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Des pratiques inclusives : étude de cas portant sur l’expérience vécue des jeunes LGBTTQ+ au sein des services de protection de l’enfance en Ontario
Luke Bailey
École de service social, Université d’Ottawa
Cette étude de cas qualitative a été effectuée afin de mettre en lumière les expériences des jeunes LGBTTQ+ qui ont été en contact avec une société d’aide à l’enfance (SAE) de l’Ontario. Elle vise à réunir des histoires de perte, d’adversité et de traumatisme dans le but d’analyser ces témoignages à travers les formes d’oppression subies par cette communauté, à savoir l’homophobie et la transphobie. Nous avons élaboré un cadre conceptuel d’analyse afin de comprendre comment l’identité personnelle se développe pendant l’adolescence et, en outre, comment l’identité queer est discutée, négociée et réalisée dans le contexte de la protection de l’enfance. Ce cadre consiste à lier les théorisations de Goffman, Foucault et Butler, notamment en ce qui concerne la présentation de soi, le pouvoir disciplinaire et de surveillance, et la performance de l’identité de genre et de l’identité queer. Notre méthodologie s’inspire des principes de la recherche participative communautaire (CBPR), découlant de notre collaboration avec les prestataires de services LGBTTQ+. Ces « collaboratrices » communautaires ont structuré notre démarche lors des multiples phases du projet de recherche. Durant cette étude, nous avons effectué des entrevues qualitatives auprès de quatre jeunes adultes, âgés de 16 ans et plus, qui avaient déjà eu un contact avec la SAE durant leur enfance ou leur adolescence. Nos résultats montrent que les SAE éprouvent de la difficulté à reconnaître et à valider l’identité queer et que les intervenantes et intervenants sont réticents à discuter des enjeux que vivent les personnes LGBTTQ+ avec les jeunes. Ce projet vise donc à donner une voix aux jeunes des communautés marginalisées afin de déterminer comment les institutions en situation d’autorité peuvent réaliser des interventions plus appropriées à travers des pratiques inclusives.
Le choc culturel dans les relations parents-école au sein des familles immigrantes franco-africaines
Sylvère Baransegeta
École de service social, Université Laurentienne
L’image de la société canadienne et ontarienne est plus diversifiée que jamais. Les immigrants viennent de partout dans le monde. Par ce fait, les écoles de langue française de l’Ontario voient le nombre d’élèves issus de l’immigration augmenter continuellement. Ce mémoire jette une lumière sur les relations entre les parents immigrants franco-africains issus d’une culture plus traditionnelle et l’école ontarienne issue d’une société de culture plus moderne. Au moyen d’une approche qualitative comme démarche méthodologique, des entrevues semi-dirigées ont été menées auprès des parents. Les résultats ont révélé une série de contraintes dues aux différences culturelles. Ces contraintes, qui viennent teinter les relations entre les parents immigrants franco-africains et l’école ontarienne fréquentée par leurs enfants, sont regroupées en quatre catégories : les difficultés de compréhension du langage dans la communication, les difficultés de collaboration à la participation, les difficultés dans l’accompagnement scolaire des enfants à la maison et les difficultés dans l’implication des parents comme bénévoles dans les activités organisées par l’école.
Compressions budgétaires et réformes pédagogiques : l’étiologie sociale du trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité
Pascale Bernier
École de service social, Université d’Ottawa
Le trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H) est présent dans la littérature scientifique depuis maintenant plus de trois siècles. Nous pouvons observer cependant une hausse marquée du nombre de diagnostics depuis le début du millénaire en Occident. Ce mémoire porte une attention aux facteurs pouvant expliquer cet accroissement. Pour ce faire, nous avons eu recours à une approche structurelle afin d’analyser le lien entre, d’une part, les réformes pédagogiques et les compressions budgétaires au sein du système éducatif ontarien et, d’autre part, l’augmentation des diagnostics de TDA/H. Une méthodologie qualitative a été utilisée. Six participants ont ainsi été recrutés par la technique de « bouche-à-oreille », et des entretiens semi-directifs ont été menés auprès d’enseignantes et enseignants travaillant au niveau élémentaire. Une analyse thématique a été utilisée pour faire ressortir les données. Les résultats de cette étude sont ainsi présentés sous quatre thèmes majeurs, à savoir : a) la relation entre les élèves et le système d’éducation; b) l’étiologie du TDA/H; c) la pression ressentie par les enseignantes et enseignants; d) les méthodes de traitement utilisées en milieu scolaire. Cette recherche a permis de mettre en évidence le lien possible entre la structure éducative et la hausse de diagnostics de TDA/H et émet, dans ce contexte, un certain nombre de recommandations pour la pratique du travail social.
Mots clés : trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, TDA/H, système éducatif, structurel, santé mentale, enfants, pédagogie
Abstract
Attention deficit disorder with or without hyperactivity (ADD/H) has appeared in the scientific literature for over three centuries. However, since the start of the millennium, a significant increase in diagnostic rates for this disorder can be observed within the Western World. This dissertation will look into possible factors explaining this marked increase. In order to do so, we will make use of a structural approach to analyze the nature of the link between 1) educational reforms and budget cuts within the Ontario education system, and 2) rising rates of ADD/H. This study calls upon a qualitative approach. Six participants were recruited by means of a « word of mouth technique. We then proceeded with semi-structured interviews with elementary school teachers. A thematic analysis was used to highlight the data. Results were subsequently presented in four major thematic categories: 1) the relationship between students and the education system; 2) the etiology of ADD/H; 3) the pressure placed upon teachers; and 4) treatment methods used within an educational setting. Following the presentation of results, we make use of these themes to discuss the possible link between the education system and the rising rates of diagnostics. Future recommendations for the practice of social work are then discussed.
Key words: attention deficit disorder with or without hyperactivity, ADD/H, education system, structural, mental health, children, pedagogy
Le grand air comme désintox : l’intervention par le plein air pour les adolescents toxicomanes
Audrey Cayouette Marsh
École de service social, Université d’Ottawa
L’adolescence est souvent le moment du premier contact avec les drogues. Certaines personnes prennent goût aux substances psychoactives qu’elles essaient, et leurs trajectoires de vie peuvent être affectées. Les habitudes de consommation peuvent provoquer plusieurs problèmes, que ce soit au point de vue familial, amical, légal ou encore scolaire. Au Canada, la consommation, le trafic, l’exportation et la production de drogues sont des activités illégales qui comportent des sanctions sévères. L’État est de plus en plus impliqué dans les modes de répression des jeunes toxicomanes et en oriente plusieurs vers une thérapie afin de rompre leurs relations de dépendance. Ce type d’orientation imposé par l’État a des impacts sur les centres de traitement, les intervenantes et intervenants, et les jeunes qui y participent.
Ce mémoire propose d’évaluer la thérapie unique, en plein air, du Pavillon du Nouveau Point de Vue, qui offre un séjour de 42 jours aux jeunes toxicomanes. Son modèle d’intervention, jumelé à l’expérience unique d’intervention par le plein air, semble être une recette gagnante pour certains adolescents et adolescentes.
Les résultats de l’analyse ont permis de mieux comprendre certaines réalités des jeunes qui participent à ce programme. Les jeunes s’y inscrivent souvent par contrainte et vivent généralement beaucoup de pressions, et le désir d’y aller volontairement est plutôt rare. Par contre, une fois en thérapie, plusieurs se réjouissent du grand air ainsi que des défis physiques proposés. L’analyse suggère que ce programme d’intervention alternatif par le plein air permet aux jeunes de développer une nouvelle passion saine et de recadrer leurs besoins de consommation.
L’image « Défi faites le calcul »
Stéphanie Chevrette
École de service social, Université Laurentienne
La pauvreté et l’insécurité alimentaire sont des problèmes sociaux qui affectent plusieurs hommes, femmes et enfants au Canada. Pour mieux comprendre cette problématique, ce mémoire examine le vécu de la pauvreté anthropologique ainsi que les théories de Thomas Hobbes, John Locke et Jean-Jacques Rousseau afin d’avoir une compréhension historique et théorique de la pauvreté. Ce projet a été développé dans le cadre d’un mémoire en service social étant donné que les valeurs de justice et de transformation sociale soulignent l’importance d’avoir des structures politiques justes afin que les individus et les communautés puissent se développer de manière efficace. À l’heure actuelle, les structures politiques du Canada ne permettent pas une distribution adéquate des richesses, ce qui fait en sorte qu’il existe parmi les citoyens canadiens une certaine population qui vit la faim chronique par manque d’argent.
Afin de mieux faire comprendre les problèmes de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire, une action sociale s’est développée partout en Ontario pour faire connaître le vécu de l’insécurité alimentaire et de la pauvreté. Aux fins de ce mémoire, les actions sociales du Défi faites le calcul de la Ville du Grand Sudbury sont analysées. Les participants au Défi de la Ville du Grand Sudbury sont des personnes non pauvres, issues de diverses sphères de la communauté, qui se sont rassemblées pour vivre d’un panier de la banque alimentaire. Le but est de lutter pour que les personnes prestataires de l’assistance sociale puissent recevoir 100 $ de plus par mois pour mieux se nourrir, se loger et, essentiellement, pour mieux vivre. Les conclusions du projet soulignent l’importance de continuer la lutte pour avoir des structures politiques qui encouragent la redistribution adéquate des richesses, qui valorisent la dignité de la personne et qui encouragent la solidarité dans nos communautés.
« Je suis comme une aigle : être rabaissée, être repliée, c’est ce qu’il faut pour prendre son envol » : quand la violence structurelle dessine l’expérience migratoire des demanderesses d’asile. Une étude exploratoire auprès de sept femmes immigrantes antérieurement demanderesses d’asile à Ottawa
Mélissa Décady
École de service social, Université d’Ottawa
Si l’expérience des femmes réfugiées dans le pays d’accueil est abordée dans de nombreux écrits scientifiques, peu d’études examinent la réalité à laquelle font face les demanderesses d’asile au Canada, ce qui contribue à l’imperceptibilité de la situation précaire de ces femmes. Ainsi, leur invisibilité participe à les affaiblir. Bien que les politiques d’établissement et d’intégration du Canada s’inscrivent dans un contexte d’inclusion pour le bien-être de tous les migrants, en ce qui a trait aux femmes demanderesses d’asile racisées, l’exclusion est de mise. En effet, la réalité est contrastante. Nous constatons une logique de durcissement des politiques migratoires qui se manifeste par la banalisation de la trajectoire des demanderesses d’asile, ce qui contribue à la non-reconnaissance de la fragilisation de leur situation, sans oublier la lourdeur bureaucratique mêlée aux nombreux obstacles structuraux quotidiens qu’elles doivent surmonter tout au long de leur attente de statut de réfugié. Compte tenu de ces faits, les femmes fuyant les violences d’ordre physique, psychologique et économique de leur pays se voient confrontées à une violence d’ordre structurelle dans le pays d’accueil. Ces violences ont de grandes conséquences dans la vie de ces femmes. Cependant, au-delà de tout, la maternité est le maillon leur permettant de développer des stratégies de survie et, ainsi, contribue à une reprise de pouvoir sur leur vie.
Cette recherche qualitative de type exploratoire et d’orientation critique s’inspire des assises de la recherche féministe, qui fait place à la subjectivité de l’expérience d’asile des femmes. Elle valorise ainsi leur prise de parole, car elles sont les seules capables d’expliquer leurs expériences, ce qui peut amener à améliorer les pratiques. Des entrevues de type « récit de vie » ont été réalisées auprès de sept femmes antérieurement demanderesses d’asile, dans la région d’Ottawa. Les données recensées ont été analysées à l’aide de la grille d’analyse pour l’étude de la violence structurelle, proposée par Flynn, Damant, Bernard et Lessard (sous presse).
En outre, l’analyse des propos des femmes rencontrées touche divers aspects de leurs expériences. Bien que l’expérience de ces femmes soit particulière à chacune, toutes vivent une dévalorisation systématique dans leur pays d’origine, ce qui se poursuit au cours de leur expérience d’octroi d’asile dans la terre d’accueil. Ainsi, elles font face à une déshumanisation teintée de racisme dans leur interaction avec les diverses institutions, soit les services sociaux de même que la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, ce qui vient mettre en exergue une domination symbolique. Cette dernière s’enchaîne avec l’institutionnalisation des inégalités, qui se manifeste par les nombreuses barrières faisant trébucher ces femmes : accès réduit à leurs droits socioéconomiques et autres. Cela contribue à la précarité quotidienne des demanderesses d’asile, accroît leur vulnérabilité et amplifie leur souffrance. Audelà de la souffrance se trouvent l’état de réfugitude éprouvé et le sentiment de n’être rien et de n’être personne. Néanmoins, ces femmes mettent en oeuvre des stratégies afin de faire face à la violence structurelle tout en mettant l’accent sur leur rôle de « mère » et en l’utilisant comme levier de pouvoir.
Identité de genre et vieillissement : un regard intersectionnel sur l’expérience vécue des personnes aînées trans en Outaouais
Marie-Pier Deschênes
École de service social, Université d’Ottawa
Les enjeux trans, depuis les dernières années, sont davantage abordés dans les médias et dans le milieu universitaire. Avec l’augmentation de la moyenne d’âge de la population canadienne, une nouvelle communauté fait son apparition, soit celle des personnes aînées trans, qui amalgament identité de genre et vieillissement.
L’objectif principal de cette recherche est d’interroger les participantes et participants sur leur expérience de vie selon différents thèmes ainsi que de laisser la parole à ces personnes dans une vision de reprise de leur pouvoir. La question qui a guidé cette recherche est : « De quelle façon peut-on décrire l’expérience vécue des personnes aînées trans en Outaouais? »
Cette recherche qualitative, composée d’entrevues semi-dirigées et d’observations participantes, repose sur l’approche intersectionnelle et la théorie de l’expérience vécue selon Kimberlé Crenshaw. Les données recueillies proviennent d’entrevues menées auprès de quatre participantes et participants aînés de la communauté trans en Outaouais ainsi que de l’observation participante lors de rencontres du groupe d’entraide Trans Outaouais. Après une analyse thématique du contenu et la triangulation de nos données, nous avons réussi à identifier quatre thématiques de discussion, soit la transition et les moments décisifs, le réseau social et la communauté, l’expérience à travers les différents systèmes, ainsi que la complexité entre la positivité de l’expérience et les aspects négatifs de l’oppression. Nous avons été en mesure de suggérer des pistes de réflexion quant à l’amélioration de l’expérience vécue des personnes aînées trans en Outaouais à partir de ces différents thèmes.
Les résultats de notre recherche nous ont permis de conclure que les différents systèmes d’oppression formant l’expérience vécue des personnes aînées trans (âgisme, cissexisme, sexisme, etc.) créent des expériences uniques et doivent être examinés de façon simultanée sans hiérarchisation.
Expérience de la précarité sociale des femmes francophones en contexte minoritaire à travers le prisme de la violence structurelle
Sabrina Diotte
École de service social, Université d’Ottawa
Les inégalités sociales auxquelles font face les populations francophones en Ontario s’articulent autour de leur condition linguistique minoritaire au sein de la province. Il apparaît que les femmes francophones vivant en contexte minoritaire ontarien éprouvent de façon plus exacerbée les difficultés liées à cette réalité. En plus d’avoir un accès limité à des services sociaux et de santé dans leur langue, elles feraient face à des conditions de vie plus précaires. L’état des lieux présenté dans ce mémoire nous conduit à aborder les expériences de ces femmes sous l’angle de la précarité sociale. Il soulève également la nécessité de repositionner celles-ci dans un contexte social plus large, au-delà des enjeux liés à la langue. C’est ainsi que la perspective féministe intersectionnelle nous apparaît éclairante. En opérationnalisant le féminisme intersectionnel à travers le prisme de la violence structurelle, ce mémoire présente une recherche exploratoire portant sur l’expérience de la précarité des Franco-Ontariennes provenant de la région de la capitale nationale. Dans les six entretiens qualitatifs avec des femmes francophones vivant en contexte minoritaire ontarien, il est devenu évident que les réalités et les trajectoires de celles-ci sont complexes et hétérogènes. Si les femmes francophones rencontrées vivent les unes les autres en contexte minoritaire ontarien et font chacune l’expérience de la précarité sociale, cette similitude ne se traduit pas forcément dans leurs expériences et dans leur construction intersubjective de l’exclusion et de la précarité.
Mots clés : francophonie, Ontario, femmes, contexte minoritaire, précarité, intersectionnalité, violence structurelle
« Pourquoi quitter maintenant? » : le passage à la vie adulte et la construction identitaire de jeunes vivant en foyer de groupe au Québec
Stéphanie Dozois
École de service social, Université d’Ottawa
On dénote un grand nombre d’études s’intéressant à la réalité des jeunes placés sous les soins de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ). Bien qu’il soit aujourd’hui clair que le placement comporte des enjeux importants pour les jeunes, qui peuvent notamment être constatés à l’âge adulte, cette pratique est encore très souvent utilisée. D’ailleurs, même si le foyer de groupe est un milieu fréquemment choisi pour accueillir cette clientèle, peu d’intérêt y est accordé dans la recherche.
Cette étude s’intéresse donc à la façon dont les jeunes pris en charge par la DPJ et placés en foyer de groupe se construisent comme adulte. Cette recherche permet de cibler les éléments influençant la construction de soi de cette population. Elle contribue à élargir les connaissances sur ce milieu de vie qu’est le foyer de groupe et fait ressortir les enjeux auxquels sont confrontés les jeunes qui expérimentent la prise en charge.
CAST : La parole aux « sans voix » au sein du système de protection de la jeunesse à Ottawa
David Israel Falardeau
École de service social, Université d’Ottawa
Ce mémoire présente la Children’s Aid Society Teens (CAST), un groupe de défense des droits actif au sein de la Société de l’aide à l’enfance d’Ottawa. Ce groupe, qui existe depuis maintenant plus de 30 ans, agit dans l’intérêt des jeunes pris en charge à Ottawa. Depuis ses débuts, le groupe s’est impliqué dans plusieurs initiatives locales et provinciales visant à changer les politiques touchant les jeunes pris en charge. Puisque les études démontrent qu’il n’est pas habituel pour des jeunes vivant dans des situations précaires de se mobiliser comme le fait la CAST, nous voulions identifier les bienfaits à court et à long terme de cette prise de pouvoir et déterminer des stratégies prometteuses pour la défense des droits dans ce contexte. Nous avons donc effectué une recherche qualitative dont l’objectif était de découvrir les motivations des membres de la CAST à s’engager dans la défense des droits. Nous avons réalisé sept entretiens semi-dirigés avec des jeunes récemment impliqués dans le programme, mais également avec d’anciens membres du groupe, pour pouvoir comparer les cohortes. Parmi les sujets qui sont ressortis, l’amélioration de l’estime de soi ainsi que certains changements au niveau politique, engendrés par une prise de pouvoir, font partie des résultats de ces entrevues. Finalement, certaines stratégies prometteuses sont ressorties de cette recherche pour aider à l’éventuelle création de groupe de défense des droits dans un contexte de protection, ailleurs dans la province.
De l’assimilation à l’engagement : l’implication de la jeunesse francoontarienne comme vecteur d’affirmation identitaire des francophones en contexte minoritaire
Catherine Isabelle Gagnon
École de service social, Université d’Ottawa
Le processus identitaire des jeunes en contexte francophone minoritaire se distingue, de certaines façons, de celui des jeunes qui ne font pas partie de groupe majoritaire au niveau linguistique. Il est question dans ce mémoire de voir comment le concept d’identité se forge chez la jeunesse franco-ontarienne à travers les revendications qu’elle a menées par rapport à son engagement et relativement à l’accès aux études en français.
Les concepts de l’identité et de la jeunesse sont utilisés en vue de l’analyse des enjeux d’insécurité linguistique tels que vécus par les jeunes Franco-Ontariennes et Franco-Ontariens. L’auteure du mémoire cherche à découvrir comment ces enjeux mènent à une remise en question de l’identité francophone en contexte minoritaire jusqu’à contribuer à l’assimilation. Elle effleure également quelques pistes de solution possibles pour contrer cette insécurité sur le plan langagier, par exemple un plus grand accès aux études postsecondaires en langue française de même qu’une augmentation d’espaces francophones où l’on se sent « chez soi ».
La notion d’engagement est explorée comme étant un moyen potentiel d’affirmation identitaire. Les initiatives de type « grassroot » et les approches de type « par et pour » sont des types d’intervention non traditionnelle qui contribuent à la formation de citoyennes et citoyens engagés.
Naviguer à travers le système sociojudiciaire et être une mère victime de violence conjugale — entre violence post-séparation et empowerment
Charlotte Gagnon
École de service social, Université d’Ottawa
Bien que la violence conjugale ait fait l’objet de nombreuses recherches depuis qu’elle a été reconnue comme étant une problématique sociopénale au cours des années 1980, peu d’études se sont penchées, en contexte québécois, sur la façon dont les femmes victimes de violence conjugale font l’expérience des instances du système sociojudiciaire. Ce mémoire vise à répondre à ce besoin et tente d’illustrer les multiples formes d’oppression que subissent les femmes victimes de violence conjugale qui ont recours au système sociojudiciaire, en ce qui a trait à leur propre expérience de victimisation, mais aussi à l’organisation des structures sociales, politiques et économiques.
De surcroît, ce mémoire, réalisé en vue de l’obtention d’une maîtrise en service social, s’inscrit dans une démarche féministe dans la mesure où il valorise la parole des femmes et offre une plateforme à ces dernières pour qu’elles puissent partager leur expérience en vue de l’amélioration des pratiques. Sur la base d’une analyse de données secondaires, les propos de quatre femmes québécoises, recueillis initialement dans le cadre du documentaire Nouveau Départ, réalisé par et pour les femmes, seront analysés selon les domaines compris dans la matrice de la domination, qui a été théorisée par Patricia Hill Collins et qui s’inscrit dans un cadre féministe intersectionnel.
D’une part, les résultats démontrent que, dans l’ensemble, il existe une disparité dans la façon dont les femmes vivent leurs interactions avec les instances du système sociojudiciaire en fonction de leur statut socioéconomique et de leur réseau de soutien social et économique. D’autre part, cette recherche permet de confirmer la thèse selon laquelle les femmes victimes de violence conjugale sont revictimisées dans un contexte de violence post-séparation. Les participantes montrent que leur conjoint a instrumentalisé les diverses démarches judiciaires pour poursuivre et accroître leur contrôle en contexte de post-séparation. S’ajoutent à cela les différents obstacles auxquels les femmes se sont butées. Néanmoins, les femmes font preuve de résilience et emploient diverses stratégies, centrées principalement sur leur expérience de maternité, qui favorisent une reprise de pouvoir sur leur vie en dépit des différentes oppressions qui sont maintenues à leur égard par les structures sociales, politiques et économiques.
La représentation socioprofessionnelle et l’expérience des pompiers à temps partiel oeuvrant en milieu rural au sein d’une région éloignée au Québec
Marie-Pier Gaudet
École de service social, Université d’Ottawa
Cette étude exploratoire de type qualitatif vise à saisir la représentation socioprofessionnelle afin de mieux comprendre l’expérience sociale des pompiers à temps partiel qui travaillent au sein d’un milieu rural en région éloignée en Gaspésie. Des entrevues semi-dirigées ont été réalisées auprès de sept pompiers occupant diverses fonctions au sein des services d’incendie ciblés par la recherche.
Les données obtenues ont été analysées par la méthode d’analyse intégrée du contenu des représentations sociales. L’analyse a permis de dégager la représentation socioprofessionnelle des pompiers à temps partiel oeuvrant au sein d’un milieu rural en région éloignée, qui décrit ce métier comme étant difficile, utile pour la communauté, complexe et valorisant. Elle implique ainsi la passion, l’implication, la débrouillardise et la fierté des pompiers. L’étude de la représentation socioprofessionnelle des pompiers rencontrés a permis de mieux comprendre leur expérience de pratique professionnelle. En même temps, le quotidien au coeur d’un milieu rural en région éloignée, le statut de pompier à temps partiel et sur appel ainsi que le danger associé à l’exercice du métier influencent de manière importante la représentation socioprofessionnelle que les participants rencontrés ont de leur profession.
Les résultats obtenus permettent de cibler les enjeux propres au métier de pompier à temps partiel au sein d’un milieu rural en région éloignée. Ainsi, les principales contraintes inhérentes à la pratique de ce métier sont l’intervention auprès de l’entourage et des connaissances, les difficultés relatives au recrutement et à la rétention, le faible nombre d’effectifs et d’appels, les relations parfois tendues avec les municipalités ainsi que les conséquences familiales dues aux départs précipités. Par ailleurs, les avantages notables sont la fierté liée au métier de pompier, la diversité des interventions, des tâches et des professions principales, le modèle offert à la communauté ainsi que le statut social associé au métier.
Bien que tous les participants rencontrés s’accordent pour dire que leur métier peut représenter une source de difficulté autant sur le plan physique que psychologique, les résultats obtenus montrent que la population cible utilise des stratégies d’adaptation leur permettant de surmonter les contraintes identifiées dans l’exercice de leur métier. Ces stratégies peuvent être de nature individuelle, par exemple l’utilisation d’une carapace lors des interventions, l’expression du vécu, l’humour et le refus d’intervenir lors d’une situation impliquant un membre de l’entourage. Elles peuvent également regrouper des stratégies collectives comme la personnification du feu, le débreffage après chacune des interventions ainsi que le recours au CLSC lorsqu’un soutien psychosocial s’avère nécessaire à la suite des interventions difficiles.
Mots clés : pompier à temps partiel, représentation socioprofessionnelle, expérience, Québec, milieu rural en région éloignée
Jeunes dangereux ou jeunes en danger?
Comment les représentations sociales des gangs de rue au sein des intervenants et des policiers ont des retombées sur les services pour les jeunes garçons dans la région d’Ottawa
Véronic Grondin
École de service social, Université d’Ottawa
En premier lieu, ce mémoire vise à étudier les représentations sociales des gangs de rue ainsi que des jeunes garçons qui les composent. Plusieurs influences, telles que les médias, contribuent à l’incompréhension des gangs de rue dans la société et, conséquemment, aux perceptions négatives. En deuxième lieu, ce mémoire a pour but d’analyser les retombées de ces représentations sociales sur les services offerts aux jeunes garçons à Ottawa. Pour réaliser cette étude, nous avons effectué six entretiens semi-dirigés auprès d’intervenants et de policiers oeuvrant auprès d’eux dans la région d’Ottawa. Ensuite, les données ont été traitées par l’analyse thématique de contenu.
Notre recherche a permis de constater plusieurs retombées des représentations sociales, tant au niveau des services que des approches d’intervention utilisées par les professionnels. Les représentations sociales affectent la création de services, les attentes quant à ces derniers ainsi que le type d’aide qui sera offert aux jeunes garçons. Par ailleurs, nous remarquons aussi que les représentations sociales des intervenants et des policiers diffèrent à quelques niveaux. Ainsi, nous notons que les intervenants ont une vision plus positive que les policiers, ce qui influence leurs interventions et leurs approches et qui, par la force des choses, a un impact sur leurs expériences et leurs liens avec les jeunes garçons. Au terme de cette recherche, plusieurs pistes de réflexion et de changement sont proposées tant au niveau de l’intervention que des recherches futures.
L’intégration des aînés immigrants d’origine haïtienne à Ottawa : les défis socioculturels et l’accès aux services en français
Dalina Jean Baptiste
École de service social, Université d’Ottawa
Ce travail de recherche vise à s’interroger sur l’expérience d’intégration des aînés immigrants d’origine haïtienne à Ottawa et, du coup, à comprendre la perception des aînés quant à l’accessibilité aux soins de santé et aux services en français. Il s’agit d’une étude à perspective qualitative, qui est principalement basée sur l’approche narrative développée par Michael White et David Epston pour les récits de vie (Serge Mori et Georges Rouan, 2011).
La plupart des aînés immigrants d’origine haïtienne rencontrent des obstacles qui enfreignent leur processus d’intégration au Canada. Les données recueillies montrent que des facteurs, tels que la barrière linguistique, la situation économique défavorable et le niveau de scolarité jugé insuffisant, apparaissent comme des obstacles majeurs auxquels les aînés immigrants d’origine haïtienne se heurtent dans leur intégration. Dans la discussion des données, nous avons fait appel au cadre théorique de l’exclusion sociale de Véronique Billette et Jean-Pierre Lavoie (2010) dans le but de comprendre les stratégies développées par ces derniers pour contourner ces obstacles.
Mots clés : aînés immigrants, exclusion sociale, intégration, stratégies, soins de santé en français, obstacles, accessibilité
L’itinérance invisible et la précarisation multiple des femmes : récits de vie de mères monoparentales et immigrantes vivant dans la région d’Ottawa
Berthe Kabore
École de service social, Université d’Ottawa
Ce mémoire est le fruit d’une réflexion sur l’itinérance invisible et la précarisation multiple des femmes immigrantes et monoparentales d’Ottawa. Ce projet a pour but principal de mieux comprendre l’expérience et le vécu de ces femmes ainsi que les principales stratégies développées par celles-ci pour survivre et faire face aux difficultés rencontrées. Par l’entremise des récits de vie de quatre femmes, nous mettons en lumière leurs expériences et leurs vécus pendant les périodes pré-migratoire, migratoire et post-migratoire. La mise en commun de ces récits nous a permis de voir que les trajectoires des femmes, que ce soit dans le pays d’origine ou dans le pays d’accueil, sont jalonnées de nombreuses difficultés qui sont liées à l’intersection de diverses catégories sociales d’oppression, en particulier la race, le genre et la classe sociale. Les trajectoires des femmes montrent qu’elles sont en effet soumises à de multiples formes de pouvoir et de domination, allant de la violence familiale, institutionnelle et économique à la discrimination systémique. Elles sont exclues, isolées et souvent invisibles du reste de la société. Leurs témoignages font ressortir que ce sont ces facteurs d’oppression et de précarisation qui, combinés, les poussent à une forme d’itinérance invisible au Canada, laquelle se manifeste par des va-et-vient dans des maisons d’amies, de connaissances ou de membres de la famille, et des entrées et sorties des refuges ou des maisons d’hébergement. Nous montrons que cette forme d’itinérance invisible constitue, paradoxalement, chez les femmes immigrantes et monoparentales, une stratégie de résilience à laquelle elles ont recours pour éviter la rue, fuir la violence familiale et protéger leurs enfants.
Vivre le processus de la mort : l’expérience des personnes aînées du quatrième âge
Julie Marie Lalonde
École de service social, Université d’Ottawa
Dans une perspective critique de la gestion médicale et sociale de la mort, cette recherche a comme objectif d’acquérir une meilleure compréhension de l’expérience subjective du processus de la mort chez les personnes aînées du quatrième âge et, plus précisément, de cerner leurs perceptions et leurs conceptions du processus de la mort. Pour atteindre ces objectifs, une recherche qualitative a été réalisée à partir d’entrevues semi-dirigées. Une analyse thématique des données amassées a permis de formuler quatre grandes dimensions, soit les perceptions du processus de la mort, les perceptions de la santé et du vieillissement, l’expérience de transition en foyer de soins de longue durée et les enjeux rencontrés au quotidien en foyer de soins de longue durée. Les données ont été analysées dans une perspective théorique inspirée de l’analyse critique du discours et des concepts de l’iatrogénèse sociale, de la médicalisation et de l’institutionnalisation. Les personnes participantes ont partagé de multiples perceptions du processus de la mort, notamment en ce qui concerne la conscience de la mort, l’appréhension de la mort, les conditions d’une mort désirable, les préparations pour la mort et l’impossibilité de parler de la mort avec leurs proches. Les perceptions révèlent une subjectivité qui reflète l’expérience du processus de la mort et qui sert à démontrer que la vision biomédicale de la mort, adoptée par le modèle médical en fin de vie, n’est pas conforme à cette réalité.
Mots clés : processus de la mort, personnes aînées du quatrième âge, foyer de soins de longue durée, perceptions, analyse critique du discours, iatrogénèse sociale, médicalisation, institutionnalisation
Subir ou choisir la route vers la réinvention d’un monde plus écologique? Un meilleur rapport pour un meilleur lendemain
Karina Lavictoire
École de service social, Université d’Ottawa
Malgré l’existence d’une certaine quantité de recherches sur les éco-villages, la recension des écrits nous a permis de constater que peu d’attention a été accordée à la réalité subjective des résidentes et résidents des éco-villages et, plus spécifiquement, aux façons dont l’implication au sein d’un éco-village peut influencer leur rapport avec l’environnement « naturel ». Ce projet tente de combler cette lacune. La mise en relation du concept de l’écologie profonde et de la simplicité volontaire offre une nouvelle interprétation des raisons pour lesquelles on observe un rapprochement dans le rapport des éco-villageois et des éco-villageoises avec l’environnement « naturel ». Ce projet vérifie justement l’incidence que l’implication au sein d’un éco-village peut avoir sur le rapport des résidentes et résidents avec l’environnement « naturel ». Plus spécifiquement, il a été question de comprendre leur perception et leur rapport avec l’environnement « naturel » avant et après avoir vécu au sein de l’éco-village ainsi que d’explorer les facteurs liés à leur implication au sein de l’éco-village qui ont eu une influence sur leur rapport avec l’environnement « naturel ». Des entretiens semi-dirigés ont été réalisés auprès de cinq résidentes et résidents d’un éco-village en Ontario. Les résultats ont été analysés à l’aide de méthodes qualitatives. Cette recherche contribue à faire comprendre l’évolution du rapport des personnes avec l’environnement « naturel » à la suite de leur implication au sein d’un éco-village, en combinant les concepts de l’écologie profonde et de la simplicité volontaire. Les conclusions de cette recherche permettent de mieux comprendre le vécu des résidentes et résidents de l’éco-village et les facteurs qui influencent leur rapport avec l’environnement « naturel ». Ces résultats orienteront les pratiques d’intervention et la société en général, permettant ainsi de mieux comprendre ce qui peut être fait pour améliorer notre rapport avec l’environnement « naturel » et, en retour, atténuer les effets de la crise écologique.
Trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité chez les jeunes : effets de l’étiquette sur le fonctionnement de la salle de classe et la gestion des interactions avec l’entourage scolaire
France Lavigne
École de service social, Université d’Ottawa
Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est un diagnostic qui est apparu au courant du XXe siècle. Le domaine médical a graduellement pris en charge ce diagnostic, notamment en raison de la croissance du rôle médical, de la médication et de la médicalisation du social au cours des dernières décennies. Cette recherche de nature qualitative vise à mieux saisir les effets de l’étiquette du TDAH sur le fonctionnement de la salle de classe et sur la gestion des interactions des enfants atteints avec leur entourage scolaire. Plus spécifiquement, nous cherchons à comprendre les effets du diagnostic du TDAH sur la construction d’une étiquette envers les jeunes et la manière dont cette étiquette influence leurs interactions, autant avec les amis qu’avec les membres du personnel, dans le but de réfléchir aux interventions alternatives au recours systématique aux médicaments. Pour ce faire, la cueillette de données a été réalisée auprès de trois membres du personnel enseignant et éducatif au moyen d’entretiens semi-dirigés. Nos résultats montrent que les membres du personnel scolaire vivent de nombreux défis en ce qui concerne la gestion des comportements de l’enfant ayant un TDAH, la gestion de la salle de classe, ainsi que l’implication des parents dans l’apprentissage de leur enfant. De plus, le personnel scolaire pose des étiquettes sur l’enfant ayant un TDAH en interprétant l’ensemble de ses comportements comme étant « déviant » ou comme découlant d’une pathologie qu’il faut « contrôler ». Nous discutons des impacts de ces étiquettes et de ces stigmates sur la co-construction de l’identité de l’enfant, que celle-ci soit positive ou négative.
Le décrochage sportif : une autoethnographie
Cynthia Leblanc
École de service social, Université d’Ottawa
Ce mémoire présente mon parcours de vie en ce qui a trait à mon processus de décrochage sportif. À travers la forme autoethnographique, j’explore les impacts positifs que les approches structurelles ont eus sur ma perception de moi. J’expose comment le phénomène d’acculturation occidentale, soit l’évolution du sport vers une moralité normative, oppressive et structurée, a influencé positivement mon détachement envers ma pratique sportive.
Diverses théories énumèrent différents facteurs possiblement responsables du développement du décrochage sportif : le stress, les traits de personnalité, les traumatismes, les troubles alimentaires, les prédispositions neurologiques, ainsi que les influences organisationnelles, familiales et individuelles. Les traitements traditionnellement utilisés pour aider les gens vivant le retrait sportif s’attardent principalement aux facteurs psychologiques : dépistage, diagnostic, symptômes, casework, redressement de comportements, médication.
Par contre, la littérature n’aborde que très rarement le phénomène du décrochage sportif sous un angle structurel, avançant que les situations problématiques individuelles sont étroitement liées à l’organisation sociale. Pourtant, le décrochage sportif, bien que souvent perçu comme un burnout, se révèle aussi à travers les injustices, les axes d’oppression, l’inégalité des chances et l’impuissance. Étant une ancienne athlète de niveau national, je présente dans ce mémoire le fruit de mes expériences et de mes réflexions sur certaines contraintes et contradictions de la pratique sportive de haut niveau d’aujourd’hui. À cet égard, j’ose donc poser plusieurs questions, des questions qui dérangent.
De ce fait, le récit autoethnographique s’inscrit dans une perspective critique, son but étant de pallier un manque dans la littérature, tout en se distançant des théories existantes, car leurs généralités tendent à exclure un grand nombre de nuances reliées au vécu. Cette perspective tient donc sa force dans le détail que la subjectivité de mon histoire sociale peut offrir.
Finalement, cette autoethnographie m’a surtout permis de comprendre les principaux liens entre ma perception de moi-même et mon décrochage sportif. Elle démontre comment les approches structurelles m’ont aidée à développer une perception plus consciente et plus respectueuse de ma personne et m’ont aidée à mieux prendre conscience de mes limites et de mes besoins, pour enfin m’amener à avoir une image plus positive de moi, à accepter et à normaliser ce qui m’arrivait. Tout compte fait, ce récit autoethnographique, ce mémoire, m’amène à développer une confiance et une force libératrice en moi.
Ce mémoire s’adresse notamment aux parents, aux entraîneurs, aux spécialistes du sport et aux fédérations provinciales et nationales qui veulent approfondir leurs réflexions et repenser le sport en examinant l’ascension fulgurante d’une société capitaliste axée sur la performance, les valeurs méritocratiques, l’autonomisation et l’individualisation.
Mots clés : décrochage sportif, approches structurelles, autoethnographie, société capitaliste, reprise de pouvoir, reconstruction de soi
Le Marché Mobile d’Ottawa : un tremplin vers la souveraineté alimentaire et une réappropriation citoyenne de la ville
Philippe Le Voguer
École de service social, Université d’Ottawa
Depuis 2014, le Marché Mobile d’Ottawa, une épicerie roulante, se déplace dans les déserts alimentaires de la ville pour vendre des fruits et légumes à prix abordables. Il s’agit d’une des plus récentes tentatives de lutte contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire dans la capitale du Canada. Un retour en arrière permet de constater que ce genre d’initiative est devenu nécessaire notamment en raison de la montée de l’industrie agroalimentaire capitaliste, qui a grandement influencé les politiques internationales et nationales au cours des dernières décennies en traitant les aliments au même titre que toute autre marchandise. Selon les données présentées dans ce mémoire, les personnes qui fréquentent le Marché Mobile indiquent qu’elles et leurs familles consomment plus de fruits et légumes et que leur santé se porte mieux. Les témoignages recueillis indiquent aussi que les gens de ces quartiers ressentent un plus grand sentiment d’appartenance à leur communauté depuis la création du projet. Les cadres conceptuels de la souveraineté alimentaire et le droit à la ville permettent de constater que le Marché Mobile n’est pas une solution permanente, mais un tremplin vers quelque chose de durable. Une des recommandations principales est la mise en place d’une politique alimentaire nationale au Canada.
D’où viens-tu? : la construction de l’identité multiple de jeunes adultes issus d’unions mixtes au Québec
Paula Andrea Londoño Gomez
École de service social, Université d’Ottawa
Dans le cadre de cette étude, nous avons voulu mieux comprendre l’influence de la transmission de la culture sur la construction identitaire de jeunes adultes issus d’une union mixte et ayant grandi au Québec. Une approche qualitative a été priorisée et menée sous forme d’entretiens semidirectifs auprès de six participants âgés de 18 à 26 ans et dont l’un des parents est issu du Québec et l’autre a immigré au Canada. Une analyse thématique a été privilégiée. Cette étude met en évidence l’importance des transmissions dans le développement de l’identité des personnes issues de la mixité. Parmi celles-ci, le voyage, l’utilisation des deux langues à la maison et le récit familial se sont avérés des stratégies très influentes dans la construction identitaire des participants. D’autres ont permis aux jeunes de se familiariser avec la culture du parent migrant, sans toutefois laisser une trace perceptible sur leur identité. Dans certains cas, une faible transmission de la culture du parent minoritaire engendre chez les jeunes des sentiments de confusion identitaire, créés entre autres par le manque de repères. Ainsi, les répondants tendent à développer des appartenances identitaires multiples et revendiquent à la fois une appartenance au Québec, au Canada et au pays d’origine de leur parent migrant. Cette identité multiple est par ailleurs articulée différemment dans le temps et selon les situations. Par exemple, les répondants peuvent instrumentaliser, en quelque sorte, ces appartenances en mettant de l’avant celles qui les avantagent le plus selon les circonstances. Ces fluctuations, présentes depuis leur enfance, sont aujourd’hui moins marquées, mais elles demeurent et risquent de durer toute leur vie. Néanmoins, une certaine complexité est associée à la gestion de cette identité, due en grande partie au regard de l’autre. À travers ce regard, les participants sont souvent renvoyés à leur différence (qu’elle soit basée sur la couleur de la peau, l’accent, etc.), ce qui les pousse parfois à choisir de mettre à distance une partie de leur identité, c’est-à-dire celle issue d’un groupe minoritaire. En matière d’intervention publique, nos résultats montrent l’importance de s’attarder davantage aux processus d’intégration des jeunes issus de couples interculturels dans leur milieu scolaire. Enfin, une plus grande compréhension du vécu de ces personnes contribuerait grandement à l’amélioration des interventions sociales faites auprès des familles mixtes, une réalité qui ne cessera d’augmenter.
La puissance du lien de confiance en intervention sociale : une autoethnographie d’une enfant devenue travailleuse sociale
Stephanie Loubier-Fortier
École de service social, Université d’Ottawa
Ce mémoire pose d’entrée de jeu un regard critique sur les discours concernant les adolescents « à risque », « en danger » ou « dangereux ». Il s’interroge sur les méthodes d’intervention qui en découlent, surtout lorsqu’elles visent des milieux aux prises avec des conditions de vie difficiles.
Prenant son ancrage dans un vécu d’enfant et d’adolescente, et de travailleuse sociale auprès des jeunes, cette recherche est née du désir de démontrer, d’une part, les effets néfastes de l’étiquetage des jeunes et des groupes à risque et, d’autre part, les effets émancipateurs des approches alternatives avec les enfants et les adolescents.
Pour faire cette démonstration, une méthodologie autoethnographique a été privilégiée. Le récit réflexif d’un parcours de vie et son analyse critique ancrés dans un espace-temps socioéconomique et culturel ont permis de faire émerger trois grands axes pouvant guider l’intervention avec les enfants et les adolescents : 1) la reconnaissance des enfants et des adolescents comme acteurs sociaux et auteurs de leur vie; 2) le lien de confiance réciproque construit dans la temporalité au sein de relations significatives entre les adultes et les enfants/adolescents; 3) les effets libérateurs et émancipateurs qu’engendrent les approches alternatives d’intervention sociale. Le mémoire se termine par la description d’un programme d’intervention alternative inspiré de cette démarche réflexive.
Mots clés : enfants, adolescents, à risque, familles, vulnérabilité, autoethnographie, lien de confiance, approches alternatives, émancipation, intervention sociale, construction sociale
La guérison à travers le récit
Isabelle Macnider
École de service social, Université d’Ottawa
Ce mémoire explore l’expérience d’être le parent d’un enfant atteint d’autisme. L’auteure présente un historique de l’autisme en fonction de l’évolution du diagnostic et des représentations diverses de l’autisme, telles que le mouvement de neurodiversité et les perspectives interculturelles. Elle décrit le contexte local des services communautaires offerts aux familles d’enfants atteints d’autisme à Ottawa (et dans l’Est ontarien). Le mémoire comprend une revue de la littérature sur les défis et les stratégies d’adaptation des parents. Il décrit une ressource, soit le chien d’assistance à l’autisme, de même que les façons multiples dont ces chiens peuvent aider les enfants autistes et leur famille. À travers une autoethnographie, cette recherche se base sur un cadre théorique, qui utilise la théorie systémique pour décrire les liens entre la famille et les systèmes de services sociaux, et la théorie cognitivo-comportementale pour expliquer l’adaptation des parents et la ressource qu’est le chien d’assistance à l’autisme. L’autoethnographie est basée sur l’expérience personnelle de l’auteure en tant que parent d’enfant autiste et sur sa participation au programme de chien d’assistance à l’autisme. Les thèmes qui ressortent de l’autoethnographie sont : le diagnostic, le développement de l’enfant typique et atypique, la présence de la famille en communauté, les rôles familiaux, la navigation dans le système de services et la voix du parent. Ces thèmes sont observés dans une perspective systémique. En guise de discussion, le contexte interculturel, l’empowerment familial, l’approche des services axés sur la famille ainsi que les barrières systémiques sont abordés. En conclusion, les implications pour le travail social et les pistes de recherches futures sont discutées.
Représentation sociale de la surdité chez les parents franco-ontariens ayant un enfant malentendant
Le RESO et le Centre Jules-Léger, Ottawa — une étude de cas
Gabriel Marin
École de service social, Université d’Ottawa
Cette recherche se propose de saisir les représentations sociales (S. Moscovici, 1961) de la surdité aujourd’hui pour comprendre comment cet univers influence l’ « engagement » (H. Lane, 1980) et la « communication sociale » (D. Jodelet, 1989) pour la mise en place de politiques plus inclusives au sein des institutions en Ontario. Dans un premier volet, à travers une démarche historique comparative, nous soulignons l’enjeu identitaire de l’éducation en langue des signes chez les sourds, particulièrement chez les sourds francophones au Canada. Dans un deuxième volet, à partir d’un cas de figure, soit celui de l’école franco-ontarienne Centre Jules-Léger (CJL) d’Ottawa, nous présentons l’analyse des témoignages des parents ayant un ou plusieurs enfants inscrits au CJL.
S’appuyant sur les témoignages de personnes groupées autour d’un organisme comme le Regroupement des parents et amis des enfants sourds et malentendants franco-ontariens (RESO), notre analyse met en lumière les défis de la surdité chez les parents entendants, ainsi que l’importance d’une école francophone pour l’apprentissage de la langue des signes en vue de la réussite sociale des sourds. Cette étude montre comment la représentation sociale de la surdité va de pair avec l’importance de l’éducation chez les sourds (l’enseignement de la langue des signes). De plus, elle met en relief la contribution des parents entendants d’enfants sourds au développement et à la reconnaissance de la langue des signes propre aux sourds franco-ontariens (LSQ) et de la culture propre aux sourds.
L’engagement des parents et des amis entendants à la sauvegarde du CJL (la rédaction de ce mémoire coïncidant avec une tentative de fermeture de l’école par le gouvernement de l’Ontario) montre l’identité sourde à la lumière d’une nouvelle dimension, issue de sa représentation sociale actuelle. Ainsi, les formes d’appartenance à la communauté sourde ne se créent pas par une « déficience », mais à travers l’expérience et le vécu de la surdité, et ce, dans la proximité familiale et surtout par une mémoire partagée (A. Margalit) de la surdité, comme diversité culturelle du fait social.
Vers la guérison du vécu dépressif. Exploration des stratégies utilisées par les personnes dépressives afin de gérer leur mal-être
Aude Martel
École de service social, Université d’Ottawa
La dépression est appréhendée, comprise et gérée comme un trouble lié à la psyché au sein des sociétés contemporaines occidentales. Évoluant dans une société où les normes en présence demandent sans cesse aux sujets de faire preuve d’initiative, d’autonomie et de responsabilité, l’individu dit dépressif est considéré comme « l’acteur » (Ehrenberg, 1998) de sa propre vie. Dès lors, l’être considéré pathologique se doit d’agir sur une santé mentale qui l’empêche d’être fonctionnel ou performant et de répondre aux attentes sociales. Dans le cadre de ce mémoire de maîtrise, nous avons voulu saisir les stratégies utilisées par les personnes souffrant de dépression dans l’optique de gérer cette dernière. Ainsi, une analyse qualitative d’entrevues semi-dirigées, menées auprès de 18 personnes ayant vécu un épisode dépressif, nous a permis de mettre en lumière les diverses stratégies utilisées. Celles-ci comprennent des services professionnels et non professionnels, des stratégies « alternatives » ainsi qu’un travail sur soi. Dans leur globalité, ces stratégies se révèlent être des outils privilégiés favorisant la régulation des conduites individuelles et conduisant l’individu « pathologisé » à se conformer aux attentes sociales.
L’accessibilité aux soins de santé et services sociaux des personnes âgées immigrantes francophones de l’Afrique centrale en contexte linguistique minoritaire : de l’exclusion à un droit aux soins
Catherine Tshijuka Mpiana
École de service social, Université d’Ottawa
Ce projet s’intéresse aux personnes aînées immigrantes francophones de l’Afrique centrale vivant à Ottawa. Il a pour objectif d’identifier les obstacles et les barrières auxquels ces personnes âgées francophones africaines en contexte minoritaire sont confrontées et de s’interroger sur les conséquences engendrées par le manque d’accessibilité aux soins. En effet, nous avons trouvé important de savoir comment le triple fardeau de l’âge, de la langue et du statut d’immigrant influence l’accès aux soins de santé et services sociaux des personnes âgées de 65 ans et plus, originaires d’Afrique centrale qui s’installent à Ottawa.
Comme hypothèse, nous avons pensé qu’il était fort probable qu’en raison des facteurs de l’âge, de la langue et de la culture, il existe des difficultés qui puissent nuire à la santé de cette population à l’étude.
Le cadre conceptuel sur l’exclusion sociale et l’analyse par théorisation ancrée nous ont permis de comprendre les difficultés auxquelles ces personnes âgées sont confrontées. En effet, nous avons fait ressortir les points essentiels de la problématique en nous basant sur les expériences vécues, et c’est sur cette base que nous avons proposé des pistes de solution dans la conclusion de ce mémoire.
Mots clés : accessibilité, soins de santé et services sociaux, personnes âgées immigrantes francophones, Afrique centrale
Voix autistes franco-ontariennes / Blogue collaboratif / Savoir émique des jeunes et adultes autistes francophones de l’Ontario : discours sur les inégalités sociales et de santé vers une reconnaissance de la neurodiversité. Recherche exploratoire participative sur Internet
Bianca Nugent
École de service social, Université d’Ottawa
Menée par l’entremise d’un blogue collaboratif, cette recherche « par et pour » de type participatif sur Internet se distance des discours biomédicaux de l’autisme focalisés sur l’enfance. Elle s’interroge plutôt sur les dimensions sociales et culturelles des jeunes et des adultes autistes franco-ontariens en situation linguistique minoritaire. Son objectif est double : 1) faire entendre leurs [voix] pour mettre en lumière leurs expériences liées aux principaux déterminants d’inégalités sociales de santé; 2) analyser le potentiel de reconnaissance de la neurodiversité comme une [voie] émancipatrice de transformation sociale de l’identité autiste assujettie à une étiquette d’être « troublé ». Le blogue Voix autistes franco-ontariennes a été diffusé du 17 au 30 juin 2016 et a servi de support virtuel au savoir émique pour quatre participants-blogueurs âgés de 17 à 35 ans. Chacun de leurs dix-sept billets de blogue révèle au grand jour des thèmes peu étudiés : 1) les barrières d’accès aux services en français; 2) leurs motivations à la socialisation; 3) leurs expériences de marginalisation sociale; 4) leurs aspirations à l’autodétermination; 5) l’importance accordée au réseau de soutien; 6) leurs relations avec le pouvoir. Cette initiative comble un vide dans la blogosphère franco-ontarienne. Elle a aussi facilité une prise de parole engagée de la part d’un groupe minoritaire, et ce, au vu et au su de centaines d’internautes devenus des témoins actifs de la portée des impacts des inégalités sociales de santé sur leur vie et sur leur identité.
Mots clés : autisme, blogue collaboratif, contexte minoritaire linguistique, inégalités sociales de santé, neurodiversité, netnographie, normocentrisme, marginalisation sociale, recherche participative, stigmatisation
Vieillir ensemble : une étude sur la cohabitation d’adultes plus âgés
Sophia Oumzil
École de service social, Université d’Ottawa
Ce projet de niveau maîtrise élucide les motivations qui poussent les adultes plus âgés à choisir de vivre en cohabitation au Canada. En utilisant une méthodologie qualitative et narrative, ainsi qu’un cadre conceptuel d’inclusion et d’exclusion sociale, nous avons obtenu des résultats qui s’alignent sur ceux d’études précédentes sur la cohabitation chez les adultes à l’extérieur du Canada. Il en ressort cinq thèmes principaux : une narrative personnelle d’intentionnalité, un désir de rester une personne active socialement, vieillir avec autonomie, les difficultés potentielles de la cohabitation et l’environnement général entourant la communauté de cohabitation. Notre étude démontre que les raisons pour lesquelles les adultes plus âgés au Canada choisissent la cohabitation sont similaires à celles évoquées dans d’autres pays, et que les avantages et les désavantages restent les mêmes. Notre recherche met en lumière plusieurs thèmes qui traitent directement des dimensions d’inclusion sociale. La cohabitation se montre comme un bon exemple de la façon dont les initiatives communautaires peuvent créer l’inclusion sociale, particulièrement pour des adultes plus âgés.
Mots clés : vieillir, adultes plus âgés, cohabitation, Canada, Colombie-Britannique
Perspectives sur la violence conjugale et effets sur l’orientation des programmes et des pratiques des intervenants auprès d’hommes ayant des comportements violents
François Plouffe
École de service social, Université d’Ottawa
Cette recherche porte sur l’orientation de programmes ontariens et québécois de la région d’Ottawa et de l’Outaouais destinés à des hommes ayant des comportements violents et sur les pratiques qui en découlent. Huit professionnels ont été interrogés sur les balises d’intervention des programmes au sein desquels ils oeuvrent et sur la façon dont celles-ci influencent leurs pratiques. Les entrevues réalisées auprès de ces intervenants ont permis de cerner à la fois les prémisses sur lesquelles se basent les programmes au sein desquels ils travaillent et la façon dont ils forgent leurs propres pratiques. Notamment, ils doivent adapter leurs interventions en tenant compte de différentes dimensions : l’influence de la socialisation masculine sur les hommes qui se présentent dans leurs services, les différents facteurs liés aux situations et les réactions spécifiques de chacun des hommes à leurs interventions. Les pratiques qu’ils développent concordent parfois avec les lignes directrices de leur programme. Dans d’autres situations, ils estiment devoir en déroger afin de générer des changements chez les hommes rencontrés.
Les racines contemporaines de la santé mentale à l’adolescence : une perspective eriksonnienne
Jacqueline Richer
École de service social, Université Laurentienne
Ce mémoire théorique s’inspire de notre longue pratique en matière d’intervention face aux comportements autodestructeurs, y compris les pensées suicidaires, la dépression et l’anxiété chez les adolescentes et adolescents d’aujourd’hui. Nous désirions avoir une meilleure compréhension de la complexité des modalités de la construction identitaire des jeunes et des multiples ruptures et contradictions systémiques de la société contemporaine qu’ils doivent affronter pour y parvenir.
L’approche choisie est de nature interdisciplinaire. Elle comprend les aspects biologiques, sociaux, philosophiques, anthropologiques et psychologiques, et le développement de l’individu. Nous avons choisi d’utiliser la théorie du développement psychosocial d’Erikson pour mener à bien notre exploration. Cette théorie, appuyée par les travaux de Greenspan et Shanker, fournit le cadre contextuel pour comprendre les exigences fondamentales de l’acquisition d’une identité saine par l’entremise de divers stades psychosociaux.
La recherche a analysé un ensemble de facteurs tels : la structure de la famille, le rôle et les styles parentaux, les relations, la culture, les pratiques, l’autodétermination, le matérialisme, la consommation, ainsi que d’autres déterminants sociaux. Chaque déterminant impose une certaine influence sur la formation d’une identité saine pour l’adolescente et l’adolescent.
Le but du mémoire ne consiste pas à fournir aux lectrices et lecteurs des approches ou des stratégies directes dans la résolution de problème de santé mentale des adolescentes et adolescents, mais plutôt à offrir une critique et une compréhension globale des éléments multiples qui contribuent à l’état de déséquilibre. Cela devrait mener à des pistes de réflexion pour servir l’intervention en service social.
« Pour le meilleur et pour le pire » : l’expérience des femmes de 50 ans et plus victimes de violence conjugale en milieu rural et francophone minoritaire
Véronique Savard
École de service social, Université d’Ottawa
Ce mémoire de maîtrise présente tout d’abord une revue critique de la littérature portant sur les réalités des femmes qui avancent en âge, vivent en milieu rural franco-ontarien et sont victimes de violence conjugale, ainsi que sur les enjeux rencontrés dans leur parcours de sortie de violence. L’objectif de la recherche visait à identifier les stratégies de sortie ainsi que les facteurs de résilience que déploient les femmes de 50 ans et plus pour mettre un terme à une relation violente. Une recherche qualitative, utilisant la technique des récits de vie, a été réalisée auprès de quatre femmes âgées de 56 à 78 ans. Les résultats démontrent, en ce qui a trait aux particularités du milieu rural, l’importance du mariage et de la religion en milieu rural. Trois des quatre participantes ont décrit avoir eu besoin de recourir à des services à l’extérieur de Prescott-Russell, en raison du manque de services dans la région. En ce qui concerne les facteurs de résilience, la consommation d’alcool a permis à certaines femmes d’affronter leur conjoint violent en vue de les quitter. Aussi, avoir des enfants a représenté, pour certaines participantes, une raison pour rester avec leur conjoint, tandis que, pour d’autres, les enfants sont apparus comme un facteur de résilience et les ont incitées à quitter la relation violente. Quelques stratégies de sortie ont été dévoilées, principalement le fait de déposer une plainte aux services policiers, mais, plus encore, d’avoir été écoutées et prises au sérieux par ces derniers. Ultimement, la séparation et le divorce restent des stratégies efficaces pour mettre fin à la violence vécue par les femmes rencontrées. Nous avons constaté en conclusion l’importance de mener davantage de recherches participatives avec les organismes communautaires concernés ainsi qu’auprès des femmes touchées par cette problématique.
Des défis au féminin. Histoires migratoires de Marocaines diplômées au Québec
Denisa Elena Zevedei
École de service social, Université d’Ottawa
Dans le cadre de notre recherche de maîtrise, nous avons exploré les trajectoires migratoires de dix femmes marocaines en vue de comprendre en quoi la distinction de genre intervient dans le processus d’insertion sociale et professionnelle de ces femmes. En effet, notre recherche se trouve à l’articulation de la classe sociale, du genre et de la migration, en s’appuyant sur une observation microscopique, c’est-à-dire à l’aide d’entretiens biographiques. Alors que les théories féministes classiques semblent privilégier une analyse « additive » afin d’expliquer certaines difficultés à l’emploi, en empruntent la voie de l’intersectionnalité, nous avons observé qu’il ne s’agit pas tant d’une accumulation que d’une combinaison de facteurs qui interviennent dans la production des parcours migratoires et d’insertion professionnelle. Ce qui nous intéressait, c’était de dégager des configurations de facteurs qui produisent les trajectoires d’insertion des femmes, des trajectoires considérées à la fois sur un plan objectif (concordance qualification-emploi) et sur un plan subjectif (ce qu’en pense l’acteur social) et d’essayer de dégager la place du facteur genre dans la production de ces trajectoires. Est-ce que le genre est la première catégorie identitaire déterminante des parcours, ou est-ce que d’autres facteurs, tels que la classe sociale, la catégorie d’immigration et l’âge, interviennent en premier plan? Dans quelles conditions les femmes marocaines rencontrent-elles de la discrimination?
Nos résultats révèlent que la question du genre n’est pas le seul élément qui intervient dans le parcours des femmes migrantes marocaines et leur processus d’insertion sociale et professionnelle. Les origines sociales au Maroc, la catégorie d’immigration et l’âge, notamment, sont des éléments importants qui conditionnent le parcours migratoire au Canada ainsi que l’insertion professionnelle dans la société d’accueil.