Résumés
Résumé
Au cours de la seconde moitié du 20e siècle, la radio française s'est progressivement installée dans la nuit, jusqu'à en arriver à un cycle de diffusion ininterrompue, 24 heures sur 24. Depuis le début des années 2000, toutefois, la radio nocturne disparaît peu à peu pour laisser la place à des rediffusions ou à des flux de musiques automatiques. En quoi la radio de nuit a-t-elle pu constituer un miroir de la vie nocturne ? Comment expliquer la disparition progressive de ces programmes en direct ? Autant de questions auxquelles cet article propose d'apporter des réponses.
Abstract
During the second half of the 20th century, French radio progressively settled into the night, until it reached a continuous broadcast cycle, 24 hours a day. However, since the beginning of the 2000s, night-time radio has been gradually disappearing, giving way to rebroadcasts or to flow of automatic music. In what ways could night-time radio be seen as a mirror of life at night? How can we explain the progressive disappearance of its live broadcasts? These are some of the questions this article intends to answer.
Corps de l’article
Durant les premières décennies de son existence, le média radiophonique français s’arrêtait au seuil de la nuit, cessant ses programmes au plus tard à minuit, délaissant ainsi cet espace-temps de l'entre-deux qui restait une « frontière[1] ». Au cours de la seconde moitié du 20e siècle, la radio française s'installait de plus en plus profondément dans la nuit, si bien qu'au milieu des années 1980, quasiment toutes les chaînes de radio proposaient des émissions spécifiquement nocturnes et en direct jusqu'au matin. Ces programmes étaient divers (libres antennes, émissions musicales, interviews dans des cadres festifs, création sonore...) et accompagnaient les « sans-sommeil[2] » dans leur traversée de la nuit — que ceux-ci soient travailleurs de nuit, insomniaques ou noctambules —, contribuant à créer une « communauté imaginée[3] » d'auditeurs nocturnes. Depuis le début des années 2000, toutefois, la radio nocturne disparaît peu à peu pour laisser la place à des rediffusions ou à des flux de musiques automatiques, si bien qu'aujourd'hui, ce territoire de la nuit hertzienne en direct se trouve désormais réduit à peau de chagrin. En quoi cette radio a-t-elle pu constituer un miroir de la vie nocturne ? Quelles représentations de la nuit véhiculait-elle ? Comment expliquer la disparition progressive de ces programmes ? La radio nocturne ne constitue-t-elle pas un indicateur utile pour évaluer la considération d'une société à l'égard de la nuit en général ?
Selon le philosophe Michaël Foessel, la désaffection actuelle de la nuit des ondes correspond à un « effacement[4] » généralisé de la nuit. Nous discuterons ce point de vue à l'issue de l'article, dans lequel il s'agira d'abord de montrer que la conquête progressive de la nuit radiophonique est allée de pair avec une reconnaissance de la vie nocturne, avant de nous pencher sur les caractéristiques propres aux programmes de radio des « heures noires[5] ». Enfin, nous nous interrogerons sur les significations de la récente disparition de ces émissions en direct.
I. Une progressive conquête de la nuit radiophonique, allant de pair avec une reconnaissance de la vie nocturne
A. Silence radio et radio nocturne destinée aux automobilistes
À l'instar d'André Gaudreault et de Philippe Marion[6], nous retenons la définition du terme média proposée par Eliseo Verón, qui le définit comme « […] un ensemble constitué par une technologie plus les pratiques sociales de production et d'appropriation de cette technologie, lorsqu'il y a accès public […] aux messages[7] ». À l'origine, la radio est une technologie dont les pratiques sociales d'appropriation s'ancrent dans le temps immédiat des pratiques de production, ou en tout cas de diffusion. Une émission de radio n'est normalement diffusée qu'une seule fois ; son contenu, éphémère et fugace, ne peut s'entendre qu'en direct, dans le temps « t » de sa transmission –— l'émission et la réception radiophoniques doivent donc être simultanées. Or, pendant longtemps, cette écoute ne pouvait se faire que durant la journée.
En effet, les premières stations de radio françaises sont nées au début des années 1920, mais, jusqu'au milieu des années 1950, leurs programmes s'arrêtent autour de minuit, sauf en cas d'événements exceptionnels, comme les nuits de fête — principalement Noël ou la Saint-Sylvestre — ou les nuits électorales. En dehors de ces dates particulières, aucun programme en langue française n'est diffusé sur le territoire. Certains noctambules amateurs de radio peuvent toutefois s'adonner à une écoute personnelle en s'aventurant sur les ondes courtes à la recherche de programmes étrangers. La nuit, en effet — c'est un phénomène physique —, les ondes radiophoniques se propagent davantage dans l'atmosphère[8], n'étant par ailleurs pas parasitées par le bruit industriel des grandes villes éveillées. Toutefois, en dehors de ces radio-aventuriers nocturnes qui opèrent en solitaires[9], les Français n'ont pas un accès aisé à des programmes radiophoniques durant la nuit. Ce n'est pas le cas aux États-Unis où, dès les années 1930, certaines stations produisent des émissions nocturnes[10].
En France, officiellement, la nuit est faite pour dormir. Après la Seconde Guerre mondiale, sur les stations de la radiodiffusion française, les programmes s'interrompent avec la diffusion de La Marseillaise[11]. Sur le Poste Parisien, l’une des trois chaînes de la radio nationale, la dernière émission de la journée, diffusée juste avant l’hymne national, s’intitule Prélude aux rêves[12]. On y diffuse des disques de musique légère, grâce auxquels on invite les auditeurs à rejoindre leur lit et le sommeil.
En 1955, pour la première fois dans l'histoire de la radiodiffusion française, la station de radio Paris Inter[13] prolonge son programme quotidiennement après minuit, c'est-à-dire au-delà du seuil symbolique de l'entrée dans la « vraie » nuit, ou en tout cas dans la journée suivante. La première émission nocturne s'intitule Route de nuit et se termine d'abord à 2 heures du matin. Elle est initialement destinée aux conducteurs routiers et aux automobilistes, c'est-à-dire aux habitants d'une nuit mobile, traversant en principe davantage de paysages ruraux que de villes nocturnes, empruntant plus de routes désertes que de boulevards urbains illuminés. Mais le lancement d'un tel programme va susciter un certain intérêt pour la nuit en général et les professions de nuit en particulier : au moment où est créée l'émission, en effet, une enquête dénombre l'existence de 150 professions de nuit[14]. C'est donc par cette irruption dans l'univers médiatique que la nuit est révélée. Elle est à la fois médiatisée et « médialisée[15] », la radio nocturne ayant un effet sur la pensée de l'espace-temps que constitue la nuit.
L'émission Route de nuit, animée chaque jour par un animateur différent, est composée de musiques, entrecoupées d'information sur l'état des routes ou la météo. En réalité, les personnes à l'écoute de l'émission sont loin de se limiter aux seuls individus au volant. Peu à peu, cette communauté d'oreilles s'agrandit, et la station reçoit un courrier de plus en plus abondant, parmi lequel de nombreuses lettres d'auditeurs exprimant leur déception relative au fait que l'émission s'arrête à 2 heures du matin et réclamant une diffusion en continu. Les dirigeants de la chaîne écoutent les revendications des auditeurs, et, dès 1957, l'antenne de Paris Inter émet en continu, sans interruption. La radio 24 heures sur 24 est née en France.
B. Habiter la nuit mondaine
En 1965, dix ans après l'introduction de la première émission d'après-minuit, une émission d'un genre tout à fait nouveau voit le jour sur France Inter. Il s'agit du Pop Club, produit et animé par José Artur, qui a lieu entre 23 heures et 1 heure du matin en direct du Bar Noir de la Maison de la radio[16]. Pendant cette émission, l'animateur reçoit des artistes et intellectuels à l'heure de la sortie des spectacles, dans un cadre mondain, dans l'atmosphère d'un bar nocturne. Les invités ont la possibilité de boire de l'alcool pendant qu'ils s'entretiennent avec José Artur, et l'émission est par ailleurs ouverte au public. De fait, le Bar Noir de la Maison de la radio devient un nouvel espace nocturne habitable, un lieu de fête, de musique jouée en direct et de mondanités. C'est désormais la radio elle-même qui crée l'événement, devenue un espace de rendez-vous nocturne non seulement sur les ondes, mais aussi dans la ville, dans le 16e arrondissement de Paris, où vient d'être inaugurée, en bord de Seine, cette immense Maison de la radio[17].
La nuit, ce lieu prend donc vie autrement, révèle un autre visage, participe du monde de la fête et de la nuit en général. Auditeurs parisiens ou de passage s'y pressent, en fin de soirée, pour découvrir l'envers du décor radiophonique, l'atmosphère enfumée et électrique de ce bar aux banquettes de skaï noir[18]. Chaque soir, en milieu d'émission, José Artur annonce le flash de minuit avec ces mots : « il est minuit à Paris et à... “La Côte-Saint-André” ». En citant chaque nuit le nom d'une ville ou d'un village de France différent, le producteur contribue à relier explicitement les auditeurs de province à son club de radio parisien, et donc à créer une communauté radiophonique nocturne à distance.
La nuit des ondes n'a plus comme seule vocation officielle d'être utilitaire et d'accompagner, par exemple, les personnes au volant. Avec le Pop Club, France Inter propose une émission de divertissement qui s'adresse à un auditoire varié, comme en témoigne le courrier reçu par José Artur[19]. Trois ans après la naissance du Pop Club, Europe 1 lance une émission du même type, intitulée Barbier de nuit et animée par Christian Barbier. À la différence du Pop Club, cette émission a lieu en direct depuis un studio de radio traditionnel. Dans les deux cas, la radio nocturne constitue cependant une sorte de miroir de la nuit mondaine ou artistique.
C. Quand la radio donne la parole aux habitants anonymes de la nuit
Dix ans après la création du Pop Club sur France Inter, Europe 1 innove à son tour en créant en 1975 la première émission de conversation nocturne téléphonique : Ligne ouverte. Animée par le jeune écrivain dandy Gonzague Saint Bris, l'émission consiste, à partir de minuit, en une heure de dialogue entre les auditeurs et l'animateur. Cette émission est l'héritière de celle qui était animée depuis 1967 par Ménie Grégoire l'après-midi sur RTL, à la différence près que, ici, les dialogues sont nocturnes, et s'inscrivent donc dans une atmosphère bien particulière. Désormais, « la radio écoute les auditeurs[20] », et ces conversations nocturnes sont l'occasion de donner la parole aux habitants anonymes de la nuit : travailleurs de nuit, mais aussi insomniaques, étudiants, rêveurs, artistes ou encore personnes malades. Chacun est invité à parler de ce qui l'intéresse, l'angoisse ou l'enthousiasme. Les conversations sont intimes et peuvent prendre leur temps. Gardiens de nuit, cambrioleurs, PDG, prostituées, ou jeune étudiant désirant se suicider..., les profils des personnes qui appellent sont très divers. Gonzague Saint Bris a retranscrit dans un livre soixante de ces conversations nocturnes ; certaines des paroles destinées à être entendues instantanément dans le direct et le secret de la nuit se retrouvent donc fixées sur le papier, de manière anonyme. L'intermédialité[21] opère, la radio et le livre se croisent, l'écrivain et homme de radio ayant conjugué ses deux métiers. Dans une longue introduction, il écrit :
Parler ou se taire sur les ondes, c'est comme marcher sur l'eau. Les nuits de France cachent des miracles, et j'ai toujours été frappé par la richesse des informations qui émanent des êtres anonymes, tandis que me paraissaient bien pauvres celles qui venaient d'en haut, de la prétendue source du tout-savoir[22].
Deux ans plus tard, France Inter s'inspire de cette émission pour créer Allô Macha. Le principe est le même : un standard téléphonique nocturne et une personne au micro pour s'entretenir en direct à l'antenne avec les auditeurs sélectionnés. Cette fois, c'est une femme à la voix grave qui accueille les appels, Macha Béranger, jusqu'ici plus ou moins comédienne. Dès ses débuts, l'émission est très remarquée[23], et elle deviendra un véritable phénomène médiatique amené à durer très longtemps, puis auquel l’animatrice mettra un terme en 2006 après 29 ans de présence à l'antenne. Au-delà de son succès, cette émission provoque un phénomène de société sans précédent, la communauté de solidarité créée par le média radiophonique nocturne atteignant des dimensions très importantes. Loin d'être seulement « imaginée », cette communauté interagit sans cesse par le biais de l'émission. En effet, les individus qui passent à l'antenne peuvent, s'ils le souhaitent, laisser leurs coordonnées au standard, afin que d'autres auditeurs puissent entrer en contact avec eux. Ainsi, de nombreuses relations se tissent entre les adeptes de l'émission, comme en témoigne l'abondant courrier reçu par Macha Béranger[24].
Dans la deuxième moitié des années 1970, d'autres émissions mettent en avant la parole anonyme de gens de la nuit, comme Les choses de la nuit de Jean-Charles Aschero, ou Comme on fait sa nuit on se couche de Claude Villers, toutes deux sur France Inter. Dans la première émission, créée en 1976 et diffusée les nuits du week-end entre 1 heure et 5 heures du matin, l'animateur donne la parole à des jeunes femmes anonymes lors de longues interviews d'une heure à l'aveugle, alors que l'auditrice est dissimulée à l'animateur derrière un paravent[25]. À d'autres moments, Jean-Charles Aschero réalise des séquences d'émissions en se promenant dans les rues de Paris, micro en main, en pleine nuit, faisant part en direct de ses observations et des rencontres effectuées sur le chemin. Le propos de la deuxième émission, Comme on fait sa nuit on se couche, est justement de raconter la vie nocturne des individus, même si elle n'est pas diffusée au coeur de la nuit mais à 22 heures. Jean-François Remonté raconte quelques anecdotes au sujet de cette émission :
Claude Villers lance son équipe d'intrépides reporters dans la jungle des villes pour regarder vibrer la nuit. […] Dominique Guilhot devient taxi de nuit, Leslie Bedos […] enquête sur les violences policières aux Halles un soir de 14 juillet, […] Étienne Fernagut […] s'offre un reportage « en situation » dans un salon de massage thaïlandais, et pose un problème financier inédit à l'administrateur de France Inter qui ne peut se résoudre à payer une prostituée sur les deniers du service public. Étienne Fernagut, dont la note de frais ne sera jamais remboursée par la radio nationale, découvre à cette occasion la dure condition de journaliste[26].
Ainsi, la nuit radiophonique semble se rapprocher de la « vraie » nuit, celle vécue par ceux qui l'habitent, collant davantage au réel et à la vie des auditeurs noctambules. Parallèlement, l'émission Les nuits magnétiques, créée en 1978 par Alain Veinstein et diffusée entre 22 heures 30 et minuit, offre un contenu de création qui mélange la parole d'écrivains et d'experts à celles d'anonymes[27].
Il convient de rappeler ici que, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le monopole de l'audiovisuel interdit l'existence de stations de radio privées sur le territoire français. Des chaînes dites « périphériques » contournent la législation grâce à des émetteurs censés être implantés hors du territoire : en Allemagne pour Europe 1 ; au Luxembourg pour RTL ; à Monaco pour Radio Monte-Carlo[28] ; et à Andorre pour Sud-Radio et Radio Andorre[29]. À partir de la fin des années 1970, ce monopole est sérieusement remis en cause par de jeunes gens qui réclament la libéralisation des ondes au nom de la liberté d'expression et créent des stations de radio pirates[30]. Souvent, ces radios pirates choisissent la nuit pour émettre, essentiellement parce que c'est le moment où elles peuvent le mieux se protéger des autorités et éviter le brouillage[31]. Les pirates s'installent donc prioritairement sur le territoire nocturne de la bande FM, s'aventurant dans les villes à la recherche de « toits » pour installer leur émetteur ou de lieux de la nuit à investir, à habiter. Ainsi, Radio Ivre, le « phare dans la nuit parisienne[32] », s'installera plusieurs mois dans la boîte de nuit parisienne branchée Le Palace[33].
En 1981, le gouvernement de François Mitterrand met un terme au monopole de la radiodiffusion en autorisant les radios libres. Cette libéralisation des ondes va entraîner un bouleversement général du paysage radiophonique français, et, durant les premières années, les nuits en particulier vont connaître un bouillonnement sans précédent. L'activité nocturne intense des radios libres va en effet entraîner les radios traditionnelles qui ne diffusaient pas encore toute la nuit à adopter, elles aussi, des émissions en continu[34]. Ainsi, jusqu'au milieu des années 1980, la nuit radiophonique connaîtra une sorte d'âge d'or, que l'on peut apparenter à une forme de reconnaissance du monde de la nuit.
II. Comment la radio nocturne s'inscrit-elle dans la nuit ?
A. Caractéristiques des programmes radiophoniques de nuit
Les émissions de radio nocturne françaises traitent peu d'actualité. De fait, la nuit semble constituer un moment à part, un entre-deux qui s’extrairait du temps de l'actualité pour être dans le présent de la nuit, une sorte de temps suspendu qui échapperait au temps lui-même, une transition atemporelle entre le jour et le lendemain. Aussi, en dehors de flashs d'informations diffusés toutes les heures sur les stations généralistes, qui viennent rappeler le contexte actuel du jour, les émissions de radio nocturnes proposent essentiellement des contenus de divertissement, de musique, de conversations téléphoniques avec les auditeurs, ou encore de création sonore. C'est moins la grande histoire du temps présent qui occupe la radio nocturne que les petites histoires individuelles et personnelles. Ce n'est pas le cas aux États-Unis ou en Angleterre où, sur la chaîne BBC 5 live par exemple, il existe des émissions nocturnes consacrées aux questions de politique ou d'actualité, dans lesquelles des invités sont conviés à réagir sur ces points, comme lors des émissions de la journée[35].
Au contraire, les émissions diffusées la nuit sur les stations françaises font souvent la part belle à l'intime, à la fois par l'intermédiaire de contenus reposant sur l'intervention téléphonique des auditeurs, mais aussi dans le cadre d'interviews de personnalités, conversations desquelles se dégagent une atmosphère souvent particulièrement intimiste. Le fait que la confession soit particulièrement bien adaptée à la nuit s'illustre parfaitement dans la radio nocturne, qui laisse de la place pour qu'un tel type de parole s'installe. D'ailleurs, la nuit elle-même n'est-elle pas par essence habitée par le secret des confidences ? Ce déploiement de la parole s'inscrit dans un autre rythme radiophonique, qui semble prendre son temps. Tandis que, durant la journée, et particulièrement à l'heure de « la matinale » — le « prime time » radiophonique —, tout doit aller vite, la nuit autorise un autre souffle, un rythme beaucoup plus lent et relâché. Certaines émissions durent d'ailleurs jusqu'à quatre ou cinq heures[36], ce qui semble impensable pour une émission de la journée. Plusieurs séquences très diverses peuvent donc se succéder au sein d'une même émission, et cet autre rythme autorise à diffuser des morceaux de musique sortant du cadre du format radio habituel des trois minutes.
Enfin, sur les stations nationales, la radio nocturne est un espace habité par des dynamiques moins « grand public » que durant la journée : par exemple, il n'est pas rare que les animateurs invitent des artistes méconnus à venir parler de leur travail, voire, pour les musiciens, à se produire en direct pendant l'émission[37]. Ainsi, la radio nocturne peut constituer une sorte de tremplin pour les artistes, tandis que les animateurs hésitent moins à aborder des sujets différents, en marge de l’actualité, et parfois transgressifs[38]. La radio nocturne constituerait ainsi un espace alternatif, bien distinct de la radio de jour. S'il n'y a pas un genre unique d’émissions spécifiquement nocturnes, on peut considérer qu'il y a plusieurs genres d'émissions propres à la nuit, comme les dialogues téléphoniques nocturnes, ou encore les programmes consacrés à la littérature policière[39] ou à la littérature érotique[40].
B. Les conditions de production de la radio nocturne : une autre manière d'habiter la radio ?
Les personnes travaillant dans les radios la nuit sont moins nombreuses que durant la journée. De fait, hormis les gardiens de nuit ou les employés d’entretien ménager, ceux qui sont présents sur les lieux à ces heures ont tous un rapport direct avec la ou les émissions diffusées. Tout le personnel administratif et de direction est parti, les bureaux et les couloirs sont majoritairement vides, plongés dans le noir. Parmi les personnes qui restent, il règne alors généralement une atmosphère de convivialité[41]. Celles qui sont présentes la nuit dans ce studio partagent ce temps spécial ensemble, elles constituent une communauté plus étroite et généralement plus soudée, elles habitent d'une façon différente les locaux de la radio. Des dîners sont partagés en studio, l'alcool et certaines drogues sont parfois au rendez-vous[42].
Cette atmosphère de liberté qui plane dans les airs se répercute sur le programme nocturne. Comme nous l'évoquions plus haut, il existe une liberté de ton la nuit à la radio, ainsi qu'une liberté relative au contenu, au choix des thèmes abordés ou des invités reçus pendant les émissions. Plus encore, il y a l'espace pour une certaine forme d'improvisation. Jean-Louis Foulquier, par exemple, dans son émission Studio de nuit sur France Inter, reçoit tous les musiciens qui le souhaitent à la sortie des concerts. Il n'y a pas de réel programme établi à l'avance, l'émission se construit chaque nuit en fonction des personnes qui se présentent à la radio. De fait, les musiciens s'y pressent, tant cette émission compte dans le monde de la musique, en dépit de sa diffusion tardive, entre minuit et 3 heures du matin[43]. Ainsi, si l'on en croit les différents témoins de ce monde, la nuit radiophonique constitue une sorte de radio dans la radio. Parfois, elle s'apparente à un laboratoire dans lequel il est possible de tenter de nouvelles choses, de nouveaux concepts d'émission par exemple. C'est aussi un moment idéal pour tester de nouveaux journalistes ou animateurs, et nombreux sont les hommes et femmes de radio qui ont commencé leur carrière au micro la nuit[44]. À l'inverse, certains passent toute leur carrière à travailler dans ces conditions nocturnes et n'imaginent aucunement habiter la radio de jour.
C. La réception de la radio des heures noires
Les auditeurs de radio de nuit sont évidemment beaucoup moins nombreux que les auditeurs de jour. Cela dit, ils semblent plus attentifs et plus disponibles, pour plusieurs raisons. Qu'ils soient chez eux ou à l'extérieur de leur domicile, dans leur voiture ou à leur travail, ces auditeurs sont le plus souvent seuls, dans une atmosphère nocturne impliquant des sollicitations moindres : le téléphone ne sonne pas, le monde nocturne alentour est généralement plus calme, si ce n'est endormi. La disponibilité à l'écoute radiophonique est donc plus grande, comme l'affirme José Artur : « La journée, la radio, on l'entend, alors que la nuit, on l'écoute.[45] »
Par ailleurs, certains des auditeurs sont à l'écoute, car ils ont un réel besoin de présence, de compagnie nocturne. La radio de nuit va même jusqu'à correspondre, pour ces auditeurs-là, à une bouée de sauvetage, une fenêtre ouverte sur le monde, un moyen de s'évader par l'imaginaire. Ils peuvent être insomniaques, travailleurs de nuit, prisonniers, malades, ou encore étudiants. Pour eux, la radio nocturne permet de combler un vide, établit une relation de coprésence avec l'animateur et les autres auditeurs. Plus encore, comme nous l'indiquions plus haut, les auditeurs sont invités à appeler pour prendre la parole et s'exprimer à l'antenne pendant certaines émissions. La nuit radiophonique constitue dès lors l'espace-temps où l'animateur et l'auditeur se rencontrent d’une manière particulière, où une communauté se crée. Et même si l'émission n'est pas ouverte aux appels des auditeurs, ces derniers ont davantage tendance à téléphoner à la radio durant les heures noires, pour réagir au contenu, faire part d'une information, essayer de s'entretenir avec l'équipe, ou simplement bavarder. Claude Ruben, animateur qui a commencé sur RMC et rejoint France Inter à l'été 1974 pour animer l'émission de 3 heures à 6 heures — Canal 3-6 —, insiste sur ce point : « J'aime l'atmosphère de la nuit. Ceux qui nous écoutent vivent leur jardin secret. Seuls. Ils ont le temps de réfléchir et souvent appellent pendant l'émission ou après pour continuer le dialogue avec nous[46]. »
Plus encore, à la rentrée suivante, alors qu'il commence à animer les nuits du week-end de France Inter à la barre de l’émission La tête dans les étoiles[47], ce jeune animateur affirme que le seul « problème » qu'il rencontre la nuit à la radio entre 1 heure et 5 heures du matin, « c'est que les auditeurs réussissent à embouteiller le standard[48] ». De fait, la nuit, la frontière entre la radio et l'auditeur tend à se réduire. La radio nocturne constitue donc le territoire de la rencontre entre animateur et auditeur, qui cohabitent dans cet espace-temps qui peut sembler plus convivial, comme si la nuit rassemblait, effaçait les distances[49]. Si l'auditeur est généralement seul dans la nuit — « la nuit, le sujet est plus seul[50] » —, il aurait en revanche davantage la possibilité d'entrer en contact avec l'autre[51].
III. La disparition de la radio nocturne en direct, vers la fin d'une cohabitation médiatique spécifique ?
A. Une disparition progressive
À partir du milieu des années 1980, l'effervescence présente la nuit dans les studios de radio depuis la décennie précédente s'estompe peu à peu. Dès 1986, Raymond Mockel, l'éternel journaliste des flashs de nuit de France Inter, se souvient de l'époque de Studio de nuit de Jean-Louis Foulquier (1975-1978) avec nostalgie : « À cette époque, la radio avait plus d'importance. Même la nuit, il y avait du mouvement. Il arrivait que le studio soit si bondé que je ne puisse pas atteindre le micro au moment de mon flash[52]. »
De fait, la radio nocturne spécifique et produite en direct perd peu à peu du terrain partout, jusqu'à disparaître quasiment complètement. À partir de la fin des années 1990, les émissions spécifiquement nocturnes et diffusées en direct laissent de plus en plus la place à des rediffusions d'émissions de la veille ou à des flux de musique automatique. Ce glissement s'effectue progressivement, jusqu'à ce que la diffusion de « programmes en boîte » devienne la norme, dès le début des années 2000 sur Europe 1, à partir de 1 heure du matin. Ainsi, la notion de cohabitation dans la nuit des auditeurs et des hommes et femmes de radio disparaît. En 2012, c'est au tour de France Inter d'abandonner les émissions nocturnes en direct entre 1 heure et 5 heures du matin, mettant un terme à l'émission Sous les étoiles exactement de Serge Le Vaillant les nuits de semaine[53]. À la place, des rediffusions des émissions de la veille sont mises en place. Depuis 2015, RTL procède de la même façon, Les nocturnes de Georges Lang se terminant désormais à 1 heure du matin, plutôt qu'à 3 heures comme auparavant. À propos des Nocturnes, il s'agit par ailleurs de l'émission de nuit française qui possède la longévité la plus importante, puisqu'elle existe depuis 1973, soit plus de quarante-deux ans !
Mais comment expliquer cette extinction des voix radiophoniques nocturnes en direct ?
B. Les facteurs expliquant la fin de la radio de nuit
Deux types de facteurs, d’ordres technique et économique, expliquent cette progressive désaffection de la radio nocturne française.
D'abord, l'apparition de la télévision 24 heures sur 24 en France à la fin des années 1980[54] a contribué à faire perdre de l'importance à la radio nocturne. De fait, la radio n'est plus la seule compagne médiatique dont les gens de la nuit peuvent bénéficier, sans compter que les atours « visuels » de la télévision peuvent paraître plus attractifs. Par ailleurs, l'apparition d'Internet puis des podcasts au milieu des années 2000, et avec eux la possibilité d'écouter ou de réécouter facilement la radio sur demande, va profondément transformer les habitudes des auditeurs. Désormais, il est en effet possible d'écouter durant la nuit des émissions que l'on aurait ratées durant la journée. La radio à la carte permet à l'auditeur de choisir son programme en dehors du temps linéaire de la radio, et de s'extraire de la primauté du direct.
Mais, surtout, cette disparition de la radio nocturne en direct incombe au système d'économie concurrentielle dans lequel évolue désormais l'audiovisuel, y compris l'audiovisuel public. À la suite de l'essoufflement des radios libres et du virage commercial pris par une majorité d'entre elles après l'autorisation de la publicité sur leurs ondes en 1984, les programmes de nuit se retrouvent en effet largement appauvris. Les dirigeants des chaînes de radio, mus par des logiques de concurrence et un désir grandissant de corréler les coûts à l'audience, vont choisir de sacrifier la nuit sur l'autel des économies budgétaires. De fait, la question de l'audience des émissions de nuit a toujours été problématique. En effet, si Médiamétrie, qui procède aux mesures de l'audience radiophonique, réalise des sondages pour toutes les tranches horaires, y compris nocturnes, cette société ne communique pas publiquement les résultats de l'intervalle « minuit — 5 heures du matin ». Aussi ces cinq heures nocturnes quotidiennes ne sont-elles pas prises en compte dans la mise en concurrence des stations. La radio nocturne constitue alors une frontière en termes de concurrence, un espace non économiquement rentable. Sur les radios commerciales, aucun spot publicitaire n'est généralement diffusé durant la nuit.
C. Que reste-t-il de la radio nocturne ?
Il reste aujourd'hui en France très peu d'émissions de radio nocturnes spécifiques, les programmes originaux n'allant désormais pas au-delà d'une heure du matin sur les chaînes généralistes[55]. Seules les stations musicales privées destinées aux jeunes continuent de proposer des émissions de dialogue en direct au coeur de la nuit[56]. Par ailleurs, des radios associatives proposent des nuits spéciales ponctuelles en direct, comme La nuit des émotions de Radio Campus Paris en 2013 ou encore La nuit de la nuit de Radio Grenouille à Marseille en juin 2015. En dehors de ces événements exceptionnels, les stations de radio laissent peu de place aux programmes nocturnes originaux, spécifiques et réalisés en direct. Cette disparition témoigne d'une diminution de la considération pour la nuit, qui, après avoir été progressivement conquise par la radio, est redevenue un territoire en marge, la « dernière frontière pour l'homme du 21e siècle », selon le géographe Luc Gwiazdzinski[57]. La nuit en général, comme la nuit urbaine en particulier, se trouve donc désinvestie du porte-voix radiophonique dont elle a pu autrefois bénéficier. S'il s'agit d'un phénomène non exclusivement français, la radio de nuit n'a pour autant pas disparu partout. Au Royaume-Uni ou en Espagne, par exemple, les chaînes de radio publiques continuent de proposer une offre variée de programmes radiophoniques nocturnes sans interruption[58], lesquels restent considérés comme relevant d'une mission de service public.
En 2013, le philosophe Michaël Foessel dénonçait dans la revue Esprit la décision de France Inter de supprimer les émissions en direct après une heure du matin, insistant sur le lien d'évidence existant entre la radio et la nuit : « dans le noir, c'est à l'ouïe que l'on se fie de préférence ». Selon lui, ce choix est passé relativement inaperçu, car il participe « d'un processus général d'effacement de la nuit » dans ce que celle-ci comporte « d'inquiétant et de marginal ». Nous sommes d'accord avec lui pour dire qu'il s'agit bien d'un effet de « l'insistance sécuritaire contemporaine » qui tend à ramener la nuit aux peurs qu'elle suscite en oubliant et en délaissant les gens de la nuit.
Par là, il ne faut pas seulement entendre l'appauvrissement de la vie nocturne dans des capitales occidentales fatiguées. C'est plutôt la symbolique de la nuit qui se trouve expulsée des représentations communes. Que savons-nous de ceux qui, souvent contraints et forcés, vivent et travaillent la nuit ? Il existe pourtant bien une société de la nuit à laquelle les radios reconnaissaient au moins une existence, mais que l'on semble avoir choisi de ne plus voir. En privant cette société nocturne des voix qui lui étaient expressément adressées, on suggère que la « vraie vie » n'a lieu qu'aux heures de bureau[59].
En somme, la nuit a fait l'objet d'une conquête par la radio au cours de la seconde moitié du 20e siècle. Les émissions qui ont alors pu remplir de voix et de musiques les heures noires représentaient non pas une mais plusieurs manières d'habiter la nuit, même si ces programmes comportaient certaines dimensions communes, propres à l'atmosphère spécifiquement nocturne dans laquelle ils s'inscrivaient — intimité, rythme plus relâché et thèmes alternatifs, associés à une écoute souvent plus attentive de la part d'auditeurs davantage disponibles. Mais la disparition actuelle des émissions de nuit en direct témoigne d'un désintérêt grandissant pour le monde de la nuit et les gens qui l'habitent. La nuit radiophonique redevient donc une marge, un territoire inoccupé, tandis que les travailleurs de nuit, comme les auditeurs nocturnes, sont paradoxalement de plus en plus nombreux[60]. La radio nocturne, en tout cas, a largement inspiré les artistes, notamment les cinéastes, qui ont souvent su trouver dans cet univers un point de départ pour leurs histoires, un décor habitable pour leurs intrigues[61].
Parties annexes
Note biographique
Marine Beccarelli est doctorante en histoire contemporaine à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Rattachée au laboratoire ISOR (Images, Sociétés, Représentations) du CRH 19e siècle, elle prépare une thèse sur l'histoire de la radio nocturne en France sous la direction de Myriam Tsikounas. Elle a publié en 2014 chez Ina éditions une adaptation de son mémoire de master qui introduisait le sujet, Les nuits du bout des ondes. Introduction à l'histoire de la radio nocturne en France, 1945-2013.
Notes
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[1]
Luc Gwiazdzinski, La nuit, dernière frontière de la ville, Paris, Éditions de l'Aube, 2005.
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[2]
Expression utilisée par Macha Béranger, animatrice de l'émission Allô Macha sur France Inter (1977-2006), pour décrire ses auditeurs.
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[3]
Voir Benedict Anderson, Imagined communities, Londres, Verso, 1983.
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[4]
Michaël Foessel, « Quand la nuit s'éteint », Esprit, Paris, no 393, mars-avril 2013, p. 12-14.
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[5]
L’expression est ici empruntée à l'historienne Simone Delattre, qui l'employait dans son ouvrage sur la nuit à Paris au 19e siècle. Simone Delattre, Les douze heures noires. La nuit à Paris au XIXe siècle, Paris, Albin Michel, 2009.
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[6]
André Gaudreault et Philippe Marion, « Un média naît toujours deux fois », Sociétés et représentations, no 9, avril 2000, p. 26.
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[7]
Eliseo Verón, « De l'image sémiologique aux discursivités », Hermès, nos 13-14, Paris, Éditions du CNRS, 1994, p. 51.
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[8]
Bernard Demoulin, « Quelques aspects de la propagation des ondes radioélectriques », Territoire en mouvement. Revue de géographie et aménagement, no 12, [2012], 1 janvier 2014, http://tem.revues.org/1447 (consultation le 6 juillet 2015).
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[9]
Daniel Berthelot, « Les ondes invisibles », Paris, Le Temps, 24 octobre 1922, repris dans Interférences, no 10, 1979, p. 17-19 et cité par Thierry Lefebvre, « Éloge du poste inconnu. La TSF avant la normalisation », dans Frédéric Lambert, Figures de l'anonymat. Médias et société, Paris, L'Harmattan, p. 114.
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[10]
Michaël C. Keith, Sounds in the Dark : All-Night Radio in American Life, Iowa, Iowa State University Press, 2001.
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[11]
Anne-Marie Duverney, « Les jeunes », Cahiers d'histoire de la radiodiffusion, n° 1, décembre 1982, p. 22.
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[12]
Programme du Poste Parisien du 1er mars 1948, consultable dans les programmes sur microfilms des archives écrites de Radio France.
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[13]
Créée en 1947, cette chaîne de radio nationale est l'ancêtre de France Inter.
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[14]
Jean-François Remonté, Les années radio, Paris, L'Arpenteur, 1989, p. 91.
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[15]
Jean-Claude Schmitt, « Rythmes et médialité », dans Pascale Goetschel, François Jost et Myriam Tsikounas (dir.), Lire, voir, entendre. La réception des objets médiatiques, Paris, Publications de la Sorbonne, 2010.
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[16]
Roland Dhordain, Le roman de la radio, Paris, La Table Ronde, 1983, p. 212-213.
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[17]
La Maison de la RTF (Radiodiffusion-télévision française) a été inaugurée en 1963, puis l'ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française), en 1964.
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[18]
José Artur, Micro de nuit, Paris, Stock, 1974, p. 121.
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[19]
Archives privées de José Artur, désormais détenues par ses enfants. Le producteur a conservé des milliers de lettres d'auditeurs et de documents divers relatifs à l'émission.
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[20]
Remonté, 1989, p. 95.
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[21]
Sur l'intermédialité, voir notamment Silvestra Mariniello, « L'intermédialité : un concept polymorphe », dans Célia Vieira et Isabel Rio Novo (dir.), Inter média. Littérature, cinéma et intermédialité, Paris, L'Harmattan, 2011.
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[22]
Gonzague Saint Bris, Ligne ouverte, au coeur de la nuit, Paris, Robert Laffont, 1980, p. 41.
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[23]
Voir par exemple l'article de Victoria Thérame, « Zoreilles. Radio Nuit », Charlie Hebdo, 7 avril 1977.
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[24]
Une partie de ce courrier est conservé aux Archives nationales de France, CAC, Fonds Macha Béranger, versement n° 19980208, 6 cartons.
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[25]
Entretien avec Jean-Charles Aschero, mai 2012, voir Marine Beccarelli, Les nuits du bout des ondes. Introduction à l'histoire de la radio nocturne en France, Bry-sur-Marne, Ina éditions, 2014, p. 196-204.
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[26]
Remonté, 1989, p. 118
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[27]
Sur Les nuits magnétiques, voir Christophe Deleu, Les anonymes à la radio. Fonctions, usages et portée de leur parole, Bry-Sur-Marne, Ina éditions, 2006 ; Christophe Deleu, Le documentaire radiophonique, Paris, Ina éditions / L'Harmattan, 2013.
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[28]
En réalité, la station périphérique monégasque transgresse la règle du monopole, puisque son émetteur est situé proche de la frontière, certes, mais en France.
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[29]
Dans les faits, l’État contrôle ces postes par l'intermédiaire de la SOFIRAD : dès les année 1960, la société de portefeuille détient 80 pourcent du capital de RMC, 97 pourcent de Radio Andorre, 46 pourcent d'Europe 1 (plus de 80 pourcent dès le début des années 1970) et 95 pourcent de Radio des Vallées, qui deviendra Sud-Radio.
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[30]
Voir notamment Thierry Lefebvre, La bataille des radios libres, Paris, Nouveau Monde éditions, 2011.
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[31]
Denis Hautin-Guirault, « Pirates à visage ouvert », Le Monde, 23-24 novembre 1980.
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[32]
Lefebvre, 2011, p. 314.
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[33]
Entretien avec Jean-Mark Keller, cofondateur de Radio Ivre, avril 2013.
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[34]
Martine Coulon, « Nuits étoilées », Télérama, n° 1828, semaine du 26 janvier au 1er février 1985, p. 87.
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[35]
L'émission Up All Night de Rhod Sharp, diffusée chaque nuit sur la BBC 5 live entre 1 et 4 heures du matin, propose des nouvelles, interviews et histoires du monde entier (« news, interviews and stories from around the world », notre traduction). « Up All Night », émission de radio, Rhod Sharp (animateur), BBC Radio 5 live, http://www.bbc.co.uk/programmes/b06mcd0v (consulté le 3 juin 2016).
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[36]
L’émission Les choses de la nuit sur France Inter dure quatre heures.
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[37]
Pendant l'émission Les choses de la nuit, Jean-Charles Aschero propose à des musiciens inconnus de se produire en direct lors d'une séquence intitulée « Les Hootnanys ».
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[38]
Il est par exemple plus facilement question de sexualité, d'alcool ou de drogues lors d'émissions nocturnes.
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[39]
Citons par exemple Nuit noire de Paula Jacques, la nuit du vendredi au samedi sur France Inter dans les années 1990.
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[40]
Les émissions de Daniel Mermet sur France Inter dans les années 1980, Si tendre était la nuit, en duo avec Paula Jacques en 1983, et À la nuit, la nuit en 1987-1988; Libertinage de Danièle Evenou sur RMC en 1986; ou encore Chaude est la nuit de Sophie Bramly sur Europe 1 en 2012.
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[41]
Voir entretiens avec Adèle, Jean-Charles Aschero, Thierry Beccaro, Gilles Davidas, Philippe Debrenne, Georges Lang, Serge Le Vaillant, etc., dans Beccarelli, 2014.
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[42]
Jean-Louis Foulquier, Au large de la nuit, Paris, Denoël, 1990.
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[43]
Entretien avec Gilles Davidas, 20 avril 2012.
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[44]
Beccarelli, 2014, p. 94.
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[45]
Entretien avec José Artur, 10 mai 2012.
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[46]
Claude Ruben cité par Anne Rouanet, « Si on prenait le temps », Télé sept jours, n° 750, du 7 au 13 septembre 1974, p. 113.
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[47]
L'émission ne durera que quelques mois. Parallèlement, il débute une carrière à la télévision sur TF1 et arrêtera la radio. En janvier 1976, les nuits du week-end de France Inter donneront vie à une nouvelle émission, Les choses de la nuit.
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[48]
Claude Ruben interviewé par Dominique Renard, dans « Claude Ruben. Pour France Inter, depuis samedi, il anime les nuits du week-end... et il sera à la télévision le visiteur du mercredi », Sud Ouest, 17 septembre 1975.
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[49]
Voir par exemple Anne Perraut-Soliveres, Infirmières, le savoir de la nuit, Paris, PUF, 2001, sur les relations plus étroites entre soignants et patients la nuit à l'hôpital.
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[50]
Véronique Nahoum-Grappe, « Remettre à demain », Sociétés et représentations, no 4, mai 1997, p. 25.
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[51]
Voir aussi Thierry Lefebvre, « La nuit hertzienne », Sociétés et représentations, no 4, mai 1997, p. 277-284.
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[52]
R. Mockel, cité dans Télérama du 8 au 14 février 1986, p. 114.
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[53]
Durant un an, l'émission continue d'exister les nuits du week-end sur France Inter, mais elle est enregistrée la journée. Puis, à l'été 2013, Serge Le Vaillant est remercié par la direction de la station, après y avoir travaillé pendant plus de vingt ans.
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[54]
En 1988, la chaîne privée la Cinq est la première à diffuser 24 heures sur 24. Elle est suivie en 1989 par TF1 et M6. Dès le milieu des années 1980, la télévision grignotait de plus en plus l’audience de la nuit.
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[55]
Il faut citer France Culture, qui élabore depuis 1985 un programme de rediffusions d'archives plus ou moins anciennes de la chaîne. Il ne s'agit pas d'émissions en première diffusion, mais d'un programme tout de même coûteux pour lequel une équipe de plusieurs personnes travaillent à la sélection des archives.
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[56]
Par exemple, sur NRJ, depuis la rentrée 2015, l'émission de Mikl accueille les appels des auditeurs chaque nuit, du lundi au jeudi, entre 1 heure et 4 heures du matin. Ces émissions dites de « libre antenne » pour adolescents sont apparues au début des années 1990. Voir Christophe Deleu, Les anonymes à la radio. Usages, fonctions et portée de leur parole, Bry-sur-Marne, Ina éditions, 2006, et Hervé Glevarec, Libre antenne. La réception de la radio par les adolescents, Paris, Armand Collin, 2005.
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[57]
Gwiazdzinski, 2005.
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[58]
Voir par exemple le programme de Radio 3 en Espagne avec des émissions en direct toute la nuit, http://www.rtve.es/radio/radio3/programacion/ (consultation le 13 octobre 2015), et en Angleterre ceux de la BBC Radio 1, http://www.bbc.co.uk/radio1/programmes/schedules/2015/10/13, et de la BBC Radio 2 http://www.bbc.co.uk/radio2/programmes/schedules/2015/10/13 (consultations le 13 octobre 2015).
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[59]
Michaël Foessel, « Quand la nuit s'éteint », Esprit, no 393, mars-avril 2013, p. 14.
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[60]
En 2012, les travailleurs de nuit, même occasionnels, représentaient 15,4 pourcent des employés français, soit 3,5 millions de personnes. En 1991, ils étaient 2,5 millions, soit un million de moins. Rapport « Dares Analyses », ministère du Travail, de l'Emploi et du Dialogue social, août 2014, no 062. À propos des auditeurs de radio : en 2011-2012, 5 pourcent des 15 ans et plus avaient au moins un contact avec la radio entre minuit et 5 heures du matin, tandis que 20 ans plus tôt, en 1992-1993, ils étaient seulement 2,7 pourcent. Chiffres de Médiamétrie communiqués directement à l'auteur en septembre 2012.
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[61]
Citons quelques films, français et américains, dans l’ordre chronologique : Play Misty for Me de et avec Clint Eastwood (1971); Talk Radio de Oliver Stone (1988); Fréquence meurtre d'Élisabeth Rappeneau (1988); Pump Up the Volume d'Allan Moyle (1990); Parlez-moi de vous de Pierre Pinaud (2012).