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C’est avec une grande humilité que je présente aujourd’hui le premier numéro dont je suis responsable depuis ma nomination à titre de directrice de la revue, le 1er septembre 2022. Je suis honorée d’avoir été choisie pour poursuivre la tradition d’excellence instaurée par mon prédécesseur, Rémi Léger, qui a su rattraper le retard considérable dans la parution des numéros de la revue à son arrivée à la direction en 2017. De concert avec son comité éditorial, et avec l’appui du conseil d’administration dirigé à l’époque par Jimmy Thibeault, Rémi Léger a effectué un travail remarquable de telle sorte que la revue a aujourd’hui redoré son blason. Je ferai tout en mon pouvoir pour continuer cette tradition d’excellence et je le remercie particulièrement de m’avoir facilité la tâche en assurant une transition en douceur.

Dans la présentation de son dernier numéro, Rémi Léger évoquait les nombreux défis qui se présentent et qui continueront de se présenter à nous et, plus largement, aux chercheurs et chercheuses travaillant sur la francophonie nord-américaine. Je rappellerai celui du mandat unique de la revue, soit de diffuser des travaux issus des différentes aires francophones du continent, et ce, dans toutes les disciplines des sciences humaines. Cela requiert une attention continue, à la lumière de la place de plus en plus grande qu’occupent les réseaux américains et, surtout, de la présence ubiquitaire de l’anglais dans plusieurs disciplines (St-Onge et al., 2021). Reprenons ici les propos d’Éric Forgues, directeur général de l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques de l’Université de Moncton, qui soulignait en 2021 la valorisation croissante des revues anglophones qui exercent une influence plus grande et dont la présence dans les dossiers de recherche contribue à l’obtention de promotions ou de financement : « Cela se reflète par la proportion de revues anglophones qui est passée d’environ 60 % dans les années 1970 à 70 % dans les années 1990, puis au-delà de 90 % depuis 2005 » (Forgues, 2021). Le travail le plus important de la direction de la revue sera donc de continuer à mobiliser les chercheurs et les chercheuses de la francophonie nord-américaine et de les inciter à diffuser leurs travaux en français.

La nouvelle direction de la revue compte également soutenir les chercheurs et les chercheuses émergents. Depuis quelques années, les départs à la retraite de figures de proue, comme Linda Cardinal, Annette Boudreau, Anne Gilbert, France Martineau, Pierre Foucher, Rodrigue Landry, Monica Heller, Joseph Yvon Thériault, Claude Couture et Michel Doucet, laissent entrevoir la nécessité d’épauler la relève, notamment les doctorants et les doctorantes, en leur offrant une forme de mentorat dans la révision de leurs articles. Il s’agit d’une forme de collégialité qui me semble essentielle et pertinente dans le contexte des travaux portant sur les francophonies d’Amérique.

Pour mener de front ces chantiers, la revue a le privilège de pouvoir compter sur le soutien financier de presque toutes les universités de la francophonie hors Québec ainsi que sur l’expertise de l’équipe d’édition du Centre de recherche sur les francophonies canadiennes (CRCCF) de l’Université d’Ottawa, sous la direction de Lucie Hotte. Le CRCCF met à la disposition de la revue les excellents services d’Olivier Lagueux, dont la vigilance et l’expertise demeurent inégalées. La revue compte aujourd’hui aussi sur Julien Desrochers en tant que responsable des comptes rendus; la publication de ces derniers reprendra dans le prochain numéro. Il remplace Émilie Urbain, à qui j’exprime ma plus vive reconnaissance pour un travail toujours bien fait.

Le présent numéro est en grande partie consacré à un dossier thématique dirigé par les trois directeurs et directrices du numéro précédent, soit Janaína Nazzari Gomes, Haydée Silva Ochoa et Christophe Traisnel, qui proposent ici le deuxième volet d’une collaboration avec le Centre de la francophonie des Amériques. Ce dossier est unique dans la mesure où il propose d’élargir notre conception de la francophonie des Amériques pour y inclure le Mexique, l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud. Dans les différents textes constituant ce dossier, on se penche sur divers aspects linguistiques des communautés de langue française en Amérique latine, particulièrement au Brésil : insécurité linguistique, éducation, politiques linguistiques et une exploration du concept de « francotropie ».

Enfin, outre les articles composant ce dossier thématique, le numéro 55 comprend un article substantiel de Sathya Rao et de Denis Lacroix, qui s’interrogent sur la paternité du manuscrit inédit de « La grande épinettière » attribué à Charles-Alexandre Michelet, mais qui pourrait avoir été rédigé par Marie-Louise (alias Magali) Michelet, soeur de Charles-Alexandre et femme de lettres qui avait acquis une certaine notoriété dans le Canada français des années 1920.

Je félicite tous les auteurs et toutes les autrices de ce numéro et je remercie chaleureusement le codirecteur et les codirectrices de ce deuxième volet thématique, qui fait suite au numéro précédent, ainsi que le Centre de la francophonie des Amériques pour leur travail assidu et leur professionnalisme.

Bonne lecture!