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Fort de son vécu comme consultant pour les collectivités en France, Henri Pornon veut diminuer les incompréhensions entre l’informatique et la géomatique. Ce livre se positionne dans l’axe « Management des systèmes d’information ». Il s’adresse tant aux informaticiens des directions des systèmes d’information (SI) qu’aux géomaticiens. Bien qu’il fasse référence à l’utilisation des termes en Suisse et au Québec, c’est un livre directement lié à la situation hexagonale des métiers et organisations. En appendice, quatre pages sont consacrées aux acronymes autant en anglais qu’en français. Malheureusement, les deux versions traduites ne sont pas connectées (par exemple CRM – client relations management n’est pas lié à GRC – gestion de la relation client), et les mots spécifiques à l’administration française sont entremêlés avec les sigles de portée mondiale. Mais la manière dont l’auteur traite les exemples riches (et anonymes) ouvre à une vision plus universelle. Les silos et les petites guerres entre services ne sont pas uniquement français, il faut le dire. Très peu d’ouvrages sur les SIG sont si bien étayés par des exemples concrets venant de la pratique. M. Pornon est un cas rare : un consultant qui publie son acquis de pratique.
Qu’est-ce que le lecteur québécois peut tirer de cet ouvrage ? Dans la première partie, Henri Pornon explique l’évolution des SIG en relation avec les services généraux d’informatique (SI). L’historique est bien pragmatique, rempli d’exemples. Il propose sa taxonomie de maturité, plutôt basée sur une intégration plus ou moins réalisée. Et il met en évidence les conflits entre l’individu et les niveaux collectifs. Pour tous ceux qui étudient les enjeux société-technologie, c’est fort utile.
En deuxième partie, l’auteur aborde le thème de son sous-titre : la dimension géographique du système d’information, vue du coté géomatique. Il constate que la géomatique s’occupe particulièrement des données et, parfois même, de la qualité et des métadonnées. Au moins, les géomaticiens en parlent, même si la pratique est souvent moins complète. Cette partie résume le secteur géospatial pour les praticiens des SI. Les détails sont particuliers à la France, mais la discussion sur les métadonnées résume les normes ISO de manière globale. À la fin, Pornon fait une synthèse de l’histoire du logiciel SIG du point de vue de l’architecture, assez originale mais pas très détaillée et documentée.
La troisième partie aborde la dimension géographique dans l’autre sens, à partir des SI. Elle vise aussi à convaincre les informaticiens de l’utilité de la dimension géographique, et des conséquences pour l’architecture de systèmes. La liste de formes informatiques est longue et variée, depuis le GRC/CRM jusqu’à la logistique et au patrimoine bâti. Les tentatives de solutions font ressortir plus d’inconvénients qu’elles ne résolvent de problèmes. Cette partie se termine avec le chapitre le plus long et détaillé sur l’architecture. C’est ici que Pornon essaie de convaincre à la fois les informaticiens et les géomaticiens des avantages des systèmes plutôt fédérés. Ce chapitre est bien à jour actuellement, mais je crains qu’il devienne rapidement obsolète.
Le livre se termine par un survol de l’aspect organisationnel, avec les démarches opérationnelles. Pornon a écrit sur les méthodes MERISE et UML, mais il n’insiste ici que sur l’importance de choisir. À la fin, il demande aux géomaticiens de s’organiser, un souhait qu’il formule avec des préoccupations « transatlantiques ».