Résumés
Résumé
La peur du déclin français sur la scène internationale et la montée en puissance des États-Unis sont des sujets d’inquiétude dans la France du XIXe siècle. À cet effet, de nombreux auteurs français font la promotion d’un projet d’union des races latines d’Europe. Le régime impérial de Napoléon III récupère cette idée pour l’intégrer dans son projet d’expédition au Mexique. Théorisée autour de la grande pensée du règne, la France se présente comme la seule puissance latine en mesure de défendre le Mexique du péril américain. Au-delà de la rhétorique, la grande pensée du règne projette une vision des relations internationales opposant la race latine à la race anglo-saxonne.
Abstract
The quick rise of the United States in the 19th century helped fuel France’s fear of decline on the international stage. To counter this situation, French authors proposed the political union of all the Latin races of Europe. The imperial regime of Napoleon III redesigned this project in order to integrate it in his Mexican venture. Promoting the “grande pensée du règne”, France presented itself as the only Latin power capable of defending Mexico from the United States. The “grande pensée du règne” sought to establish an international balance of power in America based on race rather than on nationality.
Corps de l’article
En 1858, à Paris, un pamphlet concernant l’influence française en Amérique a été publié. Dès les premières pages, l’auteur [1] essaie de convaincre l’empereur des Français, Napoléon III, de s’intéresser au sort des races latines : « Votre Majesté, de quel côté sont la grandeur, la justice et la vérité dans la lutte que les races latines sont obligées de soutenir aujourd’hui contre les autres races » [2]. Pour l’auteur, la survie des peuples issus de la culture latine est en péril par rapport à celle des races anglo-saxonnes, majoritairement incarnées par les États-Unis. Le texte nous permet de prendre connaissance d’un enjeu de taille pour plusieurs Français de l’époque, soit la survie de la France sur la scène internationale. À une époque où la France est en pleine révolution industrielle, comment compte-t-elle préserver sa position sur l’échiquier international ? Pour de nombreux écrivains et politiciens de l’époque, le statut de grande puissance passe par la fusion des peuples latins d’Europe et d’Amérique. Cet appel au maintien de la position française a été entendu par Napoléon III qui incorpore le concept d’union des races latines à travers sa politique des nationalités. La politique des nationalités s’approprie les diverses théories politiques, sociales et raciales provenant de la première moitié du XIXe siècle, et ce, afin de créer un discours d’expansion malléable favorisant l’influence française. Napoléon III et ses agents au Mexique ont modifié et adapté le discours d’union des peuples latins afin de légitimer l’intervention française au Mexique en 1861. Cherchant plutôt à « régénérer » le Mexique au nom des races latines, Napoléon III installe Maximilien de Habsbourg sur le trône mexicain avec l’aide des conservateurs mexicains afin d’inféoder le pays aux intérêts français.
Cet article cherche à présenter la récupération du discours politique des races latines par Napoléon III afin de légitimer la présence française au Mexique de 1861 à 1867. Si le cadre historique de l’article est l’intervention française au Mexique, le point central de la recherche sera l’évolution du concept des races latines et comment celui-ci fut récupéré par le Second Empire. Jusqu’à maintenant, la plupart des auteurs ayant étudié l’intervention française au Mexique ont concentré leurs études sur les causes et les conséquences politiques et économiques de l’intervention[3]. Cependant, peu d’études ont porté sur l’impact culturel et sur le discours idéologique entourant la présence française au Mexique en 1861. Il est néanmoins important de mentionner qu’il existe une historiographie mexicaine sur l’intervention française de 1861 au Mexique. Malheureusement, cette dernière traite peu du projet de régénération des races latines par la France. Dans le cadre de cet article, cette historiographie ne peut être intégrée faute d’espace, mais aussi pour éviter de perdre le fil conducteur de notre étude. En effet, l’article se concentre sur l’analyse du discours politique et des relations de pouvoir imposés par le colonisateur français au Mexique. Dans ce contexte, l’acteur principal de l’article demeure la France et non la population mexicaine de race latine jugée passive et jouant un simple rôle de propagande aux yeux du personnel diplomatique français. Par ailleurs, l’article cherche à étudier le projet de régénération de la race latine par la France et sa tentative de restauration impériale au Mexique et non la réception de ce même projet par la population mexicaine. Il aurait été impossible de concilier les deux sujets dans le même article par souci de constance dans les propos tenus. L’étude de l’historiographie mexicaine demeure néanmoins importante pour comprendre le point de vue de la population mexicaine par rapport au projet de régénération impériale au Mexique ainsi que de développer une vue d’ensemble des évènements entourant la courte présence française au Mexique entre 1861 et 1867.
La première partie de l’article sera une synthèse de la situation intérieure du Mexique entre 1821 et 1861. La seconde section de l’article présentera les principaux concepts et théories reliés au projet d’union des races latines. Concrètement, le projet d’union des races latines ne cherche pas à annexer les territoires latins à la France. Une telle stratégie isolerait Paris vis-à-vis des les autres puissances et amènerait une guerre généralisée en Europe. Le projet d’union des races latines consiste plutôt en l’installation de régimes alliés à la France, que ce soit via l’installation de nouveaux dirigeants sympathiques aux intérêts français ou par une alliance économique. Avec de tels atouts, la France se mettra à la tête d’une confédération d’États latins soumis à son influence. Le concept de race latine n’est pas basé sur la classe sociale ni sur la morphologie, mais plutôt sur des facteurs culturels tels que leur appartenance à la Rome antique.
Ensuite, il s’agira expliquer comment le gouvernement impérial français s’appropria le concept de race pour justifier ses projets internationaux. Nous avons étudié plusieurs dépliants politiques faisant la promotion des races latines afin d’analyser comment le régime impérial récupère les idées politiques de ces oeuvres pour les appliquer aux réalités d’Amérique latine. De plus, il sera question du rôle que doit jouer le projet de régénération des races latines dans la grande pensée du règne de Napoléon III. Finalement, nous étudierons comment le concept des races latines a été manipulé par l’administration impériale française pour légitimer l’installation du régime monarchique de Maximilien de Habsbourg, marquant ainsi le début de la régénération raciale du Mexique. Cette renaissance du peuple mexicain s’effectue au profit de sa population d’origine espagnole qui est jugée apte à recevoir le titre de « Latin ». Il est à noter que la correspondance diplomatique française au Mexique ainsi que les dépliants propagandistes français constituent les sources primaires de cette recherche.
Brève explication sur la situation politique au Mexique entre 1821-1861
Depuis l’acquisition de son indépendance en 1821, le Mexique est la proie de violentes guerres civiles et d’une constante instabilité gouvernementale. Bien que l’indépendance du Mexique ait été proclamée avec succès en 1821 et que le Premier Empire mexicain soit dirigé par Augustin 1er [4], le pays est dans un état de faiblesse économique puisque les combats pour l’indépendance ont entraîné la destruction de la majorité des mines d’argent. Les coffres de l’État sont vides et les généraux qui soutiennent Augustin 1er jalousent son pouvoir. Rapidement, des groupes rebelles éclatent et le général Santa Ana proclame la république à Veracruz. Ce dernier instaure une république instable en 1824, mais qui arrive tant bien que mal à rester en place jusqu’en 1855. Pendant la gouvernance de Santa Ana, le Mexique connaît un problème de taille : les interventions étrangères. Incapable de rembourser les dettes dues aux gouvernements européens, le gouvernement mexicain se met à dos les puissances étrangères. Le gouvernement français envoie deux expéditions navales, l’une en 1838 et la seconde en 1858, pour forcer le gouvernement mexicain à payer ses dettes [5]. À ces problèmes extérieurs s’ajoute une polarisation de la politique intérieure mexicaine. Deux blocs politiques se forment : les libéraux et les conservateurs. Les libéraux incarnent les idées progressistes au Mexique. Essentiellement composés de républicains, ils veulent un Mexique indépendant et un gouvernement républicain fédéral assuré par une constitution. À l’inverse, les conservateurs mexicains, formés des groupes cléricaux et de monarchistes, veulent un gouvernement centralisateur pour leur pays.
L’intervention française de 1861 constitue la continuité des combats civils entre libéraux et conservateurs au Mexique. Le dernier de ces conflits fratricides, la Guerra de Reforma, se termine par la victoire du républicain Benito Juárez sur le conservateur Miguel Miramon. La défaite des monarchistes mexicains force plusieurs à partir en exil en France. Deux émigrés mexicains, José Maria Gutierrez de Estrada et José Manuel Hidalgo, représentent le lobby monarchiste mexicain à Paris [6]. Bien que ces deux lobbyistes soient en mesure de prendre contact avec l’impératrice Eugénie, elle-même monarchiste, les guerres de Crimée et d’Italie occupent l’attention de Napoléon III. Il faut attendre 1861 et le refus du président mexicain Benito Juárez de payer ses créanciers européens pour que Napoléon III s’intéresse au Mexique. La France convainc l’Angleterre et l’Espagne de se joindre dans une intervention ayant comme objectif de forcer Juárez à rembourser les dettes. Bref, l’expédition est comparable à l’application de la gun boat diplomacy pratiquée par les puissances impérialistes du XIXe siècle [7]. Or, le début de la guerre civile américaine et l’influence grandissante du lobby monarchiste mexicain sur le personnel impérial ont poussé Napoléon III à réviser ses plans au Mexique. À partir de 1861, il ne s’agit plus de faire payer les dettes au Mexique, mais bien de restaurer l’ordre dans le pays. C’est dans cette optique qu’Édouard Thouvenel, ministre des Affaires extérieures de France, affirme à l’amiral Jurien de la Gravière, chargé de mener l’expédition française, « qu’une marche jusqu’à Mexico sera peut-être nécessaire » [8]. Malgré cet ordre, Jurien de la Gravière accepte de signer les préliminaires de Soledad affirmant que le régime de Juárez est reconnu comme gouvernement légitime pour les négociations. Mécontent, Napoléon III ordonne au général Lorency de se rendre au Mexique avec 4 000 hommes sous prétexte de protéger les résidents français et d’y tester les sentiments monarchiques de la population [9]. Pour Napoléon III, il n’y a plus de doute, l’intervention française doit appuyer les conservateurs mexicains afin d’y instaurer un régime ami de la France.
Le concept des races latines et leur récupération par le gouvernement impérial
Dans un XIXe siècle en pleine mutation sociale et économique, les théories politiques liant anthropologie et racisme naissent de toutes parts. Les concepts de race et de racisme au XIXe siècle sont mélangés l’un dans l’autre par les divers penseurs politiques ainsi que par les anthropologues. Largement inspirés par les théories biologiques de l’évolution de l’être humain, plusieurs penseurs politiques, comme Arthur Gobineau, sont convaincus que « la civilisation se développe et s’anéantit en proportion de la pureté du sang aryen » [10]. À cette idée se rajoute la conviction que les sociétés humaines conservent les héritages, les traumatismes et les comportements culturels de leurs ancêtres. Les sociétés les moins développées ou « ill-equipped to compete, or those who are unwilling » [11] sont destinées à être annexées par des sociétés plus puissantes. Les victoires et les défaites dans les conflits armés sont en partie justifiées par cette théorie. Ces explications pseudo-culturelles s’appliquent aux populations d’Amérique latine et servent d’arguments pour le personnel diplomatique français afin d’expliquer les problèmes politiques du Mexique. Convaincus que les Mexicains sont les enfants des Espagnols, via le métissage et les pratiques culturelles, les Européens croient que la population mexicaine a intériorisé les pires défauts des Espagnols. Les Mexicains transportent en eux les défauts de leurs conquérants et leur isolement géographique par rapport à l’Europe a accentué leur déclin [12].
Parallèlement, la conviction que les sociétés sont prises dans une course pour la survie encourage la hantise du déclin du peuple français sur la scène internationale [13]. Le besoin de trouver des solutions pour contrer la montée en puissance de dangereux rivaux comme la Russie ou les États-Unis favorise la production de dépliants politiques. La politique des nationalités, développée sous le Second Empire, peut être interprétée comme l’application d’une stratégie visant à bloquer le déclin de la France [14]. La théorie d’union des races latines a elle aussi comme objectif d’endiguer le déclin international de la France. Qui sont les races latines ? L’interprétation varie grandement selon les auteurs et il est nécessaire de mentionner qu’à cette époque, les concepts de race, de peuple et de nation s’entremêlent. Pour l’auteur anonyme de la Lettre à Sa Majesté l’empereur Napoléon III, les races latines sont « des races qui reconnaissent l’autorité spirituelle du Pape » [15]. Cette définition, de nature religieuse, inclut tous les pays catholiques d’Europe et les États d’Amérique latine. Par ailleurs, les revues spécialisées comme la Revue des races latines : Française, algérienne, espagnole, italienne, portugaise, belge, autrichienne, roumaine, brésilienne et hispano-américaine [16] ont pour but d’informer les lecteurs des diverses réalités sociopolitiques des peuples latins dans le monde. Ce type de revue participe à la création d’un sentiment pan-latin en France. Arthur de Grandeffe adhère à cette vision et considère que les peuples latins d’Europe ont un destin unique. Selon lui, la France, l’Espagne, le Portugal et l’Italie sont des peuples possédant des qualités morales et matérielles semblables [17]. Il est d’avis qu’une expérience historique commune, celle d’avoir fait partie de l’Empire romain, les prédispose à entretenir des relations harmonieuses entre elles.
Alors, quel est l’avenir réservé aux peuples latins ? Pour Arthur de Grandeffe, l’union politique des États latins autour de la France, jugée première puissance latine, est présentée comme nécessaire et enviable. Cette union doit se matérialiser en une confédération d’États latins permettant de contrer la montée en puissance de rivaux dangereux pour la sécurité française. Pour l’auteur, la fusion des États latins permettra de combattre la Grande-Bretagne, l’Empire russe et l’Allemagne [18]. Étrangement, aucune mention n’est faite de la montée en puissance des États-Unis alors que l’auteur « l’homme de la race latine » est d’avis que l’Union américaine est beaucoup plus dangereuse pour la France puisqu’elle menace le monde civilisé. Cette union latine, dirigée par la France, est d’ailleurs présentée comme la seule force capable d’endiguer le péril américain : « Le mal [les États-Unis] sait très bien, depuis qu’il cherche par l’Ouest et par l’Est à envahir l’univers pour le jeter dans les griffes de la barbarie […], que la France et le souverain qui régira ses destinées seront les obstacles les plus sérieux contre lesquels il doit forcément se heurter [19] ». Par contre, les deux auteurs s’entendent sur le devoir de la France qui est de régénérer les puissances latines de second ordre. La France a pour mission de transformer la Méditerranée en un lac français [20], imitant les Romains. Paris est présentée comme une nouvelle Rome apportant la paix et la sécurité. L’union permettra aux États latins de bénéficier d’avantages économiques importants puisque les capitaux français circuleront partout en Europe, à l’instar des marchands romains, permettant aux industries de se développer. La France est appelée à devenir l’actrice principale dans la régénération des peuples latins, car son influence morale est jugée supérieure : « En Espagne et en Italie, l’esprit français franchit à chaque instant la frontière, on peut dire presque malgré ceux qui le reçoivent, s’en emparent, s’en nourrissent comme par une attraction irrésistible et générale » [21]. Ce devoir de régénération des peuples latins est aussi présent dans l’idéologie qui motive l’expédition française au Mexique en 1861. Grandeffe décrit ce phénomène d’union des peuples de race latine comme nécessaire et au goût du jour [22]. Il explique que si les nations germaniques, slaves ou anglo-saxonnes adoptent des projets politiques fédératifs, il est nécessaire pour la France de suivre cette tendance afin de survivre sur la scène internationale. « L’homme de la race latine » juge également cette solution nécessaire afin de sauver l’Amérique du Sud de l’influence américaine puisque la France est un symbole d’ordre et de moralité [23].
Le projet politique d’union des peuples latins a-t-il influencé Napoléon III et son personnel diplomatique ? Il est fort possible que oui dans la mesure où l’expédition française au Mexique en 1861 a récupéré de nombreux concepts trouvant leur source dans le projet d’union des races latines. Napoléon III, à l’affût des tendances et des idées de son époque, a compris que la montée en puissance des rivaux européens et des États-Unis peut mettre en péril la position française dans le monde. Afin d’éviter une telle éventualité, l’empereur des Français pense être en mesure d’« arrêter l’expansion de la race anglo-saxonne, du protestantisme et de la forme républicaine […] en réveillant en Amérique les races latines de leur sommeil » [24]. L’arrivée au pouvoir de Napoléon III n’a jamais fait douter le Quai d’Orsay de sa responsabilité de faire rayonner la France à l’étranger [25] puisque l’empereur des Français est décidé à démembrer les clauses du traité de Vienne de 1815. Humilié par ce traité qui limite l’influence française en Europe, le Second Empire cherche à briser l’isolement international de la France. Les clauses du traité de 1815 sont claires : il s’agit d’encercler la France via des États tampons, la Belgique ou le Royaume du Piémont-Sardaigne, et de la contenir dans ses frontières de 1792 [26]. Si la France apparaît suspecte aux yeux des autres puissances européennes, elle est tout de même incluse dans le concert européen du Congrès de Vienne où elle doit aider au maintien des monarchies d’Europe. Cette situation force la France à modifier ses stratégies diplomatiques. La diplomatie française cherche à sortir la France de son isolement via des expéditions lointaines et la recherche de nouveaux alliés. La politique étrangère de Napoléon III poursuit cette stratégie internationale en se basant sur l’appui aux nationalités. Bien que le personnel diplomatique soit ouvert aux idées politiques de l’Empereur, le Quai d’Orsay n’a jamais perçu l’espace américain comme un lieu utile pour exporter la puissance française.
Il est maintenant nécessaire d’étudier comment le concept des races latines s’est retrouvé intégré dans le large éventail de la politique des nationalités du Second Empire. Effectivement, la politique des nationalités, tout comme le discours sur l’union des races latines, est un discours international flou et flexible développé par Napoléon III afin d’atteindre les buts internationaux du régime impérial : briser les clauses du traité de 1815 et mettre la France à la tête d’un nouveau système européen formé de petits États-nations trop faibles pour concurrencer la France. Afin d’y arriver, la politique des nationalités favorise l’émergence d’États nationaux sympathiques aux intérêts français : « C’est encore la force et non le droit qui décide du sort des peuples » [27]. Cependant, la promotion des droits nationaux ne s’adresse qu’aux grandes nations du continent (française, anglaise et allemande). Les petites nationalités (belge, hollandaise ou portugaise) sont destinées à être fusionnées ensemble, divisées ou annexées entre les grandes puissances [28].
Les concepts de races, peuples et nations sont donc des termes interchangeables au gré des besoins. À l’identité d’un peuple espérant devenir une nation, Napoléon III apporte une identité économique : « Nation, comme peuple, devient le pôle d’une nouvelle identité sociale et économique » [29]. Cette conception s’applique aussi à la population mexicaine. Issu des Espagnols, le peuple mexicain est perçu comme l’un des rejetons de l’Europe et fait partie d’une des branches des races latines. Selon cette logique, les Français et les Mexicains partagent un héritage commun qui justifie une destinée commune [30].
Les peuples d’origine latine sont perçus comme des organismes en état de devenir des nations modernes. La guerre d’unification italienne de 1859 est justifiée par le devoir d’aide d’une France « n’ayant pas abdiqué son rôle civilisateur […] pour affranchir » [31]. La politique des nationalités cherche à permettre aux races, jugées aptes à le faire, d’atteindre un épanouissement national. Cependant, le thème de la régénération des races ne s’applique pas uniquement aux peuples européens. Dans la Proclamation au peuple arabe de 1865, Napoléon III veut que « la race arabe, régénérée et confondue avec la race française » [32], soit en mesure de progresser vers la modernité. Il semble donc que la politique des nationalités réutilise divers thèmes et pensées politiques pour justifier l’expansion française à l’international. Alors, de quelle manière le concept des races latines a-t-il été utilisé pour légitimer l’intervention française au Mexique en 1861 ?
Le rôle des races latines dans la grande pensée du règne
La grande pensée du règne est un terme employé par les écrivains politiques du régime impérial pour nommer le projet français au Mexique entre 1861 et 1867. Les historiens ont longtemps étudié les objectifs de la grande pensée du règne [33], mais les origines et les objectifs idéologiques, eux, restent toujours à être expliqués. L’idée d’intervenir au Mexique afin d’y apporter la paix et la prospérité n’est pas une idée sans fondement idéologique et géopolitique. Napoléon III a compris, à travers ses études, que les États-Unis seront rapidement en mesure de rivaliser avec l’Europe. Effrayé par la montée en puissance de cet État anglo-saxon, protestant et républicain, Napoléon III craint son influence grandissante en Amérique latine. De cette inquiétude vient l’idée d’opposer aux États-Unis un contrepoids qui sera à la fois politique et idéologique. Il s’agit aussi de limiter les activités politiques et économiques des États-Unis afin de rendre inapplicable la doctrine Monroe en Amérique du Sud [34]. La clef pour arrêter l’expansion américaine passe par l’implantation, au Mexique, d’un régime national latin qui servira de barrière à l’influence américaine.
De plus, la grande pensée du règne cherche à instaurer un nouvel équilibre géopolitique dans les Amériques. Profitant de la guerre civile qui fait rage au sein de l’Union américaine (1861-1865), Napoléon III cherche à scinder les États-Unis en trois entités politiques distinctes. L’Union et les États confédérés reconnaîtraient leur indépendance commune tandis que les territoires américains de l’Ouest deviendraient indépendants. Ainsi, le Mexique, État-satellite français, n’aura plus à craindre des interventions américaines sur son territoire [35]. Le reste de l’Amérique du Sud cherchera à émuler le modèle politique mexicain et obtiendra finalement une stabilité politique jugée nécessaire. L’idée de créer un nouveau système international en Amérique a été récupérée des idées de Grandeffe. Un tel projet politique n’est pas si farfelu puisque certains chefs de gouvernements d’Amérique latine ont activement cherché une alliance avec l’Empire mexicain dès 1864 : « Les gouvernements des républiques du Centre Amérique, sans oser le prononcer encore ouvertement, seraient prêts à conclure avec le cabinet de Mexico une alliance qui peut, sans porter bien entendu atteinte à leur indépendance, consolider aussi dans ces pays depuis trop longtemps agités, les principes d’ordre et d’austérité et prévenir le retour de conflits antérieurs » [36].
Il semble que le Mexique ait un rôle central dans la politique française en Amérique latine. Par sa position géographique et ses ressources minières, le Mexique devint le coeur de la grande pensée du règne [37]. Cela n’empêche pas le personnel français de véhiculer des stéréotypes à propos des populations latines d’Amérique du Sud. Les Français, dans leur ensemble, considèrent les Mexicains comme des êtres inférieurs, paresseux et incapables de prendre leur destinée en mains [38] puisqu’ils semblent « se résigner à cette absence de toute action sur le gouvernement et l’administration de leur patrie » [39]. Pour Napoléon III, le fait que les Mexicains aient vécu sous une république pendant si longtemps est la preuve qu’ils sont incapables de choisir un régime adapté à leurs moeurs raciales. Cet argumentaire justifie la thèse affirmant que les peuples latins du continent américain ont intériorisé les habitudes déplorables des Espagnols et qu’ils ont besoin de la grande soeur latine, la France, pour les guider. Mais quels rôles doivent jouer les races latines dans le projet de la grande pensée du règne ?
Les races latines et la racialisation des relations internationales en Amérique
Au-delà des objectifs politiques et économiques, la grande pensée du règne cherche à créer un nouvel équilibre américain basé sur la race plutôt que sur la nation. Les Amériques seront donc divisées en blocs raciaux bien circonscrits : le Nord est anglo-saxon et le Sud, latin. L’Amérique latine sera protégée par une France qui doit « s’opposer à l’absorption de l’Amérique du Sud par l’Amérique septentrionale. Elle dut également s’opposer à l’amoindrissement des races latines de l’autre côté de l’Océan » [40]. Le concept de race latine devint un outil de rhétorique propagandiste pour justifier la présence française au Mexique. Ce conflit racial est justifié sur trois plans : la dangereuse montée en puissance des États-Unis, le besoin de régénération de la race latine au Mexique par la France et l’élimination du système républicain mexicain présenté comme impropre à la race latine. L’essor rapide de la jeune République américaine a été présenté comme devant être combattu par la France. Pour Napoléon III, l’intervention au Mexique en 1861 est moralement justifiée puisque « nous aurons rendu à la race latine de l’autre côté de l’océan sa force et son prestige » [41]. Cependant, l’expansion rapide des États-Unis annonce la fin des races latines en Amérique puisque ces dernières seront absorbées par la force industrielle et démographique du géant américain [42]. Le dénigrement de la société américaine, protestante et anglo-saxonne, s’effectue aussi en lien avec les valeurs morales et les activités industrielles de cette dernière. En effet, l’industrialisation aux États-Unis est jugée dangereuse par la France puisqu’elle sert une cause injuste, soit la propagation de la puissance américaine sur des territoires de race latine.
C’est à ce moment que la grande pensée du règne reprend l’une des idées maîtresses de Grandeffe qui est le besoin pour la France d’intervenir comme puissance protectrice des races latines. Tel l’Empire romain, qui a su moderniser et civiliser le monde, la France doit influencer et diriger les destinées des populations se trouvant sous son influence [43]. Il s’agit d’un élément clef dans l’articulation intellectuelle des races latines de la grande pensée du règne. La nouveauté dans l’expédition du Mexique réside dans la fusion du concept de nation mexicaine avec celui de race latine. La nation mexicaine est assimilée à sa population d’origine espagnole, donc de sang latin. Furent exclus de cette définition les Indiens, qui sont associés à des races inférieures et indignes de participer au système politique : « Mettre en oeuvre le suffrage universel au Mexique, comme nous le comprenons en Europe, serait chose matériellement impossible. Six millions d’Indiens, à peine rendus à la liberté […] ne sauraient être instruits dans leurs droits politiques en un jour » [44].
En fusionnant les théories raciales et les théories nationalistes dans un même discours politique, l’administration impériale va créer, en Amérique, une vision des relations internationales basée sur la race, mais où les États sont divisés en nations. Ainsi, lorsqu’il est question de régénérer la nation mexicaine, il s’agit de reprendre en main un État dont les élites latines nécessitent l’aide française [45]. Cette vision raciale des relations internationales s’interprète à l’instar de la Rome antique sur deux aspects : la perception que les Français ont de leur rôle au Mexique et les relations à entretenir avec le voisin américain, un barbare envahisseur. La façon dont les Français conçoivent leur propre intervention au Mexique est comparable à l’image du soldat romain civilisateur. Cette vision mêle à la fois les besoins économiques de la France et la création d’une division raciale de la société mexicaine. C’est dans cet esprit que la Commission scientifique du Mexique a été créée par Napoléon III pour cartographier un Mexique méconnu en France.
La commission s’est attardée à évaluer les ressources minières du pays [46] puisque ces dernières doivent permettre le redressement économique du Mexique. En réalité, il s’agit d’orienter le développement économique du Mexique vers les besoins industriels français du moment. Le sentiment de supériorité des Français, jugés comme étant les plus industrieux de la race latine, est aussi présent dans la description raciale du pays mexicain. Les Mexicains d’origine espagnole sont décrits comme étant paresseux à cause du climat, alors que les métis sont perçus comme des travailleurs essentiels à l’exploitation des mines [47]. La France perpétue une vision de la race latine hiérarchisée à son avantage. Les relations avec le voisin américain sont, elles aussi, simplifiées et idéalisées. L’Amérique est divisée en deux blocs raciaux : les Barbares (la race anglo-saxonne américaine) et les Romains (les races latines). Cependant, ces derniers doivent s’unir afin de mettre un terme à l’expansion américaine qui est perçue comme une invasion : « Les races latines du Nouveau-Monde devaient être mises ainsi à l’abri d’une prépondérance très menaçante pour tous les intérêts économiques européens dans les régions transatlantiques ; le but serait atteint si le Mexique était placé sous un régime politique offrant des chances de stabilité et de durée » [48].
Cette division raciale des relations internationales en Amérique se déplace également sur la scène idéologique des régimes politiques. Ces derniers sont perçus comme le reflet du caractère national et racial d’un peuple. Dans la logique d’affrontement entre Latins et Anglo-Saxons, la monarchie de type impérial appartient aux Latins alors que le système républicain est attribué aux Anglo-Saxons. Ici, encore, les causes de la montée ou du déclin d’une nation et les vices de son peuple sont le reflet de la race qui occupe le territoire [49]. Alors que les Américains se disent prêts à protéger les républiques latines d’Amérique du Sud de l’influence européenne [50], les écrivains propagandistes de l’intervention française affirment que le système républicain ne doit plus jamais être rétabli au Mexique : « La république modèle n’existe plus que de souvenir, et chez ceux qui l’aiment encore survit l’image de beautés et de grandeur à jamais disparue » [51]. Deux discours politiques s’affrontent. Les partisans de la République américaine nient ouvertement être l’ennemi des races latines et affirment même que « l’infériorité absolue de certaines races n’était pas physiologiquement constatée » [52]. Du côté impérial, il s’agit plutôt de faire la promotion de la préservation de la race latine d’une invasion et d’une contamination idéologiques venant des États-Unis [53] puisque l’Américain est décrit comme un voisin « ambitieux à l’esprit d’empiétement illimité » [54].
Au plus fort de l’occupation française au Mexique, le dénigrement du système républicain atteint une nouvelle intensité puisque le principe d’ordre, cher à l’Empire français, se retrouve lié au besoin de stabilité politique nécessaire pour régénérer la race latine au Mexique. Dans cette logique, la propagande impériale cherche à discréditer l’idéologie républicaine en la qualifiant d’inadaptée aux races latines. La période républicaine mexicaine est constamment présentée comme une période d’anarchie, et ce, avant même que l’intervention française « sauve » le Mexique en présidant au « grand travail de la régénération hispano-américaine » [55]. À l’inverse, la France présente le régime monarchique impérial comme étant nécessaire à la régénération du peuple latin au Mexique.
Napoléon III a donné au mot Empire une signification nouvelle que rien ne saurait lui enlever. Le titre [d’empereur] […] implique désormais partout où il surgira, l’alliance intime du principe démocratique et progressif des temps modernes avec le principe conservateur de stabilité gouvernementale. L’exemple donné par la France depuis douze ans est un précédent à devenir […] la règle générale et obligatoire du monde [56].
Cette conviction que la France peut et doit propager son modèle politique aux races latines est, selon les auteurs, confirmée par l’histoire elle-même : « C’est en asseyant son gouvernement sur cette large base [la volonté nationale] que Napoléon III a pu traverser les heures les plus difficiles […] On sait quel a été le résultat. Il sera le même au Mexique » [57]. Il est donc nécessaire, pour la France, d’exporter son modèle politique, une monarchie impériale, sur la scène internationale. L’instauration de l’Empire mexicain permettra le développement d’une industrie moderne basée sur le modèle industriel français [58]. La race latine du Mexique doit être régénérée sur le modèle politique que la France lui a imposé. Il est question de mélanger le discours pan-latin, d’indépendance nationale et économique afin de lier le destin du Mexique avec celui de la France [59]. Finalement, l’élection de Maximilien de Habsbourg au trône impérial incarne l’union politique de toutes les factions politiques du Mexique puisqu’il possède les qualités et les vertus nécessaires pour diriger le pays [60]. Les Français sont convaincus qu’un souverain européen permettra à la population latine du Mexique de se régénérer sous l’égide d’un modèle monarchique mieux adapté à leurs humeurs [61]. Il existe alors un paradoxe politique. Si le gouvernement impérial affirme vouloir régénérer la nation mexicaine, il s’agit en fait d’établir l’Empire mexicain avec le vote des notables de la ville de Mexico (les représentants de la race latine au Mexique). Pour donner une légitimité au nouveau régime, le personnel diplomatique français cherche à établir une élection de notables qui accepteront par plébiscite l’arrivée de Maximilien au trône. Cette politique pro-monarchique est perçue par Paris comme naturelle puisque le Mexique fait partie de la même famille raciale que la France et doit donc évoluer en accord avec les vues politiques de sa grande soeur latine [62].
Les notables de Mexico sont l’élite de l’État mexicain et, par conséquent, ils sont représentés par les monarchistes mexicains comme la fine fleur de la race latine au Mexique. Comme il s’agit d’établir un régime qui a comme but de régénérer la population du pays, le gouvernement impérial français emploie, sous les conseils du général conservateur mexicain Juan Almonte, les institutions politiques qui sont déjà en place : l’Assemblée des notables reconnue comme une « coutume établie et sanctionnée par le consensus national […] acceptée comme telle par la nation et le chef du pouvoir » [63]. Un vote de notables, formant l’élite nationale, vient résoudre un problème majeur pour la France : celui de faire reconnaître, sur la scène internationale, l’établissement de l’Empire mexicain. Le vote des notables de la ville de Mexico permet aussi de sélectionner qui aura le droit de voter lors des élections nationales. Comme le territoire mexicain n’est pas entièrement occupé par l’armée française, il est impossible de rallier l’ensemble des notables du pays risquant ainsi de causer « d’injustes accusations contre le vote national » [64]. Choisir Mexico comme lieu de vote national a du sens puisque c’est dans la capitale que se trouvent « les plus grands capitalistes, les négociants les plus importants […] les manufacturiers et les industriels les plus accrédités, et les propriétaires de mines les plus riches de la République. De la capitale partent pour tout le reste du pays le mouvement et l’activité dans tous les sens et pour toutes les choses » [65]. Le vote national approuvé et l’instauration de Maximilien au trône impérial en 1864 garantissent à la France la satellisation du Mexique au nom de la race latine mexicaine.
La chute de l’Empire mexicain et l’exécution de Maximilien en 1867 marquent la fin de la grande pensée du règne et de l’utilisation du discours de régénération des races latines par la France. Le discours de régénération des races latines a bel et bien été récupéré par Napoléon III pour légitimer et encadrer son expédition au Mexique. Centrés sur l’idée que les peuples de culture latine partagent un destin racial commun, les partisans de cette théorie donnent à la France la responsabilité de diriger, ou du moins de guider, les différentes races latines dans le monde. Ces auteurs français cherchent à favoriser la création d’un nouvel équilibre européen dans lequel la France serait à armes égales contre ses rivaux. Parmi les solutions proposées, on retrouve celle d’unir dans une grande confédération étatique tous les États latins d’Europe. La France se retrouvera à la tête de cette union et, par sa force et sa position, elle serait en mesure de guider les races latines contre leurs ennemis. L’expansion territoriale et industrielle de la jeune puissance américaine sert de catalyseur de la peur pour les partisans de l’union des races latines. Napoléon III cherche un moyen de contrer la montée en puissance des États-Unis. Le déclenchement de la guerre civile américaine, combiné au refus du gouvernement mexicain de Benito Juárez de payer les créanciers européens, donne à l’empereur des Français l’occasion de récupérer le projet d’union des races latines européennes pour l’appliquer à la situation du Mexique. Enfant d’une puissance latine européenne, l’Espagne, le peuple mexicain est perçu comme l’un des rejetons de l’Europe. Puisque les Français et les Mexicains partagent un héritage commun, cela est suffisant pour justifier l’exportation de la puissance française sur le territoire mexicain. Cette conception de la race se base sur une identité culturelle historique commune entre les peuples latins. Avoir fait partie de l’Empire romain est suffisant pour les théoriciens des races latines pour que les peuples latins d’Europe et d’Amérique partagent un destin unique, soit celui de s’unir politiquement. Bien entendu, le rapport de force favorise la France puisqu’elle est la première puissance militaire et politique des États de culture latine.
Au-delà des objectifs politiques en Amérique, la théorie des races latines a été employée pour justifier l’élaboration d’un nouvel équilibre géopolitique basé sur la race. Cette vision s’est incarnée sur trois plans : combattre la montée en puissance des États-Unis, jugée néfaste pour la survie des races latines d’Amérique, le besoin de régénérer la race latine au Mexique et installer un système politique propre à la race latine, c’est-à-dire une monarchie impériale comme en France. Le personnel diplomatique et les auteurs politiques français décrivent les États-Unis comme une menace constante pour la race latine. La France hérite du rôle de protectrice des races latines d’Amérique et se voit attribuer la fastidieuse tâche de régénérer le Mexique. Le but ultime de l’opération est de dresser le Mexique comme un modèle politique à imiter pour les autres États latins d’Amérique. Cette reprise en main de la société mexicaine par la France doit s’opérer par une reprise en main de l’économie minière et par le retour à une stabilité politique. La population latine du Mexique est transformée en actrice passive de leur société puisque ce sont les autorités françaises qui dirigent réellement le pays. Le modèle républicain mexicain est décrié par les autorités françaises afin de légitimer la prise du pouvoir par Maximilien de Habsbourg.
Notre étude a cependant rencontré quelques limites. Premièrement, une étude de l’historiographie mexicaine sur l’intervention française de 1861 aurait été nécessaire afin de comprendre la perception et l’opinion mexicaine par rapport au projet de régénération de la race latine au Mexique. En effet, notre étude ne peut spécifier si le projet de régénération latine a bien été reçu par les conservateurs mexicains. Ensuite, une étude plus approfondie du sujet mettant en perspective la situation politique européenne et sud-américaine après 1848 aurait permis de mieux saisir l’influence réelle qu’a exercé la théorie des races latines sur les élites françaises et mexicaines.
Parties annexes
Notes
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[1]
Se décrivant comme un homme de la race latine.
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[2]
Un homme de la race latine. Lettre à Sa Majesté l’empereur Napoléon III sur l’influence française en Amérique à propos du message de M. Buchanan, Paris, Ledoyen, 1858, p. 7.
-
[3]
Nous pensons notamment aux travaux de Jean-François Lecaillon, Nancy Nichols Barker et Michele Cunningham.
-
[4]
Alain Gouttman, La guerre du Mexique 1862-1867. Le mirage américain de Napoléon III, Paris, Perrin, 2008, p. 21.
-
[5]
M. Lynn Case. Édouard Thouvenel et la diplomatie du Second Empire, Paris, Édition A. Pedone, 1976, p. 367.
-
[6]
Gouttman, La guerre du Mexique…, p. 38.
-
[7]
Nancy Nichols Barker, The French Experience in Mexico 1821-1861 : A History of Constant Misunderstanding, Chapel Hill, The University of North Carolina Press, 1979, p. 179.
-
[8]
Gouttman, La guerre du Mexique…, p. 80.
-
[9]
Case, Édouard Thouvenel…, p. 375.
-
[10]
Jean Deligne, Esther Rebato et Charles Susanne, « Races et racisme », Journal des anthropologues, 84 (2001), p. 219.
-
[11]
Dennis M, Rutledge, « Social Darwinism, Scientific Racism, and the Metaphysics of Race », The Journal of Negro Education, 64, 3 (1995), p. 244.
-
[12]
Nancy N. Barker, « The Factor of «Race» in the French Experience in Mexico, 1821-1861 », The Hispanic American Historical Review, 59, 1 (1979), p. 66.
-
[13]
Napoléon III, Oeuvre de Napoléon III, Paris, Henri Plon, 1862, p. 72.
-
[14]
Roger Price. The French Second Empire. An Anatomy of Political Power, Cambridge University Press, 2007 (2001), p. 406.
-
[15]
Un homme de la race latine, « Lettre à Sa Majesté … », p. 7.
-
[16]
Revue des races latines : Française, algérienne, espagnole, italienne, portugaise, belge, autrichienne, roumaine, brésilienne et hispano-américaine, Paris, Volume 18, janvier 1860, 646 pages.
-
[17]
Arthur de Grandeffe, L’Empire d’Occident reconstitué, ou l’Équilibre européen assuré par l’union des races latines, Paris, Ledoyen Librarie, 1857, p. 100.
-
[18]
Ibid., p. 11.
-
[19]
Frederick W Bogen, L’Empire français et les États-Unis : réponse à la lettre d’un homme de la race latine à Sa Majesté l’empereur Napoléon III, New York, Appleton & Co., 1859, p. 9.
-
[20]
Grandeffe, L’Empire d’Occident reconstitué…, p. 57.
-
[21]
Ibid., p. 80.
-
[22]
Ibid., p. 93.
-
[23]
Un homme de la race latine, « Lettre à Sa Majesté … », p. 18.
-
[24]
Jean-François Lecaillon, Napoléon III et le Mexique. Les illusions d’un grand dessein, Paris, L’Harmattan, 1994, p. 46.
-
[25]
Yves Bruley, Le Quai d’Orsay sous le Second Empire, Thèse de PhD (Histoire), Université de la Sorbonne-Paris IV, 2009, p. 535.
-
[26]
Georges-Henri Soutou, L’Europe de 1815 à nos jours, Paris, Presses Universitaires de France, 2007, p. 23.
-
[27]
Napoléon III, Oeuvre de Napoléon III…, p. 83.
-
[28]
Soutou, L’Europe de 1815…, p. 91.
-
[29]
Jean-Paul Andrieux, « Le prince, le peuple et la nation », dans Frédéric Bluche, dir., Le prince, le peuple et le droit. Autour des plébiscites de 1851 et 1852, Paris, Presses Universitaires de France, p. 207-221.
-
[30]
Barker, « The Factor of “Race”… », p. 70.
-
[31]
Napoléon III, « Proclamation au peuple français 3 mai 1859 », dans Oeuvre de NapoléonIII…, p. 79.
-
[32]
Andrieux, Le prince, le peuple…, p. 219.
-
[33]
Voir à ce sujet Michele Cunningham, Mexico and the Foreign Policy of Napoleon III, New York, Palgrave, 2001, 251 pages.
-
[34]
Gaël Nofri. Napoléon III. Visionnaire de l’Europe des nations, Paris, François-Xavier de Guibert, 2010, p. 359.
-
[35]
Kathryn Abbey Hanna, « The Roles of the South in the French Intervention in Mexico », The Journal of Southern History, 20, 1 (1954), p. 10.
-
[36]
AMAE, CP, Mexique, vol 61, Mexico, Marquis de Montholon à Drouyn de Lhuys, 16 juillet 1864, fo 120.
-
[37]
Shirley J Black, Napoleon III and Mexican Silver, Silverton, Ferrell Publications, 2000, p. 112.
-
[38]
Barker, « The Factor of “Race”… », p. 67.
-
[39]
Michel Chevalier, L’expédition du Mexique, Paris, Librairie au Palais Royal, 1862, p. 15.
-
[40]
Michel Chevalier et Ernest Rasetti, La France, le Mexique et les États confédérés, Paris, Imprimerie de L. Tinterlin et Cie, 1863, p. 9.
-
[41]
Nofri, Napoléon III. Visionnaire…, p. 343. Lettre provenant des Souvenirs du général comte de Fleury.
-
[42]
Un homme de la race latine, « Lettre à Sa Majesté… », p. 21.
-
[43]
Paul N.Edison, « Conquest Unrequited : French Expeditionary Science in Mexico, 1864-1867 », French Historical Studies, 26, 3 (2003), p. 464.
-
[44]
AMAE, CP, Mexique, vol 61, Bazaine à Drouyn de Lhuys, Mexico, 29 mars 1864, fo 205.
-
[45]
Chevalier, L’expédition…, p. 89.
-
[46]
Jean-Yves Puyo, « The French Military Confront Mexico’s Geography : The Expedition of 1862-67 », Journal of Latin American Geography, 9, 2 (2010), p. 148.
-
[47]
Ibid, p. 149.
-
[48]
AMAE, PA Desprez, vol. 19, 10, fo 107-108.
-
[49]
Barker, « The Factor of “Race”… », p. 77.
-
[50]
Cunningham, Mexico and the Foreign Policy…, p. 17.
-
[51]
Chevalier et Rasetti, « La France… », p. 25.
-
[52]
Bogen, « L’Empire français… », p. 11.
-
[53]
Un homme de la race latine, « Lettre à Sa Majesté… », p. 25.
-
[54]
Chevalier, L’expédition…, p. 77.
-
[55]
E. Masseras, Le programme de l’Empire, Mexico, Libreria Mexicana, 1864, p. 12.
-
[56]
Ibid., p. 18.
-
[57]
Ibid., p. 21.
-
[58]
Chevalier et Ernest, « La France, le Mexique… », p. 18.
-
[59]
Edison, « Conquest Unrequited… », p. 463.
-
[60]
Tomàs Vejo Pérez. España en el debate publico mexicano, 1836-1867. Aportaciones para una historia de la naciòn, Mexico, El Colegio de México, 2008, p. 251.
-
[61]
Nancy N. Barker, « Monarchy in Mexico : Harebrained Scheme or Well-Considered Prospect ? », The Journal of Modern History, 48, 1 (1976), p. 56.
-
[62]
Barker, « The Factor of “Race”… », p. 77.
-
[63]
AN, 400 AP 61, note du général Almonte. Note écrite au cours de l’année 1863.
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[64]
Ibid.
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[65]
Ibid.