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Cet ouvrage est une compilation de 20 articles déjà publiés dans la revue The Washington Quarterly cherchant à offrir une explication et une analyse aux défis sécuritaires auxquels doivent faire face, après les événements du 11-Septembre, six pays du Moyen-Orient, à savoir l’Arabie saoudite, la Syrie, l’Irak, l’Iran, l’Afghanistan et le Pakistan.
Disons d’emblée que ce livre ne vise pas un public de spécialistes. Il s’adresse plutôt à quiconque veut comprendre la nouvelle donne sécuritaire des pays mentionnés ci-dessus avec une information bien synthétisée sans s’inspirer d’une grille d’analyse théorique permettant d’établir un fil conducteur des problèmes politiques au Moyen-Orient ou une approche identifiant les aspects essentiels de leur compréhension et de leur résolution.
L’ouvrage part de l’idée – largement acceptée par plusieurs spécialistes de la région – selon laquelle le conflit israélo-arabe demeure l’élément structurant des rapports interétatiques et l’épicentre de la donne stratégique régionale. Mais il n’est pas le seul car les problèmes de cette région sont multiples et divers et les théâtres de violence ne cessent de s’y accroître.
L’avantage des textes portant sur l’Arabie saoudite est de montrer le poids de l’histoire et celui du pétrole dans le maintien du partenariat stratégique entre ce pays et les États-Unis malgré des attaques des médias américains à l’encontre du premier en raison de l’implication de 15 Saoudiens parmi les 19 auteurs dans les attentats du 11-Septembre. Au-delà des divergences d’appréciation qui persistent toutefois sur la politique à adopter face aux situations de paix ou de guerre que connaît la région (processus de paix, Liban, Irak), la poursuite de ce partenariat fondamental s’explique par la logique historique et pétrolière qui cristallise un intérêt commun selon lequel l’Arabie saoudite maintient l’approvisionnement du pétrole en échange de la protection militaire américaine. De même, les auteurs exposent plusieurs données dans une démarche descriptive sur le contexte géopolitique dans lequel le Pakistan est devenu l’allié des États-Unis dans la lutte contre le terrorisme en général et la traque d’Al-Qaida en particulier.
La force de ce livre se trouve également dans le chapitre consacré à la Syrie, qui propose une grille de lecture axée sur le rôle omniprésent du président Bashar Al-Assad dont la conduite de politique de sécurité s’inscrit dans la continuité de celle de son père Hafez Al-Assad. À la lumière de cette lecture, on comprend que l’image qui prédomine est celle d’un président nourri d’idées nationalistes qui, malgré son pragmatisme, demeure réticent devant la démocratisation du régime politique, la normalisation avec Israël et l’interruption de son alliance stratégique avec l’Iran, le Hezbollah et le Hamas. Les textes regroupés dans ce chapitre permettent de comprendre que l’environnement régional s’avère peu réjouissant pour la Syrie, qui cherche des partenaires arabes avec lesquels constituer un front contre Israël et l’influence des États-Unis dans la région.
L’effort de conceptualisation de ce livre apparaît dans les chapitres consacrés à l’Irak, l’Iran et l’Afghanistan. Les auteurs ont pu sortir de leur démarche descriptive pour établir un lien entre réconciliation, reconstruction, rente et stratégies de sécurité, mais une fois encore sans s’inspirer d’un modèle théorique de sciences sociales. Dans le cas de l’Irak, ils dressent un constat d’insécurité endémique dans un pays non maître de son destin et dont les incertitudes continuent à peser sur son avenir en raison de la violence sectaire entre les différents groupes ethniques et religieux (Kurdes, sunnites, chiites). Ainsi, les auteurs soutiennent que la sécurité demeure une condition préalable à tout processus de réconciliation nationale et reconstruction étatique. Dans la même perspective, ce livre traite des efforts de reconstruction de l’Afghanistan tout en défendant l’approche qui combine sécurité et développement pour un pays dont l’économie souffre déjà de nombreux handicaps structurels et est menacée de se transformer en narcoéconomie en raison de sa dépendance à la production de l’opium, principale source de revenus pour environ trois millions de personnes dans la population afghane. En ce qui concerne l’Iran, les auteurs mettent à profit la notion de la rente pour expliquer les obstacles aux tentatives des réformes des institutions politiques et religieuses issues de la révolution islamique de 1979. On comprend que la rente pétrolière est investie pour consolider le régime en place, ce qui explique sa persistance malgré l’échec subi en matière de développement économique. L’État occupe un rôle central et pratique une politique de redistribution clientéliste de cette rente qui lui permet de contrôler les équilibres politiques grâce à l’édification des appareils sécuritaires servant à assurer la protection du régime politique, à réduire les forces d’opposition au silence et à immuniser le régime contre toute pression extérieure de démocratisation.
Pour conclure, la principale faiblesse du livre est son approche événementielle qui se limite à commenter l’actualité et à faire le point sur l’événement sans l’explorer en profondeur afin d’éclairer la trame de tous ces problèmes et de les mettre en perspective. Autrement dit, l’ouvrage ne contient pas d’analyse établissant une connaissance des causes réelles et multiples des conflits au Moyen-Orient. S’il met certes à profit des mécanismes historiques, politiques, économiques et stratégiques, il ne s’appuie pas pour autant sur une approche globale et multidisciplinaire permettant de comprendre les problèmes politiques auxquels est confrontée cette région. Malgré cette lacune, cet ouvrage qui s’appuie sur une masse impressionnante d’informations assure à ses lecteurs une vision régionale sur les impacts sécuritaires des événements du 11 septembre 2001.