Résumés
Résumé
Si, étymologiquement, le mot « intime » signifie « ce qu’il y a de plus intérieur », son évolution sémantique le conduit progressivement à caractériser des relations de grande proximité et des écrits personnels rédigés pour soi ou pour un cercle très restreint, ce qui fait de l’intime une réalité fuyante, parfois insaisissable, en raison des enjeux relatifs à la confidentialité et à la complicité des individus. Les lettres intimes peuvent en effet être allusives au point de paraître cryptées pour un tiers, puisqu’elles reposent sur la connaissance préalable du destinataire, capable de percer les silences. Comment rendre compte de l’intime lorsque celui-ci se dérobe, ne se manifeste ni par la confession ni par la confidence, ni même par un discours sur soi ? Pour penser l’éthos intime de l’écrivain, le cas de Jeanne Lapointe (1915-2006) s’impose en raison de l’éthique singulière de l’amitié qui caractérise sa correspondance avec des écrivaines et journalistes telles que Gabrielle Roy, Marie-Claire Blais, Béatrix Beck, Judith Jasmin, et qui se fonde sur une résistance à la confidence intime et sur une propension au débat d’idées, voire au dissensus.
Abstract
Etymologically, the word “intimate” means “that which is most interior,” but its semantic evolution has gradually led it to characterize close relationships and personal writings written for oneself or for a very restricted circle, making intimacy an evasive, sometimes ungraspable reality, due to the stakes involved in confidentiality and complicity between individuals. In fact, intimate letters can be so allusive as to appear cryptic to a third party, since they rely on prior knowledge of the recipient, capable of piercing the silences. How to account for intimacy when it hides and is not shown in confession or confidence, not even in discourse about the self? The case of Jeanne Lapointe (1915-2006) stands out as an example of the intimate ethos of the writer, because of the singular ethic of friendship that characterizes her correspondence with writers and journalists such as Gabrielle Roy, Marie-Claire Blais, Béatrix Beck and Judith Jasmin, and which is based on resistance to intimate confidence and a propensity for debate and even dissent.