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L’inventaire des enregistrements sonores offre un excellent véhicule pour exploiter les possibilités des nouveaux médias. Dans le cas du Gramophone virtuel, la Bibliothèque nationale du Canada (BNC) utilise le texte, l’image et le son pour nous présenter « un aperçu détaillé de l’époque des 78 tours au Canada ».

Cet inventaire numérique s’adresse aux chercheurs et aux mordus de la musique. Des textes sur l’histoire des technologies, de la production et de la musique complètent les biographies d’artistes et un inventaire des enregistrements canadiens réalisés entre janvier 1900 et le milieu des années 1950. L’inventaire de la production du pays est complété par des enregistrements étrangers consacrés à des artistes canadiens ou à des compositions canadiennes. Le tout répond aux standards élevés de la BNC, tant au niveau du catalogage que de la numérisation. Disponible depuis 1998, l’inventaire s’enrichit toujours de nouvelles données. Sans être exhaustif, il offre déjà un catalogue comprenant 3580 enregistrements en anglais, 3136 en français et près d’une centaine en latin, italien, hébreu et autres langues.

Le contenu est regroupé en huit sections : Bienvenue (présentation du site), Historique, Aide, Ressources, Recherche, Audio (liste des notices par interprète, titre ou tirage), Biographies et Quoi de neuf. La page Navigation, disponible à partir de l’Aide, présente une table des matières sans liens vers les différentes sections.

La partie Historique met de l’avant les maisons canadiennes, notamment les entreprises d’Émile Berliner, père de l’industrie du disque au Canada. Présentement limité à la Première Guerre mondiale, le volet «Histoire de la musique au Canada» devrait éventuellement couvrir l’ensemble de la période. Côté Biographie, plus de soixante artistes ou groupes font l’objet d’une notice. De John Ayre à Fannie Tremblay, les notices les plus courtes comptent une page, alors que celle consacrée à Mary Travers (La Bolduc) en compte près de quarante. Enfin, la recherche historique est appuyée par une bibliographie qui guide les chercheurs vers les encyclopédies, discographies, catalogues, études, sites Internet et autres ressources d’intérêt.

En plus des listes alphabétiques disponibles dans la section Audio, l’inventaire des enregistrements peut être interrogé de deux manières. La version simple permet de faire une recherche dans sept rubriques textes. L’aide en ligne décrit la syntaxe appropriée pour les mots clés, les expressions et la troncature. La recherche avancée permet d’ajouter des critères tels que la province, l’année de lancement, la langue, le genre de musique et le diamètre du disque. Ne cherchez cependant pas «Mary Travers» dans la banque de données. Vous devrez utiliser le mot « Bolduc » car, selon les règles de catalogage utilisées, elle est inscrite sous le nom « Bolduc, Édouard, Mme ».

Les notices sont conformes aux règles de catalogage de la BNC. Chaque fiche d’enregistrement comprend une vingtaine de rubriques et est associée à une image du disque et à la notice biographique de l’interprète. On peut aussi écouter l’enregistrement en format Real Audio ou MP3. La numérisation des enregistrements a été réalisée selon un processus visant à assurer la préservation des supports originaux. Le bruit, le claquement, le grésillement et le souffle ont été réduits par la suite grâce à des logiciels spécialisés permettant d’améliorer la qualité du son.

Le Gramophone virtuel se lit très bien grâce à une mise en pages sobre et efficace. Des liens vers six sections sont toujours disponibles par les en-têtes et en pieds de page. Les modalités de reproduction et la date de mise à jour devraient cependant être plus visibles pour se conformer à l’usage qui s’est répandu depuis quelques années. L’usager sera peut-être surpris en cliquant sur le lien « La musique au pays ». Présenté comme faisant partie du Gramophone virtuel, ce lien nous amène dans le site Musique en feuilles canadienne d’antan. S’il est logique et rentable d’associer ces deux projets, les passerelles devraient être clairement identifiées pour l’usager. On notera aussi que les illustrations des sections Historique ou Biographies de même que les enregistrements en format MP3 apparaissent sur des pages dépourvues d’en-tête ou autre élément de contextualisation. Enfin, lorsque aucun enregistrement ne correspond à notre requête, la page de réponse ne comprend qu’un lien vers la page d’accueil de la BNC et un lien de courrier électronique. Ces particularités sont expliquées dans la page Navigation et il suffit évidem-ment de cliquer sur le bouton « Précédent » du fureteur pour revenir en arrière. Reflets de l’époque à laquelle le site a été créé, il s’agit d’inconvénients mineurs faciles à corriger.

Le Gramophone virtuel rejoint présentement les attentes de ses deux clientèles principales. Le passionné retrouvera rapidement les informations concernant un artiste ou un enregistrement donné. Le chercheur patient analysera toutes les parties du site avant de l’utiliser pour une recherche. Ayant cependant noté que les universitaires sont moins patients sur Internet que devant un imprimé, il serait préférable d’améliorer la navigation, notamment en ajoutant des liens hypertextes au plan du site.

Ressource incontournable pour l’histoire de l’enregistrement et de la musique au Canada pendant la première moitié du xxe siècle, le Gramophone virtuel a été financé par Industrie Canada dans le cadre du programme Collections numérisées du Canada. Toujours pertinent, ce projet pourrait, grâce à un financement additionnel, rester à l’avant-garde en tirant profit du SMIL (Synchonized Multimedia Integration Language) (World Wide Web Consortium, Synchronized Multimedia, [en ligne]. http://www.w3.org/AudioVideo/) (Page consultée le 2 novembre 2003), un langage permettant d’intégrer et de synchroniser le texte, l’image, la vidéo et le son.