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Cet ouvrage fait partie d’une collection qui se concentre sur le processus de la Recherche dans les sociétés divisées par la violence en Afrique. C’est un bouquet d’études de cas qui s’intéressent aux aspects épistémologiques et moraux de la recherche dans un environnement caractérisé par les conflits ethniques. Les textes proviennent d’un atelier tenu à l’université d’Ibadan au Nigéria en 2002 ayant pour objectif de favoriser la recherche dans un contexte africain. Ce livre se focalise sur la responsabilité du chercheur de choisir la meilleure méthodologie et la meilleure éthique quelle que soit la discipline ou l’approche employée. Cet ouvrage rejoint dans ce sens King, Keohane et Verba (1994) les auteurs de Designing Social Inquiry mais avec une disposition davantage déontologique. Contribution utile à une discussion méthodologique, Researching Conflict in Africa offre aussi une série intéressante d’expériences au sujet des interventions dans un environnement africain caractérisé par les stigmates d’un conflit ethnique.
Dans la première partie de l’ouvrage, la problématique des insiders et outsiders ainsi que le rôle du chercheur dans le contexte de l’étude d’un conflit sont abordés en introduction. La différence de perspective entre les insiders et les outsiders est d’une importance capitale dans la conduite de la recherche dans un environnement de sociétés divisées par un conflit violent. La seconde partie porte sur des études de cas racontant la conduite de recherche dans des situations particulières de conflits. L’analyse qui est faite de cette problématique est très instructive pour toute personne intéressée à la conduite de la recherche scientifique. Les recherches présentées ont toutes en commun le fait de s’appliquer à un contexte de résolution de conflits violents, mais elles sont menées dans des environnements de recherche diversifiés avec une multitude d’approches méthodologiques. Par exemple, la contribution d’Agyeman, présentée comme un cahier de recherche, décrit les réalités de la recherche dans un contexte où la suspicion et la peur règnent. Dans ce cas, un chercheur ghanéen expose les particularités de l’environnement des réfugiés togolais et libériens caractérisé par la peur de la population ghanéenne et les implications de cette peur au niveau de la recherche ainsi que les subterfuges pour contourner cette crainte. Toutes les études de cas sont articulées de la sorte en présentant un défi méthodologique propre à un conflit en Afrique et les réalités de la conduite de la recherche dans le continent africain.
Toutefois, il manque une certaine cohérence entre les deux parties de l’ouvrage mais aussi entre les études de cas qui suivent bien l’esprit de l’ouvrage mais ne sont pas homogénéisées. Cette collection d’étude de cas constitue en même temps la force et la faiblesse de l’ouvrage. Ainsi, au niveau de l’introduction et de la conclusion, l’ouvrage aurait pu avoir une meilleure cohérence pour justifier son écriture. Le lecteur pourrait également tirer bénéfice d’une conclusion résumant les points essentiels de l’ensemble des études de cas présentées. Même si les questions méthodologiques et éthiques au niveau de la recherche constituent le coeur de ce livre, l’ajustement des études de cas les unes aux autres aurait été un avantage. Les différentes études sont toutefois intéressantes et résument bien les leçons dont peuvent bénéficier les futurs chercheurs s’intéressant à des problématiques des conflits en Afrique.
Loin de se limiter à la seule communauté universitaire, cet ouvrage peut se révéler d’utilité pour les personnes intéressées aux questions d’interventions dans un contexte de sociétés divisées par un conflit violent, notamment les personnes oeuvrant dans des organisations humanitaires, ou des organisations gouvernementales chargées de la reconstruction.