Résumés
Résumé
Comment le droit traite-t-il les émojis, les émoticÎnes et autres pictogrammes numériques destinés à clarifier ou nuancer un texte écrit, dénué de ces aides à la communication que sont le ton, les expressions faciales ou la gestuelle? à travers une étude empirique de la jurisprudence canadienne, mais puisant aussi à la linguistique, la sémiologie, la théorie de la communication ou les études culturelles, le présent article vise à mettre en lumiÚre certains biais de conception (notamment sur le plan des normes informatiques internationales) et de perception liés aux émojis et à analyser leur incidence sur le droit, particuliÚrement le droit judiciaire, le droit de la preuve et la méthodologie de la recherche juridique.
Abstract
How does the law deal with emojis, emoticons, and other digital pictograms that are intended to clarify or nuance a written text devoid of communicative tools like tone, facial expressions or gestures? Drawing on the fields of linguistics, semiology, communication theory and cultural studies, this article undertakes an empirical study of Canadian cases in order to shed light on the various ways in which emojis are conceived (notably from the point of view of international computing norms) and perceived. The article then analyzes the consequences of these findings for the law, particularly in the areas of procedural law, evidence, and legal research methodology.
Corps de lâarticle
Q: How do you rank yourself among writers (living) and of the immediate past?
Nabokov: I often think there should exist a special typographical sign for a smileâsome sort of concave mark, a supine round bracket, which I would now like to trace in reply to your question.
RĂ©ponse de Vladimir Nabokov Ă un questionnaire dâentrevue dâAlden Whitman pour le New York Times (19 avril 1969)[1]
Introduction
[1] Comment traduire un sourire entendu, un haussement dâĂ©paules, un roulement dâyeux? Pour Ă©laborĂ©e que puisse ĂȘtre une langue, les mots ne suffisent pas toujours Ă transmettre lâexact fond de sa pensĂ©e et la recherche est unanime Ă souligner lâimportance, pour une communication claire, du langage non verbal : changements de ton, postures, mimiques, gestuelle, kinĂšmes[2]. Et si le langage Ă©crit, rĂ©flĂ©chi, permet dâatteindre un grand degrĂ© de prĂ©cision, il a ce dĂ©savantage sur le discours oral dâĂȘtre dĂ©nuĂ© de ces expressions, limitĂ© au seul texte, en ce sens, purement fonctionnel[3].
[2] La question de savoir si le langage Ă©crit ne se trouverait pas rehaussĂ© ou enrichi de quelques signes dĂ©notant lâintention ou les sentiments du locuteur a sporadiquement amusĂ© des Ă©crivains, Nabokov, mais aussi Bierce[4] ou Bazin[5]. Ils seraient sans doute stupĂ©faits aujourdâhui par la prolifĂ©ration et la variĂ©tĂ© des « signes dâintention »[6] dans le discours moderne[7]. Car voilĂ en effet, quâĂ©mojis, Ă©moticĂŽnes, binettes, frimousses, smileys, kaomojis, stickers et autres pictogrammes numĂ©riques habitent dĂ©sormais toutes les communications Ă©lectroniques, courriels, messagerie instantanĂ©e, clavardage, dĂ©bordant mĂȘme parfois dans le monde tangible, panneaux-rĂ©clames ou marchandise Ă lâappui. Leur omniprĂ©sence a suscitĂ© lâintĂ©rĂȘt des chercheurs, tous domaines confondus : linguistique, sĂ©miotique, communication, psychologie, Ă©tudes culturelles, informatique.
[3] Partie intĂ©grante du discours moderne, cultures, langues et plateformes confondues[8], cette « ponctuation Ă©motionnelle »[9] se trouve nĂ©cessairement Ă percoler dans le discours de qui accĂšde Ă la justice. Pour omniprĂ©sents quâils puissent ĂȘtre dans la preuve, ces « signes dâintention » ne semblent pas avoir suscitĂ© auprĂšs des juristes le mĂȘme intĂ©rĂȘt que pour les chercheurs en linguistique, en psychologie, en informatique, en Ă©tudes culturelles ou en sciences de la communication. Le prĂ©sent article cherche donc Ă apporter une perspective juridique, voire judiciaire, au corpus grandissant qui traite du sujet. ConcrĂštement, nous avons cherchĂ© Ă connaĂźtre le traitement que les tribunaux canadiens accordent au phĂ©nomĂšne, tous ordres et toutes langues confondus. Ă cette fin, nous avons passĂ© en revue les principales banques de jurisprudence canadiennes, en dĂ©gageant un bassin qui, aprĂšs une mise en contexte des termes et notions en prĂ©sence, notamment quant Ă leur fonctionnement sur le plan informatique (partie I), sera prĂ©sentĂ© (partie II); on sâinterrogera ensuite sur la maniĂšre dont les Ă©mojis et les Ă©moticĂŽnes passent du discours du justiciable Ă la preuve au procĂšs, et de lĂ au jugement (partie III).
I. DĂ©finition, origine et nature[10]
A. LâĂ©moticĂŽne : le degrĂ© second de lâĂ©criture
[4] LâĂ©moticĂŽne est une suite de caractĂšres typographiques employĂ©e dans les messages Ă©lectroniques pour traduire lâĂ©tat dâesprit de lâexpĂ©diteur[11]. Elle prend gĂ©nĂ©ralement la forme dâun visage stylisĂ©, Ă lire sur le cĂŽtĂ©[12].
[5] InventĂ©e ou Ă©voquĂ©e Ă quelques reprises dans lâhistoire de la typographie[13], lâĂ©moticĂŽne, dans sa version moderne, est attribuĂ©e au professeur Scott Fahlman de lâUniversitĂ© Carnegie Mellon. Le 19 septembre 1982, Ă 11 h 44, il sâadresse ainsi Ă ses collĂšgues sur le forum du dĂ©partement des sciences informatiques[14] :
19-Sep-82 11:44 Scott E Fahlman :-)
From: Scott E Fahlman <Fahlman at Cmu-20c>
I propose that the following character sequence for joke markers:
:-)
Read it sideways. Actually, it is probably more economical to mark things that are NOT jokes, given current trends. For this, use
:-(
[6] Et de là naissent diverses combinaisons de caractÚres, pour illustrer des émotions aussi diverses :
[7] Le terme emoticon, une contraction de « emotion » et de « icon », ce dernier terme Ă©tant compris au sens de « signe qui ressemble Ă ce quâil dĂ©signe, Ă son rĂ©fĂ©rent »[15], fera son apparition quelques annĂ©es plus tard dans le lexique des utilisateurs et ultĂ©rieurement, dans les dictionnaires[16]. Le mot paraĂźt plus polyvalent que « smiley », souvent donnĂ© pour synonyme, qui prĂ©sente le double inconvĂ©nient de ne pas ĂȘtre limitĂ© Ă une rĂ©alitĂ© informatique â puisquâil peut sâemployer au sujet dâun dessin manuscrit ou dâun ornement graphique[17] â et de ne pas reflĂ©ter la gamme des Ă©motions â ou, plus justement, des intentions[18] â que les utilisateurs peuvent chercher Ă rendre, qui ne sont pas nĂ©cessairement de la nature du sourire. Et dâailleurs, bien que les combinaisons typographiques reprĂ©sentent en grande majoritĂ© des visages, elles nây sont nullement restreintes : on peut ainsi envoyer des coeurs <3, offrir des roses numĂ©riques ~<~<~@, voire aller Ă la pĂȘche <*)))<.
[8] En français, lâOffice quĂ©bĂ©cois de la langue française propose, dĂšs 1995, « binette » pour traduire « emoticon », plutĂŽt que « souriant » ou « souriard », qui prĂ©sentent les mĂȘmes inconvĂ©nients que « smiley »[19]. Un peu plus tard, ce qui est aujourdâhui la Commission dâenrichissement de la langue française prĂ©fĂ©rera « frimousse » au mot « trombine » utilisĂ© par certains internautes francophones[20]. Dans ces deux cas encore, on a puisĂ© dans le registre familier ou populaire un synonyme à « visage », bien que les Ă©moticĂŽnes ne sây limitent pas[21]. Quoi quâil en soit, en pratique, la francisation de lâemoticon passe rapidement dans lâusage : « émoticĂŽne », nom fĂ©minin et avec accent circonflexe, autant quâ« émoticone », nom masculin et sans accent, figurent au Petit Robert depuis 2002[22] et au Grand Dictionnaire terminologique de lâOffice quĂ©bĂ©cois de la langue française depuis 2018[23]. Le Larousse en ligne, pour sa part, donne un « émoticon », nom masculin et sans « e » final, comme synonyme à « smiley »[24].
[9] Si le mot se rĂ©pand, câest que lâusage en va croissant. Les variations sont nombreuses du « morphĂšme »[25], depuis les bonshommes souriants et dĂ©pitĂ©s dâorigine, eux-mĂȘmes rendus de diverses maniĂšres : avec un petit nez :-), un nez pointu :^) ou sans nez : )[26], avec des yeux plus =) ou moins :) longs, avec des variations pour gaucher ( : et divers chapeaux : casquettes q: ), bonnets dâĂąne <:( , chapeaux de fĂȘte *<:) , aurĂ©oles 0:) ; on encourage *\0/*; on transmet aussi des fleurs, @>->-, des coeurs <3, on les brise </3.
[10] Certaines plateformes se mettent Ă convertir automatiquement les plus cĂ©lĂšbres sĂ©quences typographiques en pictogrammes afin dâen faciliter la lecture. Le deux-points suivi de la parenthĂšse fermante devient ainsi , ouvrante, , et le chevron simple suivi du chiffre trois est transformĂ© en . Des messageries instantanĂ©es comme ICQ, MSN Messenger ou Yahoo! Messenger, qui ne communiquent pas entre elles, offrent des menus pour permettre aux utilisateurs dâaugmenter, voire de remplacer, leur propos par des pictogrammes, principalement des visages, mais Ă©galement des arcs-en-ciel, des bonshommes de neige, des Ă©toiles, etc. Cette conversion et ces menus expliquent une certaine polysĂ©mie autour du mot « émoticĂŽne » : si, au sens strict, il sâagit dâune combinaison de signes typographiques, disponibles depuis un clavier dâordinateur ordinaire, ces conversions automatiques ont pour rĂ©sultat de les transformer en pictogrammes, câest-Ă -dire en une image unique, ce que sont par dĂ©finition les Ă©mojis, dont il sera question un peu plus loin (section C, ci-dessous).
B. Le kaomoji : Ă lâEst, rien de nouveau?
[11] Un phĂ©nomĂšne similaire Ă celui des Ă©moticĂŽnes se dĂ©veloppe, en parallĂšle et en silo, dans les cyberforums japonais : le kaomoji, de « kao » (éĄ, « visage ») et « moji » (æć, « lettre-marque » ou « caractĂšre »). Le visage souriant y est reprĂ©sentĂ© (^_^), mais les sĂ©quences peuvent ĂȘtre beaucoup plus complexes, (ïŸâăźâ)ïŸ ou () ou ÂŻ\_(ă)_/ÂŻ. Ămergeant dans la deuxiĂšme moitiĂ© des annĂ©es 1980, ces frimousses nipponnes sont dâabord utilisĂ©es dans les signatures, mais leur usage se rĂ©pand rapidement au corps de texte et en gĂ©nĂ©ral, Ă travers JUNET, le rĂ©seau des universitĂ©s japonaises[27].
[12] Comme les Ă©moticĂŽnes, il sâagit de sĂ©quences de caractĂšres typographiques destinĂ©es, en principe â câest-Ă -dire lorsquâelles ne sont pas purement dĂ©coratives â, Ă dissiper lâambiguĂŻtĂ© dâun message Ă©crit. Au-delĂ de la complexitĂ© graphique que permet lâutilisation des caractĂšres asiatiques Ă deux bits, les principales diffĂ©rences rĂ©sident dans le sens de lecture â il faut gĂ©nĂ©ralement pencher la tĂȘte pour saisir une Ă©moticĂŽne, ce qui nâest pas le cas pour le kaomoji â et dans le fait que, alors que lâĂ©motion de lâĂ©moticĂŽne passe dâabord par la bouche, le kaomoji, lui, met dâabord lâaccent sur les yeux, reflet du style manga/animĂ©[28]. Autrement dit, en Occident, on sourit :-) et on pleure :â( et câest la parenthĂšse-bouche qui chavire, alors quâen Orient, on sourit ^_^ et on pleure T_T, la bouche est identique, ce sont les yeux qui changent.
[13] Mais il se trame au Japon une rĂ©volution qui supplantera bientĂŽt les Ă©moticĂŽnes et mĂȘme les kaomojis : celle des Ă©mojis[31].
C. LâĂ©moji : des images sans paroles
[14] LâĂ©moji est un pictogramme employĂ© dans un message Ă©lectronique pour traduire lâĂ©tat dâesprit de son auteur ou exprimer une idĂ©e ou un concept plus rapidement. Le terme est empruntĂ© directement du japonais emoji, e (ç””, « image ») et moji (æć, « lettre-marque » ou « caractĂšre »)[32]. La ressemblance phonĂ©tique avec « émoticĂŽne » est donc une coĂŻncidence.
1. Origine
[15] Les Ă©mojis sont nĂ©s au Japon Ă la fin des annĂ©es 1990. Leur paternitĂ© est largement attribuĂ©e au designer dâinterface Shigetaka Kurita, employĂ© du laboratoire de recherche de lâopĂ©rateur de tĂ©lĂ©phonie mobile NTT DoCoMo[33]. Kurita cherche un moyen de faciliter les communications entre des utilisateurs dont lâĂ©cran, de tĂ©lĂ©phone ou de tĂ©lĂ©avertisseur, ne peut afficher plus de 48 caractĂšres. InspirĂ© par les pictogrammes des prĂ©visions mĂ©tĂ©orologiques â soleil, nuage, parapluie â et de la signalisation routiĂšre â banque, hĂŽtel, guichet automatique, bureau de poste, avion, coiffeur â, par certaines reprĂ©sentations communes Ă lâunivers manga et par les visages de ses collĂšgues, il met au point une palette de 176 Ă©mojis en six couleurs, dâune rĂ©solution de 12 pixels2, qui est intĂ©grĂ©e Ă la plateforme cellulaire en 1999[34].
[16] LâidĂ©e dâune « palette de raccourcis communicationnels » est vite adoptĂ©e par les trois autres grands opĂ©rateurs nippons de lâĂ©poque, KDDI au, Mobile et SoftBank. Les codages toutefois, ne sont pas compatibles entre eux, de sorte que les Ă©mojis des utilisateurs dâappareils Softbank ne sâaffichent pas chez ceux de DoCoMo, par exemple.
[17] Ce problĂšme nâest pas nouveau. En fait, la question de lâinteropĂ©rabilitĂ© â câest-Ă -dire, la capacitĂ© que possĂšde un systĂšme, en lâoccurrence, des interfaces informatiques, Ă fonctionner avec dâautres, existants ou futurs, sans restriction dâaccĂšs ou de mise en oeuvre[35] â a prĂ©occupĂ© les programmeurs dĂšs les annĂ©es 1980. Comment sâassurer que la lettre « z » ou lâidĂ©ogramme « äșș » entrĂ©s Ă un endroit de la planĂšte sâaffichent comme un « z » ou un « äșș » sur lâappareil destinataire, oĂč quâil se trouve et quel que soit son systĂšme dâopĂ©ration[36]?
[18] Câest ici quâil convient dâaborder le systĂšme Unicode.
2. Unicode : une pierre de rosette informatique
Unicode provides a unique number for every character, no matter what the platform, no matter what the program, no matter what the language.
Credo du consortium Unicode (1991)[37]
[19] Ă proprement parler, les ordinateurs ne comprennent pas les mots, seulement les chiffres. Toute lettre que lâon tape doit donc ĂȘtre « cassĂ©e » en petites composantes, les octets, transmises Ă un autre ordinateur qui doit les reconstituer pour restituer lâinformation, en lâoccur-rence, la lettre. RĂ©sumĂ© de maniĂšre grossiĂšre, les ordinateurs sont dâimmenses interrupteurs, 1 ou 0, 1 ou 0, et toute lâinformation qui transite est rĂ©duite Ă cette expression binaire de courant qui passe ou ne passe pas. La transmission numĂ©rique suppose la dĂ©composition de lâinforma-tion en chiffres, la transmission de ces chiffres et, on lâespĂšre, la recomposition de la sĂ©quence Ă lâexact inverse de la dĂ©composition. Codage, dĂ©codage. Cela ne fonctionne Ă©videmment que si lâappareil destinateur parle le mĂȘme langage que lâordinateur destinataire. Un caractĂšre « incompris » par lâordinateur dâarrivĂ©e est gĂ©nĂ©ralement remplacĂ© par un caractĂšre gĂ©nĂ©rique dâincompatibilitĂ©, par exemple, un rectangle vide () ou une boĂźte avec un point dâinterrogation ().
[20] Câest en rĂ©ponse Ă ces prĂ©occupations que naĂźt le consortium Unicode, produit dâefforts amorcĂ©s dĂšs 1987 par des informaticiens chez Xerox, rejoints dans leurs efforts par ceux dâApple en 1988, de Sun Microsystems en 1989, de Microsoft en 1990 et par la majoritĂ© des dĂ©veloppeurs depuis[38]. Le consortium Unicode est un organisme sans but lucratif international dont lâobjectif est dâadministrer le standard Unicode, un standard informatique dâencodage de caractĂšres Ă vocation universelle qui permet des Ă©changes de textes dans diffĂ©rentes langues, quel que soit lâalphabet et quel que soit lâappareil, la plateforme ou le logiciel[39]. Pour ce faire, Ă chaque caractĂšre est attribuĂ© un identifiant alphanumĂ©rique unique, le codet (parfois aussi « point de code » et « code point » en anglais), accompagnĂ© de sa description. Par exemple, la lettre « z », dĂ©crite comme « latin small letter Z », correspond au codet U+007A. Notons Ă©galement que certains codes permettent de modifier une lettre donnĂ©e. Par exemple, si la lettre Â«Â ĆŸÂ Â», dĂ©crite comme « latin small letter z with caron », correspond au codet U+017E, elle peut Ă©galement ĂȘtre encodĂ©e comme une combinaison de « z » et de « Ë » (dĂ©signĂ©e « combining caron » et codĂ©e U+030C).
[21] Lâinterface du destinataire bĂ©nĂ©ficie dâune certaine marge de manoeuvre dans le rendu (les polices peuvent diffĂ©rer, par exemple), mais il doit toujours sâagir de la lettre « z » (qui peut ĂȘtre autant un zigzag, avec ou sans empattement, avec ou sans barre au milieu de la diagonale, que la reprĂ©sentation plus proche de lâĂ©criture manuscrite avec sa boucle qui descend sous la ligne de pied). Autrement dit, il existe une ligne directrice de base, donnĂ©e par lâorganisation internationale, et chacun des systĂšmes dâopĂ©ration est libre de choisir le rendu[40].
[22] Le premier standard Unicode est publiĂ© en 1991 et couvre, notamment, les alphabets arabe, armĂ©nien, brahmanique, cyrillique, grec, hĂ©breu, hiragana, latin, nagari, thaĂŻ et tibĂ©tain, mais Ă©galement certains pictogrammes, comme les symboles dingbats. Les caractĂšres chinois, japonais et corĂ©ens sont incorporĂ©s en 1992, plusieurs caractĂšres autochtones ainsi que le braille, en 1993. Des langues historiques apparaissent â dĂ©sĂ©ret, hiĂ©roglyphes, caractĂšres cunĂ©iformes â et des symboles communs â notes de musique, occidentales ou byzantines, suites de cartes, etc. Dans son actuelle version 11.0, le standard Unicode compte plus de 137 000 codets[41].
[23] La liste est loin dâĂȘtre immuable et le consortium Unicode est participatif : toute personne peut proposer des ajouts.
3. LâĂ©moji universel
[24] De fait, en aoĂ»t 2007, trois ingĂ©nieurs de Google dĂ©posent auprĂšs du consortium un document de travail relatif Ă lâencodage des Ă©mojis « that are in widespread use by DoCoMo, KDDI and Softbank for their mobile phone networks » afin de permettre lâinteropĂ©rabilitĂ© entre les trois opĂ©rateurs[42]. Par ailleurs, en novembre 2008, dĂ©sireuse de percer le marchĂ© japonais, Apple y lance iOS 2.2, qui regroupe les Ă©mojis de SoftBank, et les propose aux utilisateurs dans un clavier secondaire. Si le clavier facilite lâaccĂšs Ă la palette des Ă©mojis, il ne rĂšgle en rien le problĂšme de lâinteropĂ©rabilitĂ©. Deux employĂ©s dâApple se joignent alors Ă lâinitiative auprĂšs dâUnicode. Le groupe de travail prĂ©sente un projet dâencodage officiel en janvier 2009[43]. Dans lâintervalle, plusieurs blogueurs commencent Ă diffuser des guides ou des applications de dĂ©verrouillage des Ă©mojis Ă lâintention des utilisateurs occidentaux de lâiPhone[44].
[25] En octobre 2010, lâUnicode incorpore 722 Ă©mojis Ă la version 6.0 de son guide, attribuant Ă chacun, comme Ă lâordinaire, un codet alphanumĂ©rique et un descriptif, laissant la libertĂ© du rendu Ă chacune des plateformes[45]. Ces rendus peuvent ĂȘtre propriĂ©taires (comme ceux dâApple ou de Samsung) ou sous licence libre (comme ceux de Twitter ou dâEmojidex)[46].
[26] LâinteropĂ©rabilitĂ© ainsi assurĂ©e, câest lâexplosion, dâautant plus que, Ă partir de 2012, les systĂšmes dâexploitation des principaux fournisseurs offrent Ă tous les utilisateurs des menus dâĂ©mojis directement depuis le clavier de messagerie : Apple avec iOS 5.0 en octobre 2011[47], Google avec Android 4.3 Jelly Beans en juillet 2012[48], Microsoft avec Windows 8.0 en octobre 2012[49], Samsung avec le Galaxy S4 le 11 avril 2013[50]. Les rĂ©seaux sociaux se mettent de la partie, notamment Facebook en fĂ©vrier 2014[51], et Twitter en novembre 2014 (les twemojis)[52]. Le phĂ©nomĂšne gagne la planĂšte. Et Ă toute vitesse.
[27] Chaque version de lâUnicode ajoute son lot de nouveaux Ă©mojis et, Ă partir de 2011, des modificateurs dâĂ©mojis permettent de changer, par exemple, la couleur de peau de certains Ă©mojis anthropomorphes, ou leur sexe[53], de crĂ©er des drapeaux[54], ou de grouper des Ă©mojis[55]. De la mĂȘme maniĂšre que Â«Â ĆŸÂ Â» peut ĂȘtre conçu comme une unitĂ© ou comme une lettre (« z ») et un signe diacritique (« Ë »), lâĂ©moji dâun couple hĂ©tĂ©rosexuel avec un coeur peut ĂȘtre conçu comme une unitĂ© («  U+1F491 couple with heart ») ou comme la somme de lâĂ©moji du visage dâune femme, de celui du visage dâun homme, de celui du coeur avec les codets de jonction appropriĂ©s (en lâoccurrence, «  U+1F469 woman », « U+200D zero width joiner » [liant sans chasse], «  U+2764 coeur », « U+FE0F variation selector-16 » [sĂ©lecteur de variante], « U+200D zero width joiner » et «  U+1F468 man »); de mĂȘme, une juge Ă la peau foncĂ©e combine les codets pour «  U+1F469 woman », « U+1F3FF dark skin tone » et «  U+2696 scales of justice », avec certains codets combinatoires. Les combinaisons sont nombreuses et productives : selon le rĂ©pertoire Unicode 11.0, il existe actuellement 1212 codets pour un total de 2 789 Ă©mojis[56].
[28] Par ailleurs, particuliers ou entreprises peuvent militer pour lâajout dâĂ©mojis[57]. Il faut en outre tenir compte des institutions et cĂ©lĂ©britĂ©s qui lancent leurs propres gammes dâ« émojis » : Ikea, la National College Athletic Association, Tim Hortons (Eh-moji!), le Washington Post (Postmoji), Kim Kardashian (Kimoji), Mentos (ementicons), Alexander Ovechkin, Justin Bieber, Star Wars, les PokĂ©mon, les Yankees de New York, Jean-Claude Van Damme pour nâen nommer que quelques-uns[58]. Ceux-lĂ ne rĂ©pondent pas au standard Unicode et, sauf Ă ĂȘtre traitĂ©s comme des images (beaucoup plus lourdes), ne sâaffichent correctement que pour les utilisateurs de la mĂȘme application. On peut parler de ces pictogrammes « privĂ©s » comme dâĂ©mojis au sens large. Sauf indication contraire, le terme « émoji » renvoie ici aux Ă©mojis au sens strict, câest-Ă -dire limitĂ© Ă lâunivers dĂ©fini par Unicode.
4. Le compte est bon
[29] En 2015, le trĂšs sĂ©rieux Oxford English Dictionary fait de lâĂ©moji U+1F602 « visage avec larmes de joie » son mot de lâannĂ©e[59]. Câest dâailleurs lâĂ©moji le plus populaire au monde, toutes cultures confondues : sur Twitter seulement, cet Ă©moji a Ă©tĂ© employĂ© 2 107 128 092 fois depuis son apparition en novembre 2014[60]. Ce sont dâailleurs huit millions dâĂ©mojis par jour qui apparaissent sur le microblogue[61]. Ce nâest rien si lâon compare Ă Facebook et Facebook Messenger, oĂč ce sont respectivement soixante-dix millions et cinq milliards dâĂ©mojis qui sont vĂ©hiculĂ©s quotidiennement (et dans ce dernier cas, prĂšs de 20 % sans accompagner de texte)[62]. Depuis quâInstagram permet lâinclusion dâĂ©mojis dans les mots-clics, prĂšs de la moitiĂ© des publications qui sây font en contient au moins un[63].
[30] Ă ce compte, difficile de nier que lâĂ©moji participe de la communication. Il nâest plus, en outre, limitĂ© aux messages textes ou aux billets publiĂ©s sur les rĂ©seaux sociaux : on peut lâutiliser comme clĂ© de recherche sur Internet[64] et, sâagissant de caractĂšre Unicode, il peut mĂȘme faire partie dâune adresse URL[65]. Plus encore, quittant son espace pixel pour se matĂ©rialiser, câest dĂ©sormais un mĂšme, quâon retrouve dans le monde physique : publicitĂ©s, chandails, casquettes, tasses, coussins, housses de couette, films[66].
[31] Et, mĂȘme, jugements. Voyons ce quâil en est Ă cet Ă©gard.
II. Le bassin de dĂ©cisions Ă lâĂ©tude
A. Présentation des clés de recherche
[32] Nous avons rĂ©pertoriĂ© 119 dĂ©cisions canadiennes, en français comme en anglais, tous tribunaux et tous territoires confondus. Si nous avions Ă lâorigine le dessein de ne considĂ©rer que lâutilisation judiciaire des Ă©mojis, force nous a Ă©tĂ© dâajuster le tir. Dâune part, seules vingt-quatre dĂ©cisions comportent ce terme. Ensuite, il est rapidement apparu que les termes « émojis » et « émoticĂŽnes » sont parfois utilisĂ©s de maniĂšre interchangeable[67], notamment parce que les deux termes partagent, comme on lâa vu, bon nombre de synonymes. Par souci de concision et bien que le terme soit imparfait en ce quâil dĂ©signe, hors le monde Ă©lectronique, le visage, nous employons le terme « binette » pour couvrir les deux notions indistinctement.
[33] Nous avons donc Ă©largi lâĂ©ventail des mots-clĂ©s pour retenir, en plus dâ« émoji » et dâ« emoticon/Ă©moticĂŽne », les termes « smiley », « smiley face », « happy face », « frimousse », « bonhomme sourire », « souriard », « trombine », « pictogramme » et « binette ». Les mots « souriard » et « trombine » nâont donnĂ© aucun rĂ©sultat. Si les mots « émoji »[68] et « emoticon/Ă©moticĂŽnes » sont toujours et uniquement utilisĂ©s dans le contexte qui nous intĂ©resse, il nâen est cependant pas de mĂȘme de plusieurs des synonymes gĂ©nĂ©riques. Ainsi, les expressions « smiley face », « happy face » ou « bonhomme sourire » renvoient frĂ©quemment Ă un dessin manuscrit[69] ou simplement Ă un ornement graphique[70], et le terme « frimousse » apparaĂźt dans la dĂ©nomination sociale de plusieurs centres de la petite enfance[71]. Pour ces clĂ©s de recherche, la polysĂ©mie nâest pas un obstacle insurmontable car elles produisent moins de cent dĂ©cisions, quâil suffit de lire pour trier. Pour dâautres termes, par contre, comme « smiley » ou « binette », qui sont aussi (voire surtout) des patronymes[72], le nombre de rĂ©sultats est tel que lâexercice de tri devient inefficace, et ce, mĂȘme avec des clĂ©s de recherche limitatives comme la proximitĂ© des termes « courriel », « texto », « message » ou « Internet ». Des mots plus gĂ©nĂ©riques comme « pictogramme », « icĂŽne » ou « sourire » prĂ©sentent eux aussi trop de rĂ©sultats dont la plupart nâont manifestement pas la pertinence nĂ©cessaire pour la poursuite de lâexercice.
[34] Finalement, pour les cas de dĂ©cisions successives dans une mĂȘme « affaire » donnant lieu Ă plus dâune dĂ©cision â une dĂ©cision de premiĂšre instance et son appel, une dĂ©cision sur verdict et une autre sur sentence, une dĂ©cision administrative et son contrĂŽle judiciaire â, nous avons considĂ©rĂ© les motifs : sâils Ă©taient identiques, nous ne comptions quâune dĂ©cision[73], sâils diffĂ©raient, deux[74].
[35] De cet exercice ressortent 119 décisions, utilisant une ou plusieurs de nos clés de recherche[75].
B. DifficultĂ© de lâĂ©chantillon
[36] Cela posĂ©, devant les chiffres vertigineux que lâon a Ă©voquĂ©s un peu plus tĂŽt (voir paragraphe 29), un Ă©chantillon de 119 dĂ©cisions a de quoi surprendre, surtout dans la mesure oĂč la jurisprudence rĂ©cente nâest pas impermĂ©able aux rĂ©seaux sociaux et aux avancĂ©es de la communication numĂ©rique (le mot « Instagram » a Ă©tĂ© utilisĂ© dans 149 dĂ©cisions depuis 2014[76], « tweet » dans 168 depuis 2010[77] et « Facebook » dans 7 473 depuis 2007[78]).
[37] La modicitĂ© des rĂ©sultats sâexplique de trois maniĂšres[79]. La premiĂšre est proprement judiciaire, la deuxiĂšme au confluent de la mĂ©thodologie et de la polysĂ©mie, la troisiĂšme, informatique, mais soulĂšve des questions dâaccĂšs Ă la justice.
[38] Il faut dâabord considĂ©rer que, de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les jugements ne reproduisent quâune fraction de la preuve administrĂ©e Ă lâaudience. Binette ou pas, seules sont citĂ©es, habituellement, les dĂ©clarations dĂ©terminantes ou essentielles au raisonnement[80]. Rares sont les Ă©lĂ©ments graphiques annexĂ©s aux motifs, quâil sâagisse de photographies, de cartes ou de croquis[81]. Autrement dit, les jugements eux-mĂȘmes ne constituent quâune fraction du volume de la preuve et il ne saurait en aller autrement simplement parce quâil est question dâĂ©mojis ou dâĂ©moticĂŽnes.
[39] Pour les binettes prĂ©cisĂ©ment toutefois, il faut compter avec une difficultĂ© mĂ©thodologique ou lexicale en sus. En effet, comme on lâa vu, plusieurs des clĂ©s de recherche ont des sens diffĂ©rents, dont un seul nous intĂ©resse. Aux difficultĂ©s recensĂ©es plus haut sâajoute lâexistence de dĂ©signations ad hoc comme des « icĂŽnes sympathiques comme des sourires »[82] ou des « signes de ponctuation et des pictogrammes [...] dĂ©criva[n]t ses Ă©tats dâĂąme »[83] qui ne peuvent pas ĂȘtre systĂ©matisĂ©es.
[40] Le troisiĂšme obstacle est beaucoup plus problĂ©matique et tient aux difficultĂ©s inhĂ©rentes Ă la reprĂ©sentation des binettes dans les jugements ou dans les Ă©lĂ©ments de preuve. En effet les moteurs de recherche juridique consultĂ©s ne permettent pas de chercher les Ă©moticĂŽnes ou les Ă©mojis eux-mĂȘmes, ni dâailleurs gĂ©nĂ©ralement des images ou des signes typographiques, bien que cela ne soit pas impossible sur le plan technique[84]. DĂšs lors, aucune dĂ©cision qui reproduirait un Ă©moji ou une Ă©moticĂŽne sans mentionner lâune des clĂ©s de recherche nâa pu ĂȘtre captĂ©e[85].
[41] (On notera au passage que lâimprĂ©cision nâest pas propre aux banques de recherches qui rĂ©pertorient les dĂ©cisions, elle cause Ă©galement un problĂšme en amont, au moment de la constitution de la preuve : la plupart des logiciels de e-discovery ne sont pas, eux non plus, Ă mĂȘme de chercher des combinaisons de caractĂšres typographiques, des symboles ni mĂȘme des images[86].)
[42] Ces difficultĂ©s ont peut-ĂȘtre pour effet de faire du bassin un Ă©chantillon, mais nous ne croyons pas quâelles vicient lâexercice pour autant, surtout lorsque lâon sâattarde Ă la maniĂšre dont les binettes sont traitĂ©es.
C. Répartition des décisions
[43] Cela Ă©tant, avant dâaborder la substance des dĂ©cisions, nous nous sommes sommairement interrogĂ©e sur la rĂ©partition des rĂ©sultats, selon quatre axes : la branche du droit impliquĂ©e, le moyen de communication utilisĂ©, la date et la façon dont la binette figurait dans la dĂ©cision.
[44] Sur la matiĂšre juridique dâabord, des 119 dĂ©cisions, quarante et une sont prononcĂ©es par des tribunaux administratifs (35,29 %), cinquante-deux par des tribunaux judiciaires en matiĂšre pĂ©nale (44,54 %) et vingt-trois par ceux-ci en matiĂšre civile (20,17 %), rĂ©parties comme suit :
[45] En ce qui concerne le mĂ©dium ensuite, courriels et messages textes forment la part du lion (66,39 %)[87]. Suivent le clavardage et les messages Facebook, parfois difficiles Ă distinguer lâun de lâautre dans les motifs (19,32 %). Les autres communications par Internet, quâelles aient lieu sur des microblogues, des sites Internet de petites annonces, des forums, des blogues ou que la plateforme ne soit pas prĂ©cisĂ©e, forment 8,40 % de lâĂ©chantillon. Restent finalement certains Ă©crits sur support physique (actes de procĂ©dures, lettres ou rapports informatisĂ©s), Ă 5,88 %.
[46] Quant Ă la forme, six dĂ©cisions reproduisent les Ă©moticĂŽnes dont il est question[88], et deux, des Ă©mojis[89]. Cinq dĂ©cisions mentionnent que des binettes ont Ă©tĂ© omises[90] et trente-quatre dĂ©cisions les dĂ©crivent avec plus ou moins de prĂ©cision[91] : « émoticĂŽne de sourire »[92], « émoticĂŽne reprĂ©sentant lâembarras »[93], « emoji with a winking happy face »[94], par exemple. Les soixante et onze autres comportent simplement textuellement une des clĂ©s de recherche. On y reviendra (voir paragraphe 67).
[47] Quant Ă la date, finalement, force est de constater que lâĂ©chantillon est jeune. Les premiĂšres dĂ©cisions recensĂ©es comportant les expressions « émoticĂŽnes » ou « smiley face » dans le contexte qui nous intĂ©resse datent de 2002[95] et de 2006[96] dans lâun et lâautre cas. Le terme « émoji » apparaĂźt pour sa part pour la premiĂšre fois Ă lâĂ©tĂ© 2016[97]. En fait, la moitiĂ© de lâĂ©chantillon a Ă©tĂ© produit depuis 2016, câest-Ă -dire en moins de deux ans (54,62 %).
[48] Cela sâexplique facilement : si les Ă©moticĂŽnes, dans leur version moderne, apparaissent en 1982, le phĂ©nomĂšne ne prend de lâexpansion quâavec la dĂ©mocratisation des ordinateurs personnels, des tĂ©lĂ©phones intelligents et de lâaccĂšs Ă Internet. Quant aux Ă©mojis, on se souviendra, ils ne deviennent accessibles sur les tĂ©lĂ©phones intelligents occidentaux quâĂ lâautomne 2012 et, sur ces rĂ©seaux sociaux de masse que sont Facebook et Twitter, quâen 2014 (voir paragraphe 26).
III. Analyse : Que faire avec la piĂšce Pâ đ?
[49] Câest dans ce contexte quâil convient maintenant de prĂ©senter certaines difficultĂ©s relatives Ă lâapprĂ©hension des binettes par les tribunaux. Les difficultĂ©s sont ici de deux ordres : celles qui sont proprement judiciaires â câest-Ă -dire qui relĂšvent de leur prĂ©sentation, soit en preuve par les parties, soit par le dĂ©cideur dans sa dĂ©cision (section A, ci-dessous) â, et celles qui concernent plutĂŽt son interprĂ©tation (section B, ci-dessous). Ă cet Ă©gard, il y a lieu de considĂ©rer les fonctions sĂ©mio-linguistiques que peuvent occuper les Ă©mojis et les Ă©moticĂŽnes dans le discours des justiciables, avant de considĂ©rer certains Ă©cueils, quâils soient techniques ou plutĂŽt sĂ©mantiques.
A. Difficultés proprement judiciaires
[50] Trois questions nous intĂ©ressent ici. La premiĂšre porte sur lâadmissibilitĂ©Â : Ă©tant donnĂ© une binette, devrait-elle ĂȘtre produite en preuve (sous-section 1, ci-dessous)? Dans lâaffirmative, comment devrait-elle y ĂȘtre prĂ©sentĂ©e par la partie qui souhaite en dĂ©battre (sous-section 2, ci-dessous)? Et finalement, quand ou comment cette binette doit-elle passer de la preuve au jugement, câest-Ă -dire comment devrait-elle y ĂȘtre reprĂ©sentĂ©e (sous-section 3, ci-dessous)?
1. Admissibilité en preuve
[51] Pour ce qui est de lâadmissibilitĂ©, dans la mesure oĂč lâauteur du message a pris la peine dây inclure une binette, il semblerait naturel de la mettre en preuve. En principe, un document devrait ĂȘtre produit dans son intĂ©gralitĂ©, câest-Ă -dire dans lâĂ©tat dans lequel il a Ă©tĂ© constituĂ©. En principe toujours, le caractĂšre Ă©lectronique dâune communication ne fait pas obstacle Ă sa recevabilitĂ©. Au contraire, le principe de lâĂ©quivalence fonctionnelle veut que lâon ne puisse traiter diffĂ©remment deux messages, lâun sur un support traditionnel, lâautre sur un support Ă©lectronique, si leur intĂ©gralitĂ© nâest pas remise en cause, ou si les copies sont Ă lâidentique[98].
[52] Ăvidemment, lâaffaire se complique lorsque lâon considĂšre que les binettes viennent rarement seules, mais plutĂŽt quâelles illustrent, agrĂ©mentent ou bonifient une conversation ou un message, dont lâadmissibilitĂ©, elle, peut ĂȘtre problĂ©matique Ă dâautres Ă©gards que celui des binettes quâils comportent. Dans notre bassin de dĂ©cisions, on constate que, suivant en cela les rĂšgles habituelles, les messages qui paraissaient plus prĂ©judiciables que probants[99] ou dont lâauteur Ă©tait incertain ont Ă©tĂ© Ă©cartĂ©s[100].
[53] La question peut toutefois se poser Ă lâinverse : quâen est-il de la recevabilitĂ© dâun document dont il est admis quâil contenait Ă lâorigine des Ă©mojis ou des Ă©moticĂŽnes mais dont la seule copie dĂ©sormais disponible ne les restitue pas?
[54] De la mĂȘme maniĂšre que des parties nâont parfois conservĂ© que des copies ou des portions dâun document original, il arrive Ă lâoccasion que lâon soit incapable de retrouver des dĂ©clarations Ă©lectroniques dans un format parfaitement identique Ă lâoriginal. Certains tiers, des compagnies de tĂ©lĂ©phonie cellulaire par exemple, ne sont parfois pas en mesure de rĂ©cupĂ©rer lâintĂ©gralitĂ© de messages textes visĂ©s par des ordonnances de saisie, mais seulement leurs composantes proprement alphabĂ©tiques. Les messages retrouvĂ©s sont alors communiquĂ©s aux parties dans un format simplissime, dĂ©pouillĂ© des caractĂšres spĂ©ciaux[101] et parfois mĂȘme prĂ©sentĂ©s en bloc, sans indication permettant facilement de rĂ©partir les propos entre deux interlocuteurs[102]. Ces documents ne sont pas intĂ©graux, câest-Ă -dire quâil est admis que des Ă©lĂ©ments qui figuraient dans lâoriginal nâont pas Ă©tĂ© reproduits; ils ont nĂ©anmoins Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s comme intĂšgres, puisquâils nâavaient pas Ă©tĂ© manipulĂ©s par le fournisseur de services de tĂ©lĂ©phonie[103]. Ce sont les meilleurs Ă©lĂ©ments de preuve disponibles[104].
[55] La question de lâadmissibilitĂ© est tout Ă fait distincte de celle portant sur la valeur probante des documents ainsi tronquĂ©s. Un message dĂ©pouillĂ© de ses binettes ou caractĂšres spĂ©ciaux peut devenir ambigu au point de nâĂȘtre dâaucune utilitĂ©Â : ce serait le cas, par exemple, dâun message oĂč, en lâabsence du symbole « $ », il ne serait plus possible de savoir si deux personnes parlent de prix ou de poids[105]. Sa force probante sâen trouverait alors diminuĂ©e jusquâĂ le rendre inutile, impertinent.
[56] On pourrait objecter que les transcriptions stĂ©nographiques, utilisĂ©es de longue date dans les procĂ©dures judiciaires, ne sont jamais que le « rendu » des mots qui ont Ă©tĂ© verbalisĂ©s, ponctuĂ©s, Ă la rigueur, de quelques hĂ©sitations, marquĂ©es « euh » ou « hum » selon les stĂ©nographes, et quâelles ne reflĂštent pas les silences, les expressions faciales ou la gestuelle[106], sans que cela ne soit pour autant un obstacle dirimant pour la dĂ©termination du dossier. Combien de plaideurs ont Ă©tĂ© surpris de relire la transcription dâun interrogatoire pour nây pas retrouver la tension ou lâanimositĂ© ressentie Ă lâĂ©poque ou au contraire, trouver les questions agressives alors que lâatmosphĂšre Ă©tait, selon leur souvenir, plutĂŽt chaleureuse[107].
[57] On rĂ©pondra Ă cela que les notes stĂ©nographiques transposent Ă lâĂ©crit des propos tenus oralement â câest-Ă -dire changent le mĂ©dium â, alors que les binettes, elles, figurent dĂ©jĂ dans un texte Ă©crit, dont il nây a pas de raison, technique ou autre, de les retirer. Pis, les retirer, câest, en quelque sorte, porter atteinte Ă lâintĂ©gritĂ© du message dâorigine.
[58] En ce sens, la Cour suprĂȘme de Colombie-Britannique a expressĂ©ment tenu rigueur Ă un expert dâavoir complĂštement ignorĂ© les nombreuses Ă©moticĂŽnes utilisĂ©es sur une page Facebook avant de conclure que son auteur Ă©tait un terroriste en puissance :
A[nother] example of [the expert]âs narrow focus was his refusal to consider [the accused]âs frequent use of emoticons when interpreting the content of the posts. He stated that he could not interpret the meaning of the emoticons and that he never attempted to do so. [The accused] and others who posted on the account used them frequently. The emoticons appear to have been used to indicate sarcasm, satire, humour, etc. I certainly agree with [the expert] that it is challenging to determine exactly what [the accused]âs emoticons were intended to express in each post. However, I find that his failure to consider them at all is misguided. It is apparent that [the accused] and others communicating on his Facebook account used emoticons to add meaning to what they said[108].
[59] Quoi quâil en soit, et bien que nous convenions que lâimpossibilitĂ© dâobtenir les binettes du message dâorigine peut, Ă lâoccasion, excuser leur absence du dossier, il nous semble difficile, aujourdâhui, de faire complĂštement abstraction dâun Ă©lĂ©ment de communication avec lequel la majeure partie de la population est familiĂšre et dont lâusage courant va croissant, Ă plus forte raison lorsque ces Ă©lĂ©ments ont largement pour fonction dâexprimer une Ă©motion, un point de vue, de renforcer, de nuancer ou de clarifier un message (voir paragraphe 127).
[60] Si lâon accepte ce postulat (et quâon lâaccorde avec les rĂšgles ordinaires dâadmissibilitĂ©), il restera encore Ă dĂ©terminer comment ces messages et leurs binettes doivent ĂȘtre prĂ©sentĂ©s au juge, aux tĂ©moins et, le cas Ă©chĂ©ant, aux jurĂ©s.
2. La présentation de la preuve
[61] Dans un systĂšme judiciaire dont le paradigme demeure celui de lâoralitĂ©[109], le caractĂšre graphique de lâĂ©moji pose certains dĂ©fis de prĂ©sentation. Qui devrait lire, qui dĂ©crire, qui interprĂ©ter et quand?
[62] La question sâest posĂ©e avec beaucoup dâacuitĂ© dans une affaire amĂ©ricaine, le procĂšs instituĂ© contre Ross William Ulbricht pour blanchiment dâargent, trafic de stupĂ©fiants, entreprise criminelle et piratage informatique. Il sâagissait pour le poursuivant de convaincre les jurĂ©s quâUlbricht Ă©tait celui qui, se cachant derriĂšre le pseudonyme « Dread Pirate Roberts », opĂ©rait de Silk Road, carrefour des trafiquants de lâInternet clandestin. Sâagissant dâun marchĂ© noir en ligne, la plupart des communications interceptĂ©es par le FBI Ă©taient Ă©lectroniques, et plusieurs comportaient des Ă©moticĂŽnes.
[63] La dĂ©fense a fait valoir, avec succĂšs, quâil fallait inclure non seulement ces Ă©moticĂŽnes dans les transcriptions, comme la ponctuation dâailleurs et les « lettres Ă©tirĂ©es » (« soooo »), mais quâil fallait encore les faire lire aux jurĂ©s soit en leur distribuant des copies des transcriptions, soit en leur offrant une projection. La demande se justifie Ă deux titres : dâabord, les messages ont Ă©tĂ© conçus pour ĂȘtre visualisĂ©s et non verbalisĂ©s; ensuite, il Ă©tait opportun dâĂ©viter dâajouter un intermĂ©diaire susceptible dâinterprĂ©ter ou de dĂ©naturer le sens des messages.
[ATTORNEY FOR DEFENDANT]: ... the Court has already identified the distinction between transcripts of conversations that are oral to begin with and these chats. One is that there are a fair number of nonverbal parts of these communications, symbols, emoticons, things like that, all of that which is not necessarily communicable in an oral context [...]
THE COURT: The jury should note the punctuation [...]
[ATTORNEY FOR DEFENDANT]: Instruct the [jury] that they should be reading [the emoticons] because these were originally written. And while theyâre being read aloud as an aid, the fact is, the written word is the real evidence. And occasionally counsel will make mistakes or misread, not intentionally again, but they should be looking at it and there may also be nonverbal symbols and things like that that [sic] they should be looking for and recognize. [...] I think if [a lawyer] is reading something aloud, they should say thereâs an emoticon, and let the jury decide what it means rather than characterizing it.
THE COURT: All right. I think thatâs what weâll do[110].
[64] Autrement dit, seuls les tĂ©moins pouvaient qualifier les Ă©moticĂŽnes ou expliquer ce quâils y comprenaient, du moins avant le stade des plaidoiries; alors seulement les avocats pouvaient-ils les expliquer suivant la preuve entendue.
[65] Lâapproche, si elle demande beaucoup de vigilance de la part des procureurs, paraĂźt nĂ©anmoins Ă©quilibrĂ©e et rigoureuse.
[66] Sans doute toutes les affaires ne demanderont-elles pas de telles prĂ©cautions : souvent, le dĂ©cideur pourra prendre connaissance dâune preuve documentaire sans quâil soit nĂ©cessaire pour les parties de la lui lire au long et de commenter chacune des binettes qui pourraient sây trouver, mais pour ces quelques situations oĂč une binette est susceptible de faire la diffĂ©rence, la mĂ©thode paraĂźt appropriĂ©e.
3. La représentation par le juge
[67] Reste Ă considĂ©rer la reprĂ©sentation des binettes dans les jugements. Lorsquâelles ne sont pas pertinentes Ă un passage qui, lui, mĂ©rite dâĂȘtre reproduit, une indication « émoticĂŽnes non reproduites » ou « émojis omis » pourrait suffire[111]. Lorsquâelles le sont, il appartiendra au tribunal de choisir la maniĂšre de les reflĂ©ter. Il pourra la dĂ©crire, suivant la description du standard Unicode ou selon lâintention constatĂ©e, ou encore, les reproduire.
[68] En ce qui concerne les descriptions, on prendra garde Ă la connotation : si lâĂ©moji qui « rit aux larmes » est bel et bien un « émoji qui pleure », il a pourtant une connotation positive[112]. De mĂȘme, dĂ©crire lâĂ©moji du « smiling poop » comme dâun Ă©moji « depicting excrement »[113] perd beaucoup de la lĂ©gĂšretĂ© que les utilisateurs auront souvent voulu communiquer. Notons Ă©galement quâil peut ĂȘtre nĂ©cessaire de dĂ©crire ou de reproduire une binette pour la lisibilitĂ© dâun Ă©change, mĂȘme si elle nây est pas dĂ©terminante. Cet Ă©change, par exemple, laisse sur sa faim :
March 13, 2014 at 12:54:42 p.m. - Ms. Otokiti sends an emoji.
March 13, 2014 at 12:56:06 p.m. - G.H. writes: âWhatâ
March 13, 2014 at 12:56:33 p.m. - Ms. Otokiti writes: âYeahâ
March 13, 2014 at 12:58:15 p.m. - G.H. writes: âWhatâs the (emoji) face forâ
March 13, 2014 at 1:00:08 p.m. - Ms. Otokiti writes: âOh that was a mistake I was gonna use this (emoji)â[114]
[69] Quant Ă la reproduction, sur le plan technique, elle ne pose pas vraiment de problĂšme avec les Ă©moticĂŽnes, qui sont des signes typographiques disponibles depuis un clavier ordinaire. Elle peut Ă©galement ĂȘtre accompagnĂ©e dâune description, par exemple :
Mr Elliott wrote: âCompeting also means I may put a lot of time into something that helps no one if it isnât selected for âpoliticalâ reasons :-).â This last punctuation is common enough for me to take notice that it depicts a little face with a smile, a smiley face[115].
voire, dâune description des composantes, puis dâune conclusion quant Ă la signification de leur combinaison :
The complainant was shown the text message from the accused [...]. It was suggested to the complainant that text did not call for a response but nevertheless, she texted to the accused âIn bed now too... Could only find one cat, hopefully the other will come home soon ... Night:)â. The word night is followed by a colon and closed parenthesis commonly referred to as a âsmiley faceâ[116].
[70] Pour les Ă©mojis, sâagissant de combinaisons Unicode, en thĂ©orie, ils pourraient ĂȘtre entrĂ©s comme tels. Une des dĂ©cisions rĂ©pertoriĂ©es en prĂ©sente un comme un caractĂšre spĂ©cial : « à 17 h 50, le locataire Ă©crit âJe fais une cession de bail sur mon 3Âœ et je prends le 4Âœ qui se lib[Ăš]re dans le 4140 (...)â. Anne rĂ©plique OK par lâĂ©moticĂŽne ââ »[117].
[71] Une autre insĂšre plutĂŽt les Ă©mojis dont il est question comme des images[118], accompagnĂ©es dâune description assez prĂ©cise qui reflĂšte en partie le descriptif Unicode.
[72] Si cette maniĂšre de faire a le dĂ©savantage dâempĂȘcher lâĂ©moji de constituer une clĂ© de recherche mĂȘme si les banques de donnĂ©es admettaient les caractĂšres spĂ©ciaux (voir paragraphe 40), elle a toutefois lâavantage de montrer lâĂ©moji exactement comme il se trouvait dans la preuve, ce qui, comme on le verra, nâest pas un acquis.
B. DifficultĂ©s dâinterprĂ©tation
[S]âil y avait toujours accord entre les Philosophes sur la signification des mots, ce serait la suppression de presque toutes leurs controverses.
RenĂ© Descartes, RĂšgles pour la direction de lâesprit (1628)[120]
[73] En effet, lorsque lâon considĂšre lâĂ©moji lui-mĂȘme, il faut sâassurer que celui qui a Ă©tĂ© reçu est bien celui qui a Ă©tĂ© communiquĂ© et sans doute est-ce lĂ la principale difficultĂ© de preuve Ă laquelle pourront ĂȘtre confrontĂ©s les tribunaux. Sâil y a lieu au bout du compte de considĂ©rer lâintention (sous-section 3, ci-dessous), dâautres obstacles, notamment techniques (sous-section 1, ci-dessous) et sĂ©mantiques (sous-section 2, ci-dessous), sont susceptibles de se dresser sur la route de lâinterprĂšte, qui sont abordĂ©s ici tour Ă tour.
1. DifficultĂ©s techniques : les dĂ©fis de lâinteropĂ©rabilitĂ©
[74] Quoi quâelle ne soit pas inexistante pour les Ă©moticĂŽnes â dans une affaire par exemple, le dĂ©fendeur prĂ©tendait que, lĂ oĂč la majoritĂ© des gens sourient avec une parenthĂšse et les deux-points : ), lui utilisait toujours le point-virgule ; ), ce que dâaucuns considĂšrent plutĂŽt ĂȘtre un clin dâoeil[121] â, la question se pose avec une acuitĂ© particuliĂšre en ce qui concerne les Ă©mojis pour qui il existe un risque « technique » qui ne se pose pas avec les Ă©moticĂŽnes.
[75] Les Ă©moticĂŽnes, en effet, sont une sĂ©rie de caractĂšres typographiques. Par contraste, si les Ă©mojis se prĂ©sentent comme une unitĂ© graphique, il se cache derriĂšre chacun un code hexadĂ©cimal et un barĂšme graphique, dĂ©terminĂ© par le consortium Unicode (voir paragraphe 19). Comme on lâa vu, si le codet et son barĂšme sont les mĂȘmes pour tous, chaque systĂšme dâexploitation est libre du rendu. Or, ce qui est communiquĂ© dâune plateforme Ă lâautre, câest le codage, de sorte que ce que lâon peut voir sur lâappareil destinataire pourrait diffĂ©rer de ce qui a Ă©tĂ© envoyĂ© par lâappareil destinateur.
[76] Pour certains Ă©mojis, la diffĂ©rence est minime : « U+1F602 face with tears of joy », par exemple, possĂšde un rendu assez semblable dâune plateforme Ă lâautre :
De mĂȘme, les variations qui peuvent exister entre « U+1F937 shrug », « U+2696 âscale », « U+1F4C5 calendar » ou « U+1F468, U+200D, U+1F4BB man technologist » risquent peu dâentraver ou dâaltĂ©rer le sens :
[77] Pour dâautres Ă©mojis toutefois, la variation est considĂ©rable et le risque de problĂšmes dâinterprĂ©tation est Ă©vident. On considĂ©rera la situation suivante : arrivant dans la cuisine, une personne y dĂ©couvre un lot dâodorantes tartes aux pommes. Elle Ă©crit, depuis son appareil Microsoft Windows 10 :
[78] Les commissures vers le haut, le message semble assez positif : « Jâai bien hĂąte dâen manger ». Sauf que lâĂ©moji « U+1F924 drooling face » a un tout autre rendu sur lâappareil du destinataire, un HTC Sense 8.0, qui reçoit plutĂŽt :
ce qui suggĂšre quâun dĂ©gĂąt est survenu, par exemple, la gourmandise dâun animal de compagnie.
[79] Autre exemple :
[80] Si Google, Microsoft et Facebook paraissent avoir la mĂȘme interprĂ©tation de « U+1F92D smiling face with smiling eyes and hand covering mouth », comme dâun visage qui rit sous sa cape, lâĂ©moji dâApple semble plutĂŽt avoir oubliĂ© quelque chose, celui dâEmojiOne, couvrir un bĂąillement et celui de Samsung, se pincer le nez pour ne pas Ă©ternuer.
[81] Si ces Ă©mojis-lĂ portent Ă confusion, dâautres portent plutĂŽt Ă controverse. Comparer ces deux « U+1F46F people with bunny ears » :
[82] LĂ oĂč Apple (et bien dâautres) suggĂšre deux femmes avec des oreilles de lapin et un justaucorps qui rappelle les playboy bunnies, il en va tout autrement chez Samsung, chez qui les visages humains ont en principe des traits enfantins.
[83] Les exemples sont aussi nombreux que viraux[124]. En 2014, les rĂ©seaux sociaux avaient fait des gorges chaudes du « U+1F49B yellow heart » de la premiĂšre gamme dâĂ©mojis en couleur de Google : lâĂ©moji, jusque-lĂ reprĂ©sentĂ©, comme un coeur blanc Ă pois noirs, Ă©tait soudainement rendu comme un coeur rose dotĂ© de peu ragoĂ»tants poils noirs[125]. Ou encore, en 2017, les titulaires dâun appareil Samsung nâavaient pas vraiment pu prendre part Ă une campagne lancĂ©e pour la journĂ©e internationale du chocolat puisque, de toutes les plateformes, elle a Ă©tĂ© la seule Ă choisir dâillustrer « U+1F36A cookie » avec des biscuits digestifs plutĂŽt quâavec des biscuits aux pĂ©pites de chocolat[126].
[84] Lâexemple le plus politique des Ă©cueils de lâinteropĂ©rabilitĂ© demeure sans aucun doute celui du « U+1F52B pistol ». En 2016, Apple dĂ©cide que cet Ă©moji sera dĂ©sormais illustrĂ© par un pistolet Ă eau[127]. Curieusement, Ă peu prĂšs Ă la mĂȘme Ă©poque, Microsoft remplace le pistolet laser employĂ© jusque-lĂ par un revolver. On comparera lâimpression que laisse le mĂȘme message Ă travers les plateformes et le temps :
[85] Chez Apple, la premiĂšre suggĂšre, sinon le braquage[129], au moins la possession dâarme Ă feu[130]; le second, une belle journĂ©e dâĂ©tĂ© au parc. Chez Windows, on passe de la conquĂȘte de lâespace Ă un message plutĂŽt menaçant[131]. Qui mobilise lâimagination et qui les crimes contre la personne? MĂȘme, en combinaison avec dâautres Ă©mojis, la confusion ou la provocation peut sâaggraver. ConsidĂ©rer comment, avec le pistolet comme contexte, les « larmes de joie » peuvent tout Ă coup presque ressembler Ă des gouttelettes de sueur de malaise ou dâeffroi :
[86] Quoi quâil en soit, la dĂ©cision dâApple dâutiliser un pistolet Ă eau a causĂ© des remous : certains opĂ©rateurs ont immĂ©diatement emboĂźtĂ© le pas, dâautres sây sont formellement refusĂ©s, pour finalement faire front commun; Ă partir de 2018, tous les systĂšmes dâexploitation illustreront cet Ă©moji par un pistolet Ă eau[132] :
[87] LâĂ©volution graphique relĂšve ainsi parfois dâun choix volontaire et politique. Dans dâautres cas, lâobjectif est simplement de diminuer la confusion, entre les plateformes. Un exemple classique Ă cet Ă©gard est celui de « U+1F483 dancer » : entre 2013 et 2015, les quatre principales plateformes tĂ©lĂ©phoniques offrent des personnages trĂšs diffĂ©rents; en 2018, toutes prĂ©sentent une danseuse de flamenco, Samsung ayant mĂȘme troquĂ© son habituel visage enfantin :
[88] La convergence que lâon peut constater dans les versions les plus rĂ©centes des diffĂ©rents systĂšmes dâexploitation ne vide toutefois pas la question, car lâinteropĂ©rabilitĂ© doit sâenvisager sur deux axes : au plan synchronique, entre diffĂ©rentes plateformes, mais Ă©galement au plan diachronique, pour une mĂȘme plateforme, mais Ă travers le temps.
[89] Ă cet Ă©gard, vers 2016, une Ă©tude a Ă©tĂ© publiĂ©e, dĂ©montrant, sur une base empirique, que les utilisateurs trouvaient lâĂ©moji « U+1F601 grinning face with smiling eyes » particuliĂšrement difficile Ă dĂ©coder[135]. Comparer :
[90] Au premier, on rĂ©pondrait volontiers « Super, raconte »; au second, plutĂŽt « Pauvre toi, que sâest-il passĂ©? ». Apple, comme dâautres, a depuis redessinĂ© lâĂ©moji en question, marquant mieux la diffĂ©rence avec la « U+1F62C grimacing face » mais sâĂ©cartant dâun graphisme jusque-lĂ plus proche de lâiconographie manga :
[91] Ă cette harmonisation volontaire, il faut ajouter des phĂ©nomĂšnes de convergence propres Ă certains modes de communication. Les fonctions dâaccessibilitĂ© et de synthĂšse vocale des tĂ©lĂ©phones et des ordinateurs, par exemple, qui permettent Ă lâappareil de « parler » le texte Ă©crit nâadmettent quâune signification pour chaque Ă©moji, qui peut diffĂ©rer de celle du standard Unicode. Par exemple, la version française dâiOS 6.0 ne semble pas marquer la diffĂ©rence entre « U+1F622 crying face », qui nâa quâune larme Ă lâoeil et « U+1F62D loudly crying face » qui pleure pourtant Ă chaudes larmes, puisque lâun et lâautre sont Ă©noncĂ©s comme un « visage en pleurs »[137]. En outre, pour les messages textes, la plupart des opĂ©rateurs proposent dĂ©sormais des remplacements[138]. Si certaines sont littĂ©rales â le remplacement des mots « dragon » ou « lion » par un Ă©moji de ces animaux â, dâautres supposent des associations prĂ©cises : sur Apple, six Ă©mojis sont proposĂ©s pour « joyeux anniversaire ». Ces associations parfois divergent du descriptif de lâUnicode : Apple proposerait ainsi de remplacer « hug » et « jazz hands » par le mĂȘme Ă©moji, dĂ©crit comme « hugging face » par lâUnicode[139].
[92] Par ailleurs, dâautres modes de communication pourraient permettre de dĂ©gager des tendances associatives. La concentration de certains Ă©mojis permettrait-elle Ă Facebook dâidentifier des comptes susceptibles dâafficher des discours haineux[140]? Y a-t-il des Ă©mojis propres aux tweets des gangs de rue[141]? Que peut-on dĂ©gager de lâutilisation des Ă©mojis dans les mots-clics dâInstagram[142]? Par exemple, depuis quel pays utilise-t-on le plus lâĂ©moji de la balance ()? Y a-t-il une diffĂ©rence dans les images publiĂ©es avec # et # qui permettrait de lancer une Ă©tude sur la perception de la justice?
[93] LâavĂšnement des agents conversationnels (les chatbots qui Ă©mulent les rĂ©ponses dâutilisateurs humains) pourrait Ă©galement accroĂźtre ou populariser certaines associations[143] : quelle responsabilitĂ© pour leur concepteur[144]? On pourrait encore, Ă la rigueur, compter sur la publicitĂ© du monde rĂ©el, dont la rĂ©pĂ©tition pourrait finir par confĂ©rer un sens prĂ©cis Ă certains Ă©mojis[145].
[94] Mais quel sera ce sens commun?
2. Difficultés sémantiques : les défis du sabir
[95] Encore ici, certains Ă©cueils mĂ©ritent dâĂȘtre soulignĂ©s, de trois ordres : proprement graphique, sĂ©mantique et grammatical.
a. Difficultés graphiques
i. Visuel incertain
[96] Certains Ă©mojis sont simplement difficiles Ă comprendre : sâil a Ă©tĂ© redessinĂ© depuis, lâĂ©moji du tĂ©lĂ©phone cellulaire en mode vibration, trĂšs mal compris dans ses premiĂšres versions, a Ă©tĂ© utilisĂ© comme synonyme de sextage ou dâutĂ©rus[146]. Encore aujourdâhui, on peut prendre la crĂšme caramel pour un chapeau ou le signe astrologique du taureau pour une bague de fiançailles[147]. En ce qui concerne ce dernier, la difficultĂ© est moindre pour lâĂ©metteur du message. La palette des Ă©mojis se prĂ©sente en effet en plusieurs catĂ©gories, visages, sports, nourriture, symboles : parmi dâautres symboles astrologiques moins Ă©quivoques, celui du taureau serait sans doute reconnu pour tel. Le destinataire du message, toutefois, ne bĂ©nĂ©ficie pas de ce contexte.
ii. Petite taille
[97] Les Ă©mojis sont de petites images. ConsultĂ©es depuis un Ă©cran de tĂ©lĂ©phone cellulaire ou un appareil avec une faible rĂ©solution, par exemple, il est possible quâelles soient difficiles Ă percevoir, voire illisibles. On prendra ainsi facilement le signet pour une Ă©tiquette de prix ou confondra la fĂ©e de Facebook avec un papillon et certains insectes entre eux. Dans lâhypothĂšse dâun contrat formĂ© par Ă©change de messages textes, pourrait-on plaider la clause illisible[148] ou lâerreur[149]?
[98] Plusieurs opĂ©rateurs reconnaissent dâailleurs la difficultĂ© et les systĂšmes dâexploitation, dans leurs versions plus rĂ©centes, grossissent souvent les Ă©mojis envoyĂ©s seuls, en paire ou en triade, lorsquâils ne sont pas accompagnĂ©s de texte.
[99] Cela posĂ©, certains utilisateurs jouentavec ces difficultĂ©s. Ainsi, comme il nây a pas de drapeau du QuĂ©bec dans les palettes Unicode, plusieurs emploient plutĂŽt le drapeau de la Martinique, lui aussi composĂ© dâune croix blanche sur fond bleu et ce, parce que les serpents fer-de-lance du pavillon martiniquais sont si petits sur un tĂ©lĂ©phone quâon peut croire y voir plutĂŽt les fleurs de lys du drapeau quĂ©bĂ©cois[150].
iii. Polysémie
[100] La taille des caractĂšres vient Ă©galement exacerber une difficultĂ© de la nature de la polysĂ©mie. Car plusieurs Ă©mojis se ressemblent, particuliĂšrement ceux « à visage humain ». Unicode en prĂ©voit ainsi une quinzaine de visages souriants[151]. Pour qui connaĂźt sa palette dâĂ©mojis sur le bout des doigts ou Ă qui prendrait le temps de consulter chacun des visages qui y figurent, quatre Ă©mojis sâoffriraient pour « tirer la langue »[152], mais Ă prendre le premier quâon y apercevrait, on pourrait facilement confondre « lol » et « miam » sur son appareil Android 8.1 :
[101] La distinction est encore plus difficile Ă faire lorsque lâon considĂšre la taille des Ă©mojis : sans doute en trĂšs gros peut-on dĂ©duire que la perle de sueur et dâinconfort se trouve plus proche de la tempe du visage (, « U+1F625 disappointed but relieved face »), que la larme est plus proche du coin de son oeil (, « U+1F622 crying face »), et la bulle du dormeur plus prĂšs de son nez, mais Ă moins de 30 pixels2 (, « U+1F62A sleepy face »), mĂȘme cĂŽte Ă cĂŽte, on sây mĂ©prend facilement[153].
[102] LâambiguĂŻtĂ© inhĂ©rente Ă la polysĂ©mie est particuliĂšrement importante pour les Ă©mojis anthropomorphiques[154]. Ici, certains dĂ©veloppeurs ont prĂ©sentĂ© des applications qui permettent dâanimer un Ă©moji prĂ©configurĂ© de maniĂšre Ă reflĂ©ter les expressions faciales de lâutilisateur, captĂ©es par la camĂ©ra de lâappareil en temps rĂ©el, ou dĂ©passant alors tout Ă fait le guide Unicode, de convertir une courte vidĂ©o de lâutilisateur en binette animĂ©e[155]. Pour certains, câest lĂ la clĂ© dâune transmission plus juste des intentions rĂ©elles[156]; pour dâautres, toutefois, les reprĂ©sentations « normativement codĂ©es » que sont les Ă©mojis prĂ©sentent un net avantage sur le « vrai monde », alors que les Ă©tudes suggĂšrent que lire les visages demeure un exercice malaisĂ© pour plusieurs[157].
[103] Il faut Ă©galement compter avec le fait que le nombre dâĂ©mojis ne cesse de croĂźtre, de sorte quâun utilisateur pourrait utiliser un Ă©moji quâil sait nâĂȘtre pas tout Ă fait le bon, faute de mieux, dâabord, puis continuer Ă le faire par habitude, mĂȘme sâil existe dĂ©sormais un nouvel Ă©moji prĂ©cisĂ©ment pour ce quâil cherchait Ă lâorigine[158]. Il pourrait en ĂȘtre ainsi dâune personne qui, devant un rĂ©pertoire qui, en 2011, ne contient pas dâĂ©moji posant son doigt sur sa bouche pour indiquer le silence, aurait commencĂ© pour intimer Ă ses interlocuteurs de se taire, Ă utiliser lâĂ©moji sans bouche (« U+1F636 face without mouth »), et qui continuerait Ă le faire bien quâil existe depuis 2018 lâĂ©moji espĂ©rĂ© Ă lâorigine (« U+1F92B face with finger covering closed lips »). Certains rapportent Ă©galement que les Ă©mojis des trois singes mystiques (« ne pas voir le mal », « ne pas entendre le mal », « ne pas dire le mal ») sont parfois employĂ©s pour dĂ©signer des personnes malvoyantes, malentendantes ou muettes[159], Ă dĂ©faut dâĂ©mojis reprĂ©sentant ces handicaps[160].
iv. Controverses et détournements
[104] Ensuite, certains Ă©mojis portent Ă controverse. Pour certains, câest que lâinterprĂ©tation est partagĂ©e; pour dâautres, câest que le sens a Ă©tĂ© dĂ©tournĂ©[161].
[105] MĂȘme sâil existe un descriptif sur lâUnicode, y accĂ©der requiert un effort important de la part de lâutilisateur, tout Ă lâinverse de la rapiditĂ© qui est la marque des communications Ă©lectroniques. Les dictionnaires et encyclopĂ©dies Ă©lectroniques consacrĂ©es au phĂ©nomĂšne[162] posent le mĂȘme problĂšme et, malgrĂ© lâenthousiasme ou les efforts de leurs auteurs, leur qualitĂ© est parfois variable[163]. Quant aux « énonciations » que proposent certains concepteurs dans les fonctions de synthĂšse vocale et dâaccessibilitĂ©, elles ne peuvent rendre quâune seule signification[164].
[106] Quatre émojis pour illustrer différentes controverses :
[107] Dâabord, les mains jointes, dont le descriptif Unicode est « U+1F64F person with folded hands » sont utilisĂ©es tantĂŽt pour remercier quelquâun, tantĂŽt pour montrer la priĂšre, tantĂŽt encore pour un « tape-mâen cinq » (high five), ce geste de victoire qui consiste Ă prĂ©senter sa paume ouverte et levĂ©e, pour quâune autre personne vienne y frapper la sienne[165]. On peut facilement imaginer une situation oĂč la question de savoir si une personne a participĂ© Ă une infraction ou lâa simplement encouragĂ©e dĂ©pend de ce que lâon considĂšre cet Ă©moji comme suggĂ©rant le remerciement ou plutĂŽt la connivence.
[108] Les petites mains du bonhomme souriant, ensuite, sont la maniĂšre dont plusieurs plateformes ont choisi de rendre le descriptif Unicode « U+1F917 hugging face ». LâĂ©moji toutefois ne semble pas uniformĂ©ment compris ainsi. Ainsi, si la majoritĂ© des gens dâentre 25 et 44 ans y voit en effet un cĂąlin, il sâagit plutĂŽt pour leurs aĂźnĂ©s et leurs cadets dâun « câest cool, pas de stress »[166]. Certains, artistes dans lâĂąme sans doute, y voient encore les « mains de jazz », mouvement dâun interprĂšte vers le public, les avant-bras tendus, les doigts Ă©cartĂ©s et frĂ©missants vers le public[167].
[109] La dame Ă la main levĂ©e Ă la hauteur des yeux, quant Ă elle, est largement, sinon exclusivement, employĂ©e comme lâeffrontĂ©e (la « sassy girl »), celle qui est « simplement fabuleuse » et un brin impertinente. En thĂ©orie, pourtant, il sâagit de la « U+1F481 information desk person »[168]. Ăvidemment, le phĂ©nomĂšne de dĂ©tournement nâest assurĂ©ment pas propre aux Ă©mojis, le terme « circassien », par exemple, nâest Ă lâorigine et au plan Ă©tymologique, que lâadjectif Ă©ponyme dâun peuple du Caucase; depuis une dizaine dâannĂ©es toutefois, il est employĂ©, faute dâautre terme, pour signifier « relatif au cirque ».
[110] Les Ă©mojis connaissent parfois deux sens, lâun littĂ©ral, lâautre figurĂ©. Une personne peut ainsi employer lâimage de vernis Ă ongles pour signifier quâelle a une nouvelle manucure ou affirmer un sentiment de supĂ©rioritĂ© esthĂ©tique; lâĂ©moji connote Ă©galement Ă lâoccasion la nonchalance[169] : lâemployer en rĂ©ponse Ă une consigne de son supĂ©rieur au travail pourrait ainsi constituer une forme dâinsubordination au travail[170]. Encore ici, le phĂ©nomĂšne nâest pas propre aux Ă©mojis : les « pĂ©pins » sont certes les graines des fruits, mais ce sont Ă©galement des « ennuis ».
[111] Ces exemples sont plutĂŽt bien Ă©tablis, mais il faut encore compter avec les codes idiosyncrasiques quâune personne ou quâun groupe aurait pu crĂ©er : la crevette pour signifier quâune personne entendait passer une journĂ©e douillette, le « OK » japonais (les bras encadrant la tĂȘte) pour annoncer lâheure dâun cours de zumba ou celle des moais â ces mystĂ©rieuses statues de lâĂle de PĂąques â par un couple pour marquer avec connivence toute absurditĂ© prononcĂ©e par un tiers en leur prĂ©sence[171]. Dans deux affaires au moins, le tribunal rapporte la signification quâun utilisateur donne â seul â Ă ses propres Ă©moticĂŽnes, sans toutefois que cela soit Ă lui seul dĂ©terminant[172].
b. Difficultés interculturelles et interlinguistiques
[112] LâĂ©moji, rappelons-le, vient du Japon, avec ses codes culturels. Ces trois Ă©mojis ont, Ă premiĂšre vue, une signification bien diffĂ©rente selon que lâon se trouve au QuĂ©bec ou au Japon : soupe aux pois, igloo et cĂŽne de construction ou gobelet de thĂ©, onigiri et tour de Tokyo?
[113] En outre, comme nous lâavons dĂ©jĂ Ă©voquĂ©, plusieurs Ă©mojis sont construits selon les codes visuels de lâunivers manga (il en va de mĂȘme pour les kaomojis, moins pour les Ă©moticĂŽnes). Alors que, dans les dessins animĂ©s et bandes dessinĂ©es franco-belges, le ronfleur Ă©met la lettre « z » Ă rĂ©pĂ©tition[174] ou voit sa tĂȘte surmontĂ©e dâune bĂ»che, au Japon, il a plutĂŽt tendance Ă produire des bulles par le nez[175]. Et câest exactement ce que fait lâĂ©moji « U+1F62A sleepy face ».
[114] De maniĂšre analogue, francophones ou anglophones auraient sans doute tendance Ă voir un signe dâexaspĂ©ration ou un long soupir dans cet Ă©moji â proche de la « moutarde qui monte au nez » ou de la « steam coming out of oneâs ears » â alors que les codes mangas y voient plutĂŽt la morgue ou le dĂ©dain dâune courte inspiration nasale, ce que reflĂšte le descriptif Unicode, soit « U+1F624 face with look of triumph »[180]. La colĂšre est plutĂŽt reprĂ©sentĂ©e par la « veine de la rage » dans lâunivers manga, quatre croissants rouges adossĂ©s (« U+1F4A2 anger symbol »), qui doivent rappeler les veines saillant du front dâune personne outrĂ©e ou qui fulmine[181].
[115] Les Ă©mojis ressortissant a priori Ă la culture japonaise sont nombreux[182] : le salut rĂ©vĂ©rencieux («  U+1F647 person bowing deeply »), la fleur blanche qui y signifie quâun devoir est excellent («  U+1F4AE white flower »), la personne qui encercle son visage de ses bras qui y signifie « OK » (« U+1F646 face with ok gesture ») ou le symbole qui reprĂ©sente les sources thermales (« onsen ») sur une carte routiĂšre (« U+2668 hot springs »). Les difficultĂ©s interculturelles ne se limitent pas Ă la signalĂ©tique ou aux codes culturels japonais : le cor postal est Ă peu prĂšs inconnu en AmĂ©rique, alors quâen Europe, il symbolise encore largement le bureau de poste. De mĂȘme, lâĂ©moji dâun immeuble marquĂ© dâun « H » reprĂ©sentera gĂ©nĂ©ralement lâhĂŽpital, mais parfois aussi lâhĂŽtel.
Au-delĂ des cultures, certaines Ă©tudes suggĂšrent aussi que les mĂȘmes Ă©mojis ne sont pas connotĂ©s ou compris selon les langues, voire les pays. Ainsi, si les Ă©mojis liĂ©s Ă la nourriture et Ă la musique semblent ĂȘtre utilisĂ©s avec uniformitĂ© Ă travers langues et cultures[183], dâautres ont des connotations particuliĂšres, propres Ă certaines rĂ©gions du monde. Par exemple, lâĂ©moji de soleil, en Russie, nâĂ©voquerait pas tant une journĂ©e ensoleillĂ©e que prĂ©cisĂ©ment la plage[184], alors quâau Royaume-Uni, câest lâavion qui Ă©voque cette plage, avec la vague et le soleil couchant, une association que ne font pas les utilisateurs mĂ©diterranĂ©ensau au climat nettement moins pluvieux[185]. Une Ă©tude suggĂšre encore que lâĂ©moji du salut de la main soit associĂ© Ă ceux du voyage au Royaume-Uni, mais pas aux Ătats-Unis[186]. Ces divergences sâenvisagent autant en thĂšme quâen version, câest-Ă -dire quâil faut Ă la fois considĂ©rer quels Ă©mojis les locuteurs dâune langue donnĂ©e sont le plus susceptibles dâutiliser pour reprĂ©senter un sentiment ou un concept donnĂ© (par exemple, les arabophones prĂ©sentent la plus forte utilisation des Ă©mojis de plantes et de fleurs; chez les francophones, câest le coeur qui vient en premiĂšre position[187]) et considĂ©rer la signification que des locuteurs de diffĂ©rentes langues assignent Ă des Ă©mojis donnĂ©s : lâĂ©moji de vernis Ă ongles, encore lui, nâaurait de connotation sexuelle que dans certaines rĂ©gions arabophones[188]. Encore, certains suggĂšrent que la montĂ©e en popularitĂ© fulgurante, sur Twitter, de lâĂ©moji du signe du recyclage â ruban de Moebius prĂ©sentĂ© en trois flĂšches vertes â sâexpliquerait par ce que, sa couleur verte Ă©tant celle de lâislam, plusieurs utilisateurs et applications lâajoutent aux tweets de priĂšres et dâinvocations pour encourager la republication et le partage[189].
c. Jargons et sous-cultures
[116] Il faut en outre compter avec les jargons et sous-cultures. Au premier chef, sans doute, la culture dâInternet, avec ses abrĂ©viations et ses hyperboles[190], mais encore, le langage codĂ© du sextage â plus de la moitiĂ© des dĂ©cisions judiciaires portent sur des infractions Ă caractĂšre sexuel, sans compter les dĂ©cisions administratives (voir paragraphe 44) â et celui de la pĂšgre.
[117] Quant aux messages Ă caractĂšre sexuel, sans quâil soit nĂ©cessaire dâentrer dans les dĂ©tails des substitutions conceptuelles, le fait est que plusieurs Ă©moticĂŽnes ont Ă©tĂ© imaginĂ©es Ă cette fin[191] et que plusieurs Ă©mojis ont Ă©tĂ© dĂ©tournĂ©s de leur sens premier au profit dâun imaginaire plus charnel, au premier chef lâaubergine et la pĂȘche[192]. Les hĂŽpitaux publics de New York ont dâailleurs lancĂ© une large campagne publicitaire pour sensibiliser les millĂ©nariaux Ă la rĂ©surgence des maladies vĂ©nĂ©riennes Ă lâaide de ces deux Ă©mojis[193]. De mĂȘme, le fabricant de prĂ©servatifs Durex milite activement pour lâintroduction dâun Ă©moji de condom, utilisant entre-temps lâaubergine et le parapluie dans ses campagnes de prophylaxie[194].
[118] Le champ lexical Ă©laborĂ© des drogues â autre sous-culture â sâest pour sa part presque frayĂ© un chemin dans la jurisprudence canadienne. Dans ce domaine, câest souvent la fonction lexicale ou de substitution qui sera mise de lâavant : comme il peut ĂȘtre question de « neige » ou de « diamant » pour de la cocaĂŻne ou du crack, on peut employer un Ă©moji de flocon de neige ou de diamant taillĂ©. DĂ©rivĂ©s de tranquillisants vĂ©tĂ©rinaires, la mescaline ou le PCP sont parfois dĂ©signĂ©s « horse » et, partant, peuvent facilement ĂȘtre transposĂ©s par lâĂ©moji du cheval. Ce sont parfois les effets quâon illustre : les Ă©mojis dâĂ©clair et de coeur sont combinĂ©s pour des stimulants comme le MDMA ou lâecstasy[195]. La marijuana, frĂ©quemment reprĂ©sentĂ©e par une feuille dâĂ©rable, demande un peu plus dâexplications. Rien Ă voir avec la lĂ©galisation du cannabis au Canada[196], câest plutĂŽt par ressemblance entre les feuilles, longues et minces, dâun plant de chanvre et celles de lâĂ©rable japonais, dont les feuilles ont sept lobes plus fins que ceux de la feuille de lâĂ©rable canadien quâillustre dĂ©sormais « U+1F341 maple leaf » sur la plupart des plateformes[197]. De maniĂšre analogue, lâananas et le conifĂšre renvoient pour certains aux « cocottes » de marijuana, câest-Ă -dire les fleurs femelles sĂ©chĂ©es dont est tirĂ©e la substance psychoactive[198].
[119] Ces langages codĂ©s sont loin dâĂȘtre un phĂ©nomĂšne nouveau pour les tribunaux qui ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© confrontĂ©s Ă diverses paralangues â la langue des signes[199], la stĂ©nographie[200] ou les abrĂ©viations courantes sur Internet[201] â, recourant parfois Ă des expertises. Ă cet Ă©gard, bien sĂ»r, il faut que le tribunal ne soit pas lui-mĂȘme apte Ă comprendre la signification des Ă©mojis â ou que les parties le convainquent quâil y a lieu dâavoir recours Ă un expert, suivant en cela la rĂšgle gĂ©nĂ©rale voulant que lâexpertise nâest admise que si elle est nĂ©cessaire afin « dâĂ©clairer le tribunal et de lâaider dans lâapprĂ©ciation dâune preuve en faisant appel Ă une personne compĂ©tente dans la discipline ou la matiĂšre concernĂ©e »[202]. Cela posĂ©, il arrive frĂ©quemment que lâon reconnaisse Ă des enquĂȘteurs la qualitĂ© dâexpert en « jargon du monde interlope »[203], mais Ă dĂ©faut pour les parties de lâavoir demandĂ©, le tribunal doit plutĂŽt sâen remettre au sens commun des mots, pris en contexte[204]. Et le contexte joue pour beaucoup : celui qui demande de la « glace » au commis du dĂ©panneur par une belle journĂ©e dâĂ©tĂ© veut sans doute simplement des glaçons prĂ©fabriquĂ©s; ce nâest sans doute pas le cas de celui qui aborde, furtivement et Ă la tombĂ©e de la nuit, le mĂȘme commis derriĂšre le dĂ©panneur en lui demandant la mĂȘme chose, qui cherche, lui, peut-ĂȘtre plutĂŽt de la mĂ©tamphĂ©tamine. Il nâen va pas autrement pour les Ă©mojis.
d. Difficultés grammaticales
[120] Sans doute certains ont-ils parlĂ© des Ă©mojis comme dâune nouvelle langue[205], mais la plupart sont plus nuancĂ©s : lâOxford English Dictionary â celui-lĂ mĂȘme qui a fait du pictogramme « face with tears of joy » son mot de lâannĂ©e 2015 â en fait une langue au sens large, comme le serait un langage informatique[206]; certains thĂ©oriciens de la communication y voient une « langue fantasmĂ©e »[207] ou une paralangue comme la langue des signes[208]; lâUnicode y voit un complĂ©ment au langage, ajoutant quâelle nâa pas de grammaire[209].
[121] Il est vrai quâĂ©crire « Joyeux anniversaire,  » ou « Joyeux anniversaire,  » ne change rien Ă la fĂȘte. Toutefois, de certaines Ă©tudes semble Ă©galement ĂȘtre ressortie une espĂšce de syntaxe intuitive des utilisateurs. Dâabord, lâĂ©moticĂŽne de renforcement ou de prise de position est presque invariablement placĂ©e Ă la fin de la phrase, et, comme lâĂ©moji, trĂšs rarement en plein milieu (on nâĂ©crira donc pas « Joyeux ! »)[210].
[122] Par contre, lorsque vient le temps de transposer une phrase en Ă©mojis, le locuteur respectera habituellement les rĂšgles de temps et dâaction ainsi que celles de la grammaire de sa langue de communication. Ainsi, en français ou en anglais, oĂč lâagent vient souvent avant lâaction, le visage qui pleure prĂ©cĂ©dera le coeur brisĂ©, celui qui rit sera mis avant les pouces levĂ©s en signe dâapprobation[211]. En français ou en anglais encore, le sujet grammatical, lorsquâil est distinct du locuteur[212], vient dâordinaire avant le complĂ©ment et ainsi, les participants Ă une Ă©tude ont gĂ©nĂ©ralement transposĂ© la photo dâun « homme comptant de lâargent » en deux Ă©mojis : lâhomme dâabord, lâargent ensuite (câest-Ă -dire «  » plutĂŽt que «  »), et celle dâune femme photographiĂ©e par un homme, en trois Ă©mojis : «  », homme, appareil-photo, femme[213]. On pourrait sâinterroger ici sur lâinfluence du sens de lecture de chaque langue : certes, le francophone, qui lit de gauche Ă droite, mettra le sujet, le verbe et le complĂ©ment dans cet ordre, mais quâen est-il de celui qui parle lâarabe, langue dont le sens de lecture est Ă lâinverse, ou le japonais, oĂč non seulement on lit de droite Ă gauche mais oĂč sujet et complĂ©ment sont sĂ©parĂ©s du verbe[214]?
[123] Divers Ă©lĂ©ments visuels viennent parfois jouer. Ainsi, une image montrant un trĂšs gros chĂąteau français dont sâĂ©loignait un passant en chandail rouge, a Ă©tĂ© transposĂ©e par la plupart des participants Ă la mĂȘme Ă©tude comme «  », chĂąteau puis homme, tout en Ă©tant largement dĂ©crite par les participants Ă lâinverse, câest-Ă -dire comme « un homme devant un chĂąteau »[215].
[124] De mĂȘme, lâimage force parfois aussi la grammaire : le pistolet, par exemple, vise vers la gauche â câest donc avant quâil faudra placer lâĂ©lĂ©ment Ă viser, le cas Ă©chĂ©ant[216]. Les Ă©mojis de voiture, de camion de pompier ou dâambulance aussi, de sorte que, pour figurer la vitesse, il faudra placer lâĂ©moji de nuage aprĂšs ces vĂ©hicules; si le nuage vient avant, on y lirait plutĂŽt que le conducteur sâenfonce dans le brouillard.
[125] Aux questions sĂ©mantiques peuvent mĂȘme se mĂȘler des considĂ©rations relatives Ă lâinteropĂ©rabilitĂ©Â : il nây a, par exemple, que chez Apple que le joueur de handball lance vers la gauche, et que chez Samsung que la danseuse regarde Ă gauche. En fait, chez Samsung, danseur et danseuse regardent vers la gauche, alors que sur Facebook, ils sont prĂ©sentĂ©s en directions opposĂ©es : qui suggĂšre une soirĂ©e de danse en ligne pourrait ne pas recevoir la rĂ©ponse escomptĂ©e de la part de qui a reçu un face-Ă -face passionnĂ© de flamenco...
[126] Sâils sont nombreux, les Ă©cueils ne sont toutefois pas insurmontables. En fait, surtout, il faut leur ajouter ce qui constitue, en quelque sorte, la « difficultĂ© zĂ©ro » de la communication : comprendre ce que lâautre a bien pu vouloir dire[217].
3. Interpréter
[127] Autrement, sans doute peut-on poser que les Ă©moticĂŽnes et les Ă©mojis font partie du discours, et assurĂ©ment ce sont des « signes » au sens saussurien du terme, câest-Ă -dire des « unitĂ©[s] linguistique[s] formĂ©e[s] dâune partie sensible ou signifiant (sons, lettres) et dâune partie abstraite ou signifié »[218], mais il convient encore de se demander Ă quel titre ils y opĂšrent. Quelle est leur fonction? Y a-t-il des parallĂšles Ă faire avec dâautres Ă©lĂ©ments du discours, comme la gestuelle ou le ton? SĂ©mioticiens, anthropologues et linguistes se sont penchĂ©s sur la question, pour dĂ©gager trois grandes fonctions[219] : (1) la fonction phatique; (2) la fonction dâĂ©nonciation, qui se subdivise elle-mĂȘme en (a) renforcement, (b) prise de position, (c) clarification; et (3) la fonction lexicale. Ces fonctions valent autant pour les Ă©moticĂŽnes que pour les Ă©mojis et lâon peut croire quâelles sont susceptibles dâaider le tribunal Ă dĂ©gager le sens potentiel dâun Ă©moji particulier dans un contexte donnĂ©, y compris en Ă©valuant la crĂ©dibilitĂ© du tĂ©moin qui explique ce quâil signifie pour lui. De fait, toutes trouvent des Ă©chos dans la jurisprudence.
[128] La fonction phatique dâabord relĂšve, en quelque sorte, de la gestion de la communication. Un Ă©noncĂ© phatique nâa pas pour objet de transmettre un message, il vise « essentiellement Ă Ă©tablir, prolonger ou interrompre la communication, Ă vĂ©rifier si le circuit fonctionne » entre locuteur et destinataire[220]; câest ajouter « comme vous savez » ou « voyez-vous » dans une affirmation ou interpeler par son prĂ©nom son interlocuteur unique[221], câest encore le « mm-mm » qui indique que lâon est encore au bout du fil, les diverses particules de discours que sont « bon », « euh », « enfin », voire « tsĂ©veudire » ou « du coup », ou, en ce qui concerne la gestuelle, le hochement de tĂȘte qui signifie « continue ton histoire ».
[129] Du cĂŽtĂ© des binettes, ce pourra ĂȘtre le visage envoyĂ© pour amorcer une conversation ou pour ne pas paraĂźtre y mettre fin trop brusquement, pour remplir un silence ou, dans une conversation de groupe, indiquer que lâon y est sans trop se commettre sur le fond[222].
[130] Il y a, en jurisprudence, plusieurs prononcĂ©s qui, sans accorder une signification prĂ©cise Ă des binettes, les tiennent pour des Ă©lĂ©ments suggĂ©rant la cordialitĂ© entre les interlocuteurs[223], une conclusion qui sâaccorde avec les chiffres, puisque plus de la moitiĂ© des Ă©mojis utilisĂ©s sont des visages positifs[224].
[131] On prendra garde cependant Ă ne pas abuser des binettes : Ă quelques occasions, les tribunaux ont vu un signe dâinstabilitĂ© dans leur utilisation surabondante[225], interdisant mĂȘme dans une affaire Ă une personne de les employer dans ses communications avec son ex[226]. Encore lĂ , pas de message particulier, simplement un certain niveau dâintensitĂ© communicationnelle[227].
[132] Dans les fonctions dâĂ©nonciation, vient dâabord la fonction de renforcement : le message verbalisĂ© se suffit Ă lui-mĂȘme, mais on y ajoute un geste : câest dire « oui » en opinant du bonnet, « non » en secouant la tĂȘte, « super » en levant les pouces ou en fermant son pouce avec son index[228]. Dans le monde des binettes, ce sera envoyer « je tâaime » par message texte et y ajouter un «  », taper « je vais voir un concert » et lâillustrer dâune «  » ou flanquer un « quelle belle journĂ©e » dâun «  ».
[133] Si lâon peut considĂ©rer la fonction de renforcement comme une fonction autonome (et secondaire)[229], on peut Ă©galement penser que renforcer un message, câest communiquer son importance, et de lĂ , on glisserait vers les fonctions de prise de position ou de clarification auxquelles peuvent servir les binettes. Car Ă©crire « je tâaime  », ce nâest pas tout Ă fait la mĂȘme chose quâenvoyer « je tâaime  ». En rĂ©pĂ©tant lâĂ©moji du coeur, ne se trouve-t-on pas Ă insister? Et dans lâinsistance, nây a-t-il pas une intention, un message?
[134] Ces binettes-lĂ rejoindraient alors celles qui rĂ©duisent les interprĂ©tations possibles Ă une seule (la clarification), qui colorent un Ă©noncĂ© neutre (la prise de position), voire qui viennent contredire un message (lâironie)[230]. Ces sous-fonctions de la fonction dâĂ©nonciation existent Ă©videmment dans la gestuelle : la personne qui sourit alors quâelle annonce quâune autre arrive prend position sur un Ă©noncĂ©; elle le fait encore si elle lĂšve les yeux au ciel ou en soupirant, mais le message est bien diffĂ©rent. La prise de position peut aller jusquâĂ renverser complĂštement lâĂ©noncĂ©. Ce sera le cas dâun Ă©tudiant nerveux qui dirait « avoir hĂąte » Ă lâexamen avec une intonation qui fait penser quâil a surtout hĂąte au moment oĂč il sera terminĂ©.
[135] Les binettes fonctionnent de la mĂȘme maniĂšre, opĂ©rant en quelque sorte un dĂ©placement de la voix Ă lâĂ©crit, câest-Ă -dire des gestes, mimiques ou tons dans le format du discours Ă©lectronique sous la forme unitaire de lâĂ©moji[231]. En fait, sâagissant des Ă©moticĂŽnes, elles ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es Ă cette fin, indiquer quâun Ă©noncĂ© se veut une plaisanterie (voir paragraphe 5). Quant aux Ă©mojis, la variĂ©tĂ© des visages quâils proposent permet dâillustrer rapidement le fond de sa pensĂ©e :
[136] En fait, un Ă©moji suffit pour changer complĂštement le sens dâun mĂȘme Ă©noncĂ©. Comparer :
[137] Et bien sĂ»r, lâĂ©moji accompagne aussi bien lâironie ou le sarcasme :
[138] Ces fonctions de clarification, de contradiction et de renforcement sont souvent mises en opposition dans la jurisprudence. Un bonhomme sourire est-il un indice dâun consentement Ă une relation sexuelle ou plutĂŽt lâexpression dâune difficultĂ© Ă mettre fin Ă une interaction avec un agresseur[233]? Cette mĂȘme binette, ajoutĂ©e Ă une phrase menaçante, en fait-elle une blague ou est-ce plutĂŽt une prise de position de lâauteur, qui sourit Ă lâidĂ©e de la mettre Ă exĂ©cution[234]? Des jugements illustrent lâune et lâautre issue.
[139] Des binettes peuvent ainsi ĂȘtre lâexpression manifeste quâun commentaire devait ĂȘtre entendu comme une blague et, partant, quâil ne saurait ĂȘtre qualifiĂ© de diffamatoire ou de haineux. Ainsi en est-il dans lâaffaire Maughan, oĂč le commentaire dâun Ă©tudiant sur un forum universitaire au sujet de ce quâil considĂšre ĂȘtre le fondamentalisme chrĂ©tien dâun certain politicien, dĂ©clenche une sĂ©rie de remarques qui seront lâobjet du litige sur le fond :
As to the question of how much respect I owe Mr [Stockwell] Day? He has repeatedly lied, backpaddled and avoided questions on issues we know to be true. Yes, he really does consider homosexuals to be âdeviants.â Yes he really does support the death penalty? Yes, he really doesnât believe women should have the right to choose to have abortions. Yes he really does believe that cultural institutions should receive no funding whatsowever [sic] from the government.
How is it that I owe respect to an individual who so obviously so [sic] no respect for huge elements of our society? Screw respect.
He makes me recall fondly a time period when Christians were stoned :)[235].
[140] Pour les tribunaux, comme pour les instances universitaires avant eux, le commentaire, bien que maladroit, se voulait simplement sarcastique, ce que dénotait notamment le recours à une émoticÎne :
The overall context of the [studentâs] email, the structure of the offending sentence, and the smiley face icon at its end, all convey an attempt (however clumsy) to strike a sardonic tone rather than one that was hate-mongering or promoting contempt or inferiority in comparison with others[236].
[141] Dans une autre affaire, ce sont les binettes envoyĂ©es en rĂ©ponse Ă des messages « somewhat sexually suggestive and mildly inappropriate » qui ont permis dâen contredire le caractĂšre harcelant : comme les messages « [were] consistently respond[ed] to [...] with laughter, with emojis that are âlaughing so hard they are cryingâ and with short form text language such as âlmaoâ », il Ă©tait impossible pour leur auteur de savoir que ses propos nâĂ©taient pas les bienvenus[237].
[142] Par contre, la prĂ©sence dâĂ©mojis ne sera pas toujours suffisante pour nier le caractĂšre de menace inhĂ©rent Ă une proposition :
While some messages include smiley face emoticons and the âlolâ shorthand, on the whole, it was reasonable for the trial judge to implicitly conclude that a reasonable person in C.B.âs circumstances would have been threatened by the Message[238].
[143] On pourrait mĂȘme ici avancer que lâĂ©moji souriant sâapparentait Ă du sadisme, procĂ©dant plutĂŽt au renforcement de lâimpression de danger. De la mĂȘme maniĂšre, on a jugĂ© quâune Ă©moticĂŽne de clin dâoeil aggravait une insinuation Ă caractĂšre sexuel, et ce, mĂȘme en tenant compte dâune prĂ©tendue divergence quant Ă la signification dâune sĂ©quence donnĂ©e :
Even if I were to accept Mr. Weberâs evidence that the semi-colon was intended by him as a smiley face, and not as a winky face, and that the âheheheâ was intended as a light-hearted hee-hee-hee, the fact remains that Mr. Weber sent text messages to the applicant describing her outfit from the event as âhotâ and telling her that he was âlooking forward to [her] coming out with the shorter dressâ. In my view, these comments are clearly and obviously sexual in nature. While perhaps not rising to the level of an overt sexual solicitation of the applicant, they nonetheless represent a sexual advance[239].
[144] En dĂ©finitive, tout cela est une question dâinterprĂ©tation et sâil est un exercice bien connu des dĂ©cideurs, câest assurĂ©ment celui-lĂ .
[145] Reste la fonction lexicale (ou de substitution). Ici, le message doit sâexprimer entiĂšrement sans mots[240]. Il sâagit souvent dâun geste qui remplace une expression : secouer la tĂȘte plutĂŽt que de verbaliser « non », faire un doigt dâhonneur plutĂŽt que dâinvectiver, tendre le pouce Ă lâhorizontale en bordure dâautoroute plutĂŽt que de tenir une pancarte « Voulez-vous me transporter quelque part? ». En Ă©mojis, plutĂŽt que dâĂ©crire « je tâaime », on enverra simplement un «  », ou, comme lâa relevĂ© une dĂ©cision, on pourra « rĂ©plique[r] OK par lâĂ©moticĂŽne ââ »[241]. Plusieurs des Ă©mojis, on sâen souviendra[242], sont nĂ©s pour figurer des raccourcis : le bureau, la poste, lâhĂŽpital, la banque, le guichet, lâhĂŽtel (voir paragraphe 5). La « traduction » en Ă©mojis dâouvrages classiques tels que Moby Dick[243], Les MisĂ©rables[244] ou Alice au pays des merveilles[245], ce microblogue qui rĂ©sume (mal) des dĂ©cisions des tribunaux britanniques[246] ou le livre sans paroles de Xu Bing[247], jouent essentiellement sur cette fonction lexicale[248].
[146] De nombreux Ă©mojis sont dĂ©jĂ envoyĂ©s tout Ă fait sans texte : en juin 2018, 900 millions dâĂ©mojis lâĂ©taient sur Facebook Messenger[249]. On peut en outre se demander si ces Ă©mojis « de substitution » ne se fraieront pas un chemin accru dans la jurisprudence dĂ©sormais, par exemple, que plusieurs logiciels de messageries suggĂšrent des substitutions aux utilisateurs (voir paragraphe 90). Certes, ce nâest sans doute pas Ă court terme que se dĂ©veloppera un corps jurisprudentiel sur la signification prĂ©cise du « U+1F640 weary cat face » ou du « U+1F574 man in business suit levitating » â comme il en existe un pour « solliciter »[250] ou « issue »[251] â, mais qui sait si les tribunaux nâauront pas tĂŽt ou tard leur mot Ă ajouter.
Conclusion
[147] LâĂ©moticĂŽne et le kaomoji sont deux rĂ©ponses typographiques donnĂ©es dĂšs les premiĂšres annĂ©es de lâInternet Ă la difficultĂ© de faire passer des Ă©motions par Ă©crit ou pour clarifier un propos lĂ oĂč les mots ne suffisent pas. Vers la fin des annĂ©es 1990, il se dĂ©veloppe par ailleurs rapidement au Japon un systĂšme pictographique pour exprimer certaines notions quâil est trop long de taper, y compris des Ă©motions : les Ă©mojis. Ce « secret » japonais prend le monde dâassaut lorsque, dĂ©sormais codifiĂ©s par Unicode, les grands opĂ©rateurs de tĂ©lĂ©phonie cellulaire les rendent disponibles pour tous les utilisateurs, rapidement suivis en cela par les principaux rĂ©seaux sociaux. Les Ă©mojis se propagent et se multiplient, deviennent de plus en plus sophistiquĂ©s : les dessins se raffinent et se multiplient, il sây ajoute des prĂ©dictions, des animations, de la reconnaissance faciale.
[148] Les Ă©mojis prĂ©sentent certains aspects du langage et prĂ©tendent Ă une forme dâuniversalitĂ©, certains en parlent de lâavĂšnement du « discours du doigt »[252]. AssurĂ©ment, les Ă©mojis peuvent contribuer Ă la « richesse mĂ©diatique » dâun message, lâembellir, lâanimer ou lui confĂ©rer plus de profondeur. Florissante culture du surĂ©crit, câest-Ă -dire, de ce qui sâajoute Ă lâĂ©crit, ces Ă©mojis, comme les Ă©moticĂŽnes avant eux, ont le dessein dâamĂ©liorer la communication. De fait, ils y parviennent souvent. Force est toutefois de constater quâils portent aussi leur lot dâĂ©cueils. Certains Ă©mojis, par exemple, reportent Ă lâĂ©crit les difficultĂ©s communicationnelles du face-Ă -face. MallĂ©abilitĂ© du faciĂšs humain oblige, comme les kinĂšmes, ils ne sont pas toujours univoques, et mĂȘme, sont parfois tout Ă fait Ă©quivoques. Ă ces difficultĂ©s quant au sens, peuvent sâajouter certaines difficultĂ©s techniques, liĂ©es Ă leur petite taille, Ă une faible rĂ©solution ou aux disparitĂ©s technologiques qui peuvent exister entre les systĂšmes, aux plans diachronique et synchronique, câest-Ă -dire entre les plateformes ou entre les versions successives dâune mĂȘme plateforme. Si on constate Ă ce dernier Ă©gard une certaine convergence, on peut Ă©galement se demander si le recours croissant Ă la messagerie assistĂ©e par ordinateur â quâil sâagisse des outils de prĂ©diction ou de remplacement ou carrĂ©ment des robots conversationnels â nâexacerbera pas Ă©galement des idiosyncrasies ou Ă©cartera des usages pourtant bien humains.
[149] Et le droit dans tout cela?
[150] La jurisprudence a dĂ©jĂ qualifiĂ© les Ă©moticĂŽnes de conventions sociales[253]. Quelques dĂ©cisions en ont parlĂ© comme de signes suffisamment communs pour pouvoir prendre acte des visages quâils reprĂ©sentaient[254]; dâautres ont reconnu que la popularitĂ© des Ă©mojis dĂ©bordait le monde Ă©lectronique[255]. Une autre dĂ©cision a explicitement posĂ© que les utilisateurs y avaient souvent recours parce que « [e]motion and tone are absent from text messages »[256], et, mĂȘme quâils pouvaient contribuer Ă bĂątir une relation « authentique »[257]. TantĂŽt simples marqueurs phatiques tantĂŽt modificateurs dâĂ©noncĂ©s, les binettes viennent aider Ă interprĂ©ter ici une intention coupable, lĂ plutĂŽt lâenthousiasme prĂ©contractuel, ici encore, le consentement ou le refus.
[151] Car linguistique, sĂ©miotique, communications, psychologie, Ă©tudes culturelles, autant de domaines quâinterpellent les Ă©moticĂŽnes et les Ă©mojis dans leur rapport au droit. Au strict plan juridique toutefois, le principal dĂ©fi de cette explosion des « signes dâintention » numĂ©riques est de voir comment le droit peut se poser Ă la fois comme instrument de continuitĂ© et dâinnovation. ContinuitĂ©, car il possĂšde les ressources : les juristes sont rouĂ©s Ă lâexercice dâinterprĂ©tation, quâil sâagisse de loi, de contrats, de tĂ©moignages. Mais innovation aussi, car si la justice prĂ©tend effectuer un virage numĂ©rique, il ne suffit pas de permettre le recours aux « technologies de lâinformation », il faut les comprendre, les intĂ©grer et les apprĂ©hender.
[152] Avec un clin dâoeil, notons que cent vingt-trois dĂ©cisions lâont dĂ©jĂ fait. Cent vingt-trois? Nâest-ce pas plus tĂŽt cent dix-neuf? Et oui, Ă la vitesse oĂč se multiplient les binettes dans la jurisprudence, il fallait sây attendre, entre le 1er juillet 2018, date de fraĂźcheur de cet article, et sa remise Ă lâĂ©diteur, quelques semaines plus tard Ă peine, quatre dĂ©cisions se sont ajoutĂ©es au lot[258]. Combien y en aura-t-il encore dâici lâimpression ou la distribution?
Parties annexes
Notes
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[*]
Lâarticle a Ă©tĂ© primĂ© dans lâĂ©dition 2019 du concours juridique de la Fondation du Barreau du QuĂ©bec, catĂ©gorie « manuscrit ».
-
[1]
Vladimir Nabokov, Strong Opinions, New York, Vintage International, 1990 aux pp 133â34. Cette rĂ©ponse nâest pas reprise dans lâentrevue elle-mĂȘme (voir ibid Ă la p 131). On fera remarquer que lâon proposait, depuis le XIXe siĂšcle, des signes de ponctuation alternatifs ou non standards tels la virgule dâexclamation, le point dâironie ou le point dâexclarogation (voir Laurent CarriĂšre, « Du point-virgule et du droit des marques » (2015) 27:3 CPI 971 Ă la p 989, n 77; Keith Houston, Shady Characters: The Secret Life of Punctuation, Symbols & Other Typographical Marks, New York, WW Norton & Company, 2013).
-
[2]
LâĂ©tude classique dâAlbert Mehrabian, largement nuancĂ©e depuis, posait que 55 % de la communication se fait par le langage corporel, 38 % par le ton de voix, laissant un maigre 7 % aux mots (Nonverbal Communication, New Brunswick (Ă-U), AldineTransaction, 1972 Ă la p 108). Pour sa part, Ray L Birdwhistell, anthropologue Ă qui lâon doit la kinĂ©sie, câest-Ă -dire lâĂ©tude des mouvements humains comme motifs culturels de communication, et le terme « kinĂšme », estime que lâapport des mots varie entre 30 et 35 % (Kinesics and Context: Essays on Body Motion Communication, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 1970 Ă la p 158).
-
[3]
Voir Daantje Derks, Agneta H Fischer et Arjan ER Bos, « The Role of Emotion in Computer-Mediated Communication: A Review » (2008) 24 Computers in Human Behavior 766 aux pp 776â77; Maria Kingsbury, « How to Smile When They Canât See Your Face: Rhetorical Listening Strategies for IM and SMS Reference » (2015) 5:1 Intl J Digital Library Systems 31. Voir aussi Richard L Daft et Robert H Lengel, « Organizational Information Requirements, Media Richness and Structural Design » (1986) 32:5 Management Science 554 Ă la p 560, qui prĂ©sentent la notion de « richesse mĂ©diatique », câest-Ă -dire la quantitĂ© et la qualitĂ© de lâinformation quâun mĂ©dia permet de transmettre dans un laps de temps donnĂ©Â : le texte est ainsi moins riche que le dialogue car il nâoffre aucun indice visuel ou tonal.
-
[4]
Ambrose Bierce, « For Brevity and Clarity » dans The Collected Works of Ambrose Bierce, vol 11, New York, Neale, 1912, 385 aux pp 386â87 :
While reforming the language I crave leave to introduce an improvement in punctuationâthe snigger point, or note of cachinnation. It is written thus âȘ and represents, as nearly as may be, a smiling mouth. It is to be appended, with the full stop, to every jocular or ironical sentence; or, without the stop, to every jocular or ironical clause of a sentence otherwise seriousâthus: âMr. Edward Bok is the noblest work of God.ââȘ
Voir généralement Houston, supra note 1 aux pp 211 et s.
-
[5]
Dans Plumons lâoiseau, HervĂ© Bazin propose la crĂ©ation de six « points dâintonation » : le point dâamour, le point de conviction, le point dâironie, le point dâautoritĂ©, le point dâacclamation et le point de doute (Paris, Bernard Grasset, 1966 aux pp 141â43).
-
[6]
Voir Eli Dresner et Susan C Herring, « Functions of the Nonverbal in CMC: Emoticons and Illocutionary Force » (2010) 20 Communication Theory 249.
-
[7]
Voir Marshall McLuhan, The Gutenberg Galaxy: The Making of Typographic Man, Toronto, University of Toronto Press, 1962.
-
[8]
Pour les variations interculturelles, voir Barry Kavanagh, A Contrastive Analysis of American and Japanese Online Communication: A Study of UMC Function and Usage in Popular Personal Weblogs, thĂšse de doctorat en culture internationale, Tohoku University, 2015 [non publiĂ©e], en ligne : Japanese Institutional Repositories Online <jairo.nii.ac.jp/en> [perma.cc/G5ZX-5TNA]; Petra Kralj Novak et al, « Sentiment of Emojis » (2015) 10 PLoS ONE 1 aux pp 11â12. Pour les variations liĂ©es au sexe, voir Zhenpeng Chen et al, « Through a Gender Lens: Learning Usage Patterns of Emojis from Large-Scale Android Users » dans Proceedings of the World Wide Web Conference 2018, tenue du 23 au 27 avril 2018 Ă Lyon, Creative Commons Attribution 4.0 International, 2018, 763; Alecia Wolf, « Emotional Expression Online: Gender Differences in Emoticon Use » (2000) 3:5 CyberPsychology & Behaviour 827. Pour les variations liĂ©es Ă la plateforme, voir Garreth W Tigwell et David R Flatla, « âOh thatâs what you meant!â: Reducing Emoji Misunderstanding » dans MobileHCI â16. 18th International Conference on Human-Computer Interaction with Mobile Devices and Services, tenue du 6 au 9 septembre 2016 Ă Florence [non publiĂ©], en ligne : ACM Digital Library <dl.acm.org> [perma.cc/9LR4-JQMP]; Sabrina Chairunnisa et Benedictus AS, « Analysis of Emoji and Emoticon Usage in Interpersonal Communication of Blackberry Messenger and WhatsApp Application User » (2017) 4:2 Intl J Soc Sciences & Management 120; Hannah Miller et al, « âBlissfully Happyâ or âReady to Fightâ: Varying Interpretations of Emoji » dans Proceedings of the Tenth International Conference on the Web and Social Media, tenue du 17 au 20 mai 2016 Ă Cologne, Palo Alto (Cal), AAAI Press, 2016, 259, en ligne : Association for the Advancement of Artificial Intelligence <www.aaai.org> [perma.cc/NRH5-Z7ZW]; CĂ©lia Schneebeli, « The Interplay of Emoji, Emoticons, and Verbal Modalities in CMC: A Case Study of YouTube Comments » dans Visualizing (in) the New Media, tenue le 9 novembre 2017 Ă lâUniversitĂ© de NeuchĂątel [non publiĂ©], en ligne : <hal.archives-ouvertes.fr> [perma.cc/QJH9-JBRP].
-
[9]
Nick Stockton, « EmojiâTrendy Slang or a Whole New Language? », Wired (24 juin 2015), en ligne : <www.wired.com> [perma.cc/LX66-9222]. Les instances disciplinaires du Barreau de la Colombie-Britannique ont dĂ©jĂ qualifiĂ© le mot « fuck » de « ponctuation Ă©motionnelle » (voir Re Johnson, 2016 LSBC 20 au para 56).
-
[10]
Pour une bonne vulgarisation, voir Alex Hern, « Donât Know the Difference Between Emoji and Emoticons? Let Me Explain », The Guardian (6 fĂ©vrier 2015), en ligne <www.theguardian.com> [www.theguardian.com]; Miller et al, supra note 8 Ă la p 260.
-
[11]
Une décision canadienne les définit, dans une remarque incidente, comme « symbols with faces displaying an emotion » (R v Tresierra, 2006 BCSC 1013 au para 36). Plusieurs décisions américaines reprennent la définition proposée par le dictionnaire Merriam-Webster (voir United States v Cochran, 534 F (3d) 631 (7e Cir 2008) à la p 632, n 1; Wisconsin v Jacques, 2011 WI App 58, 332 Wis (2d) 804, n 2; United States v Shinn, 681 F (3d) 924 (8e Cir 2012) à la p 927, n 4).
-
[12]
Faut-il le prendre de travers?
-
[13]
On trouve ainsi quatre personnages typographiĂ©s â â dans un numĂ©ro de lâhebdomadaire satirique Puck de 1881 (« Typographical Art », Puck 9:212 (30 mars 1881) 65). Vers 1972, des utilisateurs du systĂšme Plato produisent des visages pixelisĂ©s en surimprimant plusieurs lettres : (voir Brian Dear, The Friendly Orange Glow: The Untold Story of the PLATO System and the Dawn of Cyberculture, New York, Pantheon Books, 2017 aux pp 270, 338â39). Sur les parallĂšles linguistiques entre les hiĂ©roglyphes, les rĂ©bus et les Ă©mojis, voir Hamza Alshenqeeti, « Are Emojis Creating a New or Old Visual Language for New Generations? A Socio-semiotic Study » (2016) 7:6 Advances in Language and Literary Studies 56 aux pp 58 et s.
-
[14]
Voir Scott E Fahlman, « Smiley Lore :-) » (2002), en ligne : Carnegie Mellon University <www.cs.cmu.edu> [perma.cc/QCQ8-D7YP]; « Original Bboard [sic] Thread in Which :-) was Proposed » (19 septembre 1982), en ligne Carnegie Mellon University <www.cs.cmu.edu> [perma.cc/K8BJ-YQDZ].
-
[15]
Et non au sens du pictogramme de la micro-informatique (Alain Rey et Josette Rey-Debove, dir, Le Petit Robert : Dictionnaire alphabĂ©tique et analogique de la langue française, Paris, Dictionnaires Le Robert â SEJER, 2018, sub verbo « icĂŽne »). En ce sens, en français, « icĂŽne » est un terme spĂ©cialisĂ© de linguistique et de sĂ©miologie ou de lâart religieux (voir TrĂ©sor de la langue française informatisĂ©, sub verbo « icĂŽne », en ligne : Analyse et traitement informatique de la langue française <atilf.atilf.fr> [perma.cc/LU7K-NU22]). En anglais, lâacception est plus largement usitĂ©e (voir, au Merriam-Webster, sub verbo « icon», en ligne : Merriam-Webster <www.merriam-webster.com> [https://perma.cc/YVA6-3MP9], « a usually pictorial representation » ou simplement « a sign (such as a word or graphic symbol) whose form suggests its meaning ») et câest par lâanglais que vient lâicĂŽne informatique, nĂ©cessairement une image, qui explique que lâon puisse justifier lâemploi du terme « émoticĂŽne » pour qualifier aussi les Ă©mojis... Par souci de clartĂ©, nous marquons une distinction stricte entre lâĂ©moticĂŽne (la combinaison de signes typographiques) et lâĂ©moji (le pictogramme).
-
[16]
Le mot figure Ă lâĂ©dition imprimĂ©e du Oxford English Dictionary depuis juin 2001 : « emoticon, n., computing. A representation of a facial expression formed by a short sequence of keyboard characters (usually to be viewed sideways) and used in electronic mail, etc., to convey the senderâs feelings or intended tone ». LâentrĂ©e recense un premier usage dĂšs 1988.
-
[17]
En 1963, la State Mutual Life Assurance of Worcester commande au graphiste Harvey Ball un symbole pour une campagne visant à améliorer le moral de ses employés. Ball dessine un visage souriant sur un macaron en métal jaune, donnant ainsi naissance, selon certains historiens du graphisme, à la version moderne du « bonhomme sourire » classique (Jimmy Stamp, « Who Really Invented the Smiley Face? », Smithsonian (13 mars 2013), en ligne : <www.smithsonianmag.com> [perma.cc/U96K-KBN6]; Luke Stark et Kate Crawford, « The Conservatism of Emoji: Work, Affect and Communication » (2015) Soc Media + Soc 1 à la p 2).
-
[18]
Sur la distinction, voir Dresner et Herring, supra note 6.
-
[19]
Voir Banque de terminologie du Québec, sub verbo « smiley/binette », en ligne : Office québécois de la langue française <www.oqlf.gouv.qc.ca> [perma.cc/VA3E-9XCQ].
-
[20]
Voir France, Commission gĂ©nĂ©rale de terminologie et de nĂ©ologie, Liste des termes, expressions et dĂ©finitions adoptĂ©s : Vocabulaire de lâinformatique et de lâinternet, JO n°78 (16 mars 1999) Ă la p 3907; France (MinistĂšre de la Culture), Banque FranceTerme, 2018, sub verbo « frimousse », en ligne : <www.culture.fr/franceterme> [perma.cc/M6ZL-U2JY].
-
[21]
Pour une explication sobre et complÚte, voir « Donner un visage français aux smileys » (juin 2005), en ligne : Druide informatique <www.druide.com> [perma.cc/9UDX-3RE8].
-
[22]
Alain Rey et Josette Rey-Debove, dir, Le Petit Robert : Dictionnaire alphabĂ©tique et analogique de la langue française, Paris, Dictionnaires Le Robert â SEJER, 2018, sub verbo « émoticone » : « n.m. â 1996, anglais emoticon (1990), de emoti(on) et icon. Anglic. Suite de caractĂšres alphanumĂ©riques utilisĂ©e dans un message Ă©lectronique pour former un visage stylisĂ© exprimant une Ă©motion, reprĂ©sentant un trait physique, une action, un personnage... [...] On trouve aussi Ă©moticĂŽne, n.f. [...] Recomm. offic. frimousse. »
-
[23]
Banque de terminologie du QuĂ©bec, 2018, sub verbo « émoticĂŽne », en ligne : Office quĂ©bĂ©cois de la langue française <www.granddictionnaire.com> [perma.cc/WFL3-6TDB] : « Lâemprunt intĂ©gral adaptĂ© Ă©moticĂŽne et sa variante graphique Ă©moticone, attestĂ©s en français depuis le dĂ©but des annĂ©es 1990, sont acceptables parce quâils sâinscrivent dans la norme sociolinguistique du français au QuĂ©bec et ailleurs en francophonie. »
-
[24]
Carine Girac-Marinier, dir, Le Petit Larousse 2019, Paris, Larousse, 2018, sub verbo « émoticĂŽne » : « n.f. (de Ă©motion et icĂŽne). Inform. Dans un message Ă©lectronique, reprĂ©sentation typographique (par combinaison de caractĂšres) ou graphique (image fixe ou animĂ©e) figurant une Ă©motion â LâĂ©moticĂŽne la plus connue est celle symbolisant un sourire. (â Smiley) ». Sur lâhĂ©sitation entre le fĂ©minin et le masculin, voir « Un icone? Un icĂŽne? Une icone? Une icĂŽne? » (septembre 2001), en ligne : Druide informatique <www.druide.com/fr> [perma.cc/3QZX-9B2E].
-
[25]
Elizabeth Kirley et Marilyn McMahon, « The Emoji Factor: Humanizing the Emerging Law of Digital Speech » (2018) 85:2 Tenn L Rev 517 à la p 524.
-
[26]
Sur cette question prĂ©cise de lâutilisation des nez, voir Tyler Schnoebelen, « Do You Smile with Your Nose? Stylistic Variation in Twitter Emoticon » (2012) 18:2 U Pennsylvania Working Papers in Linguistics 117, en ligne (pdf) : University of Pennsylvania Libraries <repository.upenn.edu> [perma.cc/3UWP-B5B5]; Dirk Hovy, Anders Johannsen et Anders SĂžgaard, « User Review Sites as a Resource for Large-Scale Sociolinguistic Studies » dans Actes de la 24e confĂ©rence internationale sur le World Wide Web tenue Ă Florence, 18-22 mai 2015, International World Wide Web Conferences Steering Committee, 2015, 452 Ă la p 456, en ligne (pdf) : <www.www2015.it> [perma.cc/NCA7-HBB7].
-
[27]
Voir Kavanagh, supra note 8 Ă la p 42. Lâune des premiĂšres utilisations rĂ©pertoriĂ©es se trouverait dans un billet du 20 juin 1986 dâASCII Net, en ligne : <staff.aist.go.jp> [perma.cc/RKE4-8MYX].
-
[28]
Voir Masaki Yuki, William W Maddux et Takahiko Masuda, « Are the windows to the soul the same in the East and West? Cultural differences in using the eyes and mouth as cues to recognize emotions in Japan and the United States » (2007) 43:2 J Experimental Soc Psychology 303. Voir aussi Alice Leber-Cook et Roy T Cook, « Stigmatization, Multimodality and Metaphor: Comics in the Adult English as a Second Language Classroom » dans Carrye Kay Syma et Robert G Weiner, dir, Graphic Novels and Comics in the Classroom: Essays on the Educational Power of Comics, Jefferson (NC), McFarland & Company, 2013, 23 à la p 31.
-
[29]
Hergé, Les aventures de Tintin, t 20 : Tintin au Tibet (1960), Bruxelles, Casterman, 2007, page couverture.
-
[30]
Ibid à la p 35.
-
[31]
En japonais, les noms communs sont invariables. Le pluriel de « emoji » y est donc « emoji ». Si lâon traite le mot « emoji » comme un mot Ă©tranger, il y a lieu de respecter le pluriel Ă©tranger mais dâemployer lâitalique (des emoji); si le mot doit ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un terme français, il faut accentuer et prĂ©fĂ©rer un pluriel français (des Ă©mojis). ConsidĂ©rant leur nombre, la marque du pluriel ne peut pas nuire, aussi choisissons-nous la graphie francisĂ©e.
-
[32]
Ătymologiquement, il sâagit littĂ©ralement dâun pictographe. Les nĂ©ologistes les plus francofous auraient pu imaginer « imagimot ».
-
[33]
Lui-mĂȘme se prĂ©sente comme tel : voir Mamiko Nakano, « Why and How I Created Emoji: Interview with Shigetaka Kurita », traduit par Mitsuyo Inaba Lee (15 mars 2015), en ligne : Ignition <ignition.co> [perma.cc/NLB8-46J8]. Cependant, certains ont remarquĂ© la prĂ©sence de pictogrammes correspondant Ă la dĂ©finition dâĂ©moji dans des manuels dâinstruction anonymes dâautres compagnies de tĂ©lĂ©phonie cellulaire (voir Jeremy Burge, « Correcting the Record on the First Emoji Set » (8 mars 2019), en ligne (blogue) : Emojipedia <blog.emojipedia.org> [perma.cc/93TZ-HPYJ])
-
[34]
Cette premiĂšre palette a Ă©tĂ© intronisĂ©e, le 26 octobre 2016, dans la collection permanente du MoMA Ă New York (voir Paul Galloway, « The Original NTT DOCOMO Emoji Set Has Been Added to The Museum of Modern Artâs Collection » (26 octobre 2015), en ligne : MoMA <stories.moma.org> [perma.cc/XZ5S-NN3L]).
-
[35]
Voir Groupe de travail sur lâinteropĂ©rabilitĂ©, « DĂ©finitions » (30 janvier 2015), en ligne : Association Francophone des Utilisateurs de Logiciels Libres <aful.org> [perma.cc/23K6-73MB].
-
[36]
La question des polices de caractĂšre nâest pas abordĂ©e ici. Voir toutefois Charles Bigelow et Kris Holmes, « The Design of a Unicode Font » (1993) 6:3 Electronic Publishing 289.
-
[37]
« What is Unicode? » (derniÚre modification le 24 septembre 2017), en ligne : Unicode <www.unicode.org> [perma.cc/MQS3-Z5HD].
-
[38]
Voir « History of Unicode: Summary Narrative » (derniÚre modification le 31 août 2006), en ligne : Unicode <www.unicode.org> [perma.cc/LAB5-EP3N].
-
[39]
Voir « What is Unicode? », supra note 37.
-
[40]
Il est Ă©galement libre de choisir la maniĂšre dont lâĂ©moji sera dĂ©crit dans les fonctions dâaccessibilitĂ© et libre de choisir les traductions de ces descriptions, si elles sont disponibles. Ce que le consortium Unicode par exemple, dĂ©crit comme « U+1F624 face with look of triumph » est « énoncé » par la version française dâApple iOS 6 comme un « visage fĂąché » (pour une explication, voir au para 114, ci-dessous). LâUnicode fournit par ailleurs certaines traductions des descriptions, mais elles ne sont pas uniformes et elles Ă©voluent : ce mĂȘme Ă©moji Ă©tait traduit par « fier » en janvier 2016 mais par « visage avec fumĂ©e sortant des narines » en juin 2018 (voir « Full Emoji List, v11.0 » (derniĂšre consultation le 1er juillet 2018), en ligne : Unicode <unicode.org/emoji/charts/full-emoji-list.html>). Nous utiliserons pour cette raison les descriptifs officiels anglais.
-
[41]
Voir « UnicodeŸ Code Charts Help and Links » (derniÚre modification le 1er juillet 2018), en ligne : Unicode <unicode.org/charts/About.html> [perma.cc/R845-VQJR].
-
[42]
Voir Kat Momoi, Mark Davis et Markus Scherer, « Working Draft Proposal for Encoding Emoji Symbols », Document de travail No L2/07-257 (3 août 2007), en ligne (pdf) : Unicode <www.unicode.org> [perma.cc/K975-CKM6].
-
[43]
Voir Markus Scherer et al, « Emoji Symbols Proposed for New Encoding », Document de travail No L2/09-026 (30 janvier 2009), en ligne (pdf) : Unicode <www.unicode.org> [perma.cc/26LR-H6VA].
-
[44]
Sur lâhistorique technique des Ă©mojis, voir « UnicodeÂź Technical Standard #51 : Unicode Emoji, version 11.0 » (21 mai 2018), 14e rĂ©vision, en ligne : Unicode <http://unicode.org/reports/tr51> [perma.cc/A5AC-Z3Z6] [« Unicode Technical Standard #51 »]; Marc Schenker, « The Surprising History of Emojis » (11 octobre 2016), en ligne : WebDesignerDepot <www.webdesignerdepot.com> [perma.cc/QK95-29ZE]; Arielle Pardes, « The WIRED Guide to Emoji », Wired (2 janvier 2018), en ligne : <www.wired.com> [perma.cc/H93Z-TP27].
-
[45]
Voir « Unicode Technical Standard #51 », supra note 44.
-
[46]
Voir Jeremy Burge, « Who Owns Emojis » (31 janvier 2017), en ligne (blogue) : Emojipedia <blog.emojipedia.org> [perma.cc/DR7D-3RB7].
-
[47]
Voir « Apple iOS 5.0 » (derniÚre consultation le 1er juillet 2018), en ligne : Emojipedia <emojipedia.org/apple/ios-5.0> [perma.cc/Y4Q9-PWH8].
-
[48]
Voir « Microsoft Windows 8.0 » (derniÚre consultation le 1er juillet 2018), en ligne : Emojipedia <emojipedia.org/microsoft/windows-8.0> [perma.cc/Q3EW-XSD8].
-
[49]
Voir « Google Android 4.3 » (derniÚre consultation le 1er juillet 2018), en ligne : Emojipedia <emojipedia.org/google/android-4.3> [perma.cc/Q3EW-XSD8].
-
[50]
Voir « Samsung TouchWiz Nature UX 2 » (derniÚre consultation le 1er juillet 2018), en ligne : Emojipedia <emojipedia.org/samsung/touchwiz-2.0> [perma.cc/A9TX-G5TZ>].
-
[51]
Voir « Facebook 1.0 » (derniÚre consultation le 1er juillet 2018), en ligne : Emojipedia <emojipedia.org/facebook/1.0> [perma.cc/PUQ9-V9PH].
-
[52]
Voir « Twitter Twemoji 1.0 » (derniÚre consultation le 1er juillet 2018), en ligne : Emojipedia <emojipedia.org/twitter/twemoji-1.0> [perma.cc/43HT-GNUP].
-
[53]
Sur les Ă©mojis et la diversitĂ©, voir Stark et Crawford, supra note 17 Ă la p 7; Rachel Scall, « Emoji as Language and Their Place outside American Copyright Law », (2015â2016) 5:2 New York UJ Intellectual Property & Entertainment L 381 aux pp 387â88; Olivia Solon, « Emoji diversity: how âsilly little facesâ can make a big difference », The Guardian (7 novembre 2016), en ligne : <www.theguardian.com> [perma.cc/G9RK-J7X8].
-
[54]
Voir notamment « Annex B: Valid Emoji Flag Sequences » (derniĂšre consultation le 1er juillet 2018), en ligne : Unicode <unicode.org> [perma.cc/CK2N-MV6M]; Benjamin Esham, « Unicodeâs encoding of national flags is just crazy enough to work » (27 juin 2014), en ligne (blogue) : Benjamin Esham <esham.io> [perma.cc/Y5RV-UDSE].
-
[55]
Voir notamment « 1.4.4 Emoji Modifiers » (derniÚre consultations le 1er juillet 2018), en ligne : Unicode <unicode.org> [perma.cc/9VL2-JPXU].
-
[56]
« Emoji Charts : Emoji Counts, v. 11.0 » (derniÚre modification le 22 octobre 2018), en ligne : Unicode <unicode.org> [perma.cc/F78Z-FNEU].
-
[57]
Si le consortium Unicode nâaccepte pas dâintĂ©grer des marques de commerce, rien nâempĂȘche une compagnie de commanditer un Ă©moji Ă lâimage de son produit-type : la chaĂźne de restauration rapide dâinspiration Tex-Mex TacoBell a ainsi militĂ©, avec succĂšs, pour lâintroduction du taco (voir TacoBell, « Taco Emoji » (derniĂšre consultation le 18 novembre 2018), en ligne : <www.tacobell.com> [perma.cc/DS6P-C75S]). Le fabricant de prĂ©servatifs Durex continue Ă le faire (voir infra, note 194). Cela dit, 59 % des usagers voudraient, Ă des degrĂ©s divers, avoir un Ă©moji dâune marque de biĂšre (voir Emogi Research Team, « 2016 Emoji Report » (16 novembre 2016) Ă la p 17, en ligne (pdf) : <cdn.emogi.com/docs/reports/2016_emoji_report.pdf> [perma.cc/6LKD-E5LE]). Voir aussi infra note 123.
-
[58]
Et sans compter avec les gifs, cousins hyperactifs des émojis (voir Amanda Hess, « Hands Off My Smiley Face: Emoji Become Corporate Tools », New York Times (20 juin 2016), en ligne : <www.nytimes.com> [perma.cc/G9R7-Z5A9] [Hess, « Hands Off My Smiley Face »]).
-
[59]
Oxford Dictionaries, « Oxford Dictonaries Word of the Year 2015 is... » (16 novembre 2015), en ligne (blogue) : OxfordWords <blog.oxforddictionaries.com> [perma.cc/MZ96-XL3E]. Le mot « emoji » y Ă©tait entrĂ© en 2013 (voir Katherine Connor Martin, « New word notes: December 2013 » (12 dĂ©cembre 2013), en ligne (blogue) : Oxford English Dictionary <public.oed.com/blog> [perma.cc/C7DY-6669]). Un peu plus tĂŽt en 2015, le Global Language Monitor avait choisi le comme mot de lâannĂ©e 2014 (voir AJ Dellinger, « Heart emoji anointed 2014âs word of the year » (2 janvier 2015), en ligne (blogue) : The Daily Dot <www.dailydot.com> [perma.cc/7TY9-NF93]).
-
[60]
Voir « emojitracker: realtime emoji use on twitter » (derniĂšre consultation le 1er juillet 2018), en ligne : Emojitracker <emojitracker.com> [perma.cc/RZV2-RUA3]. Par comparaison, le coeur, soit le deuxiĂšme Ă©moji en popularitĂ©, a Ă©tĂ© utilisĂ© 974 264 435 fois pendant la mĂȘme pĂ©riode (voir ibid). Voir aussi « The Emoji Report » (derniĂšre consultation le 1er juillet 2018), en ligne : Brandwatch <brandwatch.com>. Câest Ă©galement lâĂ©moji le plus populaire sur Facebook (voir « Happy World Emoji Day! » (17 juillet 2017), publiĂ© sur Mark Zuckerberg, en ligne : Facebook <www.facebook.com/zuck> [perma.cc/BS92-LFG4]) et sur Apple (voir « Differential Privacy » (6 novembre 2017), en ligne (pdf) : Apple <www.apple.com> [perma.cc/XV4L-G2JG]). Voir aussi Francesco Barbieri et al, « How Cosmopolitan Are Emojis?: Exploring Emojis Usage and Meaning over Different Languages with Distributional Semantics » dans MM â16: Proceedings of the 24th ACM international conference on Multimedia tenue du 15 au 19 octobre 2016 Ă Amsterdam, New York, ACM, 2016, 531 Ă la p 532.
-
[61]
Pour un total de 6 400 278 100 du 1er septembre 2015 au 31 aoĂ»t 2017 (voir Brandwatch, supra note 60). Dâailleurs, le site qui rĂ©pertorie lâutilisation des Ă©mojis sur Twitter en temps rĂ©el (voir Emojitracker, supra note 60) sâouvre avec un avertissement de risque dâĂ©pilepsie : « [E]mojitracker is an experiment in realtime visualization of all emoji symbols used on [T]witter. [I]t updates at the speed of updates on [T]witter in realtime, and thus contains rapidly updating visuals that may possibly cause problems for those sensitive to such things? ».
-
[62]
Voir « Happy World Emoji Day! », supra note 60; « Statistics » (17 juillet 2018), en ligne : World Emoji Day <worldemojiday.com> [perma.cc/L2XF-3EHV].
-
[63]
Voir Instagram Engineering, « Emojineering Part 1: Machine Learning for Emoji Trends » (1er mai 2015), en ligne (blogue) : Medium <medium.com> [perma.cc/YWY8-LZ9G].
-
[64]
On peut ainsi entrer lâĂ©moji de la pompe Ă essence ou du taco dans Yelp ou Google pour obtenir la station-service ou la taqueria la plus proche (voir par ex Kate Bratskeir, « You Can Now Use Emojis To Search On Yelp, And Itâs Not As Pointless As It Sounds », The Huffington Post (4 septembre 2014), en ligne : <www.huffingtonpost.ca> [perma.cc/JHM4-3BKW]; Ilyse Liffreing, « War on words: Emoji search is spreading » (6 juillet 2017), en ligne : Digiday <digiday.com> [perma.cc/UH75-GPKJ]).
-
[65]
Par exemple : .ws (le lunettier Warby Parker); INY.ws (courtier immobilier); .net (un enregistrement de LâInternationale en russe); phx.ws (association de soccer de Phoenix, Arizona); bradjennifer.ws (un site de mariage). Certains rapportent que .com, .net, .com et .com seraient les premiers noms de domaines en Ă©mojis, Ă une Ă©poque toutefois oĂč les signes ne sâaffichaient pas dans la barre dâadresse des fureteurs (voir Paddy Johnson, « Emoji Domains Are the Future (Maybe) » (26 fĂ©vrier 2018), en ligne : Gizmodo <gizmodo.com> [perma.cc/58KU-WUWC]). Le premier Ă lâavoir fait depuis aurait enregistrĂ© le nom de domaine .la (voir Cabel Sasser, « The Worldâs First Emoji Domain », (21 juillet 2011, mis Ă jour depuis), en ligne (blogue) : Panic Blog <panic.com/blog> [perma.cc/765E-Y743]).
-
[66]
Pour le traitement en droit de la propriété intellectuelle, voir Laurence Bich-CarriÚre, « Protection juridique des émojis : ou ? » dans Service de la Formation continue du Barreau du Québec, Développements récents en droit de la propriété intellectuelle, Cowansville (Qc), Yvon Blais, 2018, 305.
-
[67]
Voir par ex CISS-FM concernant le concours Big Bag of Cash, 2016 CCNR 9 [CISS-FM] (oĂč les deux termes sont employĂ©s de maniĂšre indistincte); Massissou v Amex Canada Inc (23 mai 2018), 1844-17-UR, 2018 CanLII 48186 au para 26 (CRTO) (oĂč il est question dâun « emoticon of a beer mug », ce qui est statistiquement assez peu probable); R v Grant, 2018 BCSC 413 [Grant] (oĂč il est question dâun « emoji » aux para 159, 194 alors que câest une Ă©moticĂŽne qui est reproduite aux para 21, 56).
-
[68]
Dont une avec la graphie « imoji » (voir Bombardier Inc v Unifor Local 112, 2016 CanLII 27573 à la p 7 (ON LA) (arbitre : Paula Knopf)).
-
[69]
Voir Plank v Plank, 1997 CanLII 3730 aux para 15, 18, 78 ACWS (3e) 955 (BC SC); National Bank of Greece (Canada) v Efstatheu, 2005 CanLII 44407 au para 25, 144 ACWS (3e) 76 (ON SC); Seamons v Durham Regional Police, 2006 ONCPC 8 aux pp 8, 17.
-
[70]
Voir R v Borecky, 2013 BCCA 163 au para 10 (sachets de drogue); R v Bishop, 2010 BCSC 1928 au para 10 (sachets de drogue); Ontario (College of Physicians and Surgeons of Ontario) v Porter, 2016 ONCPSD 3 Ă la p 14 (note manuscrite sur un pare-brise). Lâaffaire Lancashire County Council v M and others, [2016] EWFC 9 a Ă©tĂ© largement rapportĂ©e comme la premiĂšre dĂ©cision de cette cour Ă utiliser un Ă©moji (voir John Bingham, « Smile: High Court judge uses emoji in official ruling », The Telegraph (14 septembre 2016), en ligne : <www.telegraph.co.uk> [perma.cc/L3DG-46GZ]; Steve Doughty, « Court first as judge uses smiley emoji in his official ruling over family case involving a Muslim convert who âtried to take four children to Syriaâ », Daily Mail (14 septembre 2016), en ligne : <www.dailymail.co.uk> [perma.cc/AJ55-BXXX]). Pourtant, le juge Peter Jackson y reproduisait simplement Ă©lectroniquement une binette «  » utilisĂ©e dans un message manuscrit :
The message said that the family would be back on 3 August. It has a beside the date. After the family left, the police searched the caravan. They found the message and say that the is winking, meaning that the mother knew they wouldnât be coming back. I donât agree that the is winking. It is just a . The police are wrong about that, and anyhow they didnât find anything else when they searched the caravan (au para 27(13)).
-
[71]
En fait, des cinquante-neuf entrĂ©es pour « frimousses », une seule renvoie Ă lâobjet de la prĂ©sente Ă©tude, et le mot « émoticĂŽne » lui est accolĂ© (voir ME c Canada (Commission de lâassurance emploi), 2015 TSSDGAE 112 au para 61 [Commission de lâassurance-emploi]).
-
[72]
Voir Binette v Salmon Arm (City), 2018 BCCA 150; Binette c Larouche, 2018 QCRDL 11105; La Personelle c Binette, 2018 QCRDL 9374; El-Ariss c Binette, 2018 QCRDL 9050; Commission de police du Nouveau-Brunswick c Smiley, 2017 NBCA 58; Smiley v The Residential Section of The Owners, Strata Plan VIS 1921, 2017 BCCRT 75; Sterling c Meme-Smiley, 2017 QCRDL 25830; Smiley v Salat, 2017 ABPC 140 pour ne donner que les plus récentes.
-
[73]
Voir par ex R v McCall, 2011 BCPC 7 (sur la culpabilitĂ©) et R v McCall, 2011 BCPC 143 (sur la sentence); Protection de la jeunesse â 174853, 2017 QCCQ 9104 et Protection de la jeunesse â 174852, 2017 QCCQ 9103 (ordonnances identiques sauf quant Ă lâenfant dĂ©signĂ©).
-
[74]
Voir par ex Hamilton v CrĂȘpe it Up!, 2012 HRTOÂ 1941 [Hamilton]; CrĂȘpe It Up! v Hamilton, 2014 ONSC 6721 (en contrĂŽle judiciaire).
-
[75]
La plupart des dĂ©cisions ne comprennent quâune expression, mais il arrive que certaines les emploient comme synonymes (voir par ex CISS-FM, supra note 67; Grant, supra note 67, qui utilisent « émoticĂŽne » et « émoji » de maniĂšre interchangeable). Ces expressions sont Ă©galement employĂ©es en combinaison (voir par ex Century 21 Dome Realty Inc v Brittner, 2018 SKPC 24 au para 45 [Century 21], oĂč lâon parle de « smiley face emojis »; Commission de lâassurance-emploi, supra note 71 au para 61, oĂč il sâagit dâun « symbole âfrimousse/Ă©moticĂŽneâ »). Finalement, en prĂ©sence dâune version française et dâune version anglaise, nous avons considĂ©rĂ© la version française des motifs Ă nos fins statistiques (voir par ex ibid : « un symbole âfrimousse/Ă©moticĂŽneâ » dans la version française et « a âhappy face symbol/emoticonâ » dans la version anglaise).
-
[76]
Câest-Ă -dire depuis Protection de la jeunesse â 147507, 2014 QCCQ 19436 au para 8 (14 janvier 2014).
-
[77]
Câest-Ă -dire depuis R c National Post, 2010 CSC 16 au para 40 (7 mai 2010) (dans les motifs originaux en anglais; la version française emploie le verbe « microbloguer », plus gĂ©nĂ©rique).
-
[78]
Pour la premiÚre décision accessible sur WestLaw et QuickLaw, voir Re CTVglobemedia Inc (8 juin 2007), CRTC 2007-165, en ligne : CRTC <www.crtc.gc.ca> [perma.cc/98JR-9MNY], 2007 CarswellNat 8148. Pour le premier jugement accessible sur CanLII, voir WRV v SLV, 2007 NSSC 251 au para 31 (28 août 2007).
-
[79]
Cela Ă©tant, nous avons rĂ©pertoriĂ© en moyenne une dĂ©cision avec le mot « émoji » par mois de la premiĂšre rĂ©pertoriĂ©e, en juillet 2016, Ă ce jour. Ă titre comparatif, une Ă©tude amĂ©ricaine a rĂ©pertoriĂ© 80 dĂ©cisions comportant un Ă©moji pour toute lâannĂ©e 2016 (voir Eric Goldman, « Surveying the Law of Emojis » (2017) Santa Clara UL Studies Research Paper Document de travail No 8-17 Ă la p 51, en ligne : Social Science Research Network <papers.ssrn.com> [perma.cc/43PG-X7UU]).
-
[80]
Voir lâhonorable JO Wilson, A Book for Judges, Minister of Supply and Services Canada, 1980 aux pp 79â80. Voir aussi John I Laskin, « Forget the Wind-Up and Make the Pitch: Some Suggestions for Writing More Persuasive Factums » (1999), en ligne : Court of Appeal for Ontario <www.ontariocourts.ca> [perma.cc/S8SL-H3WN].
-
[81]
La tendance est toutefois à la hausse (voir Elizabeth G Porter, « Taking Images Seriously » (2014) 114 Colum L Rev 1687 à la p 1718).
-
[82]
Picard c Chalifour Canada ltd, 2013 QCCRT 0325 au para 29.
-
[83]
CV et Responsable du CSSS A, 2016 QCTAC 05659 au para 3 .
-
[84]
Voir supra note 64.
-
[85]
Et pourtant, il en existe : si la dĂ©cision de premiĂšre instance Maughan v UBC reproduit lâĂ©moticĂŽne qui figure dans un message Ă lâĂ©tude et emploie lâexpression « smiley face icon » (2008 BCSC 14 aux para 32â33, 405 [Maughan BCSC]), lâarrĂȘt confirmatif Maughan v University of British Columbia reprend aussi le message, Ă©moticĂŽne comprise, sans toutefois la nommer et nâa donc pas Ă©tĂ© inclus dans lâĂ©chantillon (2009 BCCA 447 au para 18 [Maughan BCCA]). De mĂȘme, on trouve un =) dans KC et Compagnie A (2015 QCCSST 184 au para 18) et un : P dans R v Ngai (2013 ABPC 16 au para 146). Ces dĂ©cisions ne sont pas intĂ©grĂ©es dans le bassin Ă lâĂ©tude.
-
[86]
Voir Joe Sremack, « Why Emojis Matter in E-Discovery », Todayâs General Counsel 13:6 (dĂ©cembre/janvier 2017) 28, en ligne : <issuu.com/todaysgc> [https://perma.cc/9PJU-9BH2]; Boxer Analytics, « 10 Things Every Attorney Should Know about Emojis. #ediscovery #emoji #legaltech » (29 septembre 2016 Ă 12:18), en ligne : Twitter <twitter.com> [perma.cc/C23K-EETU]; Judith Lamont, « Emerging content formats challenge e-discovery » (14 septembre 2017), en ligne : KMWorld Magazine <www.kmworld.com> [perma.cc/F7DV-UBTE]; Rhys Dipshan, « E-Discovery Can Tame Emojis, But Canât Outpace Them » (26 fĂ©vrier 2018), en ligne : LegalTech News <www.law.com> [perma.cc/RN7G-NSJU].
-
[87]
Deux dĂ©cisions rapportent lâutilisation de binettes Ă la fois dans des courriels et des textos. Elles ont Ă©tĂ© comptabilisĂ©es comme 0,5 dĂ©cision pour 50 dĂ©cisions oĂč les binettes sont Ă©changĂ©es par texto et vingt-six oĂč elles le sont par courriel.
-
[88]
Voir Re Insurance Corporation of British Columbia (8 novembre 2002), Auth (s 43) 02-02, en ligne : OIPCBC <www.oipc.bc.ca> [perma.cc/2ULK-QCZC] au para 31 [Insurance Corporation]; Maughan BCSC, supra note 85 au para 32, conf par Maughan BCCA, supra note 85, autorisation de pourvoi à la CSC refusée, 33495 (29 avril 2010); Hamilton, supra note 74 aux para 66, 75; R v Elliott, 2016 ONCJ 35 à la p 30 [Elliott]; Grant, supra note 67 aux para 21, 56; SF v KW, 2018 CanLII 6838 aux para 25, 52 (HPARB Ont). Toutes sont signées par des hommes.
-
[89]
Voir R v DCR, 2017 BCPC 80 au para 18; Abdelli c Duval, 2018 QCRDL 22101 au para 14. Les décisions sont signées par des femmes.
-
[90]
Voir Baker v Twiggs Coffee Roasters, 2014 HRTO 460 au para 11, conf par 2014 HRTO 1803; R v GL, 2014 ONSC 3403 au para 60; CĂŽtĂ© c Normand, 2017 QCRDL 42031 au para 136; LâAssociation des policiers(Ăšres) de Sherbrooke c Sherbrooke (Ville de) (2017), 2017 QCTA 721 (arbitre : Francine Lamy) [Association des policiers(Ăšres)]; R c Cardinal, 2018 QCCS 2610. Ă 60 %, le fait de dĂ©cideuses.
-
[91]
En proportion, les décideuses sont plus nombreuses que les décideurs à décrire les binettes : des 107 décisions signées par une seule personne, 41,12 % sont rendues par des femmes et 58,88 % par des hommes; de celles-là , 32 décrivent les binettes employées, qui sont à 46,88 % signées par des femmes et à 58,88 %, par des hommes.
-
[92]
Ordre des enseignantes et des enseignants de lâOntario c Burdett, 2011 ONOCTÂ 8.
-
[93]
Ibid.
-
[94]
Perry v The Centre for Advanced Medicine, 2017 HRTO 191 au para 73.
-
[95]
Voir BĂ©dirian v Canada (Justice), 2002 PSSRB 89 au para 207 (31 octobre 2002) (oĂč lâexpression « smiley face » est employĂ©e); Insurance Corporation, supra note 88 au para 31 (cette dĂ©cision rendue le 8 novembre 2002 utilise lâexpression anglaise « emoticon »).
-
[96]
Voir R v Papadopoulos, 2006 CanLII 49055 aux para 40â41, 73 WCB (2e) 480 (CS Ont) (« smiley face ») [Papadopoulos] (24 avril 2006); Canada (Canadian Human Rights Commission) v Winnicki, 2006 CF 873 au para 46 (12 juillet 2006) (« emoticon »).
-
[97]
Voir Re Toronto Transit Commission and ATU, Local 113 (Use of Social Media) (2016), 270 LAC (4e) 341 au para 58, [2016] OLAA No 267 (QL) (5 juillet 2016); R v CC, 2016 ONSC 4524 aux para 9, 11 (13 juillet 2016).
-
[98]
ConsacrĂ© notamment par les articles 2837â42 CcQ et par la Loi concernant le cadre juridique des technologies de lâinformation, RLRQ c C-1.1, arts 1(3), 9. Voir aussi art 263 Cpc.
-
[99]
Voir par ex Papadopoulos, supra note 96 au para 42 (oĂč le juge ordonne que des Ă©moticĂŽnes soient retirĂ©es dâun message car elles tendent Ă confondre deux conversations tenues simultanĂ©ment, une au sujet dâun homicide, lâautre, relative Ă un jeu vidĂ©o). Voir gĂ©nĂ©ralement R c White, 2011 CSC 13 au para 50 et s.
-
[100]
Voir Hatcher v Golding, 2017 ONSC 785 (oĂč le tribunal Ă©carte des messages contenant des Ă©mojis envoyĂ©s par une enfant, car il nâa pas assez dâinformation pour dĂ©terminer sâils ont Ă©tĂ© « dirigĂ©s » par un des parents); R v Butler, 2009 ABQB 97 (relativement aux messages dâune tierce personne dĂ©cĂ©dĂ©e).Voir aussi R v DD, 2015 ONSC 3667 (oĂč le juge dĂ©termine lâauteur dâun message contenant des Ă©mojis et lâadmet en preuve); Cardinal, supra note 90 aux para 9â12 (oĂč les parties, aprĂšs avoir dĂ©battu des rĂšgles relatives au ouĂŻ-dire, sâentendent sur lâadmissibilitĂ© dâun document dont les binettes nâont pas Ă©tĂ© reproduites). Voir gĂ©nĂ©ralement Benisty c Kloda, 2018 QCCA 608 au para 51.
-
[101]
Voir Association des policiers(Úres), supra note 90; Commissaire à la déontologie policiÚre c Therrien, 2018 QCCDP 6 au para 51 [Therrien].
-
[102]
Dâautres Ă©lĂ©ments contextuels, de grammaire ou de sens, peuvent toujours permettre la « rĂ©partition » des propositions entre les interlocuteurs (voir R c Mainville, 2016 QCCQ 3937 au para 72).
-
[103]
En ce sens, voir Association des policiers(Úres), supra note 90 au para 159 :
Le reprĂ©sentant d[e Telus] a tĂ©moignĂ© ne pas avoir pu retracer les fichiers originaux visĂ©s par la deuxiĂšme saisie, dâoĂč cette nouvelle prĂ©tention syndicale quâil nâest pas possible dâassurer lâintĂ©gritĂ© de la preuve que lâemployeur veut administrer. A priori, le fait que le fournisseur ne puisse remettre les fichiers originaux ne me semble pas suffisant pour conclure que lâintĂ©gritĂ© de la preuve ne peut ĂȘtre assurĂ©e; ils ont Ă©tĂ© transmis dans cette forme Ă lâemployeur et rien ne permet de conclure quâĂ la rĂ©ception dans le systĂšme de lâemployeur, leur intĂ©gritĂ© avait Ă©tĂ© affectĂ©e.
-
[104]
Voir arts 2860, al 2; 2861 CcQ.
-
[105]
Comme dans lâaffaire Therrien, supra note 101 aux para 51, 76, 154â55 :
Il nâest pas contestĂ© que certaines ponctuations et certains caractĂšres, comme le signe « $ » et les Ă©moticĂŽnes des textos, contenus dans le fichier transmis par le fournisseur de services, soit la compagnie Telus (Telus), sont manquants. [...] [Le procureur de lâagent Therrien] soumet que le ComitĂ© ne peut accepter une preuve non intĂšgre comme dans le prĂ©sent cas oĂč il est Ă©tabli que les textos transmis par Telus ne sont pas les originaux, ne contenant pas la ponctuation et certains caractĂšres, dont les Ă©moticĂŽnes, laissant ainsi place Ă interprĂ©tation. [...] AprĂšs avoir entendu le tĂ©moignage de lâanalyste et avoir lu les textos, le ComitĂ© ne peut conclure que ces derniers font rĂ©fĂ©rence Ă dâimportantes quantitĂ©s. Ces textos pourraient aussi faire rĂ©fĂ©rence Ă des prix de vente, car certains caractĂšres sont absents. Le ComitĂ© constate quâil est difficile de distinguer sâil est question de quantitĂ© ou de prix de sorte que lâinterprĂ©tation des textos peut porter Ă confusion.
-
[106]
Ce que relĂšvent Ă lâoccasion les dĂ©cideurs (voir par ex R v SB, 2016 NLCA 20 au para 51; Commission scolaire francophone du Yukon no 23 c Yukon (PG), 2014 YKCA 4 au para 160; Claveau c Bouchard, 2014 QCCA 1241 au para 7; R v JJB, 2013 ONCA 268 au para 26).
-
[107]
Voir Keith A Gorgos, « Lost in Transcription: Why the Video Record is Actually Verbatim » (2009) 57 Buff L Rev 1057.
-
[108]
R v Hamdan, 2017 BCSC 1770 au para 97. On voudra bien comparer avec la condamnation à laquelle certains twemojis ont mené un sympathisant du mouvement ETA (voir Pablo Franquet « Emoticonos: nuevos retos para la valoración de la prueba » (16 juin 2016), en ligne (blogue) : Litigio de Autor <www.litigiodeautor.com> [perma.cc/LS53-HGX9]).
-
[109]
Voir Loi instituant le nouveau Code de procĂ©dure civile, RLRQ c 1, notes explicatives Ă la p 3; QuĂ©bec, MinistĂšre de la justice, Rapport dâĂ©valuation de la Loi portant rĂ©forme du Code de procĂ©dure civile, QuĂ©bec, Ăditeur officiel, 2006, aux pp 46â49. Voir aussi Daniel Jutras, « Culture et droit processuel : le cas du QuĂ©bec » (2009) 54:2 RD McGill 273 Ă la p 285.
-
[110]
United States v Ross William Ulbricht, transcription de lâaudience devant lâhonorable Katherine B Forrest, (13 janvier 2015) New York, NY, dossier 14 Cr 68 (KBF) aux pp 8â10, 286â87, en ligne : Silk Road <antilop.cc> [perma.cc/P4X3-L39Q].
-
[111]
Voir par ex R v GL, supra note 90 au para 60; CÎté c Normand, supra note 90 au para 136.
-
[112]
Voir R v Ambrose, 2015 ONCJ 813 au para 63 [Ambrose].
-
[113]
Une expression analogue est employĂ©e dans Slogoski v Mullan, 2015 BCSC 1810 au para 84. SwiftKey rapporte que lâĂ©moji de lâĂ©tron souriant est utilisĂ© au Canada plus que nâimporte oĂč ailleurs (« SwiftKey Emoji Report » (avril 2015) Ă la p 13, en ligne : SwiftKey Blog <blog.swiftkey.com > [perma.cc/S2NS-PKV7]). Les interprĂ©tations sont partagĂ©es quant Ă lâorigine de cet Ă©moji. Certains croient quâil faut faire un rapprochement phonĂ©tique avec une expression japonaise pour « bonne chance » (voir Claire Marie Healy, « What does the stinky poop emoji really mean? » (12 mai 2015), en ligne : Dazed <www.dazeddigital.com> [perma.cc/6LZL-V9JA]). Dâautres y voient un clin dâoeil au personnage de Poop-boy dans le manga Dr Slump dâAkira Toriyama (voir Lauren Schwartzberg, « The Oral History Of The Poop Emoji (Or, How Google Brought Poop To America) » (18 novembre 2014), en ligne : FastCompany <www.fastcompany.com> [perma.cc/2BMN-GGLJ]).
-
[114]
R v Otokiti, 2017 ONSC 5940 au para 10.
-
[115]
Elliott, supra note 88 à la p 30.
-
[116]
Grant, supra note 67 au para 56.
-
[117]
Abdelli c Duval, supra note 89 au para 14. Cette dĂ©cision nâest pas rapportĂ©e sur Westlaw et Quicklaw.
-
[118]
Du moins sur CanLII (oĂč les Ă©mojis sont reproduits en couleur comme des images individuelles) et sur Westlaw (oĂč ils semblent chacun avoir Ă©tĂ© numĂ©risĂ©s en noir et blanc). Pour sa part, Quicklaw affiche une numĂ©risation de la page entiĂšre du jugement (voir R v DCR, supra note 89).
-
[119]
Voir ibid. Pour des affaires procĂ©dant de la mĂȘme maniĂšre ailleurs dans le monde, voir par ex Dahan v Shacharoff, no 30823-08-16 (cour des petites crĂ©ances, district dâHerzliya, IsraĂ«l), traduction par Eric Goldman, en ligne : Santa Clara University Faculty of Law <law.scu.edu> [perma.cc/C2YT-CYSU]; State v Shepherd, 2017-Ohio-328 au para 30, n 2, 81 NE (3d) 1011, en ligne : Justia <law.justia.com/cases> [perma.cc/768W-REC9].
-
[120]
Traduit par Jean Sirven, Paris, Librairie philosophique J Vrin, 2003 à la p 100.
-
[121]
Voir Dix v The Twenty Theatre Company, 2017 HRTO 394 au para 45 [Dix].
-
[122]
Le 17 juillet est donnĂ© comme la « journĂ©e mondiale de lâĂ©moji » prĂ©cisĂ©ment Ă cause de cet Ă©moji (la date du 17 juillet, elle, correspond Ă lâintroduction du iCal chez Apple) (voir « World Emoji Day » (derniĂšre consultation le 18 novembre 2018), en ligne : World Emoji Day <worldemojiday.com> [perma.cc/G7NT-EJ3Y]. Voir aussi John Bowman, « Why World Emoji Day is super confusing » (17 juillet 2015), en ligne : CBC News <www.cbc.ca/news> [perma.cc/M4Y7-BTG2]).
-
[123]
Cet exemple nâest pas innocent. On a dit que le consortium Unicode nâacceptait pas dâintĂ©grer les marques de commerce aux Ă©mojis (voir supra note 57 et texte correspondant) : rien nâempĂȘche toutefois les designers dâintĂ©grer la leur dans le rendu dâun codet donnĂ©.
-
[124]
Voir Bianca Bosker, « How Emoji Get Lost in Translation » (27 juin 2014), en ligne : The Huffington Post <www.huffingtonpost.ca> [perma.cc/2BS7-MR6L].
-
[125]
Voir Matt Boch, « IMPORTANT PSA for iOS users: Sending a yellow heart to android users actually sends the dreaded HAIRY HEART EMOJI! » (30 avril 2014 à 06:42), en ligne : Twitter <twitter.com> [perma.cc/S7DL-KSZG].
-
[126]
Voir Jeremy Burge, « Samsung Ruins Cookie Monsterâs Day » (12 juillet 2017), en ligne (blogue) : Emojipedia <blog.emojipedia.org> [perma.cc/S23U-6LCR].
-
[127]
Voir Apple, communiqué, « Apple adds more gender diverse emoji in iOS 10 » (1er août 2016), en ligne : Apple Newsroom <www.apple.com/newsroom> [perma.cc/XVR7-5AFN].
-
[128]
La citation est de lâastrophysicien et communicateur Neil deGrasse Tyson (Astrophysics for People in A Hurry, New York, WW Norton & Company, 2017 Ă la p 13).
-
[129]
Voir Code criminel, LRC 1985, c C-46 [Ccr], art 87(1).
-
[130]
Voir Ccr, ibid, art 91(1).
-
[131]
Voir Ccr, ibid, art 264.1(1)(a).
-
[132]
Voir Jeremy Burge, « Google Updates Gun Emoji » (24 avril 2018), en ligne (blogue) : Emojipedia <blog.emojipedia.org> [perma.cc/TS3Z-BTMR]; Margaret Rhodes, « Appleâs New Squirt Gun Emoji Hides a Big Political Statement » (8 avril 2016), en ligne : Wired <wired.com> [perma.cc/PU4U-L6N4]. Voir aussi la dĂ©claration de Microsoft sur le sujet : Microsoft, « We are in the process of evolving our emojis to reflect our values and the feedback weâve received. Hereâs a preview: » (25 avril 2018 Ă 15:27), en ligne : Twitter <twitter.com> [http://perma.cc/D8AW-HAQW].
-
[133]
Jeremy Burge, « All Major Vendors Commit to Gun Redesign » (27 avril 2018), en ligne (blogue) : Emojipedia <blog.emojipedia.org/all-major-vendors-commit-to-gun-redesign> [perma.cc/LP5V-Q2BS].
-
[134]
Jeremy Burge, « 2018: The Year of Emoji Convergence? » (13 fĂ©vrier 2018), en ligne (blogue) : <blog.emojipedia.org> [perma.cc/PF92-Q9DS]. Pour des conjectures quant Ă la variĂ©tĂ© Ă lâorigine, voir Goldman, supra note 79 aux pp 48â50.
-
[135]
Voir Miller et al, supra note 8 à la p 264.
-
[136]
Akira Toriyama, Dr. Slump (1985), t 1, traduit par Anthony Prezman et Satoko Fujimoto, Glénat, 2009 à la p 15.
-
[137]
Un autre exemple est donné supra note 40. Pour les difficultés que cela peut causer pour les personnes avec des déficiences visuelles, voir infra, note 163.
-
[138]
Voir Hess, « Hands Off my Smiley Face », supra note 58.
-
[139]
Voir Nina Godlewski, « Jazz Hands or Hugging Emoji? Hereâs What Elon Musk Thinks », Newsweek (7 mars 2018), en ligne : <newsweek.com> [perma.cc/L9EP-SR8C].
-
[140]
Voir Sean Wolfe, « A Leaked Document Shows Which Emoji Facebook Associates with Site Violations », Business Insider (7 juin 2018), en ligne :<www.businessinsider.com> [perma.cc/HVA2-Q2VX].
-
[141]
Voir Lakshika Balasuriya et al, « Finding Street Gang Members on Twitter », IEEE/ACM International Conference on Advances in Social Networks Analysis and Mining, prĂ©sentĂ© Ă San Francisco, Californie, 18â21 aoĂ»t 2016 [non publiĂ©] Ă la p 689, en ligne : Institute of Electrical and Electronics Engineers Xplore Digital Library <ieeexplore.ieee.org>.
-
[142]
Voir Instagram Engineering, supra note 63; Rebecca A Berels, « Take Me Seriously: Emoji as Evidence » (2017) [non publiĂ©] aux pp 11â12, en ligne (pdf) : Digital Commons at Michigan State University College of Law <digitalcommons.law.msu.edu> [perma.cc/CTG6-UP8W].
-
[143]
Voir Peijun Zhao et al, « Analyzing and Predicting Emoji Usages in Social Media », The Web Conference, tenue Ă Lyon, 23â27 avril 2018 Ă la p 327, en ligne (pdf) : Tsinghua University <www.tsinghua.edu.cn> [perma.cc/BCR7-ESAZ]; Cara Rose DeFabio, « Instagram Hashtags Could Be The Best Guide To Emoji Meaning Weâve Ever Had » (1er mai 2015), en ligne : Splinter <splinternews.com> [perma.cc/3WUJ-4JHN]. Voir aussi Stark et Crawford, supra note 17 Ă la p 6.
-
[144]
Sur la responsabilitĂ© civile des robots au QuĂ©bec, voir Sandra Oliveira, La responsabilitĂ© civile dans les cas de dommages causĂ©s par les robots dâassistance au QuĂ©bec, mĂ©moire de maĂźtrise en droit, UniversitĂ© de MontrĂ©al, 2016 [non publiĂ©], en ligne (pdf) : <papyrus.bib.umontreal.ca> [perma.cc/2FQN-UBYY]. Voir aussi Nicolas Vermeys, « La responsabilitĂ© civile du fait des agents autonomes » (2018) 30:3 CPI 851; Peter M Asaro, « A Body to Kick, but Still No Soul to Damn: A Legal Perspective on Robotics » dans Patrick Lin, Keith Abney et George A Bekey, dir, Robot Ethics: The Ethical and Social Implications of Robotics, Cambridge (MA), MIT Press, 2012, 169.
-
[145]
Emogi Research Team, supra note 57 aux pp 17â21. Voir aussi Brandwatch, supra note 60.
-
[146]
Voir Sylvan Lane, « How to Use the 7 Least Popular Emoji » (20 août 2014), en ligne : Mashable <mashable.com> [perma.cc/BG2Y-YRB9].
-
[147]
Voir généralement Kirley et McMahon, supra note 25 à la p 24.
-
[148]
Voir art 1432 CcQ.
-
[149]
Voir art 1400 CcQ.
-
[150]
Voir par ex la pĂ©tition dâAntoine Girard pour que lâUnicode adopte un tel drapeau : « Un emoji pour le drapeau du QuĂ©bec! » (derniĂšre consultation le 18 novembre 2018), en ligne : Change.org <www.change.org> [perma.cc/WR94-63N5].
-
[151]
Vingt si on compte les sourires de chat et celui du soleil : Smiling Face With Smiling Eyes; Slightly Smiling Face; Smiling Face With Halo; Grinning Face With Smiling Eyes; Beaming Face With Smiling Eyes; Smiling Face With Sunglasses; âșïž Smiling Face; Grinning Face With Big Eyes; Kissing Face With Smiling Eyes; Smiling Face With Horns; Grinning Squinting Face; Face With Hand Over Mouth; Smiling Face With Heart-Eyes; Grinning Face With Sweat; Smiling Face With 3 Hearts; Cat Face With Wry Smile; Grinning Cat Face With Smiling Eyes; Grinning Cat Face; Smiling Cat Face With Heart-Eyes; Sun With Face.
-
[152]
Les images sont tirĂ©es de lâinterface Android 8.1 de Google.
-
[153]
Dâautres paires facilement confondues : « U+1F629 weary face » et « U+1F62B tired face », deux Ă©mojis qui prĂ©sentent une bouche ouverte, les commissures vers le bas; « U+1F614 pensive face » et « U+1F61E disappointed face », deux Ă©mojis Ă la bouche renversĂ©e ou, loin des visages; « U+1F401 mouse » et « U+1F400 rat », la souris est blanche et le rat est gris; ou « U+1F516 bookmark » et « U+1F3F7 label », qui reprĂ©sentent chacun un morceau de carton avec une cordelette, le signet gĂ©nĂ©ralement avec du rouge, lâĂ©tiquette gĂ©nĂ©ralement plutĂŽt dans les tons beiges.
-
[154]
Voir Goldman, supra note 79 aux pp 23â27; Kirley et McMahon, supra note 25 Ă la p 541; Tigwell et Flatla, supra note 8; Elian G Stamatov, Do emoji use a grammar? Emergent structure in non-verbal digital communication, mĂ©moire de maĂźtrise en sciences de la communication et de lâinformation, Tilburg University, 2017 [non publiĂ©], en ligne (pdf) : Tilburg University <arno.uvt.nl> [perma.cc/9QYF-YUXK].
-
[155]
Voir Apple, « Use Animoji on your iPhone X and iPad Pro » (26 mars 2019), en ligne : Apple Support <support.apple.com> [https://perma.cc/DCV5-L2R7]; Samsung, « AR Emoji: Turn your selfie into an emoji and watch your messaging come alive » (derniÚre consultation le 31 mai 2018), en ligne : Samsung <www.samsung.com> [perma.cc/FC6D-AGKF].
-
[156]
Voir Alshenqeeti, supra note 13 à la p 60.
-
[157]
Voir Junichi Azuma, « Graphic Emoticons as a Future Universal Symbolic Language » dans Aline Remael, Pilar Orero et Mary Carroll, dir, Audiovisual Translation and Media Accessibility at the Crossroads, Amsterdam, Rodopi, 2012, 61 à la p 70.
-
[158]
Voir Goldman, supra note 79 Ă la p 16. Voir gĂ©nĂ©ralement Virginie BĂ©jot, Quâest-ce que lâemoji veut « dire »? : Des imaginaires Ă la boĂźte noire : analyse dâun objet trivial sous tensions, mĂ©moire de master professionnel en mĂ©dias et communication, UniversitĂ© Paris-Sorbonne, 2015 [non publiĂ©] aux pp 69 (sur la polysĂ©mie), 54 (sur lâenjeu foucaldien de « normalisation »).
-
[159]
Voir Christoph PÀper, « Proposal for new emoji: Do-No-Evil Monkey » (derniÚre modification le 8 juillet 2017), en ligne : Crissov <crissov.github.io/unicode-proposals> [perma.cc/NNH3-QNNR]; « Speak-no-evil monkey » (derniÚre consultation le 18 novembre 2018), en ligne : Unimoji <www.unimoji.com> [perma.cc/72EU-V2EB].
-
[160]
Apple a toutefois proposĂ© Ă lâUnicode dâinclure des Ă©mojis Ă cette fin dans la prochaine version (voir « Proposal For New Accessibility Emoji » (mars 2018), en ligne (pdf) : Unicode <www.unicode.org> [perma.cc/TUH4-KRXC]).
-
[161]
Un débat qui alimenterait une version 2.0 du Cratyle de Platon.
-
[162]
Voir par ex Emojipedia (derniÚre consultation le 1er juillet 2018), en ligne : <www.emojipedia.org> [perma.cc/3AR3-XC3G]; « The Emoji Dictionary » (derniÚre consultation le 1er juillet 2018), en ligne : Emoji Foundation <emojidictionary.emojifoundation.com> [perma.cc/YYR2-SS63]; « Emoji » (derniÚre consultation le 11 juillet 2019), en ligne : Dictionary.com <www.dictionary.com/e/emoji> [perma.cc/C3ND-Q4PB].
-
[163]
Voir notamment Goldman, supra note 79 à la p 18.
-
[164]
Voir Osas Obaiza, « Make Your iPhone Tell You the Secret Meaning of Emojis » (29 septembre 2015), en ligne : Gadget Hacks <ios.gadgethacks.com> [perma.cc/2MTH-983B]; Ouch: Disability Talk, « How Do Blind People See Emojis? » (24 octobre 2015), en ligne (balado) : BBC < www.bbc.co.uk/sounds > [perma.cc/4TX6-9PRY].
-
[165]
Le rappeur Drake, auteur de la chanson « 6 God » et qui a sur lâavant-bras intĂ©rieur gauche un tatouage du chiffre six et de mains jointes, a pris position sur la question depuis son compte Instagram (voir champagnepapi, « @dr_woo_ssc had to level up the 6 God piece. Thank you  » (7 octobre 2015), en ligne : Instagram <www.instagram.com/champagnepapi> [perma.cc/J4Q4-K62S]). Voir gĂ©nĂ©ralement Catherine A Moore, « Emoji as Visual Literacy » (26 mai 2017), en ligne : Medium <medium.com> [perma.cc/4P9W-H9MN].
-
[166]
Voir Rachel Oaks, « Are Emojis Really the Universal Language of the Internet? » (9 juillet 2018), en ligne : HighSpeedInternet.com <www.highspeedinternet.com> [perma.cc/F93G-LVRG].
-
[167]
Voir Godlewski, supra note 139.
-
[168]
Voir Megan Logan, « Weâre All Using These Emoji Wrong » (21 mai 2015), en ligne : Wired <www.wired.com> [perma.cc/878M-72XR]. Les paramĂštres dâaccessibilitĂ© dâApple iOS la dĂ©crivent comme une « guichetiĂšre ».
-
[169]
Pour une ode à cet émoji, voir Alexander Abad-Santos et Allie Jones, « The Five Non-Negotiable Best Emojis in the Land » (26 mars 2014), en ligne : The Atlantic <www.theatlantic.com> [perma.cc/HQR3-M9E2].
-
[170]
Voir Peter T Tschanz, « Emoji-gosh! How Emojis in Workplace Communications Can Spark A Lawsuit (Or Make It Harder To Defend One) » (20 novembre 2015), en ligne (blogue) : Lexology <lexology.com> [perma.cc/ETY9-78ZQ].
-
[171]
Voir Sarah Wiseman et Sandy JJ Gould, « Repurposing Emoji for Personalised Communication: Why means âI love youâ » dans Proceedings of the 2018 CHI Conference on Human Factors in Computing Systems, tenue du 21 au 26 avril 2018 Ă MontrĂ©al, Document No 152, en ligne : University of Birmingham Research Portal <research.birmingham.ac.uk> [perma.cc/5VGN-V5MZ]. Voir aussi Adam Sternbergh, « Smile, Youâre Speaking Emoji: The Rapid Evolution of Emoji, a Wordless Tongue » (16 novembre 2014), en ligne : New York Magazine <nymag.com> [perma.cc/BH4F-NSU7] (sur la crevette); Goldman, supra note 79 aux pp 19â20 (sur les moais).
-
[172]
Voir par ex R v GH, 2017 ONCJ 956 aux para 58, 173â74, 177 (oĂč la plaignante a conclu un message texte Ă une personne accusĂ©e de lâavoir agressĂ©e sexuellement quelques jours plus tĂŽt avec un Ă©moji dâun visage soufflant un coeur). Le tribunal conclut au paragraphe 177 :
Quite frankly the fact that the complainant sent the text message with the kissing emoji to the defendant did not factor in my assessment of the complainantâs credibility. [...] The argument that âsomeone who had just been the victim of sexual assault would not have sent a text like thatâ was flawed and based on impermissible assumptions and reasoning as per the case law.
-
[173]
Sur le nombre Ă©levĂ© de mets japonais dans la palette des Ă©mojis, voir Laura Oliver, « A Brief History Of Food Emoji: Why You Wonât Find Hummus On Your Phone » (28 dĂ©cembre 2016), en ligne : NPR <www.npr.org> [perma.cc/EZ9M-5JBL].
-
[174]
On trouve également un émoji en ce sens : U+1F634 sleeping face.
-
[175]
Voir Leber-Cook et Cook, supra note 28 à la p 31. Voir aussi John M Kelly, « Emojiology: Sleepy Face » (1er mars 2018), en ligne (blogue) : Emojipedia <blog.emojipedia. org> [perma.cc/CK85-GNS7]; « PRI #294 Background: Emoji Glyph/Annotation Recommendations » (23 mars 2015), en ligne : Unicode <www.unicode.org> [perma.cc/4XBF-KDZ7] [Unicode, « PRI #294 Background »].
-
[176]
Image tirée de « Snot Bubble » (derniÚre consultation le 18 novembre 2018), en ligne : TV Tropes <tvtropes.org> [perma.cc/4DRQ-8XB4].
-
[177]
Franquin, Le lourd passé de Lagaffe, Charleroi, Dupuis, 1986 à la p 43.
-
[178]
Image tirĂ©e de Fake âUnicode.â, «  » (15 mai 2018 Ă 15:47), en ligne : Twitter <twitter.com> [perma.cc/AME8-3ZU4].
-
[179]
Image tirée de « Cross-Popping Veins » (derniÚre consultation le 18 novembre 2018), en ligne : TV Tropes <tvtropes.org> [perma.cc/4FMR-S7B2].
-
[180]
Voir Logan, supra note 168.
-
[181]
Voir Neil Cohn et Sean Ehly, « The vocabulary of manga: Visual morphology in dialects of Japanese Visual Language » (2016) 92 J Pragmatics 17 à la p 21.
-
[182]
Voir aussi « PRI #294 Background », supra note 175; Bryan Lufkin, « Why there are so many Japanese emoji » (16 juillet 2018), en ligne : BBC <www.bbc.com> [perma.cc/36YB-H224]. Sur les enjeux industriels et le paradoxe des Ă©mojis face à « lâimpĂ©rialisme ASCII », voir BĂ©jot, supra note 158 aux pp 53 et s, et les sources qui y sont citĂ©es.
-
[183]
Voir Barbieri et al, supra note 60 à la p 533.
-
[184]
Voir Vincent ManilĂšve, « Ne communiquer quâavec des emojis est horrible (mais pas impossible) » (31 juillet 2015), en ligne : Slate.fr <www.slate.fr> [perma.cc/W6KF-D49N]. Voir gĂ©nĂ©ralement Xuan Lu et al, « Learning from the Ubiquitous Language: An Empirical Analysis of Emoji Usage of Smartphone Users » dans UbiCompâ16: Proceedings of the 2016 ACM International Joint Conference on Pervasive and Ubiquitous Computing, New York, Association for Computing Machinery, 2016, 770.
-
[185]
Voir Barbieri et al, supra note 60.
-
[186]
Voir ibid à la p 533. Voilà qui ne serait pas sans rappeler la « vérité au deçà des Pyrénées, erreur au delà  » de Blaise Pascal, Pensées, fragments et lettres (1670), t 2, Paris, Andrieux, 1844 à la p 126.
-
[187]
Voir SwiftKey, supra note 113.
-
[188]
Voir Marcel Danesi, The Semiotics of Emoji: The Rise of Visual Language in the Age of the Internet, Londres (R-U), Bloomsbury, 2017 à la p 31.
-
[189]
Voir Matthew Rothenberg, « Why the Emoji Recycling Symbol is Taking Over Twitter » (15 novembre 2017), en ligne : Medium <medium.com> [perma.cc/6HN4-PSE8].
-
[190]
Voir Lyrissa Barnett Lidsky et Linda Riedemann Norbut, « #IU: Considering the Context of Online Threats » (2018) 106:6 Cal L Rev 1885 aux pp 1907, 1912. Voir aussi Papadopoulos, supra note 96 aux para 40â41; Constantino Marcovecchio c Communications Softel inc, 2009 QCCRT 0128 aux para 56 et s; Baglow v Smith, 2015 ONSC 1175; R v NW, 2018 ONSC 774.
-
[191]
On pensera ainsi au court-métrage 8=D, 2017, réalisé par Charles-Alex Durand, Jonathan Larose et Philippe Morel.
-
[192]
Voir Amanda Hess, « Move Over, Banana: How the Eggplant Became the Most Phallic Food » (3 avril 2015), en ligne : Slate <www.slate.com> [perma.cc/H4DY-BB5H]. Voir aussi lâĂ©tude anonyme « Sexually Suggestive Emojis: Frequency of Sexually Suggestive and Flirtatious Emojis and Emoji Combinations on Twitter in the US and Europe » (derniĂšre consultation le 18 novembre 2018), en ligne : Zava <www.zavamed.com> [perma.cc/SZ7B-3V7M]. Voir Ă©galement Vyvyan Evans, The Emoji Code: The Linguistics Behind Smiley Faces and Scaredy Cats, New York, Picador, 2017 Ă la p 223, sur le fait que les utilisateurs des plateformes qui reprĂ©sentent lâĂ©moji « U+1F635 dizzy face » avec des yeux en croix le rapprochent souvent de lâimaginaire du cinĂ©ma XXX, au contraire de ceux des plateformes oĂč les yeux de cet Ă©moji sont des spirales.
-
[193]
La campagne dâavril 2017, intitulĂ©e « Need to Talk to Someone About âItâ? », a remportĂ© plusieurs prix (voir « NYC Health + Hospitals Wins Shorty Award for Innovatice Use of Emojis to Promote Adolescent Sexual Health Care » (24 avril 2017), en ligne : NYC Health Hospitals <www.nychealthandhospitals.org> [perma.cc/TK56-3BW9]).
-
[194]
Pour un résumé de la campagne, voir Mark J Miller, « Durex Crowns Umbrella Its Safe Sex #CondomEmoji on World AIDS Day » (1er décembre 2016), en ligne : Brandchannel <brandchannel.com> [perma.cc/G9J8-X5YU].
-
[195]
Voir Kristian Silva, « Man Used Emojis to Organise Drug Deals: Police », Brisbane Times (21 juin 2015), en ligne : <brisbanetimes.com.au> [perma.cc/7BLR-AA93]. Voir aussi Ciaran Varley, « BBC Three Investigation Finds Kids Dealing Drugs on Social Media », BBC Three (14 juillet 2017), en ligne : <www.bbc.co.uk> [perma.cc/WC3H- 235W].
-
[196]
Voir Loi sur le cannabis, LC 2018, c 16.
-
[197]
Voir « Emoji Evidence is Causing Confused Faces in Courtrooms », CBC Radio (22 mars 2018), en ligne : <www.cbc.ca> [perma.cc/VWT7-3YDY].
-
[198]
Pour diverses autres explications, y compris des rĂ©fĂ©rences au film Pineapple Express (Ătats-Unis, Sony Pictures, 2008), voir les diffĂ©rents fils reddit, notamment r/trees, en ligne : Reddit <reddit.com/r/trees> [perma.cc/9C8N-F9LF].
-
[199]
Voir par ex R v Titchener, 2013 BCCA 64 au para 7; R v Isaac, 2013 ONCJ 114 au para 15.
-
[200]
Voir par ex R v Frisbee, 1989 CanLII 2849 aux para 108â15, 48 CCC (3e) 386 (BCCA).
-
[201]
Voir R v Yeo, 2014 PESC 4 au para 16; Baglow v Smith, supra note 190.
-
[202]
Voir art 231, al 2 Cpc. Voir par ex Bureau c Chouinard, 2017 QCCA 1842 aux para 8â9. Pour une expertise en matiĂšre dâĂ©moji et de blogosphĂšre, voir par ex Baglow v Smith, supra note 190 au para 8 (les services dâun expert en blogosphĂšres, y compris dans la langue qui y est utilisĂ©e, avaient Ă©tĂ© retenus par la cour).
-
[203]
Voir par ex R v Strickland, 2013 NLCA 65 au para 4; Meyers v R, 2008 NLCA 13 au para 75; Casimir c R, 2009 QCCA 1720 au para 31.
-
[204]
Voir Ambrose, supra note 112 au para 72.
-
[205]
Voir Jessica Bradley, « Translanguaging Engagement: Dynamic Multilingualism and University Language Engagement Programmes » (2017) Translanguaging and Translation Document de travail 28 Ă la p 11, en ligne (pdf) : Translation and Translanguaging (TLANG) <tlang.org.uk/working-papers> [perma.cc/8NXH-7SDS]; Shatha Ali A Hakami, « The Importance of Understanding Emoji: An Investigative Study », printemps 2017 [non publiĂ©], en ligne (pdf) : University of Birmingham School of Computer Science <cs.bham.ac.uk> [perma.cc/85J4-EHEL]; RenĂ©e Desjardins, Translation and Social Media: In Theory, in Training and in Professional Practice, Londres (R-U), Palgrave Pivot, 2017 aux pp 5, 8, 45, 47. Dâautres en parlent plutĂŽt comme dâune novlangue (voir Moore, supra note 165; Evans, supra note 192 aux pp 62â63 et les Ă©tudes citĂ©es dans Kirley et McMahon, supra note 25, nn 43, 47. Voir aussi Hess, « Hands Off my Smiley Face », supra note 58).
-
[206]
Voir « Is emoji a type of language? » (2018), en ligne : Oxford Dictionaries <en.oxforddictionaries.com> [perma.cc/EY2E-8MY3].
-
[207]
Voir BĂ©jot, supra note 158 aux pp 14, 33â41.
-
[208]
Voir Tim Moynihan, « Emoji Arenât SillyâThey Could Actually Help the Deaf », Wired (17 juillet 2015), en ligne : <www.wired.com> [perma.cc/BU82-MPCE].
-
[209]
Voir « Emoji and Pictographs » (âderniĂšre modification le 9 mars 2018â), en ligne : Unicode <www.unicode.org> [perma.cc/8JLT-ECCC]. Voir aussi Moore, supra note 165; ManilĂšve, supra note 184 (qui explique notamment sa « grande difficultĂ© [en ne communiquant quâen Ă©mojis] dâarriver Ă faire comprendre quand on parle de soi-mĂȘme et quand on parle de son interlocuteur. Impossible de trouver un moyen clair de transcrire les pronoms personnels »). Sur la diversitĂ© dans les Ă©mojis anthropomorphes pour rĂ©pondre Ă des besoins dâidentification, voir Solon, supra note 53. Sur la fonction complĂ©mentaire des Ă©mojis, voir aussi Alshenqeeti, supra note 13 Ă la p 61.
-
[210]
Voir Katy Steinmetz, « Here Are Rules of Using Emoji You Didnât Know You Were Following » (17 juillet 2014), en ligne : Time <time.com> [perma.cc/SQ3J-C5D8], rapportant une Ă©tude non publiĂ©e de Tyler Joseph Schnoebelen (Emotions Are Relational : Positioning and the Use of Affective Linguistic Resources, dissertation de doctorat, Stanford University, 2012 [non-publiĂ©e]). Voir aussi Kralj Novak et al, supra note 8 Ă la p 10.
-
[211]
Et câest gĂ©nĂ©ralement le premier de ces Ă©mojis qui sera rĂ©pĂ©tĂ©Â (voir Steinmetz, supra note 210).
-
[212]
Le sujet a toutefois tendance Ă ĂȘtre omis lorsquâil correspond au locuteur (voir Stamatov, supra note 154 Ă la p 37).
-
[213]
Voir Rachael Tatman, « Do Emojis Have Their Own Syntax? » (7 décembre 2016), en ligne (blogue) : Making Noise & Hearing Things <www.makingnoiseandhearingthings.com> [perma.cc/3CU5-TH89].
-
[214]
Voir par ex Katherine Gerke et Dennis Ryan Storoshenko, « Picturing Syntax: Cross-Linguistic Variation in the Interpretation of Emoji Strings », CongrĂšs de lâAssociation canadienne de linguistique, tenu Ă lâUniversitĂ© de Regina, 30 mai 2018 [non publiĂ©], rĂ©sumĂ© en ligne (pdf) : Association canadienne de linguistique <www.cla-acl.ca> [perma.cc/YYY5-BWK5].
-
[215]
Voir Tatman, supra note 213.
-
[216]
Voir Steinmetz, supra note 210.
-
[217]
Pour une illustration ludique, voir « Emoji », sĂ©rie Like-moi !, saison 1, Ă©pisode 2, (5 janvier 2016), en ligne (vidĂ©o) : TĂ©lĂ©-QuĂ©bec <likemoi.telequebec.tv> [perma.cc/HN9E-7C2U]. Pour la version française de lâĂ©pisode, voir « Emoji », sĂ©rie Like-moi !, en ligne (vidĂ©o) : Youtube <www.youtube.com> [perma.cc/VJ2U-ZXEB].
-
[218]
Cette dĂ©finition est celle du Petit Robert, supra note 22, sub verbo « signe ». Chez Ferdinand de Saussure, « [l]e signe linguistique est donc une entitĂ© psychique Ă deux faces [...]. Nous appelons signe la combinaison du concept et de lâimage acoustique [...]. Nous proposons de conserver le mot signe pour dĂ©signer le total, et de remplacer concept et image acoustique respectivement par signifiĂ© et signifiant » (Cours de linguistique gĂ©nĂ©rale, Paris, Payot, 1971 Ă la p 99).
-
[219]
La division diffĂšre selon les auteurs (voir notamment Danesi, supra note 188; Evans, supra note 192 aux pp 129â36; Kirley et McMahon, supra note 25; Schneebeli, supra note 8).
-
[220]
Roman Jakobson, Essais de linguistique gĂ©nĂ©rale, traduit par Nicolas Ruwet, Paris, Ăditions de Minuit, 1963 Ă la p 217.
-
[221]
Pour une discussion sur dâĂ©ventuels prĂ©noms enregistrĂ©s en Ă©mojis, voir Andres Cuervo, « Could you name your child using emoji?  » (2 novembre 2017), en ligne : Medium <medium.com> [perma.cc/ZFR5-W7FP]
-
[222]
Voir gĂ©nĂ©ralement Danesi, supra note 188 aux pp 19â20. Voir aussi Lauren B Collister, « Emoticons and symbols arenât ruining language â theyâre revolutionizing it », (6 avril 2015), en ligne : The Conversation <www.theconversation.com> [perma.cc/P2F3-P6KC].
-
[223]
Voir Century 21, supra note 75 aux para 44â47 (des Ă©mojis dans des messages avec un agent immobilier participent Ă dĂ©montrer lâexistence dâun lien de confiance professionnel); Kinark Child & Family Services Syl Apps Youth Centre v Ontario Public Service Employees Union, Local 213 (2012), 225 LAC (4th) 337 au para 46, 2012 CanLII 97669 (arbitre : William A Marcotte) (le tribunal accorde davantage dâimportance Ă des Ă©changes de courriels avec des bonshommes sourire quâĂ un tĂ©moignage prĂ©tendant Ă une animositĂ© de tout temps entre deux individus).
-
[224]
Voir SwiftKey, supra note 113 à la p 5. Voir aussi Stacy Goodman, « And the Most Enchanting Emoji on Instagram is... » (23 novembre 2016), en ligne : Curalate <www.curalate.com> [perma.cc/Z7GQ-2RFA].
-
[225]
Voir CV et Responsable du CIUSSS A, 2015 QCTAQ 061052 au para 4; Couche-Tard inc c Abitbol, 2012 QCCS 4194 au para 37; Law Society of Upper Canada v Forget, 2013 ONLSHP 158 au para 7.
-
[226]
Voir Bedzow-Weisleder v Weisleder, 2018 ONSC 1969 au para 14.
-
[227]
Sur les marqueurs dâintensitĂ©, voir gĂ©nĂ©ralement Clara Romero, « Pour une dĂ©finition gĂ©nĂ©rale de lâintensitĂ© dans le langage » (2007) 54:1 Travaux de linguistique 57.
-
[228]
Signe qui peut lui-mĂȘme porter Ă confusion, dans la mesure oĂč il peut Ă©galement symboliser le « zĂ©ro » ou une insulte (voir Richard R Gesteland, Cross-Cultural Business Behavior: A Guide for Global Management, 5e Ă©d, Frederiksberg, Copenhagen Business School Press, 2012 Ă la p 88).
-
[229]
Voir Danesi, supra note 188 à la p 87.
-
[230]
Voir ibid aux pp 21, 56, 59.
-
[231]
Voir Béjot, supra note 158 à la p 26.
-
[232]
Voir Ă©galement Tschanz, supra note 170 (qui suggĂšre que des employĂ©s pourraient transposer des locutions en Ă©mojis Ă cette fin et ce, afin de nâĂȘtre pas dĂ©tectĂ©s, par exemple employer les images du « coiffeur » et « chien » pour transposer lâexpression « hair of the dog [that bit me] », qui signifie que lâon entend prendre un verre dâalcool dans lâespoir de faire passer une gueule de bois).
-
[233]
Voir Grant, supra note 67 au para 159 : « The âhappy faceâ emoji on the complainantâs text ought not to be viewed as inconsistent with her evidence that she did not consent. ». Voir aussi R v JR, 2016 ABQB 414 aux para 11 et s.
-
[234]
Voir R v MB, 2016 BCCA 476 aux para 6, 91.
-
[235]
Maughan BCSC, supra note 85 au para 32.
-
[236]
Ibid au para 405, conf par Maughan BCCA, supra note 85, autorisation de pourvoi à la CSC refusée, 33495 (29 avril 2010).
-
[237]
Re TET-73196-16, 2017 CanLII 49021 aux para 19â21 (ON LTB).
-
[238]
R v MB, supra note 234 au para 91.
-
[239]
Dix, supra note 121 au para 50.
-
[240]
Voir Danesi, supra note 188 à la p 39.
-
[241]
Abdelli c Duval, supra note 89 au para 14.
-
[242]
Illustration dâune fonction phatique.
-
[243]
Voir Herman Melville, EmojiDick; or, [the Whale], éd par Fred Benenson, traduit par Amazon Mechanical Turk, 2010, en ligne : <www.czyborra.com> [perma.cc/233P-WUXS] (entré à la Library of Congress américaine : voir Erin Allen, « A Whale of an Acquisition » (22 février 2013), en ligne (blogue) : Library of Congress Blog <blogs.loc.gov> [perma.cc/6T8D-GF6V]).
-
[244]
Voir maggiethevaliant, « Les Miserables in emoticons » (31 décembre 2012), en ligne : tumblr <maggiethevaliant.tumblr.com> [perma.cc/4M8N-SVGB].
-
[245]
Voir Joe Hale, « Wonderland », impression numérique, 119 x 84 cm (derniÚre consultation le 19 novembre 2018), en ligne : Emoji Print Shop <joehale.bigcartel.com> [perma.cc/QH83-EFQF].
-
[246]
Judge Robot (depuis août 2016), en ligne : Twitter <www.twitter.com/caselawemoji> [perma.cc/EEL4-DKGE].
-
[247]
Une histoire sans mots, Paris, Grasset, 2013.
-
[248]
Voir « Narratives In Emoji » (derniÚre consultation le 1re juillet 2018), en ligne : Tumblr <www.narrativesinemoji.tumblr.com> [perma.cc/A3QH-K4EG].
-
[249]
Voir World Emoji Day, « Statistics », supra note 62.
-
[250]
En matiĂšre criminelle, voir Hutt c R, [1978] 2 RCS 476, 1978 CanLII 190. En matiĂšre dâexpression, voir ComitĂ© pour la RĂ©publique du Canada c Canada, [1991] 1 RCS 139 Ă la p 161, 1991 CanLII 119. En matiĂšre commerciale, voir Payette c Guay inc, 2013 CSC 45.
-
[251]
En matiĂšre successorale, voir King v Evans, 24 RCS 356, 1895 CanLII 8 et diverses lois : Intestate Succession Act, RSNL 1990, c I-21, art 2(1)(b); The Intestate Succession Act, SM 1989â90, c 43, CCSM c I85, art 1(1); Intestate Succession Act, RSNS 1989, c 236, art 2(b), etc. En matiĂšre de procĂ©dure, voir Hayes Forest Services Limited v Weyerhaeuser Company Limited, 2008 BCCA 120 au para 42.
-
[252]
Michael V Copeland, « Texting Isnât Writing, Itâs Fingered Speech » (1er mars 2013), en ligne : Wired <www.wired.com> [perma.cc/K3PQ-RM5W].
-
[253]
England v Saunders-Todd, 2015 NSSM 61 Ă la p 3 : « Like verbal conversation, text messages are often replete with informalities, texting abbreviations (e.g. âLOLâ) or emoticons and other similar social conventions. »
-
[254]
Voir Elliott, supra note 88 à la p 30 :
[Defendant] wrote: âCompeting also means I may put a lot of time into something that helps no one if it isnât selected for âpoliticalâ reasons :-).â This last punctuation is common enough for me to take notice that it depicts a little face with a smile, a smiley face.
Grant, supra note 67 au para 56 :
The complainant was shown the text message from the accused sent at 4:01Â a.m. on August 16, 2015 which reads âBack in bed Thanks for the epic night Chat Tomrr Night nightâ. It was suggested to the complainant that text did not call for a response but nevertheless, she texted to the accused âIn bed now too... Could only find one cat, hopefully the other will come home soon ... Night:)â. The word night is followed by a colon and closed parenthesis commonly referred to as a âsmiley faceâ.
-
[255]
Voir par ex Couillard (Re), 2011 QCCS 2618 au para 17 :
[Quant au b]ulletin 89-1 [...] [l]âĂ©lecteur nâavait peut-ĂȘtre pas cette intention, mais il a laissĂ© ici une marque trĂšs distinctive, Ă©voquant deux yeux, sans nez ni bouche. Il ne sâagit pas dâune de ces images courantes de nos jours (comme par exemple le « Bonhomme sourire » ou le « Coeur ») et aucun autre Ă©lecteur de la circonscription, de fait, ne lâa utilisĂ©. [...] Quant au « coeur » du bulletin 41-1 et aux « bon[s]hommes sourire » des bulletins 50-2 et 217-1, il sâagit dâimages trĂšs usitĂ©es de nos jours, particuliĂšrement chez les jeunes, de sorte que nul ne saurait prĂ©tendre pouvoir sâen servir pour sâidentifier secrĂštement dans une circonscription comptant plus de 78 000 Ă©lecteurs [italiques dans lâoriginal].
-
[256]
R v NW, supra note 190 au para 52. Voir aussi Baglow v Smith, supra note 190 aux para 100â01, oĂč la juge rĂ©sume les propos dâun expert dans le mĂȘme sens :
Further computer mediated communication is also characterized by its lack of punctuation and use of âemoticonsâ to denote feelings and moods. Many linguistic conventions and styles on BBSs, chat rooms, et cetera are derivative of early computer hacker language. They are common expressions, phrases and styles used specifically on Internet-based sites and platforms, including those frequented by online political actors. [...] [T]he lack of non-verbal cues (for example facial expressions that might indicate sarcasm or joking) tend to exacerbate debates over the meaning and intent of specific phrases and words. Misinterpretations are frequent.
-
[257]
Au sens du droit de lâimmigration, voir Marselje c Canada (Ministre de la CitoyennetĂ© et de lâImmigration), 2012 CanLII 99482 aux para 14â15 (CA CISR).
-
[258]
Voir Grunewald v Buchamer, 2018 BCCRT 312 au para 11; NB c QuĂ©bec (Ministre de lâEmploi et de la SolidaritĂ© sociale), 2018 QCTAQ 07168 aux para 42, 76; Ross c 9306-2958 QuĂ©bec inc, 2018 QCCNESST 416 au para 13; Syndicat des chauffeurs dâautobus de la Rive-Sud c SociĂ©tĂ© de transport de LĂ©vis, 2018 QCTAQ 423 au para 45 (arbitre : Pierre St-Arnaud).