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Tiré de la collection « Problèmes sociaux et Interventions sociales » , cet ouvrage collectif s’adresse aux intervenants, aux chercheurs et à toutes personnes intéressées par la délinquance juvénile. Même si sa publication date d’une dizaine d’années, les intervenants sociaux pourraient sans doute voir un portrait réaliste des comportements et des propos des jeunes d’aujourd’hui. Son objectif est d’expliquer le phénomène de la délinquance tel qu’il est vécu par les jeunes au niveau affectif et comportemental. Tout au long des sept chapitres, les auteurs abordent plusieurs thèmes spécifiques : les trajectoires de délinquance des garçons et des filles, la toxicomanie et le trafic de drogues en France, la diversité des trajectoires de rue des jeunes montréalais, les gangs de rue à Montréal, la déscolarisation des délinquants, l’identité personnelle des jeunes délinquants ainsi que leur vision du système pénal, des institutions et des acteurs impliqués dans leur processus de placement.
« Faire de la recherche avec les jeunes et non sur les jeunes » rapportent les éditrices (Brunelle et Cousineau, 2005, p.205). On retrouve d’ailleurs les propos des jeunes eux-mêmes dans l’ensemble de l’ouvrage. On remarque le souci d’apporter des informations concrètes et réalistes sur les premiers concernés, ce qui n’est pas commun à toutes les publications portant sur cette clientèle. Même si le point de vue des jeunes est au premier plan, le lecteur peut aussi prendre connaissance des avis des enseignants et des familles présents dans la vie de ces jeunes.
Par ailleurs, les auteurs insistent sur les interventions, les attitudes et les comportements à éviter auprès des jeunes concernés. Enrichissant au niveau des connaissances sur le problème de la délinquance, il aurait été intéressant de retrouver des recommandations qui guident concrètement l’intervenant. À cet égard, de nombreux facteurs de risques sont exposés alors que peu de facteurs de protection le sont. Ceux-ci ne sont-ils pas essentiels à un réel impact sur la trajectoire de ces jeunes?
De plus, la plupart des échantillons présentés dans l’ouvrage sont de petite taille. Même si cela est courant dans les recherches qualitatives, quelques recherches présentant des données quantitatives auraient été bienvenues pour appuyer les résultats. Cela aurait permis une généralisation plus intéressante de ceux-ci à plus grande échelle.
Contrairement aux autres chapitres, le cinquième sort du lot en présentant plusieurs études pour expliquer la déscolarisation des jeunes délinquants. Dans ce même chapitre, les termes et les acronymes utilisés décrivant la structure scolaire française peuvent faire perdre le fil au lecteur qui n’est pas nécessairement familier avec celle-ci. Il aurait été intéressant d’uniformiser ce chapitre utilisant l’âge des individus ou en effectuant la comparaison avec le système scolaire québécois. En outre, dans le chapitre 2, l’auteur rapporte des informations sur l’héroïne et son trafic en France qui datent déjà de plusieurs années. Quoi qu’intéressante d’un point de vue historique, celles-ci semblent peu applicables et généralisables pour l’intervention du Québec d’aujourd’hui.
Bref, ce livre est à conseiller si l’on veut enrichir nos connaissances sur la délinquance et avoir des informations réalistes sur le sujet. Même s’il n’est pas exhaustif, le contenu est toutefois très riche et permet au lecteur d’en apprendre davantage sur le problème de la déviance juvénile sans toutefois préciser les interventions à préconiser.