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En accord avec l’orientation adoptée à l’automne 2004, nous publions aujourd’hui le deuxième numéro non thématique de la revue Drogues, santé et société, constitué d’articles soumis au comité de rédaction de la revue sans sollicitation. Il comprend des articles de réflexion théorique et clinique ainsi que des articles de résultats de recherche qui prolongent la réflexion sur des thématiques abordées dans des numéros précédents ou traitent de sujets nouveaux.
Les trois premiers articles de ce numéro reprennent la thématique de la réduction des risques et des méfaits, faisant écho au vol. 2 no 1, qui lui était entièrement consacré. Marie-Andrée Bertrand propose une perspective élargie en abordant la question dans un cadre social et culturel plus général. Elle soulève le paradoxe du « rêve d’une société sans risque » face à l’ensemble des menaces auxquelles notre société a été confrontée au cours des dernières décennies et situe la gravité relative des risques associés à l’usage et à l’abus des drogues dans ce contexte. Partant du constat que la demande de produits psychotropes a augmenté et s’est diversifiée depuis les années 50-60, Claude Macquet, pour sa part, propose une analyse sociologique de certaines tendances qui ont cours actuellement dans nos sociétés et qui pourraient favoriser ce phénomène, notamment par une approche nouvelle de la gestion des risques. Il soulève en conclusion les effets pervers possibles de ces tendances, tant pour les individus vulnérables, qui pourraient être laissés pour compte, que pour les gens dits « normaux », dont les libertés pourraient être davantage contraintes. Cette section sur la réduction des risques et des méfaits se termine par un article qui rapporte les résultats d’une étude qui analyse la conceptualisation et l’implantation de l’approche de réduction des méfaits au sein des objectifs et des priorités de l’État canadien. L’auteur conclut que la Stratégie canadienne antidrogue a fait une récupération abusive du concept de la réduction des méfaits et adopté une approche de « gestion des risques » qui stigmatise les usagers.
Le quatrième article s’inscrit dans la suite du numéro précédent (Alcool et Amérindiens, usage et intervention) et rapporte l’expérience d’une communauté autochtone du Canada, la communauté innue de Nutashkuan, qui a mis sur pied, avec l’aide de psychologues, un projet de guérison basé sur des expéditions thérapeutiques. Pierre St-Arnaud, Pierre Bélanger et leurs collaborateurs y décrivent comment le projet, centré au départ sur les problématiques de surconsommation d’alcool, s’est peu à peu transformé en espace de co-création orienté vers les éléments de bien-être et de protection qui trouvent leur expression dans l’harmonie familiale et la paix sociale.
Les deux derniers articles sont consacrés à des résultats de recherche. Nicole Perreault et ses collaboratrices ont étudié la perception de jeunes en milieu collégial face aux drogues du viol et à l’agression sexuelle. Les résultats indiquent que les jeunes pourraient sous-estimer le rôle de l’alcool en cette matière et que les jeunes hommes qui rapportent s’intoxiquer le plus fréquemment au point d’avoir des pertes de mémoire sont aussi ceux qui entretiennent davantage de fausses croyances face au viol. Les auteurs concluent à la pertinence d’intégrer de l’information concernant la consommation de substances dans les programmes de prévention des agressions sexuelles. Enfin, Jean-Pierre Bonin et ses collaborateurs nous présentent un portrait de l’utilisation des services par des personnes itinérantes ayant également des troubles mentaux. Les résultats mettent en évidence l’ampleur du problème de la maladie mentale chez les personnes itinérantes de Montréal et de Québec et la nécessité de trouver des solutions à cette situation. On y aborde également les taux de fréquentation des services par ces personnes de même que leur perception de l’utilité et des obstacles à l’accès à ces services.
Nous espérons que ce numéro sera apprécié par les lecteurs qui, de plus en plus nombreux, fréquentent le site Web de Drogues, santé et société (5 500 visiteurs mensuels en moyenne au cours des derniers mois). Nous nous adressons maintenant aux auteurs en les invitant à nous soumettre leurs textes, que ce soit des articles de fond, des résultats de recherche ou des articles de transfert de connaissances.