Comptes rendus

Marie Garrau et Mickaëlle Provost (dir.), Expériences vécues du genre et de la race. Pour une phénoménologie critique, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2022, 228 p.

  • Junior Rosier

…plus d’informations

  • Junior Rosier
    Université du Québec à Trois-Rivières

L’accès à cet article est réservé aux abonnés. Seuls les 600 premiers mots du texte seront affichés.

Options d’accès :

  • via un accès institutionnel. Si vous êtes membre de l’une des 1200 bibliothèques abonnées ou partenaires d’Érudit (bibliothèques universitaires et collégiales, bibliothèques publiques, centres de recherche, etc.), vous pouvez vous connecter au portail de ressources numériques de votre bibliothèque. Si votre institution n’est pas abonnée, vous pouvez lui faire part de votre intérêt pour Érudit et cette revue en cliquant sur le bouton “Options d’accès”.

  • via un accès individuel. Certaines revues proposent un abonnement individuel numérique. Connectez-vous si vous possédez déjà un abonnement, ou cliquez sur le bouton “Options d’accès” pour obtenir plus d’informations sur l’abonnement individuel.

Dans le cadre de l’engagement d’Érudit en faveur du libre accès, seuls les derniers numéros de cette revue sont sous restriction. L’ensemble des numéros antérieurs est consultable librement sur la plateforme.

Options d’accès
Couverture de Psychologisation de l’oppression, Volume 36, numéro 2, 2023, p. 1-274, Recherches féministes

Publié sous la direction de Marie Garreau et Mickaëlle Provost, l’ouvrage intitulé Expériences vécues du genre et de la race. Pour une phénoménologie critique est une contribution majeure aux efforts fournis en vue de penser les effets pratiques et expérientiels de l’oppression touchant le genre et la race. Ce livre vient combler un fossé à double titre. L’insuffisance ou l’inconsistance des travaux, ou les deux à la fois, touchant la persistance des effets de l’oppression patriarcale, les impensés du regard racialisant de même que les conséquences pratiques du racisme et du colonialisme sont pris à bras le corps dans les textes. En s’appropriant la méthode phénoménologique et ses outils conceptuels, et en en faisant un usage critique, dans la lignée de Simone de Beauvoir et de Frantz Fanon, on analyse les normes qui structurent la société et qui façonnent l’expérience vécue des personnes dominées. Ce faisant, on se donne les moyens pour comprendre et combattre les oppressions dans leur dimension ordinaire. Par cette pratique de réflexion, qui sera théorisée tardivement par Lisa Guenther (2020) et Gayle Salamon (2018), on ne se limite pas seulement à démontrer que le sujet constitue le monde à la manière de la phénoménologie dite classique, on fait voir aussi à quel point les structures sociales et historiques façonnent la manière dont celui-ci se comprend et appréhende le monde. D’autre part, et du point de vue méthodologique, on remet ainsi en cause le principe d’épochè husserlien, par lequel le monde est mis entre parenthèse pour ne s’intéresser qu’à la manière dont celui-ci serait constitué par le sujet transcendantal, en démontrant l’impossibilité d’une mise hors circuit, entre autres, des structures du racisme et du patriarcat qui caractérisent la société (p. 9). En outre, par l’attention particulière accordée aux descriptions de l’expérience vécue, à partir des positions subjectives minoritaires, cette pratique phénoménologique prend une trajectoire qui l’écarte de toute vocation à devenir le fondement des sciences comme le souhaitait Husserl. Au contraire, en se donnant par ailleurs pour tâche de « critiquer les savoirs dominants et leur point de vue d’extériorité adopté », elle devient une épistémologie critique (p. 10). Constitué de sept chapitres, ce livre est subdivisé en trois parties. La première présente la phénoménologie comme une épistémologie critique. Pour tenir compte des rapports de pouvoir et des « constructions des catégories organisant la perception », « tout en soulignant les liens de parenté entre la phénoménologie critique, les épistémologies critiques », et la théorie féministe du point de vue issues de la tradition marxienne, les auteures et les auteurs démontrent l’insuffisance de la phénoménologie classique et le besoin de l’articuler à ses critiques pour prendre en considération la pluralité des situations et des points de vue et en rendre compte (p. 35). Ainsi, les textes de cette partie tentent de comprendre à la fois la façon dont les processus de domination « sont incorporés », mais aussi la manière dont ils sont « vécus et subvertis par celles et ceux qui en sont les sujets » (p. 34). Dans le premier chapitre, « Merleau-Ponty et les mondes non européens. Les politiques (post) coloniales du perspectivisme », Matthieu Renault fait ressortir la double dimension de la phénoménologie critique. En fonction de la critique sociale, il interroge les méthodes et les outils de la phénoménologie dite « classique », et démontre les obstacles internes qui empêchent l’éclosion d’une phénoménologie décoloniale, malgré des postures et des postulats de décentrement à l’oeuvre au sein de celle-ci. En relevant à quel point le perspectivisme merleau-pontien est bénéfique à l’élaboration d’une « épistémologie du positionnement » (p. 46), il passe …

Parties annexes