Recensions

Gilles Sabourin, Montréal et la Bombe (Québec : Septentrion, 2020), 201 p.

  • Jeremy John Walling

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  • Jeremy John Walling
    Étudiant au doctora, Département d’histoire, Université de Montréal, Canada

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Couverture de Scandales et Silences, Volume 39, numéro 1, automne 2023, p. 6-292, Cahiers d'histoire

Composé par Gilles Sabourin, un ingénieur spécialisé dans la sécurité des centrales nucléaires, Montréal et la Bombe explore l’histoire du Laboratoire de recherche atomique de Montréal et sa participation à la course à la conception d’une première arme nucléaire. Privilégiant une approche descriptive centrée sur les parcours personnels des scientifiques impliqués dans ce projet, Sabourin contextualise les actions, les échecs et les réussites de l’équipe de recherche au sein de la réalité géopolitique complexe à l’intérieur de laquelle celle-ci évoluait. Par l’entremise de cette approche, l’auteur peint un portrait nuancé et humain d’une entreprise scientifique chaotique et moralement complexe. Pour mener à bien son étude, Sabourin procède à l’analyse des centaines de documents produits par le laboratoire et collecta diverses informations sur pas moins de 400 individus qui travaillèrent pour celui-ci. Il a également contacté deux anciens membres de l’équipe de recherche ainsi que la famille de plusieurs chercheurs aujourd’hui décédés afin de collecter des témoignages et des documents personnels (p. 9-10). Différents textes académiques accompagnent ces sources de premières mains quoique l’auteur cite celles-ci avec irrégularité. Dans les faits, l’auteur n’inclut pas systématiquement des notes de bas de page et certains segments n’indiquent pas explicitement leurs sources. Bien que le texte en soi démontre une bonne compréhension du sujet d’étude, l’impossibilité de discerner l’origine de certaines informations remet en question la crédibilité méthodologique de l’ouvrage. L’étude de Sabourin est divisée en quatre principales sections partiellement chronologiques. La première explore la création du laboratoire, la seconde et la troisième étudient les recherches menées par celui-ci jusqu’à la conclusion du conflit et la quatrième relate les nombreux cas d’espionnage, au sein de l’équipe de chercheurs, qui furent découverts lors de l’après-guerre. Une fois combinés, ces quatre segments offrent une vue d’ensemble de l’histoire du Laboratoire de Montréal et de la nature des recherches menées par ses membres. Ingénieur dans le domaine nucléaire, Sabourin n’hésite pas à explorer les enjeux scientifiques et techniques associés à son sujet d’étude et vulgarise efficacement ceux-ci au bénéfice de ses lecteurs. L’importance que l’auteur accorde à la perspective d’un nombre limité de chercheurs bonifie également l’accessibilité de l’ouvrage. S’assurant de développer ces quelques figures clés, l’auteur utilise celles-ci afin d’offrir un récit centré sur l’équipe de recherche plutôt que l’institution à l’intérieur de laquelle ils opérèrent. Cet angle d’approche permet une narration plus intime et intelligible. Néanmoins, cette prédilection pour une approche plus humaine et personnelle n’est pas sans failles. À force de privilégier le parcours personnel de certaines figures, l’auteur vire parfois dans l’anecdote et perd quelque peu le fil de son récit. Avançant et reculant sans cesse dans le temps afin d’introduire et de contextualiser de nouveaux personnages, le texte n’est pas entièrement linéaire et il devient parfois difficile de suivre avec exactitude la chronologie des évènements présentés. Un autre aspect problématique est l’existence d’une certaine discordance entre le corps du texte et sa conclusion. Alors que la majorité de l’ouvrage se limite à décrire et contextualiser les travaux menés par les chercheurs du Laboratoire de Montréal, la conclusion procède à une analyse du caractère éthique de ces mêmes travaux ainsi que leur portée. Plus spécifiquement, elle étudie consécutivement le degré de responsabilité du Canada vis-à-vis de l’utilisation de l’arme nucléaire contre le Japon et l’héritage à long terme des travaux menés par le laboratoire atomique de Montréal (p. 165-184). Bien que l’ensemble des informations préalablement transmises au lecteur facilitent la compréhension de ces enjeux éthiques, il n’en demeure pas moins surprenant de voir ceux-ci faire leur apparition à la toute fin du texte, car le reste de l’ouvrage n’explore pas la moindre question …

Parties annexes