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Angel Vergara
Né en 1958 à Mieres, en Espagne, Angel Vergara vit et travaille à Bruxelles. Issu de l’immigration espagnole ayant fui le franquisme et la misère dans les années 1960, il a fait ses études artistiques à l’École de recherches graphiques, à Bruxelles. Il est aujourd’hui l’un des acteurs majeurs de la scène artistique belge. Ses oeuvres sont exposées dans les collections des musées de Belgique et de nombreuses autres institutions internationales. En 2011, il a représenté la Belgique à la Biennale de Venise, avec comme commissaire Luc Tuymans.
Ses derniers travaux, une série de peintures à l’huile sur toile, se présentent entre figuration et abstraction, perception et aveuglement, mémoire et hallucination. Bien qu’ils semblent prendre une direction nouvelle dans son oeuvre, il s’agit là d’une même saisie du monde sensible, par cette perception stratifiée, temporelle et transparente du réel que Vergara met en pratique depuis longtemps. Comme dans son travail sur verre et de vidéo peinture, chaque couche s’alimente ici de la précédente, chaque image s’ajoute à une autre, différente, et à son tour s’absente pour faire place à la suivante, qui à son tour en laisse apparaître une autre, et ainsi de suite.
La démarche de Vergara procure la sensation de se trouver devant une image paradoxale, un film ralenti à l’extrême oscillant entre fixité et mouvement. Chez lui, le résultat de l’oeuvre est aussi lié à la performance : ces peintures ont été « activées » par Straatman, l’alter ego de l’artiste qui opère dans l’espace public recouvert d’un drap blanc, et qui entreprend ses oeuvres dans la rue en y ajoutant une dimension multisensorielle, psychosociale et collective. Angel Vergara offre aux passants la possibilité de l’aider à finir l’oeuvre, en intervenant directement et librement sur celle-ci.
Les toiles et les films de Vergara commentent également l’influence de l’abondance des images qui nous submergent et qui bloquent les mécanismes psychologiques avec lesquels nous construisons notre réalité. La confrontation constante aux images médiatiques que nous subissons rend presque impossible la distinction entre la fiction et la réalité. Notre mémoire visuelle est encombrée et polluée. Par ses actions dans l’espace public et ses performances, Angel Vergara propose un autre rapport d’échange et de partage du sensible.