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Voici un ouvrage d’actualité, en raison des Jeux olympiques de Londres en 2012, qui va intéresser les géographes, car il souligne comment s’est réalisée l’universalisation du sport tout en proposant des analyses précises sur quelques villes olympiques ayant accueilli les JO. Jean-Marc Holz, professeur émérite à l’Université de Perpignan, a rassemblé une dizaine d’auteurs, universitaires mais aussi experts et journalistes, et a organisé le livre en trois parties : la première intitulée « La planète olympique » rappelle la mondialisation des JO d’été et pose la question de l’Inde qui reste, parmi les grands pays, le moins concerné par l’olympisme ; la deuxième, « Villes et villages olympiques », propose des études de cas concernant Athènes en 2004, les villes alpines des jeux d’hiver, Barcelone en 1992 et les villages olympiques de l’arc alpin ; la troisième partie, « Espoirs et déceptions », présente plusieurs analyses sur l’environnement des jeux de Londres 2012 et l’organisation du Nord-Pas-de-Calais en base arrière, les préparatifs des JO d’hiver de Sochi 2014, l’échec des candidatures françaises, en particulier celle d’Annecy 2018. La large bibliographie regroupant 276 références en fin d’ouvrage et l’index des noms de villes seront utiles aux chercheurs et aux étudiants.
Notons que trois des auteurs d’articles ont soutenu une thèse concernant l’olympisme à l’Université de Besançon, sous la direction de Jean Praicheux, et deux d’entre eux sont chercheurs au Centre d’études du Comité international olympique (CIO) à Lausanne. Nicolas Chamerois offre un article très accompli sur la mondialisation des JO d’été en insistant sur la composition du CIO et son rôle d’organisateur, sur le programme olympique, sur l’élargissement de l’assise territoriale des jeux, mais aussi sur « la mondialisation ambiguë » qui valorise les résultats des grands pays développés et laisse peu de place aux pays en développement. Jean-Marc Holz mène une réflexion originale sur l’Inde, deuxième nation la plus peuplée du monde, qui n’occupe que la 50e place sur la scène olympique. Cette exception indienne est analysée et expliquée à partir d’éléments géographiques, géopolitiques, économiques et historiques, mais l’auteur pose la question d’un possible réveil de l’Inde olympique.
Adeline Henry étudie les résultats du projet urbain d’Athènes lié à l’organisation des JO de 2004 en soulignant les apports urbanistiques et touristiques et la diffusion d’une nouvelle image de la ville. Elle montre aussi l’absence de plan de gestion pour les grands équipements et la lourde facture laissée au pays après les jeux, qui participe à la crise budgétaire de 2009 de la Grèce. À l’opposé, Barcelone est souvent présentée comme une réussite en termes d’urbanisme durable, et Richard Pointelin démontre comment le quartier de la « Vila Olympica » a été réaménagé dans une perspective postindustrielle entraînant une gentrification tout en conservant une certaine mixité sociale. Jocelin Sébastiani analyse la construction des villages olympiques qui ont pris des formes variées lors des JO d’hiver dans les Alpes. Il souligne les évolutions, les usages et les réutilisations de ces villages depuis les jeux de Chamonix en 1924 jusqu’à ceux de Turin en 2006.
À ces articles, qui nous semblent les plus achevés, succèdent d’autres analyses plus succinctes, parfois écrites par des journalistes, qui ont cependant l’avantage de poser de vraies questions sur les aménagements des sites éloignés des villes olympiques ou sur les échecs de quelques candidatures aux JO. On peut regretter que l’ouvrage ne se termine pas par une conclusion d’ensemble proposant un bilan des acquis et ouvrant sur l’avenir des JO, mais au total, Jean-Marc Holz, qui signe ou cosigne cinq articles, propose un livre original, fondé sur des études empiriques de qualité. En offrant une nouvelle vision du fait olympique à partir de travaux bien documentés, ce livre démontre, si cela était encore nécessaire, que le fait sportif s’est imposé aux géographes pour appréhender les enjeux contemporains et territoriaux des activités et des aménagements qui lui sont liés.