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Introduction
En 1996, au cours des premières vagues de développement des réseaux Internet au sein des institutions universitaires et de leur utilisation encore timide par les anthropologues, Schwimmer (1996) notait la faible présence et le peu de diffusion des ressources anthropologiques sur le web. Au terme d’un recensement minutieux longtemps resté l’unique référence en la matière, il défendait l’hypothèse selon laquelle chercheurs et institutions semblaient peu enclins à développer la pratique des réseaux Internet dans la diffusion des savoirs et des savoir-faire anthropologiques. Il écrivait alors :
Seuls quelques départements ont établi une présence Internet substantielle. Ceux qui ont tenté de tels développements ne fournissent généralement qu’une liste des employés, des programmes d’études, des intitulés de cours et des calendriers. Seuls trois départements ont initié un plus grand effort : l’Université du Connecticut, l’Université d’Oxford et l’Université de Kent. Ils démontrent tous les trois une utilisation originale des potentialités offertes par le web et de la diffusion de liens hypertextes multimédia.
Schwimmer 1996 : 564[1]
La question de la diffusion électronique des savoirs anthropologiques, bien que peu médiatisée par les débats disciplinaires contemporains, n’est donc pas nouvelle. Alors que l’anthropologie des cyberespaces tendait à se développer sous l’impulsion de différentes écoles (voir les articles dans ce numéro), dans les premières années du XXIe siècle la question a été soulevée selon une perspective nettement pédagogique. Fagan (2000) défendait ainsi l’importance d’Internet dans un enseignement de l’archéologie caractérisé par un nombre d’étudiants en augmentation et les difficultés à recourir aux méthodes d’enseignement privilégiant le contact direct avec les artefacts. Il déplorait aussi la sous-théorisation des processus pédagogiques concernés. C’est presque simultanément que Trias i Valls (2000) proposait de mettre en place le premier diplôme en ligne d’anthropologie au sein duquel elle soulignait l’importance du matériel ethnographique audiovisuel dans le processus de transmission des savoirs ; elle y consacre actuellement une section de son site Shared and Open Anthropology : Visualising Anthropology Online (http://www.anthropology-projects.co.uk/). Durant la même période, le numéro de la revue Anthropology in Action dirigé par Pink, Kurti et Alfonso (2002) était consacré à la question de la pédagogie anthropologique virtuelle et visuelle en Europe. Dans ce numéro, Ardevol argumentait en faveur de l’enseignement en ligne de la discipline au regard de son expérience d’enseignant à distance à l’Open University of Catalonia (Ardevol 2002). Davis (2003), directeur exécutif de l’American Anthropological Association (AAA) présentait un projet visant à mettre en ligne résultats de recherches et ressources pédagogiques sur le site de l’association. Depuis le constat de Schwimmer, la donne a donc grandement évolué pour atteindre, à l’aube de l’année 2011, un état de fait inversé – mais tout aussi complexe – caractérisé par la mise en réseaux contemporaine des connaissances : celui de la surabondance et de l’inégalité des ressources dans le contexte à la fois académique et populaire de la multiplication des données anthropologiques sur la Toile. Nous tentons ici d’en cerner les principales dimensions[2].
L’état des ressources anthropologiques sur Internet
Au cours de la dernière décennie, l’évolution du nombre de ressources anthropologiques disponibles en ligne n’a eu de cesse que de répondre à celle de la mise en réseau toujours plus rapide des informations. Mis en abîme par le développement des programmes d’enseignement à distance développés par les départements d’anthropologie de nombre d’institutions universitaires, l’univers Internet devient ainsi une plate-forme de visibilité, d’interactivité et de transmission des savoirs, à l’heure même de son entrée comme objet-sujet de la discipline. Prolongeant le premier état des lieux de 1996 sur la nature et la quantité des ressources anthropologiques disponibles sur le web, cet article propose de discuter leur développement, leur qualité et leur portée scientifique. Il sera surtout l’occasion d’interroger les dynamiques épistémologiques à l’oeuvre dans les processus de transmission des savoirs anthropologiques sur Internet.
Le recensement présenté dans cet article fait suite à une enquête réalisée de février à mars 2010 sur les réseaux Internet, organisée en trois étapes : tout d’abord, une recherche sur le moteur de recherche Google à l’aide de mots-clés et de combinaisons de mots-clés, en français, en anglais et en espagnol. Les combinaisons ont associé chaque fois les termes « anthropologie » et « ethnologie » à des notions spécifiques[3]. La seconde étape a consisté en une sélection des sites au sein du vaste échantillon obtenu, en fonction de différents critères : la pertinence et la qualité scientifique du contenu, sa mise à jour régulière et l’absence de lien mort, l’identification de ses auteurs et la possibilité de les contacter, la récurrence du site dans les portails et les annuaires anthropologiques, la qualité de la langue et, dans la mesure du possible, l’absence de publicité. Dans cette perspective, nous n’avons retenu, pour la troisième étape de recherche consacrée à l’analyse approfondie du contenu des sites, qu’une faible proportion des sites recensés, soit le cinquième de l’échantillon.
À la suite des catégories composant l’univers Internet que relevait Robbins (1996), plusieurs ensembles de ressources ont été mis en évidence. Cet article explorera tour à tour, sur un mode inclusif jouant avec les échelles, les univers typologiques souvent poreux formés par les ressources pédagogiques, les sites professionnels, les ressources bibliographiques et audiovisuelles, les sites muséologiques, les sites consacrés aux peuples autochtones et les sites militants. L’étude présentée vise moins l’exhaustivité absolue et illusoire de la recension que l’identification des principales catégories de ressources qui ouvrent toutes – le déroulement de la recension l’illustrera – un questionnement épistémologique lié aux représentations de la discipline anthropologique sur le web.
Univers 1 : les cyber-ressources pédagogiques en anthropologie
La catégorie des ressources pédagogiques se décline différemment selon leur origine académique. D’approches et de contenus divers en fonction des objectifs et du public visés, elles ont la particularité de se présenter comme des plateformes principalement anglophones qui ont pour objectif de proposer aux enseignants et/ou aux étudiants des outils d’enseignement et d’apprentissage, plutôt que d’interroger la pédagogie à l’oeuvre dans la transmission des savoirs méthodologiques et épistémologiques.
La galaxie pré-universitaire
Au coeur de la myriade de pages, on note le développement de cours d’introduction de niveau pré-universitaire, secondaire et primaire (incluant la maternelle) à l’intention des enseignants. Au centre de ces initiatives, le site du DART (Digital Anthropology Resources for Teaching) fait figure d’exception, à la fois par la qualité des données présentées et la perspective réflexive de son contenu. Initiative conjointe de l’Université Columbia et de la London School of Economics visant à explorer et à développer le potentiel des réseaux dans l’enseignement non-gradué de la discipline, le site propose aux enseignants un annuaire de sites de référence, ainsi qu’un ensemble de ressources accessibles par thème et par aire culturelle (http://www.dart.columbia.edu/main/). Dans une perspective moins réflexive, citons la page « Anthropology : Lesson Plans » du site américain de l’EDSiteMent (National Endowment for the Humanities) qui propose une douzaine de cours d’introduction à l’anthropologie pour les jeunes étudiants du jardin d’enfants à la fin du primaire (http://edsitement.neh.gov/tab_lesson.asp?subjectArea=1&subcategory=1), le site britannique Discover Anthropology géré par le Royal Anthropological Institute prodiguant conseils et ressources pour l’enseignement de l’anthropologie aux niveaux pré-universitaires (http://www.discoveranthropology.org.uk/for-teachers/teaching-resources.html), ou encore le site Discovering Social Anthropology in Galicia qui met à disposition en ligne le matériel publié par Hann (2000) dans son ouvrage Teach Yourself Social Anthropology sous la forme d’un programme de sept semaines (http://www.era.anthropology.ac.uk/Teach-yourself/index.html).
L’ensemble de ces sites met en scène une discipline peu spécialisée dont le principal mandat est d’illustrer et de développer la notion de diversité culturelle. La définition de l’anthropologie proposée en filigrane englobe les approches socioculturelles, mais aussi historiques, archéologiques et biologiques des peuples. Le système opère toutefois une nette différence entre les sites de niveaux maternel, primaire et secondaire d’une part, et les sites pré-universitaires d’autre part, beaucoup plus spécialisés et souvent structurés par thématique et/ou approche conceptuelle.
La galaxie universitaire
La galaxie des sites pré-universitaires se trouve prolongée par le système en développement composé par les sites directement extraits de programmes universitaires rendant accessibles en ligne un tutoriel, une introduction à une notion, un concept ou une théorie. Les sites universitaires ont la caractéristique de s’adresser non plus à l’enseignant, mais directement à l’étudiant. Ils ont tendance à se multiplier avec les années, parallèlement au développement de plateformes Internet consacrées aux programmes à distance, à l’instar de ceux proposés par le département d’anthropologie de l’Université Laval sur la plate-forme WebCT en cours de transformation, ou de l’Université du Québec à Montréal avec Téluq. Certains départements développent de manière plus spécifique des rubriques virtuelles proposant des dictionnaires anthropologiques, à l’instar du glossaire des termes de parenté A Kinship Glossary : Symbols, Terms and Concepts, développé par Dean Murphy du Département d’anthropologie de l’Université d’Alabama (http://web.as.ua.edu/ant/Faculty/murphy/436/kinship.htm).
Au coeur de ce système, la définition de la discipline anthropologique est directement déterminée par la politique départementale afférente. Les sites sont structurés par les domaines de la discipline enseignés et, le cas échéant, par les courants épistémologiques dominants.
Alors que les sites universitaires consacrent très généralement une section à l’éthique de la recherche et aux institutions associées, ils ne prennent étonnamment que rarement en charge la transmission des savoirs méthodologiques liés à la pratique anthropologique. Les pages web consacrées à la méthodologie de la recherche émanent plus souvent de sites d’associations d’anthropologues nationales et transnationales. Parmi eux, citons la riche section du site de l’ASA (Association of Social Anthropologists of the UK and Commonwealth) entièrement consacrée à la conduite éthique et méthodologique de la recherche sur différents terrains (http://www.theasa.org/ethics.htm), ainsi que le site de l’American Anthropological Association (http://www.aaanet.org/committees/ethics/toc.htm).
La galaxie des annuaires pédagogiques
Notons l’omniprésence contemporaine des sites d’annuaires et de portails selon les catégories abordées. Il semble utile, dans cette perspective, de souligner la pertinence d’un système encore peu développé, composé de sites annuaires qui listent et discutent la qualité des cyber-ressources pédagogiques. Issus d’initiatives principalement britanniques et états-uniennes, ils émergent moins des grandes institutions universitaires[4] que d’institutions éditoriales et muséologiques. Au sein de cette galaxie se démarquent par leur qualité les pages du Musée national d’histoire naturelle Smithsonian (http://www.si.edu/research/), de la maison d’édition spécialisée dans les ouvrages pédagogiques Allyn and Bacon de la filiale Pearson Education (http://www.ablongman.com/anthroexperience_demo/index2.htm), ainsi que certaines rubriques des sites produits par des réseaux d’étudiants post-gradués et de professionnels de l’anthropologie, à l’instar de l’Anthropological Matters Journal (association officielle des étudiants gradués de l’ASA) et de son site à visée pédagogique (http://www.anthropologymatters.com/index.html).
Au terme de ce premier survol, il semble difficile de structurer cet univers pédagogique par discipline et sous-disciplines de l’anthropologie. Il en ressort plutôt une spécialisation croissante de la discipline, non pas en regard des domaines thématiques d’enseignement, mais plutôt du type d’outils pédagogiques requis selon le niveau des étudiants – pour lesquels la notion d’aire culturelle et ses variations demeure centrale. L’analyse épistémologique de ces outils établirait un certain nombre de pistes intéressantes relativement aux définitions pré-universitaires de l’anthropologie.
Univers 2 : les outils des professionnels de l’anthropologie
Le second ensemble dans l’univers anthropologique contemporain d’Internet porte sur les sites proposés par et pour les différentes catégories de professionnels de la discipline. Les modèles le composant comprennent le développement et la diffusion d’outils relatifs à la pratique disciplinaire des anthropologues évoluant dans les milieux universitaires et non-universitaires (gouvernements, associations, entreprises de consultants, etc.). S’il va de soi qu’un certain nombre de références, à l’instar des sites des départements universitaires, offrent des ressources variées à l’intention d’un public composé d’étudiants, d’enseignants et de chercheurs, nombreuses sont aujourd’hui les pages à être directement pensées comme de véritables outils de travail.
La galaxie des annuaires d’institutions universitaires
Complétant l’univers à vocation pédagogique, nous débutons, pour ouvrir le système professionnel, la galaxie poreuse et dynamique des annuaires et des portails. Les annuaires listant les départements d’anthropologie sont particulièrement appréciés des étudiants et des professeurs en recherche d’emploi. La page anglophone « Academic Departments », tirée du site ArchNet et développée par l’université de l’Arizona pour la discipline archéologique, propose ainsi une liste de noms et d’adresses Internet de plus de 600 départements d’anthropologie, d’ethnologie, de sociologie et d’archéologie (http://archnet.asu.edu/institutions/Selected_Institutions/Academic%20 Department.php). Le site GradSchools offre de la même manière, avec sa page « Anthropology Graduate Programs », une liste quasi-exhaustive des départements d’anthropologie aux États-Unis, ainsi que plusieurs références de départements étrangers (http://www.gradschools.com/Subject/Anthropology/20.html). L’Université de Waterloo (Ontario) a développé le pendant pour le Canada avec le répertoire anglophone « Canadian Departments of Anthropology » (http://anthropology.uwaterloo.ca/departments.html).
La galaxie des annuaires anthropologiques
Annexe de la constellation précédente, le système rassemblant les annuaires électroniques propose plusieurs inventaires spécialisés de sites anthropologiques classés par catégories et accessibles au moyen de liens hypertextes. Parmi ces sites, la page d’Academic Info « Anthropology Gateway – Directory of Online Anthropology Resources » met en ligne des publications scientifiques en anthropologie sociale et culturelle et en anthropologie physique, ainsi qu’une liste des organisations professionnelles de la discipline (http://www.academicinfo.net/anth.html). Dans un registre semblable, le site Anthropology Resources on the Internet recense par catégories les sites consacrés à l’anthropologie (départements universitaires, documentation, centres de recherche, etc., http://www.anthropology-resources.net/Contents/contents.html). La plupart des sites de ce système sont administrés au moins par une institution universitaire, à l’instar du site Bubl Link, annuaire de ressources anthropologiques mis en place par l’Université de Glasgow (Écosse). Le site a la particularité de présenter, en plus de la liste de références, un bref commentaire de chacun des sites répertoriés (http://bubl.ac.uk/link/a/anthropology.htm). À la frontière des galaxies bibliographiques et audiovisuelles, le site Public Anthropology a été créé et développé par Borofsky de l’Université Hawai’i Pacific. Le contenu du site est varié, puisque ce dernier propose des liens vers différents périodiques électroniques, mais aussi des collections de livres, d’écrits scientifiques, de photographies anthropologiques et des lieux de discussions scientifiques entre anthropologues. Le site a été l’occasion pour Borofsky de développer un projet d’archives de résumés d’articles tirés des revues American Anthropologist[5], Current Anthropology et Human Organization. Débordant le cadre du simple annuaire, ce projet appelle la participation de tous les étudiants d’anthropologie des universités américaines et canadiennes (http://www.publicanthropology.org/index.htm).
La galaxie des sites associatifs
Un autre système dynamique de cet univers renvoie à la galaxie importante formée par les sites d’associations anthropologiques, galaxie qui s’est grandement développée durant les vingt dernières années. Ces sites associatifs offrent une quantité impressionnante d’informations ayant trait à l’actualité politique de la discipline, ainsi que des outils méthodologiques, éthiques et parfois épistémologiques et théoriques. L’un des sites les plus consultés du réseau est celui, déjà nommé, de l’AAA, qui propose aux internautes une définition de la discipline alliant l’archéologie, l’ethnolinguistique, l’anthropologie biologique et l’anthropologie culturelle. Il met en ligne des outils aussi variés qu’une rubrique de « développement professionnel », des publications, l’organisation de réunions et la structuration de groupes d’intérêts et de discussions (http://www.aaanet.org/). Un autre site à prétention multidisciplinaire est celui de l’Association canadienne d’ethnologie et de folklore (ACEF). Il a pour mandat de publiciser les activités professionnelles de l’ACEF. Régulièrement mis à jour par le Centre interuniversitaire sur les lettres, les arts et les traditions (CÉLAT) basé à l’Université Laval à Québec, il a pour caractéristique d’être bilingue français-anglais (http://www.celat.ulaval.ca/).
La galaxie repose, enfin et surtout, sur la myriade de sites d’associations et de centres de recherche à base régionale ou thématique, à l’instar du site d’actualités et d’informations français de l’Association d’anthropologie méditerranéenne (http://adam.mmsh.univ-aix.fr/Pages/default.aspx), du site hispanophone de l’Asociación de antropólogos iberoamericanos en red (association des anthropologues hispano-américains, http://www.aibr.org/antropologia/aibr/revistas.php), du site de l’Association des anthropologues du Québec avec un projet d’une base de données et d’un moteur de recherche regroupant les mémoires et thèses anthropologiques des universités québécoises (http://www.aanthq.qc.ca/), ou encore du site anglophone de la Société des anthropologues lesbiennes et gais (SOLGA, The Society of Lesbian and Gay Anthropologists), division de l’AAA fondée en 1988 en vue de promouvoir des colloques, des congrès et des communications, de développer du matériel didactique et de représenter les intérêts des membres lesbiennes et gais de l’AAA (http://www.uvm.edu/~dlrh/solga/index.html).
La galaxie des sites d’actualités
La consultation des sites d’annuaires conduit à un réseau en pleine expansion, celui des sites d’actualités anthropologiques. À titre d’exemple, on trouve le site américain Anthropology World News créé en 2007 et rattaché au département d’anthropologie de la plus ancienne université publique du Texas (Texas A&M University), qui propose des liens régulièrement mis à jour vers des informations pertinentes à la pratique anthropologique parues dans différents médias et revues (http://anthropology.tamu.edu/news/). De nombreuses pages de cette constellation relèvent aussi de sections anthropologiques (physique, sociale et culturelle) de revues scientifiques publiées en ligne, à l’instar du Science Daily (http://www.sciencedaily.com/news/fossils_ruins/anthropology/). Elles demandent dans la plupart des cas un abonnement, que peuvent contracter aussi bien institutions que particuliers.
La galaxie des pages biographiques
Absentes des recensions de Schwimmer (1996) et de Robbins (1996), l’ensemble des pages consacrées aux biographies d’anthropologues tend à se développer comme outil à la fois professionnel et pédagogique. Ces pages, encore peu nombreuses, consistent en une rétrospective de la carrière des principaux chercheurs ayant marqué la discipline. Elles sont généralement agrémentées de références bibliographiques, de commentaires sur les oeuvres et parfois de textes accessibles en ligne. Cette galaxie regroupe des sites généralistes, tels que le site anglophone Anthropology Biography Web (http://www.mnsu.edu/emuseum/information/biography/) créé et alimenté chaque semestre par les étudiants en anthropologie de l’Université de l’État du Minnesota (États-Unis), mais aussi des pages aux concepts plus spécifiques, à l’instar du site de l’Institut pour les études interculturelles fondé en 1944 par la fille de Gregory Bateson et Margaret Mead, Mary-Catherine Bateson. La section biographique du site propose des biographies, bibliographies, filmographies, revues de presse et liens pertinents strictement consacrés à l’oeuvre de ses parents (http://www.interculturalstudies.org/). Mentionnons enfin l’annuaire des anthropologues The Worldwide Email Directory of Anthropologists (WEDA) qui offre une base de données compilant des informations sur les références, les coordonnées et les champs de recherche d’anthropologues originaires de différentes régions du monde. Le site WEDA relève d’un projet basé sur le volontariat de ses membres : la structure et le fonctionnement du site visent à encourager la communication et la diffusion scientifique entre anthropologues. Hébergé par le département d’anthropologie de Buffalo (États-Unis), le site diffusait en septembre 2009 des informations concernant près de 2 804 institutions et 6 087 anthropologues professionnels (http://wings.buffalo.edu/WEDA/).
La galaxie des outils du Web 2.0
La dernière galaxie principale qui accompagne l’outillage Internet des professionnels de l’anthropologie comprend la myriade de blogues et de ressources liées au développement du Web 2.0, à l’instar de pages hébergées sur les sites de réseaux sociaux. Moins institutionnels dans leur forme, leurs responsables et leurs auteurs peuvent être variés (classes ou programmes d’étudiants, associations, mais aussi professeurs en activité ou retraités, départements d’anthropologie et/ou de sciences sociales et anthropologues plus « amateurs », y compris des passionnés de voyage et d’exotisme) et parfois difficilement identifiables. La qualité des ressources proposées dans cette catégorie est de ce fait plus inégale, mais leur nature est diverse et parfois originale.
Dans la catégorie des blogues tenus par des associations d’anthropologues et de chercheurs en sciences sociales, celui de l’American Anthropological Association a été créé à l’intention de ses membres et du grand public. Le blogue s’organise sous la forme d’un forum de discussion anglophone visant à débattre des sujets d’actualité de la discipline et à offrir au grand public un espace lui permettant de « poster » commentaires et questions concernant les activités de l’association. Les rubriques de discussion sont variées : « Comment devenir anthropologue et ce qu’ils font », « Combien de temps cela prend-il pour trouver un emploi » ou « La journée 2010 de l’anthropologie à Londres ». Le site propose par ailleurs des mises à jour régulières sur le désormais célèbre site de réseau social Twitter, annonçant ses activités et différents comités (http://blog.aaanet.org/).
Dans un registre plus informel, l’Anthroblogs est un site d’hébergement de blogues consacré à une communauté d’anthropologues relativement large et peu définie. Le site est administré par John Norvell, du Scripps College de Californie (États-Unis), dont l’objectif initial était d’encourager les internautes à rédiger et diffuser leurs réflexions consacrées à l’anthropologie. Dans la pratique, le site est éclectique quant à ses auteurs et à la qualité du contenu, mais il a le mérite de proposer de nombreux liens vers les blogues personnels d’autres anthropologues (http://www.anthroblogs.org/anthroblogblog/). À titre d’exemple, le blogue de Lorenz Khazaleh, un Suisse anthropologue de formation qui travaille comme journaliste à Oslo (Norvège), rassemble et met à jour plusieurs fois par semaine les actualités scientifiques et politiques de qualité en anthropologie sociale et culturelle (http://www.antropologi.info/blog/anthropology/).
Produit direct des sites de réseautage et de l’ère de la construction partagée et participative du savoir de type « wiki » (une approche controversée dans les milieux institutionnels de production des connaissances), mentionnons pour finir le site de réseautage anthropologique Open Anthropology Cooperative que ses concepteurs veulent ouvert à tout internaute désireux de « partager, débattre, collaborer et se créer des contacts » autour de la discipline anthropologique – dont une définition, ne serait-ce que succincte, est par ailleurs totalement absente du site (http://openanthcoop.ning.com/). Le site se présente comme de nombreux sites de réseaux sociaux : l’accès au réseau de blogueurs implique la création d’un compte et d’un profil personnels. Selon les statistiques de fréquentation publiées sur le site, le nombre moyen de visites entre le 30 juin 2009 et le 1er août 2010 aurait augmenté de près de 400 à 1 000 blogueurs par jour, illustrant la présence de plus en plus importante des sites de réseautage dans la diffusion des savoirs anthropologiques et le regroupement de ses professionnels.
Univers 3 : les cyber-ressources bibliographiques et audiovisuelles en anthropologie
L’univers web composant le réseau des ressources bibliographiques et audiovisuelles en anthropologie est majoritairement composé des sites de bases de données spécialisées, d’annuaires et de productions d’anthropologie visuelles. Il propose une définition de la discipline large par l’intermédiaire de ses productions scientifiques. Ces ressources sont sans conteste les plus consultées, à la fois par les étudiants et les professionnels de la discipline, pour des raisons alliant les économies de coûts liées à la consultation souvent gratuite de productions scientifiques en ligne, mais aussi la rapidité de l’accès et les économies de temps et de matériel. L’essor exceptionnel de ces sites depuis l’étude de Schwimmer (1996) tient notamment au récent contexte de l’édition scientifique qui encourage la diffusion en ligne des productions. Les revues scientifiques à faible tirage (dont celles rattachées aux universités) sont tout particulièrement touchées par ce contexte. Elles se résolvent, pour certaines, à mettre leurs archives en ligne, pour d’autres à autoriser l’accès à certains articles via les bases de données les plus fréquentées ou encore à ne produire que sur Internet. Depuis la myriade des bases de données spécialisées jusqu’à l’essor des sites de diffusions audiovisuelles, l’exploration de cet univers demeure donc lié à certains des principaux enjeux du contexte contemporain de diffusion des savoirs scientifiques.
La galaxie des périodiques scientifiques
Musset consacre un article récent à la question des pratiques de publication scientifique sur Internet, conditionnées par ce qu’il définit comme une « fièvre évaluative » (Musset 2010 : 2) obligeant les chercheurs à publier afin de satisfaire aux exigences de visibilité dans le monde académique, et soulignant ainsi les problématiques émergeant avec le développement intensif des sites de publication en ligne pour les anthropologues. L’ensemble des sites de périodiques anthropologiques s’est effectivement considérablement développé depuis le début des années 2000, devenant sans aucun doute l’univers le plus convoqué par les anthropologues sur Internet. La galaxie se compose de deux principaux systèmes : les sites de revues électroniques sans tirage papier, d’une part, et les sites de revues scientifiques bénéficiant d’un tirage papier et de la mise en ligne d’archives à l’accès réglementé, d’autre part. Le site bilingue (français-anglais) de la revue électronique Altérités a ainsi été mis en place par des étudiants post-gradués de l’Université de Montréal dans le but d’offrir aux étudiants en anthropologie une tribune de publication exclusivement électronique ouverte aux résultats de recherches en cours, ainsi qu’aux discussions théoriques, méthodologiques et éthiques. Le site de la revue fournit aux auteurs des informations relatives à la politique éditoriale, un guide de soumission et la liste des membres du bureau d’édition et du comité scientifique (http://www.alterites.ca/index.html). Le site AnthroGlobe Journal est quant à lui construit comme une revue multimédia et interactive dont le mandat est d’encourager, par un accès libre, la mise en place d’un « système électronique global » qui faciliterait et égaliserait la communication entre chercheurs. Les articles publiés proviennent de pays, de sous-disciplines et de courants épistémologiques variés de l’anthropologie. Le site comporte par ailleurs une rubrique encourageant les lecteurs à participer aux débats ouverts par les textes (http://www.anthroglobe.info/index.htm).
Dans une perspective disciplinaire plus ciblée, les sites de périodiques bénéficiant d’un tirage papier offrent parfois, avec ou sans abonnement, un accès à plusieurs numéros d’archives. Citons pour l’Amérique du Nord les sites de revues à problématiques spécialisées telles que Recherches Amérindiennes au Québec (http://www.recherches-amerindiennes.qc.ca/), Études/ Inuit/ Studies (http://www.fss.ulaval.ca/etudes-inuit-studies/), Anthropologie et Sociétés (http://www.ant.ulaval.ca/anthropologieetsocietes/), ou encore Current Anthropology (http://www.journals.uchicago.edu/toc/ca/current), et pour l’Europe le site de la revue française L’Homme, fondée en 1961 par Émile Benveniste, Pierre Gourou et Claude Lévi-Strauss, qui donne gratuitement accès à de nombreux textes intégraux (http://lhomme.revues.org/index.html).
La galaxie des portails et des répertoires de revues spécialisées
Prolongeant la constellation précédente, un certain nombre de plateformes d’hébergement de revues permettent un accès centralisé et rapide aux revues-clés de la discipline par catégories. Le Bulletin Amades, publication trimestrielle francophone de l’association Anthropologie médicale appliquée au développement et à la santé (Amades), est ainsi publié sur le portail de revues de sciences humaines Revues.org (http://www.revues.org/) qui, outre la mise à disposition de vingt années d’archives du bulletin, lui permet d’élargir son audience et d’accroître la visibilité des travaux anthropologiques en lien avec des actions ou problématiques de santé (http://amades.revues.org/index.html). Dans la même perspective, l’Université du Québec à Chicoutimi a initié le site Les classiques des sciences sociales qui met en ligne de nombreux articles anthropologiques (http://classiques.uqac.ca/). Citons enfin le portail canadien de revues scientifiques Érudit.org (http://www.erudit.org/), le site d’archives en sciences humaines et sociales Jstor (http://www.jstor.org/), le portail de revues universitaires Cairn.Info (http://www.cairn.info/) ou encore le site Biblioteca Luis Gonzalez : revistas de antropologia (http://www.colmich.edu.mx/biblio/index.php?option=com_content&task=view&id=82&Itemid=121) qui proposent tous une liste de périodiques internationaux en anthropologie. Lorsque l’accès aux ressources bibliographiques nécessite un abonnement payant, une connexion depuis une aire universitaire détenant les autorisations permet souvent un accès aisé aux différents périodiques accessibles via ces portails.
Alors que les recensions de Schwimmer (1996) et Robbins (1996) n’en faisaient pas encore état, les sites de bibliothèques spécialisées sont par ailleurs de plus en plus nombreux sur Internet. Le site hispanophone de la bibliothèque de l’Institut national d’anthropologie et d’histoire du Mexique propose ainsi une liste et une présentation des différents fonds d’archives pertinents pour la recherche anthropologique et historique (http://www.gobiernodigital.inah.gob.mx/mener/index.php?contentPagina=19) ainsi qu’un abonnement en ligne à certains d’entre eux. La page « Anthropological Index Online » met en ligne quant à elle un index basé sur le journal de la bibliothèque anthropologique du British Museum, approvisionné par de nombreux périodiques émanant de diverses branches anthropologiques et d’éditeurs internationaux. La base de données du site est offerte en usage éducatif à des fins non commerciales (elle est autrement dit accessible pour la recherche privée) et propose des abonnements pour les institutions académiques (http://aio.anthropology.org.uk/aiosearch/). De structure sensiblement différente mais de fonctionnement similaire, mentionnons enfin le réseau documentaire en ligne du Réseau ethnologie reposant sur la collaboration entre quatre bibliothèques : la Documentation du Centre de recherches bretonnes et celtiques, le Centre de documentation André-Georges Haudricourt, la Bibliothèque du Laboratoire d’anthropologie sociale et la Bibliothèque du Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative (Bibliothèque Éric-de-Dampierre). Ce site exclusivement francophone est orienté vers la production d’un catalogue commun sous la forme d’une base de données documentaire recensant en août 2010 plus de 130 000 notices bibliographiques (http://web.mae.u-paris10.fr/reseau_ethno/). À ce bref aperçu des sites de bibliothèques spécialisées s’ajoute enfin l’ensemble des sites des bibliothèques d’institutions universitaires disposant d’un département d’anthropologie. Parmi eux, celui de la Bibliothèque des sciences sociales de l’Université Laval (http://web.mae.u-paris10.fr/reseau_ethno/) est doté des bases de données Repère (pour les périodiques québécois) et Francis, ainsi que d’une bibliothèque virtuelle en expansion proposant la consultation de documents en ligne.
La galaxie audiovisuelle
Se démarquant très nettement des précédentes sections dans cet univers, la galaxie des références audiovisuelles a connu un développement sans précédent depuis une dizaine d’années. Pour illustrer ce contexte, le site Documentary Educational Resources produit et distribue des documentaires et des films ethnographiques d’origines variées. Le groupe a été fondé par des producteurs indépendants en 1968, qui se sont peu à peu spécialisés dans une perspective transculturelle par l’intermédiaire de films et de vidéos éducatifs (http://der.org/). Dans un esprit similaire, le site de la compagnie de production inuit Igloolik Isuma Productions baptisé IsumaTV a pour mandat de diffuser, dans un contexte de revendications culturelles, des productions autochtones. Le site tend aujourd’hui à développer des « chaînes » consacrées aux travaux et aux données recueillies par des anthropologues travaillant avec les communautés (http://www.isuma.tv) :
Ce que nous désirons faire, avec des projets comme la chaîne consacrée à l’anthropologue Bernard Saladin d’Anglure par exemple, c’est initier et développer le retour d’un certain nombre de savoirs (conférences, films, textes) dans les communautés. […] Avec l’Année polaire internationale et les subventions scientifiques qui ont suivi, les aînés ont été sollicités jusqu’à l’épuisement ! Mais ils n’ont pour la plupart jamais vu les résultats des études. Nous avons dans cette perspective pour mandat de numériser et de diffuser le savoir qui leur appartient. Cette numérisation […] nous permet aussi de développer des programmes et des outils pédagogiques à la demande de plusieurs écoles du Nord comme du Sud.
Rituit 2010 : 26-27
Dans un esprit tout aussi militant, la Mission du patrimoine ethnologique, qui relève du ministère de la culture et du conseil du patrimoine ethnologique français, a pour objectif de valoriser les recherches ethnologiques en France. En plus de publier la revue Terrain (dont les sommaires sont consultables en ligne) et des collections d’ouvrages, cet organisme soutient une production audiovisuelle variée accessible sur son site. Le site propose aussi des outils de documentation et d’information, tels que le Répertoire de l’ethnologie de la France (http://www.culture.gouv.fr/culture/mpe/mpe1.htm). Enfin, l’Office national du film du Canada propose un site bilingue (français-anglais) permettant le visionnement de plus de 500 documentaires et films ethnographiques produits par l’ONF. Parmi les nombreuses productions consacrées aux peuples autochtones, certaines sont réalisées dans une perspective ethnographique (http://www.nfb.ca/). Enfin, certains sites, à l’instar de celui de la FIFEQ (http://www.fifeq.ca/fr/) qui propose le visionnement en ligne de plusieurs courts-métrages ainsi qu’une liste de liens vers les institutions spécialisées dans l’anthropologie audiovisuelle, sont consacrés aux festivals de films ethnographiques.
Univers 4 : les sites muséologiques
La galaxie des sites muséologiques a la particularité de jouir d’un public particulièrement diversifié. Ressources incontestables de la pratique ethnographique contemporaine, ces sites visent en premier lieu à assurer la promotion d’institutions muséales auprès d’un public plus large que la stricte sphère des chercheurs en sciences sociales. La place centrale des collections matérielles et immatérielles dans les discussions anthropologiques récentes concernant la restitution de leur patrimoine aux populations concernées incite cependant de plus en plus d’institutions à consacrer une ou plusieurs rubriques à une perspective ethnographique des collections. L’implication contemporaine de la muséographie dans le développement des ressources ethnographiques se lit sur Internet à travers deux principales galaxies : celle, récurrente, des annuaires, et celle des institutions muséales.
La galaxie des annuaires muséologiques
Cette catégorie rassemble portails et annuaires d’institutions offrant des informations liées aux ressources muséales et muséographiques. Le déjà mentionné portail Anthropology Resources on the Internet consacre une page aux musées à perspective anthropologique à travers le monde (http://www.anthropology-resources.net/Contents/contents.html), de même que le site DMOZ, dont 31 entrées sont consacrées aux musées ethnologiques (http://www.dmoz.org/Reference/Museums/Science/Anthropology/) ou la page du portail Intute qui offre 21 entrées vers les musées d’anthropologie du monde anglo-saxon (http://www.intute.ac.uk/cgi-bin/search.pl?term1=anthropology&jacsheading=%&period=%&subject=%&rank=score&restype=Museums).
La galaxie des institutions muséales
La seconde constellation regroupe les sites directement conçus comme des vitrines d’institutions muséales. Le site du Musée du Quai Branly (Paris) propose ainsi des programmes interactifs permettant de visionner quelques objets des différentes collections du musée (http://www.quaibranly.fr/fr/collections/programmes-interactifs.html), ainsi qu’un certain nombre de « dossiers pédagogiques » consacrés aux collections et construits autour de thématiques à forte coloration anthropologique (« Image de l’Autre », « Mythe du bon sauvage », etc. : http://www.quaibranly.fr/fr/collections/programmes-interactifs/dossiers-pedagogiques.html).
Le développement du concept de musée virtuel sur Internet depuis une dizaine d’années a par ailleurs vu se multiplier l’accès aux ressources matérielles par traitement numérique en deux ou trois dimensions. Ainsi, le Musée virtuel du Canada propose des expositions virtuelles rassemblant des objets de différentes collections des musées canadiens. Parmi elles, les collections ethnologiques sont directement accessibles (http://www.museevirtuel-virtualmuseum.ca/Search.do?Ntk=SearchAll_FR&Ntx=mode%2Bmatchallany&Ntt=ethnologie&ex=on&lang=fr) et des plans pédagogiques sont proposés aux enseignants. Dans une perspective plus restreinte, le site de l’Institut culturel Avataq, organisme culturel des Inuit du Nunavik, rend accessible aux internautes ses trois principales collections : sa collection archéologique, son fonds d’archives et sa collection d’art inuit du Nunavik. Si l’institut ne fonctionne pas à proprement parler comme une institution muséale, le site donne accès, par l’intermédiaire de différentes bases de données, à de nombreuses pièces des collections sous la forme de photographies et d’informations contextuelles détaillées, ainsi qu’à des extraits audio d’entrevues et à de nombreuses photographies d’archives (http://www.avataq.qc.ca/).
La définition de la discipline anthropologique à l’oeuvre sur ces sites se charge alors d’une forte dimension ethnographique et opère un double mouvement : du discours ethnographique vers l’institution, d’une part – les sites faisant pour la plupart une utilisation au moins minimale de l’ethnographie dans la contextualisation des collections et du patrimoine présentés –, et des pratiques ethnographiques et muséographiques vers les producteurs de patrimoine, d’autre part. Ce processus de mise en valeur du patrimoine matériel et immatériel souligne l’importance significative de son traitement par le récipiendaire. La réflexion éthique qui sous-tend cette galaxie ouvre ainsi la voie aux deux derniers systèmes de notre recensement : l’univers des sites autochtones et celui des sites militants.
Univers 5 : les sites autochtones
Que ce soit dans une perspective politique, économique, culturelle ou encore écologique, le développement récent de nombreux sites autochtones a suivi celui de la diffusion élargie des revendications politiques des peuples. Il fait état d’intéressantes ressources en termes de perspectives autochtones concernant les histoires, les cultures, les langues ou encore les revendications identitaires problématisées dans le champ anthropologique dit des « études autochtones ».
La galaxie des portails et des sites d’annuaires
L’univers se compose de galaxies organisées autour des portails et sites d’annuaires, à l’instar du site Aboriginal Studies Virtual Library qui offre un accès à diverses ressources consacrées aux peuples autochtones d’Australie, allant des contextes historiques aux problématiques linguistiques, en passant par les questions des arts, de la culture et de l’organisation sociale, des religions et des relations interculturelles (http://www.ciolek.com/WWWVL-Aboriginal.html). Dans la même perspective, la section anthropologique du site Archaeolink. The Amazing Worlds of Archaeology, Anthropology, & Ancient Civilizations – History, Social Studies and More propose un index détaillé des peuples autochtones du monde, ainsi que des liens pour accéder aux différentes ressources les concernant (http://www.archaeolink.com/amazing_worlds_of_archaeology.htm). Le site Native Web émane de l’organisation éponyme à but non lucratif. Il diffuse des informations diverses consacrées aux peuples et institutions autochtones et fait la promotion de la communication et la transmission des savoirs entre nations. Le site se présente comme un répertoire de ressources électroniques organisé autour des différents peuples autochtones du monde (http://www.nativeweb.org/).
La galaxie des sites ethnographiques à base régionale
La consultation des portails précédemment présentés conduit à l’identification d’un premier ensemble de sites organisé autour d’une base régionale à plus ou moins grande échelle. Dans ce paysage, la plupart des pages émanent de projets de recherches anthropologiques et/ou d’initiatives autochtones à but informatif et à perspective ethnographique, à l’instar du site Alaska Native Knowledge Network qui compile des ressources consacrées aux peuples autochtones de l’Alaska et à leurs systèmes de transmission des savoirs. Le mandat du site vise à aider les agences gouvernementales et le grand public à la diffusion des connaissances des peuples autochtones concernés (http://www.ankn.uaf.edu/index.html).
Dans le contexte des sites construits sur l’initiative de chercheurs, mentionnons Arctic Circle, construit sur différents portraits ethnographiques de peuples autochtones de l’Arctique et sur des sujets d’actualité à teneur politique, sociale et économique les concernant (http://arcticcircle.uconn.edu/) ; le site de recherche et de documentation anthropologique consacré aux Aborigènes d’Australie et à la pratique ethnologique créé par Laurent Dousset du Centre de recherche et de documentation sur l’Océanie de l’Université de Provence en France (http://www.ausanthrop.net/french/) ; ou encore le site The Crees of Northern Quebec, émanant d’un projet ethnographique et photographique de Norman Chance et Paul Conklin de l’Université du Connecticut (http://arcticcircle.uconn.edu/HistoryCulture/Cree/creeexhibit.html). D’autres sites sont directement issus de projets de recherche universitaires, à l’instar de la base de données socioéconomiques pour le Nunavik Nunivaat (http://www.nunivaat.org/default.aspx) ou de celle d’Arctic Stat (http://www.arcticstat.org/) qui met à jour les données statistiques socioéconomiques consacrée aux peuples circumpolaires à partir de l’Université Laval. Ce type de site, directement consacré à la diffusion de données spécifiques, complète les ressources fournies par les sites gouvernementaux tels que Statistique Canada (http://www.statcan.gc.ca/start-debut-fra.html?gaw=08002).
Directement issu du web 2.0, soulignons, pour clore cette galaxie, la particularité du site NativeWiki, ouvert à la participation des internautes et consacré aux histoires et aux cultures autochtones du monde. Parmi les différentes sections proposées, la section « Documents et matériels » propose un index thématique des sujets d’actualité dans le domaine des études autochtones. Les auteurs du site ne sont pas identifiés, pas plus que leur formation et leurs perspectives d’enquête – d’où une série d’informations descriptives peu argumentées et de qualité souvent inégale. Son succès auprès des internautes est grand, puisque, depuis sa création en avril 2007, il propose actuellement 1 315 pages de contenu, plus de 1 180 fichiers médias et près de 2 500 auteurs contributeurs répertoriés (http://www.nativewiki.org/Main_Page).
La galaxie des sites autochtones à base locale
À la galaxie des sites régionaux à mandat ethnographique s’ajoute celle des très nombreux sites à base locale pensés, construits et administrés par les communautés elles-mêmes à l’instar, pour le Canada, des sites des nations atikamekw du Québec (Manawan : http://www.manawan.com/ ; Opitciwan : http://www.opitciwan.ca/ ; Wetomaci : http://www.wemotaci.com/) ; ou encore du peuple kwakiutl de Colombie-Britannique (http://www.kwakiutl.bc.ca/). Ces sites comportent tous une section où les peuples concernés sont présentés sous l’angle socioculturel, linguistique et historique.
En marge de cette galaxie, enfin, soulignons le timide développement de quelques sites construits sur l’apprentissage plus ou moins interactif des langues autochtones, à l’instar du site Tusaalanga qui propose un programme complet et progressif d’apprentissage de l’inuktitut (langue inuit) afin de pallier le manque de cours universitaires consacrés à son enseignement dans les facultés et départements de sciences humaines (http://tusaalanga.ca/). À la fois outil linguistique multidisciplinaire et pratique d’expression culturelle à part entière, le site fait encore figure d’exception dans le paysage du web, mais il rencontre déjà un certain succès dans les départements d’anthropologie conduisant des recherches avec les communautés inuit de l’Arctique canadien.
L’analyse approfondie de ces sites à vocation tant informative qu’identitaire – comme le suggère l’étude exploratoire de Morgado Dias Lopez (2010) consacrée aux enjeux politiques et identitaires de la représentation innue sur Internet – commence tout juste à être exploitée par les anthropologues[6]. Susceptibles de faire à elles seules l’objet de projets de recherche, soulignons les perspectives nouvelles que ces sites ouvrent à la discipline anthropologique en termes de terrain d’étude, mais aussi de construction épistémologique de la discipline dans un contexte de prise de parole politique et scientifique des peuples autochtones.
Univers 6 : les sites consacrés aux associations et organismes militants à base anthropologique
La dernière catégorie que nous présentons au terme de cette incursion est une extension presque conjointe de la précédente. Il s’agit de l’univers comprenant les sites d’organisations non gouvernementales, d’associations ou d’institutions constituées en tout ou partie par des anthropologues militants. Encore peu développée en regard des catégories bibliographiques ou autochtones, elle répond principalement à une épistémologie de la discipline anthropologique dite « engagée » ou « impliquée ». Les deux principales galaxies composant cet univers opèrent une définition spécifique de la pratique anthropologique et ethnographique en particulier, mêlée aux enjeux liés à la réflexivité épistémologique et au militantisme sociopolitique.
La galaxie des sites d’organismes militants à base anthropologique
Afin d’en cerner les principaux enjeux, voici trois exemples intéressants dans le système des sites d’organismes anthropologiques militants. La page du site du Groupe international de travail pour les peuples autochtones consacrée à la Coordination autochtone francophone semble particulièrement représentative d’une certaine perspective du militantisme à base anthropologique (http://www.gitpa.org/Coordination%20Frame%20.htm). Issu de l’initiative de différents acteurs autochtones et de quelques chercheurs, son conseil d’administration est composé de représentants de peuples autochtones francophones des Amériques, d’Afrique (du Nord, de l’Ouest et centrale) et du Pacifique, ainsi que de plusieurs anthropologues. La page propose notamment un répertoire d’organisations autochtones partenaires, ainsi qu’un ensemble de documents relatifs à la création de la Coordination. Cette page fait partie du site du Groupe de travail international pour les peuples autochtones (GITPA), organisation internationale à but non lucratif indépendante (branche francophone de l’IWGIA créée en 2003) regroupant chercheurs, anthropologues, militants et étudiants (http://www.gitpa.org/Qui%20sommes%20nous%20Frame%20.htm).
Dans une perspective semblable, bien que moins directement anthropologique, le site The Advocacy Project : Supporting Advocacy for Peace présente le mandat de l’organisation sans but lucratif Advocacy Project fondée en 2001 et regroupant un ensemble de professionnels militants à même d’apporter une aide spécialisée aux communautés définies comme « marginalisées », dans le but de les aider « à revendiquer leurs droits et induire un changement social » (http://www.advocacynet.org/page/epaf). Dans une perspective semblable, le site Cultural Survival. Promoting the Rights, Voices, and Visions of Indigenous Peoples annonce son mandat :
Pourquoi la survie culturelle ? Avant la fin de la journée, une personne autochtone sera tuée ou déplacée simplement parce qu’elle a une culture différente. Avant la fin du mois, une patrie autochtone sera déboisée, défigurée par une mine à ciel ouvert ou inondée suite à la construction d’un barrage. Avant la fin de l’année, des douzaines de langues autochtones auront disparu à jamais, emportant avec elles des visions du monde uniques et des éléments sans prix de la diversité humaine. Nous luttons pour abolir cette dévastation culturelle. Nous avons établi un partenariat avec les communautés autochtones pour protéger leurs terres, leurs langues et leurs cultures. Grâce à nos programmes et à nos campagnes nous les aidons à acquérir le savoir, les outils et les partenariats stratégiques dont ils besoin pour protéger leurs droits.
http://www.culturalsurvival.org/[7]
Si le site s’éloigne d’une vocation anthropologique à proprement parler, il présente des programmes linguistiques et culturels fournissant d’intéressants matériaux à la pratique d’une anthropologie appliquée. L’association compte dans son bureau de direction plusieurs anthropologues professionnels. Il relaye par ailleurs un ensemble de représentations concernant les problématiques culturelles aujourd’hui associées à la pratique anthropologique dans certains courants de vulgarisation de l’anthropologie appliquée.
Chacun de ces sites donne à voir une définition non plus de la pratique anthropologique, mais du statut de l’anthropologue qui, en tant que professionnel, peut être amené à s’impliquer personnellement dans une perspective active auprès des populations avec lesquelles il collabore. Les sites fournissent en cela moins des outils méthodologiques, des données substantielles ou des visées pédagogiques en lien avec la discipline, qu’un axe réflexif à portée épistémologique lié au milieu professionnel militant du chercheur en sciences sociales et des applications directes de ses recherches.
La galaxie des sites consacrés à la restitution des données
Au coeur de la galaxie militante, ou en appendice de cette dernière selon la construction des sites, on retrouve quelques sites directement consacrés à la restitution des données ethnographiques et anthropologiques en général, particulièrement intéressants par l’utilisation méthodologique qu’ils proposent des différents outils de l’univers Internet. Ce système a la caractéristique d’insuffler une triple dimension à la dynamique de diffusion des données : une diffusion d’information au sens large à destination des internautes, une diffusion spécifique de matériel ethnographique et éventuellement analytique à destination des étudiants et des chercheurs en anthropologie, mais aussi et surtout une restitution de résultats plus ou moins définitifs de la recherche aux communautés des participants.
Cette galaxie des sites de partage des résultats est encore peu présente dans le paysage du web en général mais cette approche suscite de plus en plus d’intérêt dans le cadre de recherches anthropologiques en partenariat avec les communautés autochtones. Le cas dans l’aire pacifique semble de ce point de vue exemplaire, avec le site Océanie.org (http://www.oceanie.org/accueil.html) développé par plusieurs anthropologues, dont Pierre Maranda de l’Université Laval (voir son entrevue avec J.J. Lévy dans ce numéro) et des résidents des îles concernées par la recherche. Dans une perspective semblable, le site consacré à la communauté rotumienne (http://www.rotuma.net/), dans laquelle les anthropologues Jan Rensel et Alan Howard ont longtemps travaillé, a été explicitement construit dans le but d’initier le retour de résultats de plusieurs années de recherche. Comme l’écrit Howard :
Mon implication renouvelée auprès des Rotumiens stimula mon désir de trouver un moyen de participer à la transmission de leur culture (que j’admire profondément) et un sens de la communauté dans leur diaspora. C’est avec cette idée en tête que je débutai l’élaboration d’une liste de diffusion en 1994. […] Ce projet était assez limité et se révéla insuffisant pour atteindre mon but : rendre accessible le matériel historique contenu dans nos publications professionnelles, des livres peu connus et d’anciennes archives. Lorsque je fus familier avec l’utilisation d’Internet, je décidai qu’un site serait un moyen bien plus efficace pour transmettre le sens de la communauté. En novembre 1996, je lançai le site Internet rotumien. […] Le site débuta modestement, incluant des informations générales sur les Rotuma (histoire, langue, population, culture, géographie) avec une sélection de photographies prises lors de nos plus récentes visites.
Howard 2008 : 140[8]
La seconde étape du site fut d’encourager les internautes rotumiens à ajouter eux-mêmes du contenu dans le but de participer à l’élaboration d’une mémoire historique et culturelle. Dans ce paysage, les initiatives de restitution proviennent paradoxalement de plus en plus de sites autochtones eux-mêmes qui proposent aux chercheurs une mise en ligne de leur matériel. Nous avons déjà mentionné le site de l’Institut culturel Avataq avec la mise en ligne d’une partie importante de ses collections archéologiques, muséologiques et ethnographiques. De la même manière, la compagnie de production Igloolik Isuma Productions initie, avec le site IsumaTV et ses différentes « chaînes » consacrées aux travaux anthropologiques de chercheurs, une réappropriation des résultats d’années de recherches dans les communautés (http://www.isuma.tv/).
Conclusion
Les principales catégories de sites dont Schwimmer et Robbins faisaient la recension en 1996 se retrouvent donc bel et bien dans l’univers contemporain d’Internet. Elles se sont toutefois grandement diversifiées, dynamisant ainsi les processus de transmission des savoirs anthropologiques et donnant naissance à de nouveaux ensembles de sites – à l’instar des vastes réseaux de sites annuaires et des systèmes directement issus des outils du web 2.0. Chercheurs, professeurs et étudiants ont aujourd’hui à leur disposition sur Internet un ensemble d’outils (pédagogiques et professionnels, théoriques et ethnographiques) et de nouveaux terrains d’étude. Ces tendances confirment la place de plus en plus importante des ressources web en anthropologie, mais aussi leur qualité inégale en raison de leur expansion rapide, de leur foisonnement et de leur diversité de formes, d’outils, de contenus, de sources, d’auteurs et de mises à jour.
Nous avons eu l’occasion de souligner, au cours de notre exploration, les variations importantes observées dans les définitions de la discipline anthropologique proposées au sein des différentes galaxies. Restreint à l’étude de la diversité culturelle, orienté vers une définition compartimentée en aires culturelles ou en écoles conceptuelles et théoriques, associé à une anthropologie militante ou reflétant la présence de plus en plus affirmée des groupes autochtones dans la recherche, le champ de l’anthropologie sur Internet fait la preuve de son dynamisme contemporain. Le développement de ces univers et de ces galaxies de ressources demande cependant à être mieux cerné, par des recherches plus spécifiques. La question se pose de savoir quelle est l’appropriation effective de ces sites par les anthropologues, étudiants et professionnels, mais aussi par les communautés concernées et par le grand public en général. Comment ces sites contribuent-ils à la transmission des savoirs méthodologiques et culturels ? Que révèlent-ils de la recherche en anthropologie ? Proposent-ils un discours épistémologique recevable sur la discipline ou reflètent-ils plutôt une mise en scène du champ anthropologique comme « science de l’exotisme » ? Ces questions démontrent la pertinence d’Internet comme espace de recherche, qui demanderait à être investi bien plus précisément que notre exploration ne l’a permis afin de mettre à jour, dans leurs spécificités, les dynamiques de transmission des savoirs anthropologiques et de construction épistémologique disciplinaire à l’oeuvre au sein de l’univers web.
Parties annexes
Notes
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[1]
Notre traduction.
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[2]
Dans ce texte, nous n’avons pas traité d’Internet dans les recherches anthropologiques. Pour une bibliographie sur cette question, voir le site Computer Mediated in Anthropology (http://anthropology.usf.edu/cma/cmabib-anthro-na.htm), consulté le 14 octobre 2010. Les adresses des sites relevés et leur accessibilité ont toutes été revalidées en date du 20 octobre 2010. À cause du caractère dynamique du réseau Internet et du cyberespace, les auteurs ne peuvent garantir la pérennité des adresses présentées dans cet article.
-
[3]
Dont « tutoriels », « ressources pédagogiques », « musée », « actualité », « éthique », « déontologie », « association », « biographie », « bibliographie », « autochtones », « périodiques », « annuaire », « portail », « blogue » et « Web 2.0 ».
-
[4]
Et ce, bien que l’Université de Delaware propose une rubrique de ressources pédagogiques succincte intitulée « Internet Resources for Social and Cultural Anthropology » (http://www2.lib.udel.edu/subj/anth/soccult/internet.htm).
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[5]
L’archivage des résumés pour la période 1888-2000 est achevé, celui pour la période 2001-2002 et les numéros spéciaux de la revue est actuellement en cours.
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[6]
Voir notamment à ce sujet le numéro des Cahiers du CIÉRA consacré à la diffusion des identités autochtones sur Internet (Lachapelle et Dupré 2010), ainsi que Molicnik (1999), Christensen (2003) et Savard (2010).
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[7]
Notre traduction.
-
[8]
Notre traduction.
Références
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- Hann C., 2000, Teach Yourself Social Anthropology. Londres, Hodder and Stoughton.
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- Molicnik V., 1999, Natives on the Electronic Frontier : Technology and Cultural Change on the Cheyenne River Sioux Reservation. Gainesville, University of Florida, consulté sur Internet (http://etd.fcla.edu/etd/uf/1999/amj9745/mizrach.pdf), le 14 octobre 2010.
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- Pink S., L. Kurti et A.I. Afonso (dir.), 2002, « Visual Teaching, Virtual Learning : Anthropology and Pedagogy in Europe », Anthropology in Action, 9, 2.
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