des caractéristiques de l’échantillon, les participants devaient répondre à quelques questions sociodémographiques portants sur leur âge, leur sexe, leur langue maternelle, la nature de leur emploi ainsi que sur le type de poste qu’ils occupaient (temps plein ou temps partiel). Le statut socio-économique a aussi été mesuré en demandant aux participants de quelle façon ils percevaient leur situation économique (à l’aise financièrement ; revenus suffisants ; pauvre ; très pauvre).
Analyses
Avant toute chose, des analyses préliminaires ont été conduites. Celles-ci impliquaient l’observation des données manquantes, la vérification de la normalité des données à l’aide des coefficients d’acuité et d’asymétrie, et l’analyse des données extrêmes univariées et multivariées à l’aide des scores Z et de la distance de Mahalanobis. Ensuite, les statistiques descriptives (fréquence, moyenne, écart-type) de l’échantillon ont été observées pour en connaître les caractéristiques.
Pour ce qui est des analyses principales, les corrélations entre les variables ont été observées pour tester l’hypothèse 1. Ensuite, la macro PROCESS de Hayes (2013) (http://www.processmacro.org/) a été utilisée à l’aide du logiciel SPSS afin de tester la médiation de l’hypothèse 2 et la médiation modérée de l’hypothèse 3. Comme des études précédentes indiquent que les symptômes anxieux et dépressifs sont liés au FT, ces derniers ont été considérés en tant que variables contrôle lors des analyses. À titre exploratoire, les analyses de modération ont été conduites avec le score global et avec les scores des cinq sous-échelles du BEPT. Les données ont été transformées en scores Z pour obtenir des Beta standardisés et ainsi faciliter l’interprétation des résultats.
RÉSULTATS
Participants
Les participants étaient âgés entre 20 et 62 ans et la moyenne d’âge était de 34,03 ans (ET = 11,22). La majorité était des femmes (85,3 %) ayant pour langue maternelle le français (90 %). Pour ce qui est de l’emploi, près de la moitié des participants occupaient un emploi à temps plein (49,3 %), alors que l’autre moitié travaillait à temps partiel. Ce pourcentage élevé de participants travaillant à temps partiel pourrait être lié à leur jeune âge (48 % étaient âgés de 30 ans et moins). Les participants travaillaient principalement dans les secteurs des services administratifs (24 %), de la santé et des services sociaux (22,7 %), du commerce et du service à la clientèle (22,7 %), de l’enseignement (17,3 %), ainsi que des arts (8 %). Des analyses de variance indiquent que le BEPT [F(69, 5) = 0,22, p = 0,95] et le fonctionnement au travail [F(68, 5) = 1,60, p = 0,17] ne variaient pas en fonction des différents secteurs d’activités. Finalement, 32 % des participants se considéraient comme étant pauvres ou très pauvres, alors que 65,3 % d’entre eux se considéraient à l’aise financièrement ou possédaient un revenu suffisant. Les statistiques descriptives sont indiquées dans le Tableau 1.
Analyses préliminaires
Avant de procéder aux analyses principales, des analyses préliminaires ont été effectuées. D’abord, après avoir analysé les données manquantes de chaque participant, un d’entre eux a été éliminé puisqu’il n’avait pas de réponses aux mesures pertinentes pour l’étude. Pour ce qui est des autres participants, le nombre de données manquantes par variable était faible (entre 0 % et 6 %), et ces dernières étaient distribuées aléatoirement. La normalité des données a été vérifiée à l’aide des coefficients d’acuité et d’asymétrie. Ces scores étaient près de zéro (entre -1,23 et -0,21), ce qui indique que les variables étaient distribuées normalement (Tabachnick et Fidell, 2013). Ensuite, les données extrêmes univariées ont été analysées à l’aide des scores Z. Seulement un score a été jugé extrêmes (±3) et a donc été winsorisés. Finalement, la distance de Mahalabonis pour l’analyse des données aberrantes multivariées n’a révélé aucune donnée aberrante.
Analyses de corrélations
Le Tableau 2 montre les corrélations entre les différentes variables à l’étude. L’examen de ces corrélations indique que le BEPT et le FT sont reliés, et que, conformément à l’hypothèse 1, la stigmatisation perçue est négativement liée au BEPT et au FT. De plus, la présence attentive est liée positivement au BEPT et au FT alors qu’elle est négativement liée à la stigmatisation perçue et aux symptômes anxieux et dépressifs. Tel que présenté au Tableau 2, les variables sociodémographiques n’étaient liées à aucune variable de l’étude et ont été ignorées pour la suite des analyses.
Analyses de médiation
Le Tableau 3 présente l’effet indirect de la médiation du BEPT entre la stigmatisation perçue et le FT, lorsque les symptômes anxieux et dépressifs sont considérés comme variables contrôles. Puisque l’effet indirect n’est pas significatif, des analyses exploratoires secondaires, aussi rapportées dans le Tableau 3, ont été conduites avec chaque dimension du BEPT séparément, soit l’adéquation interpersonnelle, l’épanouissement, le sentiment de compétence, la reconnaissance et la volonté d’engagement. Les analyses de médiation indiquent un effet indirect significatif de la stigmatisation perçue sur le FT, mais seulement à travers le sentiment de compétence (β = -0,07, ETM = 0,05, 95 % IC [-0,20, 0,01]). La Figure 2 présente les Beta standardisés ainsi que les erreurs types de mesure pour chaque relation de cette analyse de médiation. Les effets, total et direct, de la stigmatisation perçue sur le FT sont non significatifs. Le sentiment de compétence a donc un effet médiateur partiel dans la relation entre la stigmatisation perçue et le FT.
Analyse de modération
Le Tableau 4 présente les analyses de modération de la présence attentive sur la relation entre la stigmatisation et le BEPT. Les résultats indiquent que l’interaction entre la stigmatisation et la présence attentive n’est pas significative. Pour faire suite aux analyses de médiation, des analyses exploratoires secondaires, aussi rapportées dans le Tableau 4, ont été conduites pour observer l’effet modérateur de la présence attentive avec les cinq sous-dimensions du BEPT. L’analyse de ces résultats indique que la modération de la présence attentive n’est significative qu’en lien avec la dimension concernant le sentiment de compétence. Comme indiqué dans le Tableau 5 et la Figure 3, l’association entre la stigmatisation et le sentiment de compétence au travail est négative et significative pour les travailleurs avec un niveau élevé de présence attentive au travail, mais non significative lorsque le niveau de présence attentive est bas ou moyen.
Analyse de médiation modérée
Puisque la présence attentive ne modérait que la relation entre la stigmatisation perçue et le sentiment de compétence (une des dimensions du BEPT), les analyses ont testé l’effet modérateur du niveau de présence attentive dans la relation entre la stigmatisation et le FT médiée par le sentiment de compétence seulement. Les résultats indiquent que l’index de médiation modérée est significatif (β = -0,09, ETM = 0,047, 95% IC [-0,20, -0,01]). Comme indiqué plus spécifiquement dans le Tableau 6, l’effet indirect de la stigmatisation sur le FT via le sentiment de compétence, est négatif et significatif pour les participants avec un niveau élevé de présence attentive au travail, mais n’est pas significatif pour ceux ayant un niveau faible ou moyen.
DISCUSSION
Le premier objectif de la présente étude était d’examiner la relation entre la stigmatisation perçue en lien avec un trouble anxieux ou dépressif et le FT. Les résultats des analyses de corrélation indiquent que la stigmatisation perçue est liée significativement et négativement au FT. Le fait de percevoir plus de stigmatisation aurait donc le potentiel d’engendrer un fonctionnement moindre au travail. Ces résultats sont comparables à ceux d’études qui montrent que plus de stigmatisation serait liée à moins de FT (Costabile et al., 2020; Fox et al., 2016; Yang et Mak, 2017). Or, la présente étude précise les connaissances actuelles en examinant la stigmatisation perçue au travail, un milieu particulier où le dévoilement de sa problématique comporte des enjeux spécifiques. De plus, elle ajoute aux connaissances actuelles en observant les effets négatifs de la stigmatisation dus à des troubles anxieux ou dépressifs sur le FT. Ces troubles, en plus de toucher près d’un travailleur sur dix au cours de sa vie, sont fortement liés au présentéisme, véritable fléau financier pour les organisations (Lam et al., 2009; Miraglia et Johns, 2016; Sutherland et Stonebridge, 2015). En somme, il semblerait que la stigmatisation perçue ait une relation négative avec le FT, mais des études longitudinales seraient pertinentes afin de confirmer le sens de cette relation et d’étudier les variables potentiellement impliquées dans celle-ci. Quoi qu’il en soit, des interventions, telles que des jeux de rôles ou de la psychoéducation qui visent à diminuer la stigmatisation au travail, semblent faire leurs preuves en ciblant les connaissances, les attitudes ou les comportements en lien avec la stigmatisation (Hanisch et al., 2016). Implanter des formations semblables pourrait donc potentiellement favoriser le FT.
La présente étude avait pour second objectif de tester l’hypothétique rôle médiateur du BEPT dans la relation entre la stigmatisation perçue et le FT, lorsque l’effet des symptômes anxieux et dépressifs est contrôlé. L’analyse des corrélations indique des liens significatifs entre ces variables, mais les analyses de médiation indiquent que le rôle modérateur du BEPT (score global) est non significatif. Seule la dimension concernant le sentiment de compétence a un rôle médiateur significatif. Ainsi, la stigmatisation perçue aurait un effet négatif sur le sentiment de compétence et sur le FT. Ces résultats abondent dans le sens d’études qui indiquent un lien négatif entre la stigmatisation et les symptômes anxieux et dépressifs (Markowitz, 1998), et d’autres qui montrent que la santé psychologique a un rôle de médiateur entre stigmatisation et FT (Fox et al., 2016). Par ailleurs, la présente étude va encore plus loin en mesurant la santé psychologique du travailleur à l’aide d’une mesure positive, adaptée au milieu de travail, tout en considérant les symptômes anxieux et dépressifs comme covariables. En accord avec la thèse de l’employé heureux-productif, ces résultats supposent qu’il serait possible d’agir sur la stigmatisation tout comme sur le sentiment de compétence, afin d’augmenter le niveau de FT des employés. Ainsi, les impacts positifs pour le FT pourraient aussi être induits en réduisant le lien négatif entre sentiment de compétence et stigmatisation.
La présente étude visait aussi à tester l’hypothèse selon laquelle la présence attentive serait un modérateur dans la relation entre la stigmatisation perçue et le FT via le BEPT. Les résultats indiquent que l’hypothèse est infirmée. En effet, la présence attentive n’avait aucun effet modérateur significatif lorsque l’on considérait le score global de BEPT. Les analyses secondaires exploratoires montrent toutefois, plus précisément, que le niveau de présence attentive modère significativement l’association entre la stigmatisation et seulement, une des cinq sous-dimensions du BEPT : le sentiment de compétence. En effet, l’association entre la stigmatisation perçue et le sentiment de compétence n’est pas significative lorsque le niveau de présence attentive est bas, mais elle est négative et significative pour les participants avec un niveau moyen de présence attentive. L’effet négatif est encore plus important pour les participants avec un niveau élevé de présence attentive. Cela va à l’encontre des résultats de certaines études qui font état de la relation positive entre la présence attentive et le bien-être (Brown et Ryan, 2003), de la relation positive entre la présence attentive et la résistance à la stigmatisation (Chan et al., 2018) et du rôle modérateur de la présence attentive entre l’autostigmatisation et le bien-être (Yang et Mak, 2017). Alors qu’il serait légitime de croire qu’une attention accrue portée sur des sentiments négatifs pourrait avoir un impact négatif, particulièrement pour de gens vivant avec des troubles anxieux, aucune recherche ne semble abonder en ce sens.
Néanmoins, il demeure important de mentionner que les résultats obtenus pourraient aussi s’expliquer par le fait que certaines études indiquent que la présence attentive, telle que mesurée par certains outils, n’est pas fidèle au sens et à la définition bouddhiste du mindfulness (Grossman, 2011; Ratnayake et Merry, 2018), ce qui pourrait miner la validité des résultats de recherche. Par exemple, le Mindful Attention Awareness Scale de Brown et Ryan (MAAS, (2003)) a été critiqué par Grossman (2011) pour l’écart entre ce qu’il mesure réellement et la définition bouddhiste plus traditionnelle de la présence attentive. Le MAAS est cependant à la base du test de Dane et Brummel (2014), qui a été utilisé dans le cadre de la présente thèse, afin de mesurer le niveau de présence attentive dans un milieu de travail. En effet, il s’agit de 7 items sélectionnés parmi les 15 du MAAS selon leur pertinence particulière pour un emploi dynamique en restauration. Or, parmi ceux-ci, deux items ont été jugés peu discriminants selon une étude de Chiesi et al. (2017), qui montre d’ailleurs qu’une échelle avec moins d’items ne représente pas aussi bien la présence attentive telle que conceptualisée et opérationnalisée, puisque qu’elle deviendrait trop générale et reliée à des comportements automatiques. Ainsi, les résultats non significatifs des analyses incluant la présence attentive comme variable modératrice pourraient être dus à des déviations liées à l’outil de mesure utilisé. D’autre part, il faut souligner qu’il existe des différences entre la stigmatisation perçue, comme mesurée dans la présente thèse, et l’autostigmatisation, telle qu’examinée dans d’autres études (Chan et al., 2018; O'Connor, Yanos, et Firmin, 2018; Skinta, Fekete, et Williams, 2019; Yang et Mak, 2017). La première faisant référence à ce qui est perçu de l’opinion des autres et la seconde concernant directement des jugements portés sur soi-même. La différence entre ce qui est interne ou externe joue probablement un rôle, lorsque mise en relation avec un concept comme la présence attentive, d’où les liens moins évidents avec la stigmatisation perçue qu’avec l’autostigmatisation. Dans l’étude de Yang et Mak (2017), la présence attentive est donc liée négativement à la rumination et aux processus d’autostigmatisation (fréquence et automatisme des pensées négatives) en plus d’être comparée à l’autocompassion qui, elle, est liée négativement aux contenus de l’autostigmatisation. Parallèlement, l’étude de Chan et al. (2018) adresse la résistance à la stigmatisation en pointant l’importance de la flexibilité psychologique qui peut s’apparenter en partie à la présence attentive, puisque composée, entre autres, de la prise de conscience du moment présent et de l’acceptation. Ainsi, il existe plusieurs variables à considérer lorsque la stigmatisation et la présence attentive sont mises en relation, ce qui pourrait expliquer les résultats surprenants de la présente étude.
Dans le cadre de recherches futures, il serait intéressant de mesurer l’autostigmatisation, en plus de la stigmatisation perçue, pour savoir quelle est la relation entre les deux, mais surtout pour identifier leurs différences. De telles études permettraient une meilleure compréhension des processus de stigmatisation sous tous ses aspects. Il serait aussi pertinent de considérer le rôle de plus de variables, comme l’autocompassion, afin de contrôler ses effets et d’observer les effets attribuables plus précisément à la présence attentive. Ensuite, comme suggéré dans l’étude de Nolen-Hoeksema et al. (2008), la présence attentive, qui consiste à accepter toutes les pensées, incite aussi à faire face aux pensées négatives. Il existe donc probablement une période d’adaptation pendant laquelle les retombées positives d’exercer la présence attentive, se font attendre. Une étude longitudinale avec un programme visant à entraîner à la présence attentive pourrait mettre en lumière les conséquences différentes, selon la quantité de pratique effectuée par les participants. Finalement, la conception eudémonique plus fonctionnelle du bien-être adoptée dans la présente étude pourrait être à la source de certains résultats différents, de ceux observés à l’aide d’une mesure hédonique du bien-être, comme utilisée dans l’étude de Yang et Mak (2017). De plus, les cinq sous-dimensions du BEPT semblent avoir des relations différentes avec certains éléments, ce qui est soutenu par l’étude de Brien et al. (2012) qui souligne, entre autres, l’importance particulière du sentiment de compétence, mais aussi par une médiation et une modération qui sont significatives seulement pour la sous-dimension en lien avec le sentiment de compétence dans la présente étude. Un examen approfondi des différences possibles entre les dimensions du BEPT, plus particulièrement en lien avec le sentiment de compétence, permettrait d’isoler les éléments d’intérêts pour certaines interventions.
Cette étude compte certaines limites qu’il est important de mentionner. Premièrement, puisque le devis de recherche utilisé est transversal, il n’est pas possible d’établir de liens de causalité entre les différentes variables ou d’observer la direction des relations. Par conséquent, il est impossible de savoir si le fait de percevoir plus de stigmatisation au travail fait diminuer le FT ou si c’est un bas fonctionnement, qui entraîne une perception de plus de stigmatisation au travail. Deuxièmement, l’échantillon, étant de seulement 75 participants, majoritairement des femmes francophones, oeuvrant dans des milieux plus typiquement féminins et travaillant dans une proportion élevée à temps partiel, n’est pas représentatif de la population générale. Il serait donc important de reproduire les résultats de la présente étude auprès d’un plus grand nombre de participants et dans des milieux plus typiquement masculins (p. ex., construction, transports), où la stigmatisation envers les difficultés de santé mentale est susceptible d’être plus présente, à cause de certaines normes sociales de masculinité qui encourage l’autonomie, le contrôle émotionnel et le pouvoir (Addis et Mahalik, 2003). Ces études pourraient également fournir davantage d’information concernant le milieu de travail des participants comme la taille de l’organisation, le climat de sécurité psychologique (Dollard et Bakker, 2010) et le dévoilement ou non du trouble de santé mentale, afin de mieux contextualiser les résultats. Des études futures gagneraient aussi à s’intéresser, lors d’entrevues semi-structurées, à l’importance et au sens du travail pour un employé (Morin, 2008), ce qui pourrait avoir une incidence sur les effets de la stigmatisation perçue.
Finalement, l’outil utilisé pour mesurer la présence attentive au travail, bien qu’utilisé dans la littérature (Brendel et Hankerson, 2022; Lyddy et al., 2021), compte quelques lacunes et n’a pas été validé pour le contexte du travail. De futures études pourraient utiliser d’autres outils tels que l’Applied Mindfulness Process Scale (AMPS) qui mesure la fréquence de l’application pratique de la présence attentive (Li et al., 2016).
CONCLUSION
En bref, cette étude confirme l’association négative entre la stigmatisation perçue et le FT, en plus d’examiner le rôle médiateur du BEPT, et plus spécifiquement, du sentiment de compétence. Elle met aussi en lumière le rôle de la présence attentive au travail qui, à un niveau moyen ou élevé, semble augmenter l’impact négatif de la stigmatisation perçue au travail sur le FT via le sentiment de compétence des employés. Sans prétendre invalider la littérature qui démontre les effets bénéfiques de la présence attentive, la présente étude et quelques autres (Dane, 2011; Lyddy et al., 2021; Reb, Allen, et Vogus, 2020) pointent toutefois une zone grise en lien avec ses potentiels effets négatifs, dans certaines situations, qu’il serait intéressant d’explorer.
Parties annexes
Note
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[1]
Adresse de correspondance : Université du Québec à Montréal, C.P. 8888, Succ. Centre-ville, Montréal (QC), H3C 3P8. Courriel : desgagne-doyon.felix@courrier.uqam.ca
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