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Introduction, contexte et objectifs

L’intervention de la Direction de la protection de la jeunesse au Québec (DPJ) est une action exceptionnelle, comme c’est le cas dans plusieurs autres juridictions canadiennes. La particularité du Québec réside dans le fait que la province est la juridiction canadienne ayant l’approche la plus progressiste sur le plan social pour réduire la pauvreté familiale. Cependant, comme beaucoup d’autres administrations, la pauvreté au Québec est liée à l’intervention du système de protection de la jeunesse, et cette association existe indépendamment du fait que la pauvreté soit mesurée au niveau de la famille ou du quartier (Esposito et al., 2022 ; Esposito et al., 2021a ; Esposito et al., 2021b ; Esposito, Chabot, Rothwell, Trocmé et Delaye, 2017 ; Esposito et al., 2014a ; Esposito et al., 2014b ; Esposito et al., 2013). Toutefois, les mécanismes menant à cette association n’ont pas encore fait l’objet d’études empiriques. Dans cet article, nous explorons cette question du point de vue des zones géographiques et de l’équité et de l’égalité en matière du bien-être durant l’enfance. L’article présenté ici s’appuie sur deux hypothèses parallèles liées à la répartition des services dans l’ensemble de la province : 1) d’un point de vue égalitaire, une offre de services de soutien à la famille inégale d’une région à l’autre prédit des niveaux plus élevés d’intervention en matière de protection de l’enfance ; et 2) du point de vue de l’équité, si des services de soutien familial égaux existent, l’accès variable à ces services, en raison de facteurs géographiques, peut prédire une intervention excessive du système de protection de la jeunesse. Cet article n’étudie pas explicitement les services eux-mêmes, mais examine plutôt la répartition de la population infantile selon les régions du Québec afin de nous interroger sur la façon dont sont liées la pauvreté et l’implication de la DPJ dans ces régions.

Au Québec, les résultats empiriques longitudinaux démontrent que les familles vivant dans la pauvreté sont plus à risque d’avoir des démêlés avec les services de protection de la jeunesse, y compris la consignation des cas dans des rapports, les constatations selon lesquelles la sécurité ou le développement des enfants est compromis et le placement à l’extérieur du foyer (Esposito et al. 2022 ; 2021a ; 2021b ; 2017a ; 2014a ; 2014b ; 2013). Ce risque est plus élevé chez les enfants autochtones et noirs vivant dans la pauvreté (Boatswain-Kyte, Esposito et Trocmé, 2020 ; de la Sablonnière-Griffin, Sinha, Esposito, Chabot et Trocmé, 2016). La participation aux services de protection de l’enfance dans la province est attribuable en grande partie aux préoccupations relatives à la négligence plutôt qu’à d’autres mauvais traitements infligés aux enfants, comme la violence physique ou sexuelle (Esposito et al., 2021a). La compréhension actuelle de cette tendance est que de nombreuses familles impliquées avec les services de protection de la jeunesse ont des besoins chroniques – souvent liés à la pauvreté économique –qui ne sont pas satisfaits par les services existants (Trocmé, Kyte, Sinha et Fallon, 2014). Les constatations au Québec selon lesquelles la négligence et la pauvreté sont fortement associées à des interventions récurrentes des services de la protection de la jeunesse illustrent davantage cette tendance des besoins chroniques (Esposito et al., 2021b). Bien que le Québec fasse l’objet du présent article, ces tendances de risque différentiel de négligence pour les familles pauvres et racialisées sont similaires dans d’autres administrations canadiennes et dans d’autres pays dotés de services de protection de l’enfance comparables, comme les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Australie et la Nouvelle-Zélande (Australian Institute of Family Studies, 2020 ; Blackstock, 2009 ; Bywaters et al., 2016 ; Commissaire à l’enfance, 2016 ; Drake, Jonson-Reid, Kim, Chiang et Davalishvili, 2020 ; Fluke, Harden, Jenkins et Ruehrdanz, 2011 ; Jonson-Reid, Drake et Zhou, 2012 ; Rothwell et de Boer, 2014 ; Rothwell, Wegner-Lohin, Fast et de Boer, 2018 ; Webb, Bywaters, Scourfield, Davidson et Bunting, 2020b).

Sur le plan conceptuel et pratique, la négligence est distincte de la maltraitance des enfants, car il s’agit d’un acte « d’omission » plutôt que d’une commission active (Garbarino et Collins, 1999). Bien qu’il existe un lien évident entre la vulnérabilité socioéconomique de la famille et l’implication des services de la protection de l’enfance pour des motifs de négligence, des études nationales et internationales démontrent que la disponibilité de ressources sociales et économiques au-delà du ménage est également importante pour comprendre comment et quand les familles sont le plus à risque d’être signalées pour des préoccupations relatives à la protection de l’enfance (Bywaters et al., 2015 ; 2016 ; Coulton, Crampton, Irwin, Spilsbury et Korbin, 2007 ; Esposito et al., 2017a ; Freisthler, Merritt et LaScala, 2006 ; Lefebvre, Fallon, Van Wert et Filippelli, 2017 ; Maguire-Jack et Font, 2017a ; 2017 b ; Mason et al., 2019 ; Webb et al., 2020a ; 2020b). Le risque d’intervention de la protection de l’enfance est lié non seulement aux caractéristiques des enfants et de leurs familles, mais aussi à l’environnement dans lequel ils vivent. Par exemple, la présence géographique de la protection de l’enfance peut être liée aux différences démographiques, à la densité de la population, à l’inégalité dans les quartiers, aux services disponibles, aux données agrégées sur la pauvreté et à d’autres facteurs mesurés à l’échelle du quartier (Bywaters et al., 2015 ; Webb et al., 2020b). Les différences ethniques dans la participation aux services de protection de l’enfance ont notamment une incidence moins importante lorsque les caractéristiques des environnements entourant les familles sont prises en compte (Maguire-Jack, Font et Dillard, 2020).

Les enquêtes au Québec sur l’importance géographique dans le risque d’intervention des services de la protection de la jeunesse reflètent un mouvement international croissant vers des approches empiriques et conceptuelles mettant l’accent sur l’importance de comprendre les quartiers et les espaces autour des familles, lorsque l’on tente d’expliquer les risques liés à l’intervention de la protection de l’enfance. Par exemple, les chercheurs ont étudié de nombreuses caractéristiques du quartier, comme le logement, le transport et l’accès aux services, ainsi que les processus de voisinage, comme les relations interpersonnelles, les soutiens informels, la mobilité et la perception du quartier, et ont constaté que ces facteurs peuvent augmenter ou diminuer le risque d’intervention en matière de protection de l’enfance (Ben-Arieh, 2010 ; Cao et Maguire-Jack, 2015 ; Freisthler et Maguire-Jack, 2015 ; Haas, Berg, Schmidt-Sane, Korbin et Spilsbury, 2018). La disponibilité de services formels peut permettre aux familles d’accéder au soutien dont elles ont besoin, ce qui empêche une intervention de la protection de l’enfance. Cependant, la proximité des services ne signifie pas nécessairement qu’ils sont à la portée de toutes les familles en raison du coût, de l’accessibilité, des listes d’attente, de la diversité des besoins, de la pertinence culturelle et d’autres facteurs (Maguire-Jack, Cao et Yoon, 2018). La disponibilité de soutien informel, comme le fait d’avoir des voisins qui peuvent fournir des services de garde d’enfants, peut également réduire le risque d’intervention des services de protection de l’enfance (Barnhart et Maguire-Jack, 2016 ; Cao et Maguire-Jack, 2016 ; Freisthler et Maguire-Jack, 2015 ; Garbarino et Kostelny, 1992 ; Maguire-Jack et Showalter, 2016 ; May, Azar et Matthews, 2018 ; Riina, 2019 ; Vinson, Baldry et Hargreaves, 1996 ; Yonas et al., 2010).

Les appels récents en faveur d’une attention plus nuancée à la recherche concernant les contextes entourant les familles indiquent la nécessité d’une meilleure compréhension des familles à risque de faire face aux services de protection de l’enfance (Maguire-Jack et al., 2021). Cependant, bien que les données probantes actuelles démontrent de nombreuses associations entre la race, la pauvreté et les facteurs environnementaux liés au risque de l’intervention des services de protection de l’enfance, le manque de données dans les administrations canadiennes et à l’échelle pancanadienne limite les conclusions sur les mécanismes de causalité menant les familles à un risque plus élevé d’avoir des démêlés avec les services de protection de l’enfance. La recherche empirique propose de nombreuses explications à cette situation, telles que les conditions socioéconomiques disproportionnées, la prise de décision des travailleurs sociaux, un manque de soutien préventif approprié pour les familles ou d’autres facteurs de la géographie locale des familles (Ards et al., 2012 ; Ards, Myers, Malkis, Sugrue et Zhou, 2003 ; Boatswain-Kyte et al., 2020 ; Ben-Arieh et Haj-Yahia, 2006 ; Dettlaff et al., 2020 ; Drake et al., 2020 ; Fluke et al., 2011 ; Jonson-Reid, Drake et Kohl, 2009).

Il est important de noter qu’un manque de compréhension causale de l’intervention des services de protection de l’enfance signifie que les pratiques et les politiques de prévention fondées sur des données probantes sont limitées (Isokuortti, Aaltio, Laajasalo et Barlow, 2020). Malgré les appels croissants des intervenants universitaires et communautaires à accroître les soutiens préventifs en amont pour les familles (Delaye et Sinha, 2017 ; Roygardener, Hughes et Palusci, 2020 ; Trocmé, 2003), le manque de données probantes claires a limité les progrès apportés aux approches politiques et pratiques. Ces lacunes sont sous-tendues par un manque de compréhension des théories préventives du changement (Segal, Sara Opie et Dalziel, 2012), démontré par des études montrant l’inefficacité des programmes visant à prévenir l’implication des services de protection de l’enfance (Euser, Alink, Stoltenborgh, Bakermans-Kranenburg et van IJzendoorn, 2015 ; Putnam-Hornstein, Prindle et Hammond, 2021 ; Roygardener, Hughes et Palusci, 2020 ; Segal, 2012), particulièrement en ce qui concerne les cas de négligence liée à la pauvreté, qui comportent des besoins chroniques plutôt que des préoccupations aiguës en matière de sécurité (Cohen et Katz, 2021 ; Trocmé et al., 2014 ; Wald, 2015). Les modèles de pratique existants sont peu fondés sur des données probantes (p. ex., risque de biais de sélection, taille limitée des échantillons et suivi à court terme ; Isokuortti et al., 2020).

En dehors de Montréal et de Québec, la province du Québec est assez rurale, les petites villes servant de plaques tournantes locales dans les régions situées à l’extérieur de ces deux grandes municipalités. Les réformes du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec en 2014 ont créé des carrefours de santé et de services sociaux couvrant 18 régions de la province (Gouvernement du Québec, 2018). Ceux-ci fonctionnent comme des points de santé et de services sociaux, ou d’aiguillage, dans les régions. Les services de protection de la jeunesse sont administrés par 18 directeurs de la protection de la jeunesse qui sont également situés dans les régions de la province, y compris dans les communautés inuites et des Premières Nations du Nord (Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec, 2020). Les autres services de santé et de services sociaux sont offerts dans les petits territoires de la région, selon les centres locaux de services communautaires (CLSC). La Loi sur la protection de la jeunesse (LPJ) provinciale définit plusieurs façons de compromettre la sécurité ou le développement d’un enfant, justifiant l’intervention de la province (Loi de 2007 sur la protection de la jeunesse). Cette législation est dictée par une loi d’exception, c’est-à-dire qu’elle est réservée à des cas exceptionnels :

[…] la notion de protection véhiculée par la LPJ est restreinte, en ce sens qu’elle s’applique dans certaines situations exceptionnelles. Cette loi ne vise pas toutes les situations où un enfant peut avoir besoin d’être protégé, ou encore moins, besoin d’être aidé. Elle vise plutôt la sauvegarde de l’intérêt et la réponse aux besoins essentiels de l’enfant dont la sécurité ou le développement est compromis.

Ministère de la Santé et des Services sociaux, 2010, p. 18

En raison de cette orientation exceptionnelle, le système de protection de la jeunesse n’est pas destiné à fournir un soutien universel aux familles, mais plutôt à être une mesure de dernier recours dans des cas exceptionnels et extrêmes où les enfants sont à risque. L’intervention des services de protection de la jeunesse, en particulier lorsqu’elle est liée à la pauvreté et à la localisation géographique, indique que les services d’aide aux familles ne répondent pas aux besoins de ces dernières. Une distinction doit être maintenue entre la protection de l’enfance, un domaine d’intervention étroit et exceptionnel, et le bien-être de l’enfant qui implique un éventail beaucoup plus large de soutiens aux enfants et aux familles.

Historiquement, le Québec a dépensé plus pour les services à l’enfance et à la famille que toute autre province au Canada, les dépenses en services sociaux du Québec demeurant les plus élevées au pays, et ce, malgré les récentes compressions budgétaires (Statistique Canada, 2018). Les programmes sociaux du Québec – comme le régime public d’assurance médicaments pour les personnes ne disposant pas d’un régime privé ; les services de garde d’enfants subventionnés ; l’accès aux services d’intervention et d’éducation de la petite enfance ; les services de pédiatrie sociale communautaire pour les familles ayant des besoins élevés ; les subventions au logement pour les familles à faible revenu avec enfants ; et un système de redistribution fiscale très progressif – ont réduit les inégalités socioéconomiques dans la province (Callahan et Swift, 2006 ; Esposito et al., 2017a ; Fréchet et al., 2020). L’étude de ces questions dans le contexte du Québec est une nouvelle occasion de dégager les raisons potentielles pour lesquelles les familles éprouvent des difficultés malgré la disponibilité apparente de soutien.

Le Québec peine à offrir des services dans les régions plus éloignées en raison du suivi tardif des rapports sur la protection de la jeunesse, exacerbé par le manque de personnel (CBC News, 2019). Les populations autochtones éloignées sont assujetties à un ensemble complexe de services sociaux et de santé financés par les provinces et le gouvernement fédéral qui sont chroniquement sous-financés (Barrera, 2020). Les enfants retirés de leur famille dans ces communautés sont souvent retirés de ces communautés elles-mêmes en raison d’un manque de services sociaux locaux ou de foyers d’accueil approuvés (The Jordan’s Principle Working Group, 2015). Bien que le Québec ait des services de garde fortement subventionnés (MacDonald, 2018), des prestations fiscales pour enfants au-delà de celles offertes par le gouvernement fédéral (Retraite Québec, 2020) et de politiques de congé parental payé (Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail, 2020), l’accès aux services et à l’aide des prestations peut varier considérablement d’une famille à l’autre et d’une région à l’autre.

Tableau 1

Résultats récents liés aux facteurs socioéconomiques et géographiques et à l’implication en protection de l’enfance au Québec

Résultats récents liés aux facteurs socioéconomiques et géographiques et à l’implication en protection de l’enfance au Québec

Tableau 1 (suite)

Résultats récents liés aux facteurs socioéconomiques et géographiques et à l’implication en protection de l’enfance au Québec

Tableau 1 (suite)

Résultats récents liés aux facteurs socioéconomiques et géographiques et à l’implication en protection de l’enfance au Québec

Tableau 1 (suite)

Résultats récents liés aux facteurs socioéconomiques et géographiques et à l’implication en protection de l’enfance au Québec

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Au Québec, une série d’études tirées de décennies de données démontre que les facteurs de risque socioéconomiques, démographiques et autres mesures à l’échelle du quartier contribuent au risque différentiel d’intervention en matière de protection de la jeunesse dans la province, particulièrement en ce qui concerne les préoccupations liées à la négligence (Esposito et al., 2021a ; 2017a ; 2017b ; 2014a ; 2014b ; 2013). Ces études propres au Québec sont décrites plus en détail ci-dessous et au tableau 1. Les études québécoises s’appuient sur deux ensembles de données principaux : les données administratives du système provincial de protection de la jeunesse et les données du recensement selon les aires de diffusion au Québec. Ces études montrent une association claire entre l’intervention exceptionnelle des services de protection de la jeunesse dans les familles en situation de pauvreté familiale et de pauvreté du quartier.

Pour comprendre les nuances selon lesquelles les contextes entourant les familles façonnent leur risque d’intervention en matière de protection de la jeunesse, il est nécessaire de comprendre que la pauvreté n’est pas vécue de la même manière d’une région à l’autre, comme l’illustre clairement le tableau ci-dessus[3]. Afin d’accroître la base de connaissances au Québec, cet article présente des résultats récents au-delà de celles résumées ci-dessus, illustrant la participation différentielle des enfants au système de protection de la jeunesse selon les régions géographiques du Québec. À l’aide de données longitudinales à l’échelle de la province, nous démontrons les trajectoires différentielles des enfants dans le système de protection de la jeunesse selon les régions géographiques où ils vivent. Dans le contexte des études longitudinales provinciales résumées au tableau 1, les résultats empiriques de la présente étude réifient la nécessité de reconnaître les approches de pratique différentielle et de politiques adaptées à la variation des espaces autour des familles dans l’ensemble de la province.

Méthodologie

Cette étude s’appuie sur trois sources de données couvrant 17 ans (2000-2016) pour analyser la relation entre les caractéristiques socioéconomiques, la densité de la population infantile et le risque d’intervention des services de protection de la jeunesse au Québec. Plus précisément, l’étude longitudinale examine l’implication de ces services par 1) le risque que les jeunes enfants (de 0 à 9 ans)[4] reçoivent une conclusion initiale de compromission à la sécurité ou au développement à la suite d’un signalement à la protection de l’enfance lié à la négligence ; et 2) le risque que des enfants de tous âges (de 0 à 17 ans) soient placés dans des foyers de soins hors du foyer familial à la suite d’un signalement à la protection de la jeunesse. Ensuite, une série de régressions linéaires a été utilisée pour comprendre comment la relation entre la vulnérabilité socioéconomique et l’intervention des services de protection de la jeunesse en cas de négligence et de placement variait selon les quintiles de densité de population d’enfants au kilomètre carré (voir les figures 1 et 2).

Les données administratives sur la protection de la jeunesse au Québec, tirées des 166 CLSC de la province, étaient définies par des codes d’identification communautaires et comprenaient des codes postaux alphanumériques complets (X1X 1X1). Les codes postaux ont servi à coupler les données administratives aux données socioéconomiques des 10 650 aires de diffusion (AD) du recensement du Québec. L’AD est le milieu de vie immédiat des enfants au moment du signalement en matière de mauvais traitements et reflète la plus petite unité de données démographiques du recensement disponible, représentant entre 400 et 700 personnes. Dans une ville, une AD peut être aussi granulaire qu’un grand immeuble d’appartements, un complexe de maisons en rangée, un pâté de maisons ou un cul-de-sac, tandis que dans une zone rurale, l’AD peut être beaucoup plus grand. Les données socioéconomiques des ministères et des pays comprenaient des variables qui ont été utilisées pour opérationnaliser le concept de vulnérabilité socioéconomique latente.

Le concept de vulnérabilité socioéconomique latente est un modèle de relation entre cinq variables observées selon des constructions économiques et sociales (Bartholomew, Knott et Moustaki, 2011). Cette construction latente a été établie à partir de l’élaboration antérieure d’un indice de défavorisation matérielle et sociale au Québec (Pampalon et al., 2012) s’appuyant sur les données du recensement de toutes les AD de la province, et a depuis été validée par une analyse des composantes principales, et utilisées dans les études sur les services de protection de la jeunesse et de la famille dans la province (Esposito, Roy, Chabot et Trocmé, 2017). Dans cette étude, nous avons adapté l’indice pour inclure les données du recensement concernant le revenu individuel, le revenu familial, le revenu du ménage, le chômage et le niveau de scolarité des parents. Les trois indicateurs de revenu ont été transformés avant la normalisation à l’aide du logarithme décimal, en soustrayant chaque revenu médian par la valeur provinciale maximale, de sorte que chaque augmentation unitaire représente une augmentation de la vulnérabilité au revenu, qui a ensuite été normalisée à l’aide du logarithme décimal permettant une répartition normale à l’échelle du Québec sur toutes les mesures du revenu.

Enfin, nous avons mesuré la densité de la population infantile à l’échelle communautaire telle que le nombre d’enfants âgés de 0 à 17 ans au kilomètre carré. Les variables de densité de population d’enfants ont été calculées à l’aide des données sur la population d’enfants fournies par le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, et de la taille géographique tirée des fichiers de formes ArcGIS pour la province de Québec.

Constatations

La densité de la population d’enfants dans les aires de diffusion au Québec montre une grande variation des régions géographiques contenue dans les AD, illustrant les différences dans la façon dont les enfants côtoient d’autres familles. La géographie de la population du Québec est très variable, une grande partie de la population de la province étant regroupée autour des régions métropolitaines de Montréal et de Québec, le reste de la population étant semi-rurale ou assez éloignée. La vulnérabilité socioéconomique variait également considérablement d’une région à l’autre, avec un indice minimal de −4,177 représentant les administrations ayant les familles à risque socioéconomique le plus faible et un score maximal de 3,78 représentant les administrations présentant un risque socioéconomique plus élevé.

Nos analyses concernant l’intervention des services de protection de la jeunesse dans les AD au Québec ont montré que les deux résultats mesurés en matière de protection de l’enfance (c.-à-d. la compromission de la sécurité ou du développement liée à la négligence envers les enfants de 0 à 9 ans, et le placement à l’extérieur du foyer pour les enfants de 0 à 17 ans) sont associés à la diversité géographique selon la densité de la population et la vulnérabilité socioéconomique.

La figure 1 montre qu’à mesure que la densité de la population d’enfants diminue, les taux d’intervention en matière de protection de l’enfance pour des raisons de négligence augmentaient (voir la figure 2). Le taux moyen d’intervention en matière de protection de l’enfance pour des raisons de négligence dans les petites régions les moins peuplées d’enfants était de 27,1 pour mille, ce qui est 4,4 fois plus élevé que le taux moyen (6,1 pour mille enfants) dans les petites régions géographiques les plus densément peuplées de la province (figure 1). Il est important de noter qu’à mesure que la densité de population diminuait, la relation linéaire entre le concept de vulnérabilité socioéconomique latente (représentant la pauvreté, l’emploi et le niveau d’éducation dans un territoire) et la probabilité d’intervention de la protection de l’enfance liée à la négligence devenait plus forte (figure 1). Plus précisément, dans les régions les moins peuplées, la corrélation (r) entre la vulnérabilité socioéconomique et l’intervention de la protection de l’enfance pour des motifs de négligence était de (r = 0,292, p = < 0,001). Dans les zones géographiques les plus densément peuplées, cette corrélation (r) était de (r = 0,212, p = < 0,001). Ainsi, la densité de population atténue l’effet de la vulnérabilité socioéconomique sur l’implication des services de protection de l’enfance pour des raisons de négligence.

Figure 1

Relation entre la vulnérabilité socioéconomique et le taux d’intervention en matière de protection de l’enfance pour négligence chez les enfants âgés de 0 à 9 ans, selon la densité de la population infantile au kilomètre carré

Relation entre la vulnérabilité socioéconomique et le taux d’intervention en matière de protection de l’enfance pour négligence chez les enfants âgés de 0 à 9 ans, selon la densité de la population infantile au kilomètre carré

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De même, la figure 2 montre qu’à mesure que la densité de la population infantile diminuait, les taux de placement en protection de la jeunesse augmentaient. Le taux moyen de placement dans les petites régions les moins peuplées d’enfants était de 7,66 pour mille, ce qui est 424 fois plus élevé que le taux moyen (3,13 pour mille enfants) pour les petites régions géographiques les plus densément peuplées de la province (figure 2). Comme pour les résultats présentés dans la Figure 1, à mesure que la densité de la population diminuait, la relation linéaire entre la vulnérabilité socioéconomique et la probabilité de placement devenait plus forte (figure 2). Plus précisément, dans les petites régions les moins peuplées, la corrélation (r) entre la vulnérabilité socioéconomique et le placement était de (r = 0,294, p = < 0,001). Dans les zones géographiques les plus densément peuplées, cette corrélation (r) était de (r = 0,2 61, p = < 0,001). Ainsi, la densité de la population atténue également l’effet de la vulnérabilité socioéconomique sur le placement dans le cadre de la protection de la jeunesse.

Figure 2

Relation entre la vulnérabilité socioéconomique et le taux de placement en matière de protection de l’enfance chez les enfants âgés de 0 à 17 ans, selon la densité de la population infantile au kilomètre carré

Relation entre la vulnérabilité socioéconomique et le taux de placement en matière de protection de l’enfance chez les enfants âgés de 0 à 17 ans, selon la densité de la population infantile au kilomètre carré

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Ces résultats reflètent et confirment les constatations antérieures quant à la pertinence des contextes entourant les familles pour contribuer au risque d’intervention des services de protection de la jeunesse au Québec. Les résultats confirment également une relation entre la pauvreté et les régions géographiques dans lesquelles vivent les familles en ce qui concerne le risque de participation exceptionnelle aux services de protection de la jeunesse, relation que nous explorons plus en détail dans la discussion ci-dessous.

Discussion

Les résultats empiriques présentés dans cet article renforcent la nécessité de reconnaître la diversité des situations dans lesquelles les enfants sont identifiés comme étant à risque de voir leur développement compromis. Lorsque l’on examine comment les services de protection de l’enfance interviennent auprès des familles perçues comme vulnérables, il est nécessaire de reconnaître les différentes expériences vécues selon les zones géographiques. Lorsque la protection de l’enfance est une intervention exceptionnelle de dernier recours plutôt qu’une source proactive de soutien familial, l’objectif est de minimiser les préjudices plutôt que de promouvoir le bien-être. Cependant, cette position limite les mesures quant à l’évaluation et à la satisfaction des besoins familiaux. En tant que système en aval de dernier recours doté d’un mandat unique, le service de protection de l’enfance lui-même ne peut pas remplir une fonction préventive pour favoriser le bien-être de la famille. Par conséquent, il est nécessaire de mieux comprendre les familles impliquées dans les services de protection de l’enfance afin qu’elles puissent accéder à un soutien avant même d’être assujetties à un rapport des services de protection de l’enfance. Alors que les familles impliquées avec les services de protection de la jeunesse sont souvent orientées vers des services de soutien après l’évaluation des besoins, la protection de l’enfance n’est pas équipée pour garantir l’accès aux services sociaux. En l’absence d’un mécanisme de suivi, l’aiguillage des travailleurs de la protection de l’enfance vers d’autres services ne remplace pas un système préventif fonctionnel de soutien à l’enfance et à la famille. Les décideurs ont donc l’occasion de mieux comprendre la pauvreté dans toutes les zones géographiques et ses implications pour l’intervention des services de protection de la jeunesse.

Cette étude démontre que les familles québécoises vivant dans des environnements à faible densité de population et ayant des facteurs de risque socioéconomiques plus élevés sont plus susceptibles de faire face aux services de protection de la jeunesse, comme en témoignent les interventions pour cause de compromission de la sécurité ou du développement en raison de la négligence chez les jeunes enfants (de 0 à 9 ans) et le placement hors du foyer familial pour tous les enfants (de 0 à 17 ans). Plus précisément, les résultats montrent que vivre dans une zone très peuplée aide à réduire le lien entre la vulnérabilité socioéconomique et l’intervention des services de protection de la jeunesse. En tant que telle, la densité de population peut servir de tampon à l’effet de la pauvreté sur l’intervention accrue de la protection de la jeunesse. Les résultats de cette étude s’ajoutent à un nombre croissant de recherches empiriques montrant un risque différentiel de faire face aux interventions de la protection de l’enfance pour les familles vivant dans la pauvreté, l’instabilité et d’autres facteurs géographiques (Ben-Arieh, 2010 ; Chandler, Austin et Shanahan, 2020 ; Coulton, Richter, Korbin, Crampton et Spilsbury, 2018 ; Coulton et al., 2007 ; Drake et Pandey, 1996 ; Maguire-Jack et Font, 2017a, 2017b ; Slack, Holl, McDaniel, Yoo et Bolger, 2004). Cependant, les études empiriques sur les environnements entourant les familles doivent aller au-delà des notions descriptives suggérant que le contexte influe sur les familles pour aller vers une compréhension de la façon dont il le fait. Les résultats présentés dans cet article soulèvent d’autres questions concernant la recherche, la pratique et les politiques publiques liées à la protection et au bien-être des enfants et des familles partout au Québec. Plus précisément, se posent les questions de comment les recherches futures peuvent-elles expliquer quand, comment et pourquoi la pauvreté et la densité de population sont associées au risque de protection de l’enfance – et, surtout, comment les politiques provinciales peuvent être améliorées en s’appuyant sur les réponses à ces questions.

Afin d’appliquer de manière responsable les résultats de la recherche afin d’éclairer les améliorations apportées aux services de soutien et de prévention aux enfants et aux familles au Québec, le rôle des quartiers dans les risques liés à la protection de l’enfance doit être étudié en profondeur. Les résultats de cet article illustrant l’effet protecteur de la densité de population sur les résultats de la protection de l’enfance peuvent être dus à un certain nombre de facteurs différents. Par exemple, les familles vivant dans des régions éloignées peuvent avoir de la difficulté à accéder à des services de soutien formels pouvant réduire la probabilité qu’elles entrent en contact avec le système de bien-être de l’enfance. La recherche a montré que les problèmes d’accessibilité aux services dans les régions éloignées sont multidimensionnels et peuvent être liés à une distance accrue des services, à la difficulté de recrutement et de rétention du personnel, à des possibilités de formation et de traitements fondées sur des données probantes limitées, à un sous-financement chronique des services pour les familles autochtones, ainsi qu’à des obstacles culturels (Clary, Ribar et Weigensberg, 2020 ; Dussault et Franceshini, 2006 ; Portail d’information sur le bien-être de l’enfance, 2018). À leur tour, les retards dans l’accès aux services ou le manque de qualité et d’adaptabilité des services peuvent rendre difficile pour les parents le respect des délais stricts imposés pour le bien-être de l’enfance, augmentant ainsi le risque d’escalade de l’intervention et du placement (Raphel, 2012). Ainsi, les mesures mises en place pour réduire ces obstacles – y compris l’augmentation des dépenses pour un plus large éventail de services, l’investissement dans le bien-être de la main-d’oeuvre, une plus grande souplesse dans le travail avec les familles vivant dans des régions éloignées – seront nécessaires pour atténuer l’impact de la pauvreté sur l’intervention des services de protection de la jeunesse dans les collectivités éloignées. Ces résultats sont conformes à un nombre récent et croissant d’études qui suggèrent que l’accessibilité des services atténue l’impact de différents facteurs de stress sur la maltraitance des enfants (Maguire-Jack et Negash, 2016) et que le manque de dépenses pour les services de soutien est lié à de pires résultats pour les enfants qui sont les plus à risque d’intervention des services de protection de l’enfance (Bennett et al., 2021 ; Webb, Bennett et Bywaters, 2022 ; Webb, 2022).

Au-delà de l’accès aux services, une autre raison pour laquelle la densité de la population peut aider à réduire l’impact de la pauvreté est que les familles vivant en région sont plus éloignées des relations de soutien significatives pouvant réduire le risque d’intervention des services de protection de l’enfance. Comme dans le cas de la disponibilité des services sociaux, la proximité des liens sociaux peut servir de tampon aux effets du stress sur les comportements parentaux négatifs en augmentant les capacités d’adaptation des parents (Lakey et Cohen, 2000). Les travailleurs sociaux pourraient en tenir compte dans leurs interventions en aidant à bâtir un réseau de soutiens informels pouvant contribuer à briser l’isolement ressenti par certaines familles. Il pourrait s’agir d’encourager la mise en oeuvre d’activités récréatives ou de carrefours sociaux dans la collectivité afin d’accroître les possibilités de liens sociaux.

Compte tenu de la nécessité évidente de mieux documenter les disparités en matière de protection de l’enfance, des analyses longitudinales plus granulaires sur plusieurs plans sont nécessaires pour examiner les variations dans les domaines de la protection de l’enfance à l’intérieur des unités géographiques d’analyse. Jusqu’à présent, les études québécoises n’ont pas examiné directement l’accès aux services dans toutes les régions géographiques en raison des difficultés liées à la disponibilité des données pertinentes. D’autres études liées à l’utilisation des services pourraient rendre compte du potentiel préventif des services de soutien au Québec. De plus, et surtout, une meilleure compréhension de la pertinence des services disponibles pour différentes populations selon les régions géographiques du Québec peuvent également fournir des résultats importants concernant les familles à risque d’être impliquées dans le système de protection de l’enfance. La compréhension qu’ont les familles de leur propre situation doit être considérée comme un aspect important d’une approche empirique robuste pour saisir les risques liés à l’intervention de la protection de l’enfance. Les efforts de recherche collaborative et communautaire, en particulier en ce qui concerne les enfants et les communautés qui sont surreprésentés dans les services de protection de l’enfance, mèneront à des données plus significatives permettant de mieux contextualiser les expériences familiales contrairement aux études quantitatives seules (Castleden, Morgan et Lamb, 2012 ; Centre de gouvernance de l’information des Premières Nations, 2014 ; Sinha, Delaye et Orav-Lakaski, 2018).

Les dépenses sociales considérables au Québec par rapport à d’autres juridictions canadiennes et internationales soulèvent des questions stratégiques nuancées sur l’allocation des ressources compte tenu des niveaux élevés et disproportionnés de participation des familles aux prises avec des difficultés socioéconomiques dans le système de protection de la jeunesse. Malgré la disponibilité de nombreuses prestations universelles financières et de services de soutien pour les familles, quel soutien manque-t-il à ces dernières ? À qui s’adressent les programmes de services sociaux ? À qui sont-ils accessibles ? À qui sont-ils bénéfiques ? Nous interprétons nos résultats pour confirmer que les besoins familiaux eux-mêmes sont divers, variant grandement selon les contextes et selon les facteurs familiaux individuels (Esposito et al., 2017a). Plus précisément, nos résultats suggèrent que les services sociaux pourraient être moins disponibles ou accessibles aux familles vivant dans des régions éloignées. Là où ils existent, les politiques publiques et les programmes de soutien axés sur la prévention semblent ne pas correspondre aux besoins des familles locales. Les récents appels en faveur d’approches nouvelles et alternatives au bien-être des enfants découlent d’une préoccupation selon laquelle les services existants ne sont pas appropriés ou accessibles aux familles qui en ont le plus besoin (Dettlaff et al., 2020). Un manque d’adéquation entre les services disponibles et les besoins de la population locale peut nuire à l’efficacité de ces services pour prévenir l’implication des familles dans les systèmes de protection de l’enfance (Maguire-Jack et al., 2018).

Les appels actuels à des améliorations politiques en protection de l’enfance au Québec affirment qu’il est nécessaire d’améliorer la loi et la pratique du système de protection de la jeunesse lui-même (Plante, 2021). Cependant, les décideurs soucieux de leur budget devraient considérer qu’un financement et une attention supplémentaires accordés au système de protection de l’enfance renforceront l’intervention en aval dans les familles, probablement au détriment des services préventifs pour ces dernières bien avant qu’elles ne soient exposées à un rapport de protection de l’enfance. Du point de vue de « l’équité spatiale » où les services sont accessibles à tous, peu importe où ils vivent (Bennett, 1983), il est nécessaire de mieux comprendre les besoins de la population dans toutes les régions du Québec pour attribuer des services de soutien pouvant prévenir la nécessité d’une intervention exceptionnelle en matière de protection de l’enfance. L’évaluation méthodique des besoins sociaux à l’échelle de la population devrait tenir compte de la diversité géographique afin d’améliorer l’utilité et l’efficacité des ressources publiques allouées au soutien des familles au Québec. Une attention particulière aux caractéristiques des zones géographiques et des populations les plus à risque d’avoir affaire aux systèmes de protection de l’enfance peut indiquer des possibilités d’intervention en amont. Bien qu’une politique d’accès universel aux services soit importante, des services de conception universelle peuvent ne pas convenir à une population diversifiée dont les besoins ne sont pas les mêmes.

Cette étude s’est concentrée sur l’implication des jeunes enfants dans les services de protection de la jeunesse du Québec, compte tenu des résultats antérieurs selon lesquels la négligence est présente dans la majorité des cas de protection de l’enfance. Confirmant les résultats empiriques antérieurs selon lesquels les risques socioéconomiques et le manque de densité de la population sont liés à l’intervention de la protection de l’enfance et au placement en milieu familial pour des motifs de négligence, nous concluons cet article en réitérant l’importance de s’occuper des familles ayant des besoins chroniques (Trocmé et al., 2014), en particulier celles vivant dans des régions éloignées. Bien que les observations finales de cet article reflètent la possibilité de réduire ces cas de négligence grâce à un accès en amont aux services de soutien, cela devrait réduire les cas de violence familiale et d’autres risques physiques et psychologiques auxquels de nombreux enfants sont exposés. Ces cas persisteront et relèveront à juste titre du système de protection de l’enfance. Cependant, lorsque la pauvreté et le manque d’accès aux services d’aide peuvent conduire des familles à devoir faire face aux services de protection de l’enfance. Une attention particulière doit donc être apportée aux besoins familiaux et aux limites du système de protection de l’enfance seul pour les soutenir.