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Pour les étudiants en droit international, la connaissance des principaux acteurs de la scène internationale et du rôle qu’ils peuvent jouer, ainsi que celle de leurs compétences et de leurs devoirs représente une partie importante de leur discipline. Cet ouvrage en deux tomes sur les relations internationales leur est destiné. Le premier examine les relations internationales sous l’angle politique alors que celui-ci le fait sous l’angle juridique. Une telle présentation est un atout non seulement pour ceux qui étudient le droit international, mais encore pour ceux qui, inscrits en histoire, en science politique ou en études internationales, cherchent une approche qui leur permette de comprendre et ainsi de bien situer les aspects juridiques de la politique internationale.
Pour le non juriste, il est important de comprendre que les principaux acteurs, c’est-à-dire les États et les organisations intergouvernementales (oig), sont des sujets de droit international qui sont titulaires des droits et obligations internationaux, mais aussi de la capacité à les mettre en oeuvre et à en obtenir l’application. Josiane Tercinet signale aussi que l’individu devient de plus en plus sujet de droit international : « De manière ponctuelle certes, mais de façon de plus en plus dense, l’individu est ainsi titulaire passif ou actif de droits et obligations d’origine internationale ; il reste cependant encore un sujet dérivé et mineur de droit international ». De plus, elle indique que d’autres sujets mineurs peuvent être des peuples, des entreprises privées et des organisations non gouvernementales (ong) dotées d’un statut d’observateur dans certaines oig. La Croix-Rouge est l’exemple par excellence de ce type de sujet mineur de droit international.
La présentation juridique de Relations internationales est divisée en trois chapitres dont le premier rappelle les principes du droit international intéressant les relations entre les États : le principe de non-recours à la force et son corollaire, le principe du règlement pacifique des différends ; les principes de non-intervention et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ; et enfin celui de l’égalité souveraine des États. Le deuxième chapitre traite du rôle de l’État dans les relations interétatiques où l’auteure définit les éléments constitutifs de l’État. La deuxième section de ce chapitre examine la problématique de la reconnaisance de l’État et offre au non juriste l’explication du phénomène de non-reconnaissance (connu sous le nom de doctrines Estrada, Hallstein et Stimson). Dans la troisième section il est question des statuts étatiques particuliers, d’abord des États unitaires, fédérés et confédérés et puis des États neutres. La quatrième section traite des organes des relations interétatiques, c’est-à-dire l’appareil et les institutions de la politique étrangère et de la diplomatie.
L’Organisation des Nations Unies est choisie pour le troisième chapitre comme exemple d’une organisation internationale. Sont présentés ses attributs, en particulier sa personnalité juridique ainsi que sa compétence, puis sa composition et enfin sa structure. Certes le choix d’une seule organisation est compréhensible, mais il aurait été encore plus utile que l’auteure donne au moins une liste des organisations internationales dignes d’examen, du fait qu’elles jouent un rôle important dans les relations interétatiques. Il aurait aussi été intéressant qu’elles soient classées selon leur vocation.
Tercinet reconnaît qu’elle privilégie dans ce tome une approche d’initiation au droit international. Force est de constater que cette approche est valable, non seulement pour ce qui est de la présentation, mais surtout surtout pour son apport explicatif. Dans le premier chapitre, sur les principes du droit international, les explications sont importantes et l’auteure offre souvent des analyses de cas, notamment de cas d’intervention à finalité humanitaire : l’opération Provide comfort au Kurdistan irakien ; le cas de la Bosnie-Herzégovine ; l’opération Restore hope en Somalie ; et le cas du Kosovo. Pour un non juriste, il est intéressant de lire des explications à caractère juridique.
Il n’y a cependant pas de conclusion digne de ce nom pour l’ensemble de la présentation des relations internationales dans ce tome. L’auteure offre plutôt une perspective personnelle sur l’onu. Elle écrit entre autres : « L’onu est souvent critiquée pour son impuissance et sa mauvaise gouvernance. Elle constitue [cependant] un forum unique pour tous les États qui d’ailleurs ne la quittent pas, mais aussi de plus en plus pour la société civile à travers les multiples ong qui lui sont liées ». Ces quelques mots en disent long, car ils sont liés aux réflexions de l’auteure sur la mondialisation du premier tome de l’ouvrage. Elle encourage ainsi le lecteur à avoir une approche universelle, car c’est à travers une telle approche que notre monde a une chance d’éviter que les conflits locaux ne deviennent régionaux ou mondiaux. Jusqu’à maintenant, on ne peut pas faire de constat d’échec. C’est déjà beaucoup, surtout si on connaît bien l’histoire des relations internationales.