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Nous énoncions dans un précédent éditorial qu’outre ses retombées pour la recherche, un article publié dans la Revue internationale PME devrait avoir des retombées pour la pratique de l’entrepreneuriat et du management des PME ainsi que pour les politiques publiques en la matière. La Revue souhaite ainsi être au coeur du débat sur la relation entre chercheurs et praticiens et son impact sur l’avancement des connaissances. Partant de l’aphorisme de Lewin (1951) selon lequel « il n’y a rien de si pratique qu’une bonne théorie » jusqu’au « savoir actionnable » d’Argyris (2000), les défis reliés au développement de relations plus étroites et plus efficaces entre chercheurs et praticiens ainsi qu’entre milieux institutionnels et professionnels en matière d’entrepreneuriat et de PME demeurent nombreux (Avenier et Schmitt, 2007 ; Van de Ven, 2007).
Or plusieurs questions se posent pour les chercheurs à cet égard. Ainsi, devrait-on privilégier des théories et des modèles qui tiennent compte explicitement de l’interdépendance conceptuelle entre théorie et pratique ? Comment intégrer les savoirs des chercheurs et des praticiens pour produire de nouveaux savoirs qui soient à la fois rigoureux sur le plan scientifique et pertinents sur le plan de la pratique de l’entrepreneuriat et du management des PME ? Et quelles sont les approches et méthodes de recherche qui facilitent cette intégration des savoirs et que peut-on apprendre à cet égard d’autres champs ou domaines de recherche tels que la médecine (avec la notion de « evidence-based practice », par exemple), l’anthropologie ou l’ingénierie ?
Nous invitons donc les lecteurs à juger la façon dont la relation entre chercheurs et praticiens est abordée dans les six articles que comprend ce nouveau numéro de la Revue. Dans un premier article, Rico J. Baldegger et Patrick Schueffel de la Haute École de gestion de Fribourg nous présente une enquête sur le comportement d’internationalisation de 215 PME suisses. Pour leur part, Denis Carré et Nadine Levratto de l’Université de Paris Ouest ont effectué une analyse rétrospective de l’effet des dispositifs institutionnels mis en place pour stimuler l’innovation technologique dans les PME françaises. À leur tour, Didier Chabaud et Roland Condor de l’École de management de Normandie abordent la dimension collective de l’entrepreneuriat à travers six cas pour expliquer la constitution et les formes d’équipes entrepreneuriales. Le quatrième article provient de Nathalie Crutzen et Didier Van Caillie de l’Université de Liège qui proposent et valident une taxonomie originale d’entreprises en défaillance à partir de données collectées auprès de 50 TPE et PE belges. Marcel Truche et Sophie Reboud du Groupe ESC Dijon Bourgogne sont les auteurs du cinquième article dans lequel est décrit et analysé le processus d’élaboration de la stratégie de deux ME. Enfin, Ydriss Ziane de l’Université de Nancy II analyse le rôle du crédit interentreprises dans le financement des PME françaises à partir d’une enquête réalisée auprès d’un panel de chefs d’entreprise.
Bonne lecture !
Le rédacteur en chef
Parties annexes
Bibliographie
- Argyris, C. (2000), « Actionable knowledge », dans Knudsen, C. et H. Tsoukas, Organization Theory as a Science : Prospects and Limitations, Londres, Oxford University Press.
- Avenier, M.-J. et C. Schmitt (2007), La construction des savoirs actionnables, Paris, L’Harmattan.
- Lewin, K. (1951), Field Theory in Social Science : Selected Theoretical Papers, New York, Harper & Row.
- Van de Ven, A. (2007), Engaged Scholarship : A Guide for Organizational and Social