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Cet ouvrage rédigé par l'un des spécialistes connus en la matière, Desmond Dinan, fournit les principaux repères de l'histoire économique européenne. Il est d'une certaine manière la suite logique de son ouvrage précédent (Ever Closer Union. An Introduction to European Integration, Boulder, Lynne Rienner Publishers, 1999). L'histoire est sans doute le passage obligé pour comprendre le présent et pour fonder sur des hypothèses réalistes les réflexions sur les perspectives futures de l'intégration européenne. C'est en fournissant à la fois les éléments factuels et analytiques indiquant les ruptures et les continuités historiques que l'auteur nous livre des clés de lecture originales pour comprendre l'état actuel et le devenir de cette intégration, comme en témoigne d'ailleurs le titre de son ouvrage.
Le plan de l'ouvrage suit une logique chronologique, depuis les origines jusqu'à l'état actuel de l'intégration européenne, pour s'achever avec les défis de l'avenir pour l'Union européenne. Le chapitre introductif de l'ouvrage qui évoque brièvement les leçons de l'expérience de l'entre-deux-guerres prépare le terrain pour aborder la problématique du chapitre suivant. Ce dernier traite les tâtonnements qui ont précédé la signature des Traités et qui ont marqué le passage de la logique de coopération à celle de l'intégration. Le Traité ceca illustre à cet égard le premier acte dans cette direction qui est abordé dans le deuxième chapitre. En même temps, on prend connaissance des éléments précieux qui résident derrière les échecs des tentatives dans la constitution de la Communauté européenne de défense et de la Communauté politique. C'est dans ce contexte qu'émerge l'idée de l'intégration économique lors de la Conférence de Messine qui aboutira à la signature du Traité de Rome. Le troisième chapitre qui suit est consacré à la construction de la Communauté européenne, notamment dans les années 1960, à travers la réalisation de l'union douanière et de la politique agricole commune. On y découvre également les premières difficultés de l'intégration européenne, avec la crise de « la chaise vide » de de Gaulle qui s'achève avec le compromis de Luxembourg et les débats autour de la candidature britannique. Le quatrième chapitre traite la période de troubles des années 1970 marquée par les difficultés économiques ; il s'agit d'une période de « survie face à la tempête ». Mais en même temps, l'auteur nous fait découvrir les efforts déployés pour trouver une voie de sortie qui annonce les prémisses de l'Union européenne. La réalisation de celle-ci est traitée dans les deux chapitres qui suivent. Dans le cinquième chapitre, l'auteur met l'accent sur la reprise de l'idée de la poursuite de l'intégration, engagée dans un contexte caractérisé à la fois par des tendances favorables et par des tendances sceptiques. Il s'agirait en somme d'une période d'hésitation dont l'Europe sortira durant la seconde moitié des années 1980. C'est l'objet du sixième chapitre, qui nous fait découvrir les éléments historiques de l'Acte unique européen. Ce dernier est l'annonciateur de la transformation qui intervient dans l'intégration européenne, avec le passage des communautés à l'union. L'achèvement du projet d'union est traité dans le septième chapitre, avec le Traité de Maastricht et l'union monétaire qui constituent les tournants importants dans l'histoire européenne. L'auteur parle également du changement de contexte qui intervient avec la dislocation du bloc de l'Est annonçant l'élargissement vers les pays d'Europe centrale et orientale. Il s'agit de l'un des défis que l'Union a dû relever à côté des changements institutionnels et politiques qui sont abordés dans le huitième chapitre.
Dans sa conclusion, l'auteur tire des leçons à travers une lecture transversale de l'histoire. Il observe tout d'abord, la constance de la solution supranationale face aux problèmes pratiques depuis les années 1950. Sur le plan des idées, il constate la technique triangulaire de Jean Monnet qui se révèle instructive. Selon l'auteur, il a su associer au bon moment les idées et les individus pour réaliser les avancées institutionnelles. Ses successeurs, tels Hallstein ou Delors l'ont poursuivi dans cette stratégie de solutions supranationales, en prenant bien soin de s'assurer du soutien politique des États influents comme la France et l'Allemagne. Dans ce sens, bien que la défense des intérêts nationaux n'ait pas disparu, l'histoire de l'Union européenne n'en est pas moins une réussite. Les débats intra-européens d'aujourd'hui à Bruxelles ne seraient selon lui que la manifestation des politiques de défense des intérêts nationaux par d'autres moyens, lesquels autrefois incluaient la guerre qui a fait tant de ravages sur le vieux continent.
Cet ouvrage constituera, sans doute, l'une des références obligées pour ceux qui s'intéressent à l'histoire de l'intégration européenne. Il concerne non seulement les historiens, mais aussi ceux qui veulent comprendre l'Europe d'aujourd'hui et de demain.